Le Petit Alpiniste Illustré
by Apoutsiak
Topo - Ski de randonnée : Suchet et Aiguilles de Baulmes [ Jura ]
Itinéraires d'accès au Suchet
A : depuis la route d'Entre les Fourgs
long plat pour rejoindre le refuge de la queue puis sentier pédestre qui rejoint la Roche marquée. Traversée la Roche marquée - remonter à la Sagne. remonter la grande pente au dessus de la Sagne, deux options : à gauche par le couloir le long des falaises (esthetique) on sort à la Croix, soit en restant à ski et en remontant la combe jusqu'à son sommet à droite, sortie un poil technique par la forêt (20 m)
Rejoindre la Croix par son arête Sud
le sommet du Suchet est plus au Nord
B : Depuis Baulmes
On remonte soit par le sentier pédestre, soit par la route : Pré Mincin, les Mouilles, la combette Grange Neuve.
C : sentier Nord Est
non étudié : par l'Abergement et la Mathoulaz versant Est
plutôt à utiliser à la montée
D : Les pistes de la Combette
Descente sur les pistes de skis de la Combette
E : Descente sur Grange Neuve
Descente directe sur Grange neuve
pas mal d'arbes dans la seconde partie
F : la Combe secrète
De Grange Neuve, remonter au fortin sur la colline au dessus
Descente dans les combes au Nord
souvent en bonne neige
Aiguilles de Baulmes
G : voie normale de la face Sud
Remonter au dessus des Proz en direction de la ferme isolée en lisière de forêt puis au mieux jusqu'à la crête
De là par l'arête jusqu'au sommet
H : Voie des Chamois
Remonter les pentes en longeant la forêt à main gauche et repérer une brêche bien marquée sur la crête
Remonter dans la forêt (raide) jusqu'au pied de cette crête
Ne pas essayer de remonter directement, prendre le couloir qui part à gauche, le remonter (mixte) gagner le petit plateau intérmédiaire, le remonter puis traverser à gauche avant de rejoindre l'arête
Itinéraire alpin et exposé (ne passe pas à ski à la descente, il faut au minimu déchausser dans le premier couloir)
Vidéo : Ski de randonnée : Pollux - 4092 m
Ascension de Pollux depuis Zermatt - klein Matterhorn (Petit Cervin) - nuit au bivouac Rossi et Volante
Ski de randonnée : Finsteraarhorn - 4274 m
J'ai rarement été aussi lessivé lors d'une ascension, la mauvaise nuit dans l'igloo y a été pour beaucoup. Mais j'ai bien fait de m'accrocher, la vue du sommet de l'Oberland était superbe !!!
Vidéo :
Topo :
De la Finsteraarhornhütte (3048m) redescendre les escaliers pour chausser les skis. Remonter au mieux les pentes qui mènent à la Frustucksplatz (3617 m ) déchaussage obligatoire pour la traverser.
Rechausser de l'autre coté (un peu plus raide) avant de remonter au mieux les pentes qui mènent au Hugisattel (4088m)
Delà, à pied, passer le premier ressaut en traversée à droite puis remonter versant Ouest les pentes rocheuses puis neigeuses. Quelques passages sur le fil de l'arête avec vue sur l’impressionnante face Est.
Sommet 4274 m
descente par le même itinéraire.
Récit :
Je reprends le récit de la veille après la traversée du Grosses Fiescherhorn 4049 m...
La veille au soir donc :
On enlève les skis , on sort les pelles et on se rend compte qu'il y a 25 cm de neige sur de la glace. Puré les conditions horribles pour faire un igloo ! sans compter que c'est de la neige poudreuse, pas sûr qu'on arrive à la tasser !
Bon, on hésite à se mettre à un endroit plus plat, là c'est un peu en pente. Vu que tout le matos est là, on décide d'y rester. Je trace l'igloo et on se lance dans le pelletage. Je vois que Benjamin est efficace. Le tas de neige se forme, lentement... Et vu qu'il n'y a pas beaucoup de neige sur la glace, plus on avance, plus il faut aller loin pour pelleter, moins on est précis...
Le soleil doit être couché et la luminosité diminue. Le tas n'est pas énorme mais ça prend forme; Je tasse régulièrement la neige. J'essaie également d'estimer si on va arriver à dormir à deux dans l'édifice.
Après 1 h d'effort, le tas me parait assez gros, je commence l'évidage. Benjamin me laisse cette tache , disons... humide. Alors je creuse, je creuse, la neige bien tassée me semble assez solide. J'attaque l'autre coté et crée un tunnel dans le trou. A chaque coup de pelle , la neige tombe, parfois dans mon cou. Je dois ensuite l'évacuer. Benjamin dehors essaie de faire place nette.
Finalement, l'igloo a pris forme, il fait nuit à présent, il est tard. Je rebouche l'entrée au vent. J’aplanis le sol.
Benjamin s'installe dans la partie droite tandis que j'attends dehors. Il fait -16°C, un vent de 30 km/h balaye le glacier, je suis congelé ! Dans l'igloo, il peine à enlever ses chaussures et à s'installer dans l'espace exigu.
Enfin , vient mon tour, mais je suis gelé. Je gonfle mon matelas, l’installe avec mon duvet et pénètre dans l'antre. Chaussures enlevées, je mets mes peaux contre moi, je crois que je n'ai même pas éteint mon ARVA !
On ne mange pas, on ne boit pas, on essaie juste de se reposer.
Au bout de 5 minutes, je me mets à trembler, je n'ai pas froid mais mon corps a une réaction bizarre. Je tremble, à fond ça dure 1 minute, ça s'arrête 20 secondes et ça reprend. Ça doit être une réaction au froid. Et je prends le rythme, tremblement, court repos, tremblements.
Au bout de 45 minutes, je décide de boire de l'eau chaude. J'installe le Jetboil et y fait fondre des morceaux d'igloo. On ne peut pas s'assoir, je suis à moitié allongé. Et je bois 1/2 litre d'au de fonte chaude. Je me brule la langue à la première gorgée. Le liquide chaud vient réchauffer le corps fatigué, la fréquence des tremblements s'estompe, un peu.
Je finis par m'endormir.
3 h du mat, la mauvaise sensation de sentir le froid sous ma hanche en contact avec la neige. Mon matelas s'est dégonflé. Je me contorsionne pour le regonfler. Opération délicate d'autant plus que j'ai les lèvres gelées et que ça fait des perte d'air (c'est pas étanche !) Bon, le résultat devrait suffire à mon bonheur... Mais 10 minutes plus tard, rebelote. C'est mon matelas qui est percé, la loose.
La fin de la nuit se fera de la façon suivante, 1/4 d'heure de chaque coté, pour ne pas geler. Et entre les retournements, un court dodo, bien trop court.
Au réveil le lendemain, je ne suis pas très frais, je fais fondre de la neige pour remplir nos gourdes et prépare nos sachets déshydratés pour manger un peu. En fait, on ne mangera quasiment rien.
Je sors de l'igloo, il fait toujours aussi froid mais la météo est magnifique. Les cordées en route vers le Finsteraarhorn se mettent déjà en route, on est maxi en retard. Nous prévoyons de monter à la Finsteraarhornhütte réparer mes bâtons et les peaux de Benjamin avant de poursuivre vers le sommet... bien loin ...
Il fait beau, on voit le sommet du Finsteraarhorn ensoleillé. On ne prend que le nécessaire, le reste restera à l'igloo. Benjamin part avec 1 litre d'eau, moi avec 1/2 litre, je complèterai avec de la neige...
Les peaux sous les skis, nous voilà parti vers la cabane, sous le refuge, les traces de descente ont verglacé avec le froid, on fini par remonter le long du peu de poudreuse qu'il reste sur les bords du large couloir. On laisse les skis, on remonte les escaliers du refuge. Nous voilà dans l'entrée.
Je rentre dans la salle à manger, j'explique à la gardienne nos différents problèmes : mon bâton coincé, il me faut une pince pour le débloquer. Elle me dit que son mari va venir dans la salle des chaussures m'amener le précieux outil. Et j'attends, j'attends, 10 minutes plus tard, il arrive, mais dans la chaleur du refuge, mon bâton a dégelé, je peux l'agrandir sans outil. Bon ben voilà u truc de regler...
Je vois un panneau Pomoca réparation, je lui demande s'il est possible d'avoir de la colle pour les peaux de Benjamin. Il acquiesce dans un rictus désagréable. 10 nouvelles minutes plus tard il revient avec de la colle en spray, nickel. J'avais mis les peaux sur le ban en bois, il me fait signe d'un air dédaigneux d'aller ré-encoller dehors, dans le froid...
Je file doux sous le regard du cerbère
Il y a 21 ans, en 1999, j'étais venu dans ce refuge avec le CAF de Besançon, j’avais eu l'outrecuidance de commander un chocolat chaud lors du petit-déjeuner, et , je m'étais fait engueuler par le gardien, c'était thé ou café, bon bah c'était pas comme si j'avais demandé poliment...
Bref, peut être est ce le même gardien. Le doute m'habite ! ...
Je me retrouve dehors à ré-encoller les peaux de Benjamin.
Celui ci a négocié avec la gardienne une nuit dans le refuge, elle nous a trouvé des places, on aura pas à redormir dans l'igloo ! Yeeeeeeeesssss !!!
On quitte le refuge, requinqués
on retrouve les skis et c'est parti, la trace de montée est super, jamais trop raide, on n'a même pas besoin des couteaux. J'avance dans ce décor paradisiaque ! J'avance doucement, la nuit en igloo a laissé des traces.
Gentiment, Benjamin prend patience et se cale dans mes skis, je sens qu’exceptionnellement je ne vais pas faire beaucoup d'images aujourd'hui. Je regarde derrière le Gross Wannenhorn, j'aimerais bien un jour revenir et gravir les sommets de 3900 m, l'Agassizhorn, le klein grunhorn et le trugberg (déjà gravi celui là ) Bon il faudra revenir...
Plus je monte, plus je ralenti...
Je sens que Benjamin s'inquiète "ça va Guillaume ?" , je dois vraiment aller lentement. Ça en vient à m’inquiéter. Je paye ma nuit... déjà que je n'étais pas en grosse forme ces derniers temps...
Mentalement je divise la course en 3 morceaux, la première : atteindre la Frustucksplatz, la seconde jusqu’au Hugisattel à 4000 et la 3ème avec la partie alpinisme sur l'arête
J'avance lentement, mais j'avance sous la face Est du Finsteraarhorn austère et imposante, elle ressemble un peu au gardien de la cabane...
il reste un grand virage à droite vers le Frustucksplatz (place du déjeuner pour les non germanophones) on enlève les skis quand le rocher est trop présent et on rejoint l'épaule pour une bonne pause.
Les autres cordées sont loin, là haut sous le Hugisattel.
On mange , on boit , on profite de la vue magnifique sur cette partie de glacier avec les grosses crevasses puis on repart.
Je mets les couteaux pas sécurité dans la partie raide. Je n'avançait déjà pas vite, alors avec les couteaux... Rapidement on les enlève, la trace est toujours aussi bien faite, béni soit celui qui a tracé, sans lui , je ne serai pas là ! A plusieurs reprise Benjamin me propose de faire demi tour, il a peur que je veuille aller au sommet pour lui, mais j'y vais ... pour moi, lentement certe, mais je sais que je vais y arriver...
Je chope régulièrement de la neige pour la boire et m'en saupoudrer, afin de compenser le manque de flotte embarqué avec moi.
Et j'avance, lentement, trop lentement.
Je regarde mes spatules, mes pas sont riquiquis. Mais j'avance. Au loin, très loin au dessus de nous, les cordées s'agitent sur l'arête.
Je scrute le GPS et surtout l'altitude. Gagner 10 m me prend de longues minutes. Heureusement, je sais qu'au Hugisattel on change d'activité... Ça me fera du bien.
Le voilà, ce Hugisattel, reste juste la rimaye à passer. Je me lance, neige dure, fatigue et faux mouvement, me voici par terre. Mon ski est venu taper dans mon genou gauche, la douleur est intense mais pas insupportable, avais je besoin de ça ? . Je réussi après de longues minutes à me relever, je finirai à pied les derniers mètres
Hugisattel, la pause, enfin, je suis rincé.
On tache de trouver une place pour poser nos skis et nos sacs, au milieu des skis et des sacs des autres cordées. La tache n'est pas aisée. On profite de la pause, on boit, on mange un peu et on repart, encordés, je pars devant, Benjamin derrière.
Et je tape directement dans le premier ressaut, une petite barre pas dure mais pas facile non plus. toutes les prises sont à main droite, dommage pour la main gauche. Je merdouille un peu mais fini par trouver une solution pour progresser, je travers la vire au dessus vers la droite, je contourne le petit rognon, la suite semble plus aisée. J'assure Benjamin sur un joli béquet afin qu'il vienne à moi.
On poursuit et déjà on croise une première cordée, rapide, efficace, tout va bien.
Au mixte de la première partie fait suite une pente de neige en dévers. Au dessus un guide et ses deux clients. Vu que je monte, je suis prio (oui, pour moi la règle veut que ceux qui descendent laissent passer ceux qui montent) Le guide semble ne pas connaître ma règle , il me grogne qu'il souhaite passer, je suis déjà parti. Je lui réponds que je quitterai la trace à leur passage. J'avance donc et je vois son visage rouge de colère. Le guide au dessus, descend, je le sens stressé par ses clients. A leur approche, je me décale sous la trace, tout en continuant de progresser. Pas un bonjour, pas un merci, sympa l'ambiance montagne ! Bon, je réfléchis et je me dis que c'est peut être lui qui a fait la trace ce matin, trace qui m'a permis de me retrouver là. Mais bon, c'est pas une raison pour bouder...
Et on poursuit une courte portion en rocher précédent une nouvelle pente de neige. La suite en mixte, nous croisons des cordées.
Un gars s'interroge sur le fait que je n'ai pas de gants. Je lui explique que je les ai avec moi mais que je grimpe sans, j'ai la chance de ne pas craindre le froid (ou au moins le petit froid) Je suis étonné que ça l'ai surpris !
Benjamin s'interroge sur ce qu'il reste à gravir. "Vous avez fait 1/3 !" nous lance une dame. Il a des doutes, on doit en être à la moitié. Je sais qu'il va falloir être patient, l'arête n'est pas courte et il y a beaucoup de cordées à croiser !
A la cordées suivante, une fille me dis "je n'aimerais pas être à votre place, sachant ce qu'il reste à gravir..." Je garde la remarque pour moi, pas la peine d'atteindre le moral de Benjamin. C'est vrai quoi, on ne dit pas une phrase comme ça.
Les croisements se passent bien. Je m'essaie même à l'allemand. Du schlaffst in Fisnteraarhornhütte ! lance-je à un guide. Ce lui ci me fait comprendre qu'il ne comprend que l'allemand. Mais c'est ce que je pratiquais !!! C'est vraiment la loose !
Au dessus nous arrivons à ce que les cordées nous ont présenté comme le crux. Benjamin est passé devant, il passe au dessus de l'obstacle et descend un passage merdique. Vient mon tour, je trouve un petit couloir qui passe vraiment facilement. On remonte alors vers le sommet, une dernière pente de neige, une petite arête effilée et la croix !
Yes !
Bah c'était pas gagné
La vue est superbe de ce magnifique promontoire. La première fois, j'avais eu droit au brouillard au sommet, là, c'est le grand beau !
La pause est longue, au moins 20 minutes à admirer, à papoter, à profiter. Il fait presque chaud, quel contraste avec les températures de ce matin dans l'igloo !
On profite, je me rends compte que je suis monté ici au mental. Je n'avais vraiment aucune force pendant toute la montée.
Avant de repartir, vers le bas, et le confort du refuge...
Et on repart, Benjamin devant et moi derrière.
Notre cordée est rodée. Je suis content, on a laissé du temps aux autres cordées on ne devrait pas avoir à les dépasser, manœuvre toujours délicate. On avance à un bon rythme, je me sens en forme à présent. On repasse le premier crux, sans souci puis on progresse, quand le terrain devient un peu plus technique on trouve un béquet pour assure la suite, mais en gros on fait le plus gros "corde tendue".
On avale les pentes de neige puis le dernier mixte. Voilà la barre au dessus du Hugisattel, il y a encore une dizaine de personnes au col, on les a quasiment rattrapés ! Alors qu'on avait plus de 2 h de retard au départ !!! Incroyable, je ne sais pas comment on a fait !
Benjamin se lance dans la désescalade. ça passe, je le rejoins, pas de souci, nous revoilà au Hugisattel pour une nouvelle bonne pause.
Et c'est parti pour la portion ski, la neige est bonne, la glace n'est pas loin en dessous mais ça reste tout à fait skiable. On se fait quelques bonnes pauses pour reposer les cuisses. En quelques minutes nous sommes à la Frustucksplatz, on remet les skis sur l'épaule et on remonte les quelques mètres. Puis on attaque la petite traversée avant de remettre les skis.
En dessous, la neige est toujours correcte, on en profite même si on est quand même bien fatigués.
Voilà déjà l'approche du refuge. On décide d'y rentrer par le bas (il y avait possibilité de traverser au dessus.)
On remonte les escaliers et on file au refuge d'hiver.
On décide d'aller boire un coca dans le refuge principal. Le meilleur coca de ma vie !!!
Le repas arrive déjà, avec des pâtes à la bolognaise et un service un peu lent à notre goût , nous, on voudrait vite aller dormir, et Benjamin veut aller récupérer des affaires à l'igloo. On a un peu de retard dans les heures de sommeil.
Je commence une petite prédiction quant à la qualité du dessert. Au départ je pense à une crème au chocolat. Mais je suis touché par une vision plus précise, en fait, ça sera un abricot en boite ! Et bingo, 10 minutes plus tard, l'abricot avec une lichette de crème chantilly arrive sur nos tables.
Une fois dévoré on file rejoindre notre petit refuge d'hiver où nous sommes seuls !
Benjamin a décidé de descendre à l'igloo récupérer les duvets pour les faire secher. J'avoue que je n'ai pas le courage de faire l'aller retour. Je m’occupe d'allumer le feux. Le bois est hyper sec, en 5 minutes le poêle s'embrase.
Le confort des couettes, le bonheur d'être là et de pouvoir se reposer. Ca tranche avec la nuit précédente !
Un peu de musique avant une longue belle et confortable nuit
Demain, est prévu, le retour au Jungfraujoch par la grunhornlucke ! On a laissé tomber l'idée de gravir le grossgrunhorn en passant... Et oui, on devient raisonnable !
Ski de randonnée : Grosses Fiescherhorn 4049 m - nuit en igloo
Logiquement, on fait le Grosses et l'hinteres Fiescherhorn, nous on a pas eu le temps, pour une fois qu'on est raisonnable. Une aventure épique entre des séracs menaçants, un froid de gueux et une nuit en igloo mémorable !
Vidéo :
Topo :
du Jungfraujoch rejoindre le Mönchsjoch 3624 m par la piste qui mène au refuge.
Descendre l'Ewigschneefeld, un peu de pente au début puis faux plat descendant jusqu'à 3250 m environ.
Remonter vers le Fieschersattel en restant à droite du glacier (longer l'éperon rocheux) la fin se fait à pied en traversant sur la gauche.
Fieschersattel 3923 m.
Du col, contourner la première petite tour (pas la seconde plus grosse et tentante) prendre pied sur l'arête et remonter la seconde tour. Rappel au sommet 10 m environ De là Remonter l'arête plus ou moins sur le fil. Certains passages se fond dans des vires de neige versant Ouest. Gagner le sommet en 3/4 d'heure environ.
Pour la descente, rejoindre le pied du rappel de la montée où un rappel vous attend. Idéalement opérer un rappel de 25 m. Si la corde est trop courte, il faut rejoindre le couloir de glace et le désescalader (désagréable)
rejoindre le col
possibilité de gravir l'hinteres Fiescherhorn (en face)
Descente :
Du col, viser le col qui se situe sous le Kleines Fiescherhorn Ochs (attention une crevasse barrait l'itinéraire lors de notre passage passage bien sur la gauche du glacier obligatoire.
Suivre alors les pentes sous le Kleines Fiescherhorn (crevasses, séracs notamment sous le point 3425 m danger +++ )
rejoindre le pied du Walliser Fiescherfirn et de là le pied de la Finsteraarhorn hütte atteignable en 10 minutes environ.
Ou, moins confort, établir un igloo sur le plat du glacier !
Topo Raid en Oberland J1 Carte : Du Jungfraujoch à la Finsteraarhornhütte par la Grosses Fiescherhorn
Récit :
Les choses ont bien changé depuis mon dernier passage, à Grindelwald il fallait prendre le train pour la petite Scheidegg, aujourd'hui, on pénètre dans un énorme parking de supermarché, pour prendre des œufs géants qui mènent directement à la gare Eigergletscher. Le mythique village de la kleine scheidegg est délaissé. J'ai l'impression que la montagne perd ici un peu de son âme. La dernière fois c'était il y a déjà 12 ans avec l'ascension du Mönch par le Nollen avec Jeff.
Station de kleine Scheidegg, donc , nous posons nos skis en vrac dans le premier wagon avant de trouver une place dans le train confortable. Et zou en route pour le Jungfraujoch et ses 3500 m.
Sitôt dit, sitôt fait, reste à retrouver nos skis et bâtons au milieu des centaines d'autres. Je suis dans les derniers à percevoir le dernier élément de mon équipent , l'aventure va pouvoir commencer.
Bon, revenons sur les derniers jours. En début de semaine, on se rend compte que tous les refuges du coin, desservant les 4000 de l'Oberland sont complets. Au début on voulait gravir l'Aletschhorn, mais les infos sur la face Nord convoitée nous laissait perplexe et on s'orientait plus sur le Finsteraarhorn, les Fiescherhorn et le Gross Grunhorn. Il nous fallait une place le premier soir à finsteraarhornhüttte puis une autre le lendemain à Konkordia. Benjamin nous met sur la liste d'attente pour Konkordia et harcèle les gardiens de la Finsteraarhornhütte toute la semaine mais rien n'y fait, il n'y a plus de place.
Je ne manque pas de ressource, j'ai un plan B, on va dormir en igloo... Il y aura juste à le construire une fois sur place, j'ai l'habitude, ou presque.
... c'est donc les sacs bien lourds que nous traversons les longs couloirs du Jungfraujoch.
Nous débouchons sur les plateforme où chacun trouve une petite place pour s'équiper. Le ciel vrombi du bruit des avions et des hélicoptères qui surplombent le plus long glacier des alpes.
Nous passons la ficelle qui sépare les alpinistes (nous !) des touristes (bah ceux qui restent derrière la barrière). Nous chaussons les skis et partons sur la piste damée en direction de la Mönchsjochhütte.
Le sac est bien lourd avec le matos d'alpi et le matos igloo sans compter la bouffe pour 3 jours. Nous passons sous la belle face Sud du Mönch avant de rejoindre le Mönchsjoch devant lequel trône un avion et ses deux pilotes. Petite pause au col avant d'attaquer la descente. Au bout de 4 virages , mon talon se détache. Et M.....ma fix s'est encore déréglée. comme au Tödi il y a 3 semaines.
Nous arrêtons les skieurs qui nous suivent pour savoir s'ils ont un outil pour réparer... Bah non ! (en anglais sinon ça serait trop facile) Je remets les peaux et file rejoindre le refuge du Mönchsjoch ,100 m au dessus.
A Mag 2 je rejoins le col, déchausse et me faits la partie en terre au dessus. Il y a la une jolie fille qui semble m'attendre. Bon, je ne suis pas là pour batifoler. Je lui demande si elle parle français, elle le parle très bien "je suis française me précise t-elle" voilà qui va me faciliter les choses. C'est l'aide gardienne auvergnate du refuge. Bien sympa elle va me chercher le "tournevis qui va bien" Je m'installe pour serrer à fond tout en papotant avec mon auvergnate qui a gravi la veille le Mönch avec son compagnon , sa première course d'alpinisme de sa vie ! Je la félicite pour sa belle ascension (c'est classe , le Mönch comme premier 4000) et je file, pas le temps de compter fleurette d'autant que son chevalier servant devrait ne pas trainer à arriver pour me casser la gueule.
Je file dans l'autre sens, je rejoins Benjamin qui me précise que je devrai faire contrôler mon matériel. Pas faux !
On poursuit vers le bas, enfin le bas c'est beaucoup dire, c'est un faux plat descendant où il faut pas mal pousser sur les bâtons, alors, tel un shadock, je pompe, enfin je pousse.
Les sommets défilent, enfin doucement, à gauche, notre objectif, le Grosses Fiescherhorn, puis l'Hinteres enfin le petit et le Gross Grünhorn, ce dernier est l'objectif de dans 2 jours... C'est loin !
On laisse un gros groupe partir à droite vers le Trugberg, on traverse le glacier et on met les peaux.
Et hop, c'est parti pour la montée, bien tracée. Le seul hic, le poids du sac, qui lacère les épaules et qui tue le dos, sinon, la vie serait belle, parfois, ça se joue à pas grand chose ...
Le temps change avec notre petite ascension. Si en bas il faisait beau, un doux brouillard nous accueille plus haut, avec une petite neigeote, pour l'instant rien d’inquiétant, on sent le ciel bleu au dessus !
Comme d'hab, Benjamin a la soquette légère, il file devant puis m'attend de temps en temps. Je monte à mon rythme, pas de pachyderme aurait dit Enguerran. Bref je progresse doucement, profitant de ce paysage gigantesque pour les alpes, de grosses crevasses, jolies mais redoutables à gauche, une arête acérée à droite, la trace judicieusement faite au milieu.
On met les skis sur le sac, et hop on repart vers le haut. J'aime ces changements qui me redonnent du baume au cœur. On remonte facilement jusqu'au Fieschersattel, plus facilement qu'il y a 12 ans où on était passé dans du mixte péteux (je ne sais pas pourquoi ?)
Au col, je sais qu'il ne reste pas grand chose, je suis assez optimiste en dépit de la météo qui n'est vraiment pas top...
On part en laissant skis et sac au col, on laisse même la corde, je n'ai pas souvenir d'un truc bien difficile (ah, la mémoire) et hop on suit les traces à droite, dans la neige puis on arrive à un couloir de glace que je reconnais, on avait rebroussé chemin dedans il y a 12 ans, la loose (j'avais même perdu un crampon là à l'époque)
Têtus, on le remonte puis on vire sur la gauche. C'est raide, le rocher est de qualité aléatoire. On tente un premier passage (enfin je tente) puis Benjamin tente un peu plus à droite sur une dalle qui ne m'inspire pas.
Une cordée qui était devant nous, descend en rappel, le gars nous explique que c'est plus simple de passer sur l'arête juste au niveau du col, le topo camp2camp n'est pas tellement précis, il faudra que je le corrige...
Bon, décision est prise de faire demi tour et de prendre la corde. On se retape le couloir englace à rebour, pas glop !
Retour au col, météo dégueulasse, on repart. J'avance devant et monte sur le premier gendarme, c'est assez évident en restant sur le fil de l'arête. On retrouve le rappel, je passe devant, Benjamin me rejoint, la montagne a bien changé en 12 ans, je n'ai pas souvenir de rappel ...
Je poursuis, le temps est au mauvais, il fait gris, la visibilité à moins de 100 m et il neige. La progression n'est pas compliquée mais il ne faut pas s'en coller une. Je déchiffre la montagne avec plaisir, il faut dire que ça n'est pas technique.
Ambiance hivernale, on progresse et on se retrouve enfin au sommet, il est déjà assez tard, déjà 16 h.
Hop demi tour
Benjamin devant, ouvre les averses de neige, derrière, je m’engouffre dans la brèche. on descend assez vite, tout en restant prudent, il y a de la neige partout. On rejoint le point de rappel, Benjamin part devant. Je descends à mon tour et ô joie, il va falloir descendre le fameux couloir de glace, la corde n'est pas assez longue pour passer toute la difficulté ! ... Youpi.
Bon le début je maitrise, ensuite, il faut enfoncer le petit piolet light de 200 g dans de la glace noire bien épaisse... J'ai essayé, ça ne marche pas trop. Tension, concentration, je descends prudemment. Le passage n'est pas long, mais je n’apprécie pas l'absence de point solide pour s'appuyer. Après une bataille de quelques minutes, je sors... ouf, je rejoins benjamin et on file vers le col et le matos.
Il est bientôt 17 h et on doit encore descendre et construire l'igloo.
Oui au départ on avait prévu de faire l'Hinteres Fiescherhorn.
Je sais qu'il n'est pas loin, mais je sais que la journée va être longue et que demain une autre grosse journée nous attend.
Pour une fois, je suis raisonnable, on décide de descendre.
On reviendra pour refaire le second sommet (pourtant c'est rando, dans mon souvenir ...)... ou pas !
Et hop c'est parti pour la descente, au GPS, on y voit goute, il neige, le ciel est bas et la journée décline déjà.
Au bout de 50 m on fait un point carto avec Benjamin (pour le coup on fait une fine équipe)
Bon, pour l'instant on est bon, attention aux crevasses et aux séracs, cette descente est réputée technique et exposée.
On ne va pas être déçu.
On progresse vers le bas, au loin une vaguelette, plus on s'approche plus on se rend compte que c'est une énorme crevasse qui coupe toute la face. On trouve une trace de descente qui pique, logiquement, à gauche vers un col afin de contourner l'obstacle. On la suit mais il faut pousser sur les bâtons c'est plat et parfois il faut remonter.
On contourne l'énorme crevasse et on part vers le bas dans les traces. La visibilité est moyenne mais la neige est bonne. Les virages s'enchaînent. A droite il y a d'énorme crevasse du Waliser Fiescherfirn.
On passe quelques grosses crevasses, surtout ne pas perdre la trace, sinon, on est mal.
On parvient à un passage bizarre, à gauche d'énormes séracs, surplombants, à droite les crevasses du glacier. Je pars devant, pensant que la trace se poursuit plus loin. Je me retrouve dans une pente raide et verglacée sous les séracs " ne pas rester là, ne pas rester là" Je décide de partir à rebours vers la sécurité toute relative de la zone crevassée... Stressaumètre au taquet, virage dré dans le pentu verglacé, je file me mettre à l'abri du sérac, vers les crevasses, c'est mieux mais précaire. "Entre deux maux, il faut choisir le moindre !" J'indique à benjamin de rester à l'abri du sérac en serrant les crevasses.
On n'est pas sorti, quelques virages verglacés et il faut traverser sous les énormes séracs. Je file, les menaçantes tours à ma gauche. Je déteste ce passage. La météo n'arrange rien. A fond , mon ski vient buter dans un petit bloc de glace, me voilà par terre au plus mauvais endroit. Se relever vite et filer. Je remets mes skis parallèles comme mes aïeux me l'ont appris et je fais un énorme effort pour me relever, oui il faut aussi relever le sac à dos.
Derrière, je vois Benjamin arrêté, pas au meilleur endroit, il vomit ! Flûte, il ne faut pas trainer là. Ça commence de plus en plus à ressembler à la retraite de Russie. Je lui indique que je vais faire une pause plus loin à l’abri des séracs. Je file. Il me rejoint, petite pause. Fin des grosses émotions.
Je repars devant pour la partie finale, on essaie juste de ne pas perdre les traces et c'est plat...
Jour blanc, neige, conditions difficiles, les traces sont en parties découvertes mais on y arrive. Le tout est de ne pas les perdre.
On fini par passer sous la couche de brouillard et je commence à regarder où nous pourrions faire un igloo. Bah il n'y a pas beaucoup d'endroits. On arrive sous le refuge. Je vois un gros rocher à gauche, avec un peu de chance il y a une congère associée. J'amorce mon virage pour vérifier mon hypothèse, et là, c'est le drame, en fait c'est le glacier, il n'y a point de congère... demi tour, déception.
On descend un peu, je m'arrête.
On enlève les skis , on sort les pelles et on se rend compte qu'il y a 25 cm de neige sur de la glace. Puré les conditions horribles pour faire un igloo ! sans compter que c'est de la neige poudreuse, pas sûr qu'on arrive à la tasser !
Bon, on hésite à se mettre à un endroit plus plat, là c'est un peu en pente. Vu que tout le matos est là, on décide de rester. Je trace l'igloo et on se lance dans le pelletage. Je vois que Benjamin est efficace. Le tas de neige se forme, lentement... Et vu qu'il n'y a pas beaucoup de neige sur la glace, plus on avance, plus il faut aller loin pour pelleter, moins on est précis...
Le soleil doit être couché et la luminosité diminue. Le tas n'est pas énorme mais ça prend forme; Je tasse régulièrement la neige. J'essaie également d'estimer si on va arriver à dormir à deux dans l'édifice.
Après 1 h d'effort, le tas me parait assez gros, je commence l'évidage. Benjamin me laisse cette tache , disons... humide. Alors je creuse, je creuse, la neige bien tassée me semble assez solide. J'attaque l'autre coté et crèe un tunnel dans le trou. A chaque coup de pelle , la neige tombe, parfois dans mon cou. Je dois ensuite l'évacuer. Benjamin dehors essaie de faire place nette.
Finalement, l'igloo a pris forme, il fait nuit à présent, il est tard. Je rebouche l'entrée au vent. J’aplanis le sol.
Benjamin s'installe dans la partie droite tandis que j'attends dehors. Il fait -16°C, un vent de 30 km/h balaye le glacier, je suis congelé ! Dans l'igloo, il peine à enlever ses chaussures et à s'installer dans l'espace exigu.
Enfin , vient mon tour, mais je suis gelé. Je gonfle mon matelas, l’installe avec mon duvet et pénètre dans l'antre. Chaussures enlevées, je mets mes peaux contre moi, je crois que je n'ai même pas éteint mon ARVA !
On ne mange pas, on ne boit pas, on essaie juste de se reposer.
Au bout de 5 minutes, je me mets à trembler, je n'ai pas froid mais mon corps a une réaction bizarre. Je tremble, à fond ça dure 1 minute, ça s'arrête 20 secondes et ça reprend. Ça doit être une réaction au froid. Et je prends le rythme, tremblement, court repos, tremblements.
Au bout de 45 minutes, je décide de boire de l'eau chaude. J'installe le Jetboil et y fait fondre des morceaux d'igloo. On ne peut pas s'assoir, je suis à moitié allongé. Et je bois 1/2 litre d'au de fonte chaude. Je me brule la langue à la première gorgée. Le liquide chaud vient réchauffer le corps fatigué, la fréquence des tremblements s'estompe, un peu.
Je finis par m'endormir.
3 h du mat, la mauvaise sensation de sentir le froid sous ma hanche en contact avec la neige. Mon matelas s'est dégonflé. Je me contorsionne pour le regonfler. Opération délicate d'autant plus que j'ai les lèvres gelées et que ça fait des perte d'air (c'est pas étanche !) Bon, le résultat devrait suffire à mon bonheur... Mais 10 minutes plus tard, rebelote. C'est mon matelas qui est percé, la loose.
La fin de la nuit se fera de la façon suivante, 1/4 d'heure de chaque coté, pour ne pas geler. Et entre les retournements, un court dodo, bien trop court.
Au réveil le lendemain, je ne suis pas très frais, je fais fondre de la neige pour remplir nos gourdes et prépare nos sachets déshydratés pour manger un peu. En fait, on ne mangera quasiment rien.
Je sors de l'igloo, il fait toujours aussi froid mais la météo est magnifique. Les cordées en route vers le Finsteraarhorn se mettent déjà en route, on est maxi en retard. Nous prévoyons de monter à la Finsteraarhornhütte réparer mes bâtons et les peaux de Benjamin avant de poursuivre vers le sommet... bien loin ...
Mais ça c'est un autre récit
A suivre donc
Vidéo : Ski de randonnée - Grosses Fiescherhorn - 4049 m
Du Jungfraujoch à la Finsteraarhornhütte en passant par
le Mönchsjoch, le Fieschersattel - le Grosses Fiescherhorn
météo variable
igloo à l'arrivée (voir vidéo suivante : finsteraarhorn)
Vidéo : Ski de randonnée : Finsteraarhorn 4274 m
avec aussi un peu d'alpinisme
Igloo sur le Waliser Fiescherfirn
Finsteraarhornhütte
Frustucksplatz
Hugisattel
Finsteraarhorn 4274 m
Froid de gueux : -16°C 30 km/h de vent le soir et le matin au réveil.
Ski de randonnée : Grande Motte - 3653 m
Grâce au Covid, la station de Tignes est fermée, l'occasion d'aller gravir ce joli sommet ( toujours dans le froid)
Vidéo :
Topo :
Se garer au bout de la route du Val Claret - parking à droite, 2105 m.
Partir plein sud sous le télésiège des Lanches. Au bout du vallon prendre la pente qui part vers l'Est avant de revenir au Sud, on parvient au sommet du télésiègedes Lanches en bordure du glacier de la Grande Motte.
Rester sur le glacier de la Grande Motte à flanc avant de remonter à l'ouest du téléskis du Rosolin. On longe alors le Téléski de Champagny et, assez élégamment on pourra aller chercher le haut des téléskis des 3500 (3423 m)
De là, traverser le glacier pour rejoindre le haut des installation de Tignes. Contourner la barre rocheuse par le Nord et venir buter sur la face Nord, la pente se redresse (45 ° - 80 m environ) jusqu'au sommet.
Descente par le même itinéraire, on pourra éviter la remontée du glacier de la Grande Motte en passant par la station terminale du funiculaire
Récit :
Après la Grande Sache la veille, qui nous avait donné du fil à retordre, nous avions passé une nuit réparatrice à Seez, tout cela avant de reprendre les hostilités
J'entends du bruit dans la pièce à coté, il est 5 h 10, mon réveil n'a pas sonné... heureusement qu'on a fait la technique du double réveil... Bref, petit dej', embarquement du matériel, nettoyage de l'appart, on est dans la voiture avant la fin du couvre feu, dans le respect des gestes barrières, toujours !
Pendant que je termine ma nuit sur le siège passager, Bastien enchaînes les virages dans la Tarentaise endormie. Ma tête se fracasse à chaque virage à gauche dans le plastique de la poulie de ceinture de sécurité. Je supporte en revanche mieux, les virages à droite, qui m'envoie dans le vide intersiège. Le vide intersiège, c'est comme le vide intersidéral, mais c'est entre les deux sièges !
Bref, on avance à vive allure sur la route dégagée. Voilà déjà le barrage du Chevril, les lacets s'enchaînent et on se retrouve sur le parking de Tignes Val Claret, quasiment vide, c'est ça aussi, l'effet Covid, on est en pleine vacances scolaires, il devrait être plein !
Il fait nuit, il fait froid, on s'équipe, on met les peaux et on chausse à la sortie du parking, tout est calme.
Début de montée, le village éclairé est joli vu de dessus, on profite de l'ambiance. Je fini par quitter la trace qui a été faite dré dans le pentu en moto neige pour tracer de beaux virages dans la poudreuse, bien moins profonde que celle d'hier.
Le seul regret, ces pylônes qui viennent gâcher le paysage. Derrière, le Dôme de la Sache prend déjà le soleil, superbe !
Au dessus, virage à gauche moins raide, Bastien passe devant. Comme souvent, il a la soquette légère. Je le suis à distance. Le vent se lève, le paysage est vraiment chouette, le Mont Blanc, les Grandes Jorasses, le Valais, c'est superbe !
Nouveau changement de direction, virage à droite, on se retrouve dans une trace de raquettes, trop raide, avec pleins de petits virages, mais toujours moins dure à suivre que de continuer à faire la trace. Pas très agréable, on se retrouve sur plateau au dessus , au ras du glacier de la Grande Motte. Je propose une pause, Bastien me rétorque "plus tard"...
... et "plus tard", il y a du vent, du froid et tout de suite moins l'envie de faire une pause. On aurait du faire la pause tout de suite. Légère descente sur le glacier de la Grande Motte balayé par le vent. Le soleil de Février rend l'ambiance glaciale mais superbe. Bastien pense qu'il y aura moins de vent à la jonction des glaciers, j'ai de gros doutes, un col à gauche, ça me parait être l'endroit idéal pour les courants d'air. Et par moins 15...
10 minutes plus tard on a rejoint le soleil, sous le col, il fait méga froid. La pause est courte, je sors les gros gants (c'est rare !) A droite, la Grande Casse est magnifique avec son couloir des Italiens, gravi en solo il ya 4 ou 5 ans...
On repart à gauche, le glacier est plein de vaguelette créée par le vent. Voilà un replat, on tire à gauche des remontées.
Voilà l'Albaron et le Charbonnel, superbes ! Que de bons souvenirs.
Le sommet est encore loin mais en vue. Bastien est à fond. Je suis à mon petit rythme 5 minutes derrière. Le vent nous balaye la tronche régulièrement, et je suis bien. Un peu un sport de maso, l'alpinisme ! J'adore cette ambiance. Je commence à étudier l'accès au sommet, il y a risque 3 d'avalanche. L'idée serait de prendre dans la face Nord puis de tirer par l'arête. A droite on voit une belle accumulation, elle est dans le raide, on ne devrait pas avoir tendance à y aller trainer nos spatules. Le haut avant l'arête parait raide. Bastien m'attend au pied de la difficulté finale.
On fait le point...
On décide de partir pour l'arête. Bastien part en direction de la plaque, il n'est pas dans le raide, Je me dis que j'aurais déà fait ma conversion depuis longtemps, quant la plaquez part, 50 mètres devant nous. Bastien est face à moi, je lui gueule de se retourner, une jolie petite plaque à vent a été déclenchée à distnace. Elle vient terminer sa course sur la piste bleue (?) juste en dessous...impressionnant quand même. Il n'aurait pas fallut qu'il y aie du monde en dessous.
On poursuit à gauche, hésitation, la plaque nous a refroidi...
Bastien revient, je lui propose d'aller voir à l'arrivée du téléphérique, voir ce que ça dit de l'autre coté.
On arrive à l'épaule. Bastien me dit qu'il renonce à aller plus haut. Moi j'irai bien voir la suite, juste pour voir. Je ne suis pas venu pour monter juste en haut des remontées mécaniques, j'avoue !
Il me donne le feux vert pour y aller... Alors go, j'enfile mes crampons , prends mon piolet et file. Je crois qu'il ne reste que 100 m, en fait, il en reste 200 ! je descends puis me retrouve dan la pente, je retrouve un peu de neige glacée qui a vu le nuage du Sahara il y a 10 jours, puis il faut tracer dans de grosses congères au plus safe. Je me débrouille assez bien, le rythme est bon, le passage est un peu raide. Après une nouvelle épaule en neige, voilà un replat, je le remonte puis vient buter sur une barre rocheuse. La suite est plus raide, 45 ° en neige dure. Je contourne la barre par la gauche et remonte. En gros, une minute de montée, une pause pour affiner l’itinéraire. En 10 minutes je rejoins l'épaule, attention à la corniche ! Le vent balaye cette fin d'arête, il fait -15°C environ, et je suis bien. Je reste concentré sur les derniers mètres la Grande Casse, superbe, est en face ! Summit ! J'adopte la technique du gars qui ne traine pas. il caille ! : 3 photos, une petite vidéo et retour.
Et hop, dans l'autre sens, l'arête, la petite facette, la petite descente. Je vois Bastien et lui fait un grand signe du piolet, de loin. Je poursuis dans le partie raide, en avançant d'un pas rapide. Cinq minutes plus tard, je rejoins Bastien, qui n'a pas eu trop froid contrairement à mes prévisions, il s'est protégé du vent grâce à la cahute des pisteurs.
Je me remets en mode ski, on repart vers le bas. On crois assez vite des skieurs dans l'autre sens (oui jusque là, on était tout seul ! ) On leur livre quelques infos concernant les conditions pour la fin (pas trop non plus, on n'est pas Amazon !)
Et zou, on attaque la pente, "pas si pire". Je parviens à trouver de petits filons de bonne neige ! La descente est rapide, il y a du monde dans cette grande combe finale sous le téléphérique. A son pied on décide de continuer tout droit vers la station du funiculaire, petit élan, puis je décide de quitter les skis tandis que Bastien remonte à ski. Bilan match nul, on arrive presque en même temps en haut.
on repart vers le bas, la neige est légèrement transfo, bien agréable à skier, on enchaine les virages, de combes en combes, on a quitté le glacier. On aborde le dernier rush, on retrouve deux anciens de 70 ans qui skient comme des Dieux, des Belfortains tout heureux d'être là ! Le papy godille comme un pro !!!
Voilà la station, objectif, déchausser au plus prêt de la voiture.
Il fait ultra chaud, je suis en tenu "de sommet", il y faisait moins quinze... pas très adapté.
Reste plus qu' à ranger le matos et à rentre, le superbe week-end est terminé !
Ski de randonnée : Dôme de la Sache - 3588 m
Ça faisait longtemps que j'avais repéré ce sommet.
Un peu dans l'ombre du Pourri, c'est tout de même un joli sommet.
Il y avait un bon risque 3 d'avalanche, les frontières étaient fermées, on a décidé d'aller sur les pentes douces du Dôme de la Sache.
Vidéo :
Topo :
Refuge de Turia :
Depuis le village de la Gurraz (1585m) suivre la piste qui part au Nord du parking (le parking est après le village) Attention cette partie est avalancheuse. Rejoindre la forêt éparse et remonter jusqu'au Fenil en essayant de garder la piste en vue. Rejoindre le Fenil puis le Gousset, on gravi alors un petit couloir puis les pentes qui le suive avant de bifurquer pour rejoindre le refuge de Turia 2388 m ( 2 h 2 h 30)
Équipement du refuge de Turia
Tout équipé : poêle, bois, gaz, ustensiles de cuisine, couvertures.
Dôme de la Sache - 3588 m
Partir au Sud Sud Est pour passer sous l'épaule Est du Mont de la Gurraz On longe alors le Grand Rocher pour traverser le Glacier Nord de la Gurraz, on passe sous l'épaule Nord Est du Mont Pourri pour rejoindre le glacier Sud de la Gurraz. Remonter le glacier Sud de la Gurraz (assez plat), passer au dessus du point 3194 m puis viser le col à l'Est du Dôme de la Sache, remonter la pente Est du Dôme plus raide
Descente
par le même itinéraire
Récit :
Bastien m'avait laissé carte blanche. Me laisser carte blanche à moi, Apoutsiak le Grand, quelle inconscience, quelle magistrale erreur. Les frontières étant fermées, et désireux de respecter les directives de l'état, j'avais juste comme consigne de trouver des sommets à gravir, en France, pas trop loin, ben oui, nous n'avions que 3 jours...
L'autre contrainte était la neige en abondance et les risque d'avalanches bien présents, je cherchais une course en altitude pas trop exposée...
Après avoir rapidement survolé les Aravis, je jetais mon dévolu sur la Tarentaise. Le Dôme de la Sache et la Grande Sassière seraient parfait. Pour la Grande Sassière j'avais quand même quelques doutes : la partie finale un peu raide et le passage dans le goulet exposé aux avalanches des pentes, au dessus...
On allait donc commencer par le Dôme de la Sache, après on verrait bien, le programme était alléchant.
Restait à gérer les impératifs liés au couvre feu (oui, c'est compliqué aujourd'hui de sortir en montagne), Départ précoce pour un rendez vous avec Bastien à 6 h 15 (merci Anne Sophie) en route pour Alberville, on papote et le temps passe vite, les barrières de péage aussi.
On se retrouve dans la Tarentaise, la neige met du temps à venir, on quitte la grand route pour une plus petite. ça louvoie, il y a de la neige, un peu de veglas, mais Bastien, qui pilote, se joue des pièges de la route. On traverse le village de la Gurraz bien verglacé, je suis ravi que ça soit Bastien au commande de l'engin. De l'autre coté, le parking est plus loin, on se plante sur une plaque de verglas, impossible de rejoindre le parking. Quelques essais plus tard, une petite marche arrière, on reprend de l'élan et le parking est là... Yes !
On s'équipe, et comme souvent, je suis le plus rapide. J'en profite pour faire quelques images. Puis on part, le temps n'est pas au beau et de la neige est annoncée pour le début d'après midi, on devrait se la prendre...
Par chance, il y a une trace de montée , ce qui va nous faciliter la recherche d'itinéraire.
De suite on est dans l'ambiance on traverse une grosse coulée d'avalanche. Un peu plus loin, il y a du sang, sur la trace, beaucoup de sang. A croire que Jacques l'éventreur est passé par là. Je jette un coup d’œil vers le bas, et découvre le cadavre d'un chamois emporté par une avalanche. Est ce le signe de mauvais augure. Je commence à douter de mon choix de sommet. La montée au refuge n'est elle pas trop expo, je me remémore les endroits de la carte où la pente est à plus de 30 °C... on y arrive...
Bon on poursuit avant de croiser une famille qui descend, à ski de rando, la plus jeune a une dizaine d'année. Ça me rappelle la notre il y a quelques temps (quand les enfants étaient plus petits). On attaque la la forêt, c'est tracé, c'est tracé raide mais c'est tracé. Bastien a la jambe légère aujourd'hui (j'ai dit la jambe, hein , pas la cuisse ! ) Il galope devant.
Bon le truc sympa, c'est qu'en France, les refuge sont à 2 - 3 h des parkinfs, alors qu'en Suisse, on es test plutôt sur du 4 à 6 h !!! la montée ne devrait pas être longue. On remonte la piste raide et on débouche sur un premier plateau. On rejoint les chalets, la trace disparait. A nous de tracer !
Bastien part devant. Je surveille au GPS qu'on est au bon endroit, le temps est en train de tourner. Il neigeote à présent et le ciel est bas. Il va falloir repérer le passage pour la suite. hésitation quand au passage du couloir. Je pars devant, enchainement de conversion dans une pente un peu raide. je rejoins une petite épaule puis sort du couloir par la droite. La suite a l'air plus simple.
La neige est là, nous avançons dans un grand vallon, au dessus, le GPS m'indique de tourner à droite, et vu que le GPS est un peu mon Dieu à moi, je lui obéi tel Abraham... Non je ne lève pas le glaive sur lui attendant que ce dernier ne retienne mon bras, je suis bêtement la trace indiquée. On devient un peu idiot quand on suit son GPS. Un petit toit apparait à quelques encablures, nous avançons, Bastien trace la dernière partie.
Il rejoint la terrasse du refuge. Le petit stress quand tu arrive au refuge, savoir si la porte s'ouvre... Bon ça s'ouvre, on pénètre dans la cahute, 0°C à l’extérieur et ... -3°C à l’intérieur... Non, vous avez bien lu : 3 degrés centigrades en dessous de zéro. Paglop !
Alors au début ça va, tu as eu chaud lors de la montée, mais au bout de 30 minutes, et vu que je n'ai rien pris pour me changer, tu commences à avoir froid. Dans l’intervalle tu as fait fondre de la neige, tu as allumé le poêle qui ne chauffe pas, oui, il a froid, lui aussi ! On atteint à peine le zéro degré !!!
Et moi, le bourru des alpes, je me caille. Je me balade comme une âme en peine avec une couverture sur le dos ! Je finis par décider d'aller dans le dortoir dormir et essayer de me réchauffer.
Le dortoir est encore plus humide et plus froid que le salle à manger. les matelas sont congelés, il y a même de la glace au sol ! Personne n'a dormi ici depuis au moins 3 mois, c'est aussi ça le ski de rando en Février ! Un couverture en dessous pour m'isoler du matelas et 5 couvertures au dessus pour avoir chaud (ou un peu chaud)... je bouge quand même régulièrement pour me réchauffer, et je finis par dormioter, tandis que Bastien bon prince, alimente le poêle, m'indiquant régulièrement les progrès : "Il fait 4 °C !!! ) belle réussite !
La sieste fini, petite tisane pour se réchauffer, puis un repas aux plats déshydratés délicatement mitonnés. Pas génial, mais bon, il faut bien mètre quelques calories dans le moteur pour le lendemain. Et hop, 20 h, au lit, au frais, dans le dortoir humide.
Réveil à 6 h, on émerge tranquille, petit dej, équipement. Comme souvent, je suis le premier dehors. Bastien peaufine ses réglages... Ambiance magique, le Mont Turia est légèrement voilé par le brouillard à notre altitude. On débute tranquille, à flanc, Bastien souvent devant, moi je maintiens le cap, tel un capitaine de navire, le nez sur le GPS, le brouillard nous a envahi. Je sais qu'il faut contourner une épaule, et qu'on est quelques dizaines de mètres au dessus de la trace GPS. Un éperon rocheux, on passe au dessus ou en dessous ? Au dessus , c'est à flanc et raide (et on ne voit pas la suite) en dessous, c'est sans doute plus sécur', mais on se rajoute du dénivelé... Bastien est déjà parti, il disparait derrière l'épaule, le ciel d’éclairci, bingo, on est au bon endroit ! on remonte le vallon, la neige est un peu profonde mais ça va. on vire en rive droite, moins raide pour la sortie et on arrive à un collet donnant sur le glacier nord de la Gurraz. Le soleil est là, la mer de nuage est juste en dessous de nous, elle nous reprend par moment, on devrait finir par gagner définitivement le combat de l'accès au soleil.
Je repars devant, plus on monte, plus il y a de neige, pour l'instant ça va. Avec le soleil on a récupéré le vent, qui nous balaye régulièrement. Équipement d'hiver, 4 couches de vêtements, j'ai encore la Gore tex dans le sac au cas où. Et pour l'instant mes mitaines "couvrables" en guise de gants. température estimée : -15°C, 50 km/h de vent...
On décide de se relayer régulièrement, vu la quantité de neige, il ne faut pas s'user à faire la trace. En gros on trace un quart d'heure avant le passer le relai. C'est sûr, quand on est derrière, on peut virevolter...
La trace n'en ai plus une, on est en train de faire une tranchée ! Si on laisse un trop gros intervalle avec le traceur, le vent comble la trace de neige et tout est à refaire !!!
On rejoint le point de jonction entre le glacier Nord et Sud de la Gurraz. courte descente, la technique est simple, il faut absolument tracer au plus court, la trace est si dure à faire qu'il faut éviter de rallonger le tracé.
Le glacier Sud est superbe, le vent fait danser la neige en volute, sur les séracs luisants ! je me délecte du spectacle.
J'avoue, j'ai l'impression que Bastien fait plus la trace que moi. Plus on monte, plus c'est dur, le rythme ralenti, je surveille l'atimètre qui ne monte que trop lentement. Je calcule mentalement : 200 m/h. Dire que s'il y a avait une trace, on ferait du 400 m/ h... au moins !
Il faut prendre notre mal en patience. On monte, on n'est pas au bout de notre vie. On est venu là un poil hors saison donc on savait à quoi s'attendre...
Derrière nous, la Grande Sassière, le sommet prévu demain... 2000 m de dénivelé positif à se farcir, on a le temps d'y réfléchir, mais on commence déjà à discuter de la faisabilité du projet... Ça parait compliquer de tracer 2000 m à la journée alors que là on en a juste 1300, et qu'on va bien puiser dans nos réserves pour accéder au sommet.
On laisse nos réflexions entre deux bourrasques de neige, on semble apercevoir le sommet au loin... Le rythme est lent, mais on devrait y arriver.
On fait des relais de 5 minutes à présent, on s'adapte. par moment, on s'enfonce jusqu'aux cuisses !
Une grande traversée nous ramène sur le plateau terminal, battu par les vents.
On se met à rêver : nous sommes 10, chacun fait 30 secondes de trace puis passe son relai, ça avance, c'est efficace. On ouvre les yeux (entre deux rafales de vent) bah non, en fait on n'est que 2, c'est la galère !
Une traversée sur la gauche pour se mettre dans l'axe du petit col puis on rejoint celui ci. La pente finale a l'air chargée, surtout à droite et on se méfie à gauche des corniches... tel Philippe le hardi à son père Jean Le Bon, j'indique a Bastien où passer : "père gardez vous à gauche, père gardez vous à droite" Bon logiquement à la fin c'est le prince noir qui gagne, saleté d'anglais. La montagne nous laissera passer, Bastien bourrinera dur les derniers mètres, empilant les conversions entre la pente raide et la corniche.
On retrouve l'arête, durcie par le vent, et balayée par celui ci, sommet, Yes, 3 photos et on se casse, trop froid, c'est ça aussi, se balader en cette saison à 3500 !...
On redescend sous la crête pour enlever les peaux, abrités du vent.
C'est parti pour la descente, il va falloir jouer fin, il y a tellement de neige qu'il va falloir utiliser nos traces de montée pour descendre, si on ne veut pas galérer.
Pour commencer, Bastien fait partir une petite plaque au seul endroit raide de la course, sous le sommet. Ça sentait la plaque, mais delà à ce qu'elle parte...
Ensuite, quelques virages prudents et la suite c'est dans la trace, à fond, la course n'est pas très raide, on l'a choisie pour ça, éviter les zones raides permet d'éviter les avalanches, l'inconvénient, c'est plutôt ça... Moi qui rêvait de champs de poudreuse , il y en a beaucoup trop !
Il faut gérer, prendre de l'élan dans la trace pour anticiper les courtes remontées et finir en escalier quand c'est nécessaire.
Première remontée, on contourne une crevasse par en dessous (on était passé au dessus à l'aller, la flemme de remonter) Bastien a des doutes, ça passe. Je file ensuite à flanc pour éviter les crevasses en dessous. Ensuite, ça skie tranquille, on se fait plaisir avant un grand plat à bien négocier. Je file à droite pour perdre un minimum d'altitude, Bastien lui, se laisse glisser dans le trou... Léger trou mais trou quand même. On a tout les deux les skis fraichements fartés, bilan, c'est galère d'avancer à plat sans les peaux, et ... Bastien repeaute tandis que parviens à me sortir du plat. J'attends de voir s'il s'en sort avant de filer vers la montée suivante. Longue glissage bien négociée, je réussi à remonter la petite pente sans mettre les peaux.
Bastien les a gardé, c'est à se demander ce qui est le plus rentable.
La suite est plus pentue, je pars devant dans la pente, longeant la longue face du Mont Pourri sur un petit dôme bien esthétique pour revenir au petit col de sortie du glacier. Bastien arrive, tout de peaux vêtu, il galère un peu dans les pentes raides. Quelle tristesse de garder les peaux à la descente. Il me rejoint, et fini par enlever ses peaux. On bascule sous le col, dans la brume qui est toujours là, petit coup de GPS pour nous ramener dans le bon vallon, quelques bons virages avant la longue traversée, à fond, le refuge s’éclaire entre deux nuages, on se laisse glisser, sous l’impressionnant Turia.
Séance rangement des sacs et nettoyage.
Bah oui, quand tu trouver un refuge aussi accueillant, t'as envie de le laisser aussi propre que tu l'as trouvé aux suivants. Je sais , ça fait un peu faillot, mais c'est la réalité, on a fait nos sacs puis après on a essayé de tout bien ranger avant de passer un petit coup de balais, le refuge est parfait, mais toujours aussi froid !
On quitte le joli refuge pour la vallée, un premier schuss puis une petite remontée, la dernière. Ensuite, la poudreuse nous accueille, mais aussi les traces. Les gens sont venus faire du ski de rando jusqu'ici voir un poil plus haut. Ça devient plus dur de trouver de la neige vierge, elle est pourtant très bonne; les virage s'enchaînnent, on rejoint la forêt, la qualité de la neige se dégrade. On passe de la poudreuse parfaite , à la crouteuse regelée avec des boulettes de glace infâme. Le plaisir est passé, le but est juste de descendre dans la vallée.
La pente est raide, parfois, je me débrouille comme je peux, quand, au cours d'un virage ou je force un peu sur le talon pour reprendre une trajectoire correcte, mon talon déchausse. Je parviens à rester sur les skis et à le refixer en appuyant, sueur froide... L'opération se reproduit à trois reprise, je n'ai plus confiance dans l'arrière de mon ski droit. Prudence, j'essaie de ne pas forcer, ça passe.
Nous perdons de l'altitude et rejoignant le chamois mort. Il a été déchiqueté, sans doute par des renards, il nous reste juste à traverser les coulées d'avalanche, bien tracées à présent. Voilà déjà la voiture, le repos.
On n'a plus qu'à aller retrouver notre appart à Seez pour tirer des plans pour la prochaine journée. On sait qu'on ne tentera pas la Grande Sassière, on pense aller vers la Grande Motte, pour une fois que la station est fermée, ça vaut le coup de la tenter !
Vidéo : ski de randonnée - Dôme de la Sache - 3588 m
Ascension
Ascension du Dôme de la Sache depuis la Gurraz (Sainte Foy Tarentaise)
par le refuge de Turia
et le glacier de la voie normale
vent tempétueux lors de la montée au sommet et neige profonde. On a fait plus une tranchée qu'une trace
Presque trop de neige à la descente
ascension avec Bastien
Vidéo : Ski de randonnée : La Grande Motte - 3653 m
Ascension de la Grande Motte depuis Tignes Val Claret
par le glacier de la Grande Motte
Année Covid 19, remotnée mécanique fermée, le rêve.
Sommet en crampons, beaucoup de vent, neige béton sur la fin
Magnifiques vues sur la Grande casse (entre autre)
avec Bastien
Ski de randonnée : Traversée Suchet - Aiguilles de Baulmes Jura
Dans le cadre de notre série "moi je, moi je"
je vous propose quelques images de la traversée Suchet Aiguilles de Baulmes
Neige délicieuse
météo capricieuse
journée de rêve
à refaire !
Vidéo : Ski de randonnée - Suchet - 1588 m
Première sortie de l'année 2021 (1er janvier 2021)
Et première sur le Suchet ( massif du Jura) au départ de Jougnes
Avec Bastien
Rétrospective 2020
Je vous souhaite une bonne année 2021
Et comme chaque année, je vous ai concocté une petite rétrospective de l'année. On a quand même réussi à réaliser de jolis trucs même si notre projet d’expédition au Pérou a été annulé.
C'est remis pour 2021 !
Deux versions pour la vidéo, une longue, pour ceux qui ne veulent rien rater, et une courte pour les plus pressés.
Bonne lecture
et rendez vous là haut en 2021
Rétrospective 2020 - Version longue
Rétrospective 2020 - Version Courte
Alpinisme : Allalinhorn Hohlaubgrat 4027 m
Un 4000 facile, par une voie pas "normale" mais néanmoins facile.
Une jolie journée de montagne...
Vidéo :
Topo :
Parking à l'entrée de Saas Fee payant et obligatoire.
Traverser une partie du village pour prendre les télécabines et rejoindre Felskinn en 2 tronçons.
De là, rejoindre le métro Alpin et indiquer au préposé que vous souhaitez descendre à la station intermédiaire (le préposé prépose dans la cahute qui se situe à gauche avant le contrôle des forfaits, il ne parlait pas le Français lors de notre passage, pour information) . Il faut alors signer une attestation. (décharge)
Prendre le métro, descendre à la station intermédiaire (dans le tunnel). Il y a deux portes logiquement automatique (pour nous elles ne fonctionnaient pas, on a du les ouvrir manuellement)
On débouche sur la moraine au dessus du glacier Hohlaubgletscher vers 3200 m environ.
Redescendre sur le glacier, sente puis moraine raide sur le bas. Traverser le glacier vers le sud puis remonter les pentes plus raides en direction de l'arête (crevasses) Traverser des bandes rocheuses.
Le suite se situe en général sur l'arête ou sur son versant Nord. On poursuit en direction du sommet (ouest), la pente se redresse et vient buter sur une barre rocheuse.
traverser à droite sur 20 m sur une vire "sableuse" pour remonter un couloir de 10 m.
Prendre alors la vire sur la gauche qui ramène sur un plateau (broches scellées, descellées ) rejoindre le plateau. Monter en ascendences à gauche sur l'arête et venir sous une petite barre rocheuse. La contourner en passant par la droite et rejoindre le sommet par une arête facile.
Descente
Du sommet revenir en arrière sur 20 m, puis par un mouvement enveloppant, descendre en direction du Feejoch (col) de là, globalement au Nord en évitant les (très) grosses crevasses, puis vers 3650 m, prendre au Nord Est, en gardant un œil sur les séracs au dessus.
Rejoindre les pistes de ski qui ramènent à la station de Mittleallalin et au métro alpin.
Récit :
Il est bien tôt quand nous quittons l'hôtel. Nous laissons les sacs inutiles dans une petite pièce et on traverse la Perle des Alpes encore endormie. Il ne fait pas grand beau, mais ça, on s'y attendait. La station semble encore endormie.
On déboule au téléphérique, il y a une queue monstre de skieurs des équipes nationales de pleins de pays qui font la queue. Fort heureusement, nous alpinistes, on est prio pendant 10 minutes. Et zoup, on coupe la file d'attente, on sera les premiers à prendre les billets quand ils ouvriront la porte.
De toute façon, un gars vient annoncer que ça n'est pas skiable aujourd'hui, et les pauvres skieurs doivent retourner dans leurs lits. C'est quand même la loose de se lever à point d'heure pour ça. On se débarrasse de quelques francs suisses superflus aux caisses et on se retrouve les premiers dans les œufs. C'est bizarre de prendre des œufs de nuit. J'en profite pour mettre de la crème solaire, ça fera peut être venir le soleil que la météo annonce timide aujourd'hui.
Arrivés à la station intermédiaire, nous rejoignons le pied du métro alpin. Il faut alors signer une décharge au cabinier pour sortir à la station intermédiaire Hohlaubgrat du métro. Forcement le type ne parle pas un traître mot de français. Je crois que j'ai signé dans la case guide. L'usurpateur est de retour. A la fois, le document ainsi que les explications n'étaient pas hyper claire. Par contre, tout est clair quand il faut nous expliquer l'ouverture et la fermeture des portes.
Métro alpin, un peu déçu, je m'attendais à des installations rutilantes, alors que le truc est vieillot. Bon , ma déception passe vite. On atteint rapidement la station Hohlaubgletscher. On est les seuls à sortir du métro alpin sous l’œil étonné des quelques autres alpinistes. On ouvre la porte, qui s'ouvre assez difficilement et est encore plus difficile à refermer. On marche dans un tunnel et on débouche devant un tunnel en tôle, sur une moraine, 100 m au dessus du glacier. Une sente nous permet de descendre presque en bas. Malheureusement, un éboulement nous oblige à être fin sur le bas, c'est raide, en gravillon, toute chute serait extrêmement désagréable. Et quand c'est fin, ça n'est pas mon terrain... mais je passe...
Voilà le glacier, les crampons, la corde et la motivation. Je pars devant, et oui, aujourd'hui, la course est facile, je devrais m'en sortir. Au loin, on voit deux cordées, parties de la cabane Britania, une est de l'autre coté du glacier, un peu au dessus de nous, la première est bien plus haut, presque sur l'arête.
Et hop, c'est parti, les crampons crissent dans la glace vive. Le ciel est gris, le lever de soleil se fait tout en nuances : violacées.
Et j'avance, surveillant les quelques crevasses judicieusement réparties. La partie est plane, aisée. Une cordée est loin au dessus, presque sur l'arête.
Une fois la traversée réalisée, vient la montée. C'est plus raide, mais pas extrême. La trace est bonne. Il suffit de rester concentré. On passe une petite rimaye, ça grimpe au dessus et on rejoint l'arête. Il y a un peu de vent. Et pas mal de nuages sur les sommes alentours. Un poil de glace pour contourner les rochers puis vient l'arête proprement dite. L'Allalinhorn se voile de nuages puis se dévoile. La mariée est jolie.
Je profite de la patience de Benjamin pour effectuer une pause vidéo bien longue, pour filmer les mouvements des nuages et la cordée précédente qui progresse. On aborde la dernière pente de neige, un peu plus raide. Il y a un peu de glace, on s'est encordé court. Pour le coup rien de bien technique, on remonte la pente facilement pour buter sur les rochers.
Le brouillard nous couvre. Je pars devant, petite traversée à droite, puis bien un couloir délité. Une fois de plus, le topo ne correspond pas : une main courante était annoncée, il n'y a rien, mais ça n'est pas très technique. Je traverse à gauche, petite passage plus raide. Une barre métallique vient m'accueillir, mais ô horreur, elle bringuebale. Je poursuis mon chemin en quête d'un endroit sûr où poser un point. Seuls des blocs de schistes instables se présentent à ma vue. Je finis par trouver un béquet potable , je fais venir Benjamin à moi. Le béquet pli, mais ne rompt point.
J'ai presque rejoint la cordée de devant. Ils sont partis à droite, ils sont tout proches mais le brouillard donne l'impression qu'ils sont loin... Je pars sur la gauche, une sente accueillante précède un petit pas d'escalade facile. Au dessus, je traverse légèrement vers la droite, sous une barre rocheuse. Le brouillard est là, mais nous sommes à l'abri du vent. Petite pause, le sommet ne semble plus très loin, mais on ne sait pas ce qu'il nous reste à parcourir.
On contourne la barre la trace part en ligne droite, 3 minutes plus loin, voilà le sommet et le monde : les gens montés par la voie normale sont déjà là ! C'est la queue pour faire un petit selfie au sommet, nous prenons notre ticket, oui, au sommet de l'Allalinhorn, il faut faire la queue et prendre son ticket pour gravir les 3 derniers mètres.
Notre patience est mise à rude épreuve mais on parvient à la croix. Et zou, un joli sommet pas trop difficile validé !
On papote avec un couple de Français qui ont vécu longtemps en Nouvelle Zélande, c'est le retour à la montagne après diverses opérations des genoux ! Bravo à eux !
Le brouillard est là, on décide d'attendre une éclaircie, ça doit être bien joli, la vue de ce sommet lors d'une éclaircie.
Alors on attend...
Lentement...
Sournoisement, le froid s'insinue par chaque pore de nos vêtements, et au bout de 20 minutes, on jette l'éponge. Dans l'itnervale, des cordées sont arrivées puis reparties. Sans attendre l'hypothétique éclaircie sur laquelle nous avions parié.
Et c'est parti, avec le brouillard on y a voit pas plus qu'à 20-30 m, pas intérêt de paumer la trace sur le glacier hyper crevassé . On bifurque à droite dans la partie rocheuse avec une sente. La glace n'est pas loin, il fait froid dans ce ban de brouillard. On avance, on suit la trace qui rejoint le col. Je bifurque à droite afin d'éviter de remonter vers l'Alphubel, ça serait ballot.
On y voit goutte. On rejoint les deux anciens un peu plus loin à l'approche des premières crevasses. J'avoue qu'on les a un peu laissé sur place. Bon on progresse prudemment, bien corde tendue, tout en gardant le rythme. J'avoue que je sais qu'après la descente il y aura le long retour vers la maison. Alors j'avance. On passe sous la couche de brouillard. Vue sur le glacier de l'Allalin et ses pistes de skis. Véritable verrues dans ce paysage. On croise des cordées, pas encordées ! Au milieu de crevasses sans fond ! On en croise une, réellement spectaculaire, pont de neige épais juste assez large, mais de chaque coté, un grand vide. On ne traine pas. Plus bas, on croise l'escalier qui permet de traverser la grosse crevasse d'accès au bas du glacier. Bah oui, ici, il y a un escalier pour traverser les crevasses. C'est dommage de ne pas pouvoir imaginer qu'une course n'est pas en condition à un moment dans la saison et de reporter ses envies de montagne sur un autre sommet. Bon pour l'instant , le triste escalier de crevasse est en mode stockage en attendant la fin de saison. Nouvelle plaie dans ce paysage. La perle des alpes porterait elle mal son nom ?
On passe donc au dessus de la petite crevasse que l'escalier servira à franchir plus tard en saison.
On croise de nombreuse cordées, dont certaines avec des chiens, Benjamin est fan, il opère des pauses photos pour immortaliser les instants. Reste une partie exposée aux séracs. On reste sur notre rythme rapide. Je surveille inquiet, les séracs menaçants au dessus de nous. On fini par sortir du passage exposé.
On fini par enlever les crampons. Une autre cordée, à la montée est en train de les mettre. On a de l'avance. Reste une piste de ski à longer. Les traces de dameuses sont assez désagréable à suivre. Reste une remontée. Une nouvelle piste , mi boue, mi glace nous ramène à la station supérieure du métro alpin. Derrière nous, le sommet de l'Allalinhorn se découvre, juste pour nous narguer. Trop tard, on ne va pas remonter maintenant.
Reste à redescendre en métro, puis en benne, à traverser le village pour rejoindre l'hôtel, nous changer en rentrer à la maison.
Merci à Benjamin pour ces jolies journées de montagne
Mon second Allalinhorn après le premier, à ski, depuis le bas. en dormant à Britannia