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Le Petit Alpiniste Illustré

Le Petit Alpiniste Illustré

by Apoutsiak

4000

Vidéo : ski de rando - Bishorn 4153 m

Apoutsiak — Valais4000Ski de randonnéeAlpinismeZinal

Zinal

Cabane de Tracuit 3259 m

Bishorn 4153 m

Tête de Milon 3693 m

et retour

à ski

Vidéo alpinisme : Dans l'ENFER du Grand PARADIS - 4061 m

Apoutsiak — 4000AlpinismehumeurfamilleAgatheSandrinevidéo - Les vidéos d'Apoutsiak

Ascension famille au Grand Paradis

et qui dit famille dit, spécialiste des plans foireux

Fenêtre météo qui ne dit pas son nom

en pratique 3 minutes de soleil

pour le reste : le vent, la neige, le brouillard et sa visibilité réduite...

On a quand même trouvé le sommet, mais pas la vue magnifique qui va avec, faudra juste revenir !

Avec Sandrine, et Agathe

Vidéo : Alpinisme - traversée Petit Paradis - Grand paradis 4061 m

Valsavarenche

Refuge Chabod

Petit Paradis - Piccolo Paradiso 3926 m

Grand Paradis - gran Paradiso 4061 m - Vierge

Refuge Victor Emmanuel

Pont

 

Avec Yannick Graziani et Benjamin

Alpinisme : Aletschhorn 4194 m - arête Sud Ouest - une bien longue journée -

Apoutsiak — 4000OberlandAD

Les journées d'octobre sont courtes et ça fait toujours bizarre de rallumer les frontales le soir parce que t'es trop en retard...

Une superbe course, bien sauvage, on était seuls du matin au soir, avec juste quelques randonneurs au refuge...

Vidéo :

Topo :

Voir topo camp2camp (en attendant que je prenne le temps d'écrire MA version )

carto topo aletschhorn - fichier gps sur simple demande

carto topo aletschhorn - fichier gps sur simple demande

Récit :

On s'était pourtant bien dit que la journée allait être longue, on n'a pas été déçu.

Au départ, on avait hésité entre un tour Pleureur - Mont Blanc de Cheillon et un autre tour Aletschhorn Fusshorn. Et Benjamin, le chasseur de 4000 de l'équipe (moi officiellement, c'est fini) aura eu gain de cause (il n'aura pas eu à nous pousser beaucoup)

Bref en route pour Blatten au fond du Valais, ou je récupère la cordée au fil des kilomètres.

Nous voilà garé, Benjamin file récupérer la clef du Fusshornbiwak à l'office du tourisme (50 CHF/ personne quand même pour information), on se presse on file au téléphérique pour prendre la benne de 50 (oui il y a une benne à 20 et 50 de chaque heure pour information). Bingo, on arrive juste à l'heure, à la minute et le téléphérique nous projette à Belalp au milieu des nombreux touristes et randonneurs, il fait grand beau.

C'est parti, comme souvent on papote tout en admirant le paysage... magnifique !

Je scrute le front du glacier d'Aletsch afin de pouvoir comparer à d'autres photos ultérieurement.

On rejoint la petite chapelle avant de descendre la grande pente avec un chemin parfait qui nous emmène 100 m en dessous. Plus loin, la plupart des randonneurs descendent vers le glacier et sa passerelle, nous on continue à flanc.

Le sentier est agréable, on profite de la vue à 360 ° et on rejoint l'épaule avant de descendre dans la gorge, un jolie passerelle au dessus du torrent du glacier puis un valaisan a taillé la montagne pour que les randonneurs puissent remonter sur l'autre versant, un travail de Sisyphe, incroyable, la falaise est striée par le passage !

au dessus c'est l'heure du pique nique... On englouti nos sandwichs avant la suite...

 

Alpinisme : Aletschhorn 4194 m - arête Sud Ouest - une bien longue journée - Alpinisme : Aletschhorn 4194 m - arête Sud Ouest - une bien longue journée -
Alpinisme : Aletschhorn 4194 m - arête Sud Ouest - une bien longue journée - Alpinisme : Aletschhorn 4194 m - arête Sud Ouest - une bien longue journée - Alpinisme : Aletschhorn 4194 m - arête Sud Ouest - une bien longue journée -

La suite parlons en, un sentier à flan incroyable, il monte il descend, entre deux falaises, il y a quelques chaines pour assurer, mais elles sont souvent inutiles, encore un magnifique sentier. On s’inquiète de l'eau, la gardienne a prévenu, il faudrait prendre de l'eau 40 minutes avant le refuge, et ça, compter les minutes précédent un hypothétique événement, on n'a pas su faire. En plus on avait pas pris de bouteille d'eau vide. Bilan, on arrive au refuge presque à sec, il faudra gérer l'approvisionnement en eau (C'est presque comme de Koh lanta, mais personne n'est venu te préparer une source à coté de ton campement !).

Pendant que Bastien et Bejamin partent en repérage, je m'occupe du feux, qui fini par partir à la seconde tentative (bon, là contrairement à Koh lanta, j'avais intelligemment  pensé à prendre un briquet avant de partir, il y en a là dedans ! )

Bastien e Benjamin reviennent et on part en quête d'eau, en savate du refuge. On commence par essayer de récupérer la neige au nord du refuge d'été, mais en fait c'est de la glace, peine perdue.

On trouve l'eau, un peu au dessus du refuge d'hiver. Elle ne m'inspire pas tellement, une sorte de lac d'accumulation, alors qu'il y a des crottes d'animaux un peu partout sur les sentiers... Il faudra la faire bouillir !

On redescend, tous les 3 en savattes, sur les raides pentes chardonneuses au dessus du bivouac avec nos bassines à la main !

On revient, et on prépare la soirée. Deux randonneurs suisses allemands arrivent. On leur propose d'utiliser notre eau. Ça n'est pas tombé dans l'oreille d'un sourd, ils utiliseront des quantités d'eau astronomiques, sans regarder à la dépense, notamment pour faire la vaisselle... Ils auraient pu économiser...

19 h 30 au lit, le réveil est à 2 h 30...

 

Alpinisme : Aletschhorn 4194 m - arête Sud Ouest - une bien longue journée - Alpinisme : Aletschhorn 4194 m - arête Sud Ouest - une bien longue journée - Alpinisme : Aletschhorn 4194 m - arête Sud Ouest - une bien longue journée -
Alpinisme : Aletschhorn 4194 m - arête Sud Ouest - une bien longue journée - Alpinisme : Aletschhorn 4194 m - arête Sud Ouest - une bien longue journée - Alpinisme : Aletschhorn 4194 m - arête Sud Ouest - une bien longue journée -
Alpinisme : Aletschhorn 4194 m - arête Sud Ouest - une bien longue journée - Alpinisme : Aletschhorn 4194 m - arête Sud Ouest - une bien longue journée -
Alpinisme : Aletschhorn 4194 m - arête Sud Ouest - une bien longue journée -
Alpinisme : Aletschhorn 4194 m - arête Sud Ouest - une bien longue journée -

2 h 30, se lever, s'habiller, le bruit du jetboil qui ronronne, le thé rapidement bu, les 5 gateaux qui vont avec. On quitte le refuge, on remonte vers le refuge d'été avant de basculer vers le bas, il faut rejoindre le plat du glacier, 200 m plus bas, Ô réchauffement climatique, Ô époque peu magique...

Et pour descendre, des vires escarpées et des échelles aventureuses. Le halo de nos frontales nous les font découvrir au dernier moment. On descend tranquille, mais on descend, on sait que tout à l'heure il faudra les remonter et que la forme ne sera pas la même.

Pied des échelles, nez sur la montre et son GPS pour retrouver la trace, il suffit de suivre la crête d'une douce moraine, assez étonnamment, ça déroule assez bien.

Au bout d'une demi heure, je commence à me demander à quel moment on va tourner à droite poir prendre les pentes sous l'Aletschhorn, visiblement c'est encore trop tôt...

Bien plus tard, enfin, il semble qu'on y parvienne, ce plat de glacier est bien long. Ca s'annonce merdique, on part à gauche dans un ébouli avant une traversée raide et en terre dure pour rejoindre une chaîne. On se hisse sur la moraine délitée et raide, ça parpine, on essaie de rester proche pour limiter les risques. Le passage n'est pas top, au dessus ça s'aplani, on retouve une sente. Et on avance vers l'obstacle suivant.

Tiens, le voilà, une gorge bien raide, et ravinée, une partie du sentier a été emportée par un éboulement. il faut descendre la gorge traverser puis remonter. Je me lance, rien ne tient, mais ça passe, de l'autre coté, même exercice. On opère une petite pause boisson. Et ça repart !

Alpinisme : Aletschhorn 4194 m - arête Sud Ouest - une bien longue journée - Alpinisme : Aletschhorn 4194 m - arête Sud Ouest - une bien longue journée -

Bon, là, j'avoue avoir pris un petit éclat, je vois les frontales de Bastien et Benjamin, progresser à vive allure une centaine de mètres devant moi. J’accélère le pas, mais ça ne suffit pas à réduire la distance. La journée va être longue, si je passe mon temps à me morfondre loin à l'arrière du "peloton". Finalement, ils ont la riche idée (et surtout bienveillante) de m'attendre. Cool ! On repart, dans des gros blocs, la neige fait son apparition. Benjamin à le topo dans le sang, il virevolte d'un cairn à l'autre sans aucune hésitation, je suis bluffé. Plus on monte, plus il y a de neige, Benjamin doit parfois faire la trace dans une petite neige croutée. Nous tranquille, on suit, ne proposant à aucun moment de passer devant, faudrait pas qu'on se fatigue non plus.

On fini par mettre les crampons et on poursuit en direction du glacier. l'ordre est immuable, Benjamin qui trace, Bastien derrière, et moi au fond de la classe prêt du radiateur. J'avoue que cette position resulte d'un savant calcul, qui veut que le troisième à passer fait quand même beaucoup moins d'effort que les deux autres, la trace étant parfaitement faite !

Voilà le glacier, enfin, Bastien monte sur un promontoire inutile, il faut descendre devant le front du glacier avant de le remonter.

Alpinisme : Aletschhorn 4194 m - arête Sud Ouest - une bien longue journée - Alpinisme : Aletschhorn 4194 m - arête Sud Ouest - une bien longue journée - Alpinisme : Aletschhorn 4194 m - arête Sud Ouest - une bien longue journée -
Alpinisme : Aletschhorn 4194 m - arête Sud Ouest - une bien longue journée -
Alpinisme : Aletschhorn 4194 m - arête Sud Ouest - une bien longue journée -

On s'encorde, enfin et nous voilà parti, et c'est bibi en tête de cordée, faut bien que je fasse un peu de travail ... petite traversée le long du promontoire, puis portion bien raide avec un poil de glace pour monter sur le front du glacier et se retrouver sur le plat de celui-ci. Corde tendu on avance. Je décide d'opérer un grand virage à droite pour éviter une zone que je trouve crevassée. Pendant ce temps, derrière, Bastien, passe les deux jambes dans un trou, ça commence bien, j'ai à peine le temps de m'en rendre compte qu'il est déjà sorti ! La joie des sorties hors saison, c'est aussi ça, il va falloir être prudent. J'avance, dans la neige croutée, puis dans la glace légère avant de retrouver la neige croutée sur le plateau supérieur. Difficile de déceler les crevasses avec la neige fraiche. Je ne m'en sors pas trop mal.

Après un bon effort, je laisse Benjamin repasser devant, je ne le sens pas trop enthousiaste pour passer la rimaye en tête, mais il avance quand même... On remonte jusqu'à la grosse rimaye, on la longe vers la gauche avant de passer un pont qui semble solide. Au dessus, on rejoint les cailloux, un passage raide et voilà l'épaule. Je filme Bastien en lui demandant comment il se sent "ça va, c'est pas la grande forme mais ça va !"

On repart, Benjamin, qui a mangé du Lion avance bien. La pente se redresse un peu, et , je ne sais pas si c'est l'effet "eau croupie du refuge" ou l'altitude, mais plus on monte, plus Bastien pâli. Il opère de fréquentes pauses et finie par jeter l'éponge.

"Je vais vous attendre là"

Il reste 300 m de déniv et l'endroit n'est pas venté. Bastien, mon Bucheron du Jura n'est pas sensible au froid, on décide de poursuivre sans lui, on devrait être de retour dans 3 h si tout va bien...

Alpinisme : Aletschhorn 4194 m - arête Sud Ouest - une bien longue journée - Alpinisme : Aletschhorn 4194 m - arête Sud Ouest - une bien longue journée - Alpinisme : Aletschhorn 4194 m - arête Sud Ouest - une bien longue journée -
Alpinisme : Aletschhorn 4194 m - arête Sud Ouest - une bien longue journée - Alpinisme : Aletschhorn 4194 m - arête Sud Ouest - une bien longue journée - Alpinisme : Aletschhorn 4194 m - arête Sud Ouest - une bien longue journée -
Alpinisme : Aletschhorn 4194 m - arête Sud Ouest - une bien longue journée - Alpinisme : Aletschhorn 4194 m - arête Sud Ouest - une bien longue journée - Alpinisme : Aletschhorn 4194 m - arête Sud Ouest - une bien longue journée -

On laisse Bastien après des séparations douloureuses.

Benjamin file déjà vers le haut, et hop, je me mets dans la trace, ça remonte, ça remonte, et c'est plus raide.  On traverse à gauche puis on remonte un couloir mi glace pourrie mi neige inconstante, le rêve ! En haut, hésitation, soit un grand pas (avec appuie sur la neige inconsistante, soit contournement du bloc par la droite, l’issue étant incertaine. Je n'ai pas le temps de donner mon avis que Benjamin est déjà en train de gravir la directissime, un grand pas, et zou, il est au dessus et rejoint le premier relais.

Derrière, je n'en mène pas large, les pieds glissent dans la neige, je rejoins le pied du passage, pointe de crampon à gauche dans un rocher, le pas est énorme, je me hisse comme je peux, tirant sur les bras comme un mort de faim, je hisse alors mon pied droit tout en cherchant vainement ou placer mon appuis, finalement, je parviens à loger un bout de crampon dans une fissure, et hop, me voilà au dessus; Benjamin m'assure, j'essaie de ne pas lui montrer que je suis à bout de souffle, inutilement, je fais le bruit d'une vieille locomotive à vapeur en fin de vie !

Pour la suite, c'est plus évident, il suffit de suivre au mieux les relais sur pieux, placés tous les 30 m environ. Malheureusement les chutes de neige de la semaine vont compliquer notre tache (surtout celle de Benjamin) On ne sait pas exactement où ça passe !

Alpinisme : Aletschhorn 4194 m - arête Sud Ouest - une bien longue journée - Alpinisme : Aletschhorn 4194 m - arête Sud Ouest - une bien longue journée -

Bon , on progresse, voilà une petite traversée qui ne m'inspire pas. Benjamin, lui, le virtuose est déjà passé !  J'avance prudemment vers la dalle, il faut faire une petite traversée en ascendance à droite pour retrouver l'axe d'un couloir. Pied droit placé,  je croise mes jambes pour trouver la prise suivante. Pour les mains, rien de bon, juste une dalle arrondie peu prisue, j'y appuie une main mal à l'aise, et fini par monter mon pied, je récupère alors mon piolet, judicieusement placé dans mon dos, pour prendre un appui franc dans la neige au dessus de la dalle. Et hop, c'est reparti, couloir, j'avoue que je suis nettement plus à l'aise en neige qu'en rocher... Et je galope pour rejoindre Benjamin au relai suivant.

Le temps s'étire, on progresse tout en hésitant de temps en temps. L'escalade n'est jamais extrême, mais il faut rester concentré et il y a quelques passages un peu expo.

Mais le temps passe et on se sent loin du sommet, quand tout à coup, la croix, là haut, elle n'est pas si loin. On avait l'impression qu'il fallait encore ce taper une longue arête.

La vision divine (ou de son fils) nous donne du baume au cœur. On file vers le haut et 5 minutes plus tard, nous voilà à la croix, au même endroit qu'il y a 15 ans lors de ma première ascension avec Anne

 

Sommet de l'AletschhornSommet de l'AletschhornSommet de l'Aletschhorn
Sommet de l'AletschhornSommet de l'Aletschhorn
Sommet de l'AletschhornSommet de l'Aletschhorn

Sommet de l'Aletschhorn

Yes !

Je grimpe jusqu'au vrai sommet , une 20 aine de mètres derrière la croix, pas de corniche , et on peut voir la mgnifique vue sur le Glacier d'Aletsch et tous les 4000 de l'Oberland !

On revient à la croix faire une pause ravitaillement. il est déjà 12 h 30, Bastien va nous attendre longtemps. J'essaie de le joindre pour lui dire qu'on est au sommet, je tombe sur la messagerie.

On admire le paysage, le ciel est limpide, et on est seuls avec personne à des kilomètres à la ronde (sauf Bastien), pas une trace dans le bassin d'Aletsch ni vers Hollandiahütte, si proche et si loin à la fois...

On ne traine pas, il faut déjà descendre, Bastien doit nous attendre

sommet de l'Aletschhorn

sommet de l'Aletschhorn

Et c'est parti, cette fois je suis devant. On assure comme on peut sur les pieux, souvent la corde est un peu courte, il y a des passages sans assurance, le niveau n'est pas très élevé, mais toute sortie est définitive !

Je contourne certains obstacles en privilégiant la neige, on ne peut pas assurer, mais c'est plus facile à désescalade. je redescends les différents crux (oui il y a plein de petits crux dans cette voie !)

Bon je vous passe les différents passages techniques ce qui serait redondant, et nous voici au dessus de Bastien , descendant pas à pas vers le bucheron slovaque. Nous avons mi 4 h 20 pour l'aller retour au lieu de 2 h 30 -  3 h escomptés, pas rapides !

Petite pause, à présent, c'est Benjamin qui est malade, on opère un petit debrieffing, je sens que je vais devoir rentrer mes deux acolytes pas hyper en forme, la course est encore longue

 

Alpinisme : Aletschhorn 4194 m - arête Sud Ouest - une bien longue journée -
Alpinisme : Aletschhorn 4194 m - arête Sud Ouest - une bien longue journée - Alpinisme : Aletschhorn 4194 m - arête Sud Ouest - une bien longue journée -
Alpinisme : Aletschhorn 4194 m - arête Sud Ouest - une bien longue journée -

Et zou, on repart vers le bas, moi devant puis Bastien et enfin Benjamin. Je file jusqu'à l'épaule puis jusqu'au couloir rocheux qui donne accès au haut du glacier.

La vache, la neige a bien transformé, le soleil a fait son œuvre, la partie glacière ne va pas être une partie de plaisir... Je descends jusqu'à la rimaye, et je passe le pont de neige en me faisant aussi léger que possible, il y a du boulot, j'avoue que je n'en mène pas large, une goutte de sueur perle sur mon front plissé de concentration. "Une plume , tu es une plume !" 

En dessous j'entame la traversée. On parle beaucoup pour synchroniser les avancées de chacun des membres de la cordée et maintenir la corde tendue. Bastien passe puis Benjamin, je décide alors de descendre directement sous la rimaye plutôt que de suivre le chemin de l'aller. Dré dans le pentu mais efficace, on retrouve la trace plus bas. C'est moins raide, on avance bien. Derrière j'entends mes partenaires stressés par les crevasses. J'avance, je sais que même sur la trace de montée, gelée ce matin, on peut s'en manger une, expression mal choisie, parce que c'est plutôt les crevasses qui nous mangent. Je fais mon virage, descends la petite pente verglacée, elle a décaillé à présent, puis vient le plat du bas du glacier. Et bim, Bastien se retrouve les deux pieds dans une crevasse, zou, je tire, il me fait comprendre qu'il préférerait du mou pour passer l'obstacle, sitôt dit, sitôt fait, le voilà sorti d'affaire. On est sur un gruyère avec beaucoup de trou, mais quelqu'un a tout recouvert d'une fine couche de beurre... Benjamin met le pied de dans, puis c'est à nouveau Bastien. On maintient la corde bien tendue tout en progressant.

Mon corps part en avant, et mon pied trou, la fine croute. Je ressors. Je finis par comprendre que cette dernière crevasse et dans notre axe de progression, bizarrement elle file vers le front du glacier, original.

Je fais passer Bastien et Benjamin du même coté que moi puis nous avançons de 10 m avant de rebasculer de l'autre coté, vue dessus, elle est invisible... On passe, il faut alors descendre la pente raide en glace, les conditions sont meilleurs, c'est avalé !

Sortie de glacier

il reste à se décorder.

Et nous voilà repartis, Je sens que Benjamin et Bastien sont dans le dur. La batterie de ma montre est à zero %, il va falloir que je trouve les passages pour rejoindre le refuge. Je file devant pour trouver le tracé. de gros blocs, des dalles et des passages en adhérence, avec pour varier des passages en neige !

J'entends alors un hurlement, Bastien a glissé sur une dalle, il est tombé sur le coccyx. Je commence à remonter vers lui quand il se relève, rien de grave mais il a hyper mal. Il devrait parvenir à marcher.

Derrière, Benjamin lutte avec un estomac délicat et un tube digestif qui, visiblement, n'apprécie pas trop l'eau croupie, même bouillie de l'oberaletschhütte. Je sens la pression, il ne faut pas que la situation s'aggrave.

Je poursuis ma quête du sentier avec Bastien et Benjamin qui derrière mettent en doute mes choix. Je vais de cairn en cairn, est on trop à gauche, trop prêt de l'arête, de temps en temps je reconnais un passage où nous sommes passés, de nuit, ce matin, et j'avoue que ça me rassure.

On parvient au passage des gros blocs, j'avoue que je file d'un cairn à l'autre pour ouvrir le chemin, j'entends derrière les révolutionnaires affirmer que c'était plus à droite, mais ils n'ont pas la force de me renverser, alors ils avancent, et vu que je reconnais certains passages, j'avance !

Après le gros bloc, on se retrouve en haut d'un petit couloir, on le dévale, avant de bifurquer à gauche. Bon, là c'est moi qui me fourvoie, je croyais que la gorge en terrain pourri etait là, elle est beaucoup plus loin. On passe sous des dalles avec des cascades, l'occasion de faire le plein d'eau, je suis à sec depuis un moment !

Alpinisme : Aletschhorn 4194 m - arête Sud Ouest - une bien longue journée - Alpinisme : Aletschhorn 4194 m - arête Sud Ouest - une bien longue journée - Alpinisme : Aletschhorn 4194 m - arête Sud Ouest - une bien longue journée -
Alpinisme : Aletschhorn 4194 m - arête Sud Ouest - une bien longue journée -

On poursuit la traversée, et on retrouve la petite gorge en terre pourrie, petite descente et petite remontée.  La journée est déjà bien avancée, on sait déjà qu'il va falloir allumer les frontales tout à l'heure !

Je redescends la petite sente et trouve la première chaîne. On décide de descendre ensemble, ça évitera de se balancer des pierres. Le terrain est vraiment pourri, j'ai même un doute sur les blocs qui tiennent les chaînes. La première est avalée, pour la suivante (et dernière) on avancera un par un . Je pars devant, avant le bas, je file à droite dans une traversée en terrain caillouteux bien raide. Je sors de la zone. Bastien me rejoint puis Benjamin décide de faire la traversée chaîne à la main. Problème, la chaîne décroche quelques blocs qui dévalent la pente, l'idée n'était pas bonne . Plus de peur que de mal.

Reste à retrouver le plat du glacier (sous des tonnes de roche) C'est un peu raide, j'attaque un peu bille en tête, je glisse, et je me croute, réception sur la main, quand je me relève, ça saigne abondamment (ou presque) C'est quand même dommage, 10 m plus loin, s'en était fini des difficultés.

Bon le plat de ma main saigne beaucoup (pas énorme mais c'est gênant) on décide de faire une petite pause pansement, Bastien, notre infirmier en chef (il n'est pas QUE bucheron ! ) parvient à me faire un truc qui tient et qui évite que je ne repende mon sang partout sur le glacier ! (pourtant ça serait joli, un glacier tout rouge, ça serait original !, plus la peine d'attendre le lever ou le coucher du soleil pour avoir des couleurs chaudes)

On repart, il fait plus sombre, on n'a pas de GPS, pour l’instant la visibilité est bonne mais ça baisse à chaque minute. Petite pause flotte réclamée un peu plus loin, on décide de remettre les frontales sur les casques, ça évitera d'avoir à les sortir plus tard.

Un quart d'heure plus tard, on les allume, déjà ! Je continue d'avancer d'un bon pas, pour donner le rythme. Benjamin m'enjoint régulièrement à faire des points avec son téléphone (oui, je lui ai passé le fichier GPS de la course et on peut vérifier qu'on est au bon endroit)

Bilan, à un moment, je tire sur la mauvaise moraine, trop à droite. Râlage général, bon, ils ne sont que deux, je gère, je file en bas de la moraine, avant de remonter sur la suivante, on a perdu moins de 5 minutes, c'est vrai qu'on a plu tellement les jambes pour faire des rallongis.

Et j'avance sur la moraine, bizarrement, si ce matin, j'avais trouvé que c'était roulant, ce soir, je ne retrouve pas la sente matinale. Benjamin râle, je ne ne fais pas assez de pause vérification de la trace, et quand il fait une pause, j'ai tendance à repartir sitôt la validation donnée.

Autre donnée, il a eu la bonne idée de laisser son bâton au pied d'un cairn géant. Donc il faut qu'on repasse par le cairn. De nuit, le moindre gros bloc, ressemble à un cairn géant. Je vais donc d'hypothétique cairn géant à un autre hypothétique cairn géant. Parfois c'est un bloc, par fois c'est un cairn, mais jamais le bon.

A ce petit jeux, j'en oublie (ou oserais-je écrire, nous oublions ...) notre mission première, retrouver le pied des échelles. J'avance, j'avance... on se retrouve dans un endroit merdique... Je tourne la tête, et je vois une lumière se réfléchir sur la paroi, on a passé les échelles, flûte ! Benjamin fait le point, effectivement, on a passé les échelles... Alors là, comment vous dire, l'ambiance  n'était pas la meilleur, Benjamin me reproche d'avancer trop sans faire le point, et je sens que Bastien a choisi son camp, le sien !

Je garde mon optimisme, il faut juste remonter un petit peu, c'est aussi ça, l'AVENTURE (avec un grand A !) . Bon c'est vrai qu'avec leur problèmes gastriques, la situation n'est pas idéale et on risque de ne pas retrouver le bâton de Benjamin. A la fois, je sais que c'est TOUJOURS une mauvaise idée de laisser du matos à part à un endroit au passage obligatoire (à bon lecteur ... ;-) )

Je descends un peu la moraine sur la gauche puis attaque la remontée. Au départ les révolutionnaires me suivent, puis, comme par hasard, ils prennent leur propre chemin, devisant de l'opportunité de ne pas faire de pause carto GPS dans une descente de nuit. Je sens la pression, Danton et Robespierre préparent leur vengeance et ça me terrifie.

Finalement, en moins de 10 minutes on rejoint le pied des échelles, Danton et Robespierre n'auront pas eu le temps de sortir leur guillotine, je garde mon chef, et c'est très bien ainsi. Je fixe mon bâton sur mon sac, et en route pour les échelles. Benjamin me suit, rapidement l’atmosphère s'apaise... et rapidement, étonnamment, on a l'impression d'être en haut, alors qu'on a pas fait 10 % de la remontée. On fini par s'en rendre compte, petite dépression ! La longue remontée se passe bien, il faut tout de même se méfier de la glace présente par endroit. La dernière traversée est sans fin, on se retrouve au niveau du refuge d'été, ne reste qu'une légère descente et nous voilà au refuge d'hiver. Il est 20 h 30, la lune se lève !

Ah oui, si au départ le plan était de rejoindre le Fusshorn bivouac pour faire le Fusshorn le lendemain, il n'en est à présent plus question, il nous reste juste à rentrer à la voiture !!!

 

 

Alpinisme : Aletschhorn 4194 m - arête Sud Ouest - une bien longue journée - Alpinisme : Aletschhorn 4194 m - arête Sud Ouest - une bien longue journée - Alpinisme : Aletschhorn 4194 m - arête Sud Ouest - une bien longue journée -
Alpinisme : Aletschhorn 4194 m - arête Sud Ouest - une bien longue journée - Alpinisme : Aletschhorn 4194 m - arête Sud Ouest - une bien longue journée -

Alpinisme : Aletschhorn, arête Sud Ouest

Apoutsiak — alpinismeValaisOberland4000vidéo - Les vidéos d'Apoutsiak

Ascension de l'arête Sud Ouest de l'Aletschhorn

depuis l'oberaleteschhutte

avec Bastien et Benjamin

longue course non tracée (en plus les réflecteur ont été enlevés !)

Pour le reste, superbe avec de jolis paysages d'automne

on a un peu explosé l'horaire ; départ 3 h 10 - sommet 12 h 30 retour refuge 20 h 30 (by night)

Mont Blanc à ski 2021 - 4810 m

Apoutsiak — Massif du Mont BlancMont Blanc4000Ski de randonnéealpinisme
ascension du Mont Blanc, de nuit, au dessus des grands Mulets

ascension du Mont Blanc, de nuit, au dessus des grands Mulets

Deux grands et belles journées

Départ du Plan de l'aiguille pour gagner le refuge des grands Mulets par la terrifiante jonction.

De là, on rejoint le col des Dômes par le petit et le Grand Plateau aux séracs aussi fascinants que dangereux.

Puis on déroule sur l'arête des Bosses, toujours aussi jolie.

Partis à 5, sommet à 5, descente par la face Nord pour mes 4 acolytes , perso je préfère me contenter de partir de Vallot.

Accident à la jonction, 2 personnes dans une crevasse. Nous apporterons une modeste contribution au sauvetage. Et retour au plan de l'Aiguille par l'ancienne gare des glaciers.

 

Vidéo :

Vidéo : ascension du Mont Blanc à ski depuis les grands Mulets

Topo :

à suivre (désolé)

 

topo Mont Blanc à ski depuis les Grands Muletstopo Mont Blanc à ski depuis les Grands Mulets

topo Mont Blanc à ski depuis les Grands Mulets

Récit :

J'avais réuni la fine fleur de l’alpinisme européen... ou presque..., tous mes amis candidats au mont blanc à ski s'étaient rendus disponibles pour ces 2 journées.  Les voyants étaient aux verts, j'étais aux anges. J'avais donné  rendez vous à tout le monde à 10 h à la benne de l'aiguille, ça me laissait le temps de partir tranquille le matin pour arriver à Chamonix…

C'était sans compter Yves…

"Allo"

"Ils annoncent température caniculaires, ça serait mieux de partir tôt"

"Effectivement, ils annoncent chaud" … il faut changer les plans, au dernier moment, je décide d'avancer le rendez vous à 7 h 45. Prévenir tout le monde, et partir rapido à cham' ce soir plutôt que demain matin. C'est quand même un peu dommage. Il est 18 h 30 Je boucle mon sac, je bouffe à la va vite, et je file.

La nuit tombe, l'autoroute Suisse ferme entre Saint Maurice et Martigny. La loose. Me voilà sur des petites routes à louvoyer. Je finis par me retrouver sur le parking des Grands Montets. J'installe la voiture en mode "nuit" et me couche... Voilà une course qui début bien dans la précipitation

 

Le lendemain matin, je me réveille à 7 h moins 10, Bastien est garé à coté de moi, on file à Cham, on se gare on retrouve Benjamin et on prend les tickets. J'appelle Yves, il s'est trompé d'heure ! Bilan on fera deux groupes pour aller au refuge. C'est assez désorganisé pour un début de course.

Plan de l'AiguillePlan de l'Aiguille

Plan de l'Aiguille

Une fois que la benne nous ai déposé au plan de l'aiguille et après un crémage en règle, on est parti. Le gardien m'a conseillé de partir par le bas, par le chemin d'été. Pas vraiment engageant, ça ressemble vraiment à un chemin d'été avec des pentes expos et beaucoup de déchaussage  alors qu'en haut, il y a une belle trace, presque continue et des cordées lointaines qui nous attirent (on ne le sait pas encore mais il y a aussi un sérac au dessus de l'éperon Frendo qui menace de s'effondrer avec ses 10 à 20 000 m3 de glace, ça nous aurait sans doute aidé à prendre la décision... (mais on ne le savait pas, et on ne voyait rien).

Bref on descend rejoindre la neige et on part avec nos peaux vers le haut. Petite hésitation pour descendre la moraine, on skie alors des coulées d'avalanche avant de remettre les peaux. Tout va bien. 

Deux petites descentes un peu raides et voilà le grand glacier qui mène à la jonction… Nous y sommes...

Mont Blanc à ski 2021 - 4810 mMont Blanc à ski 2021 - 4810 mMont Blanc à ski 2021 - 4810 m
Mont Blanc à ski 2021 - 4810 mMont Blanc à ski 2021 - 4810 m

Encordés, nous voilà partis, moi devant, Bastien en second et Benjamin ferme la marche. Je mène la cordée à mon rythme, la trace est loin des séracs, mais plus on avance plus je vois que le chemin est truffé de crevasses, il y en a tellement que parfois tu te rends compte qu'il y a un trou... quand tu as le ski dessus ! Vraiment pas agréable comme sensation. On avance corde tendue, puis on remonte vers les séracs, vers la trace de de "descente" Un gros sérac est là, je sais que François mon cousin est décédé par ici il y a bientôt 20 ans. Le paysage est aussi spectaculaire qu'il est inquiétant. On passe sous l'énorme bloc qui pourrait nous transformer en crêpe si l'envie lui venait. Et on arrive au lieu de déchaussage des skis. Je  demande à deux cordées si ça passe bien sans crampons. Elles me confirment. On fera comme ça. Et bim on part pour la jonction proprement dite. Un chaos de glace impressionnant entre 2 grands glaciers. On commence par descendre dans le trou par une sente en glace qui passe bien. Il faut remonter en face, le premier pas est grand, sans crampons, il faut poser le genou, oui , on aurait peut être du les mettre, mais à présent il est trop tard, à la fois , ça n'est pas non plus catastrophique. 

En haut, voilà une cordée,  il faut croiser. Je papote avec la première avant de rejoindre le second un peu en dessous. Je fais venir Bastien, il y a 3 pas en glace un peu raide. En arrimant correctement mon piolet, ça passe bien, la suite est plus facile, on remonte sur le second glacier, avant de le longer et de retrouver une zone chaotique, avec des trous et de la glace salle, attention à ne pas tomber, on fini par sortir du passage... Impressionnant .

passage de la jonction ce jour là, caméra embarquée - en continue pour la partie chaotique

juste avant la Jonction proprement dite, en montant au refuge des Grands Muletsjuste avant la Jonction proprement dite, en montant au refuge des Grands Mulets
juste avant la Jonction proprement dite, en montant au refuge des Grands Muletsjuste avant la Jonction proprement dite, en montant au refuge des Grands Mulets

juste avant la Jonction proprement dite, en montant au refuge des Grands Mulets

traversée de la Jonction, en montant au Grands Muletstraversée de la Jonction, en montant au Grands Muletstraversée de la Jonction, en montant au Grands Mulets
traversée de la Jonction, en montant au Grands Muletstraversée de la Jonction, en montant au Grands Muletstraversée de la Jonction, en montant au Grands Mulets
traversée de la Jonction, en montant au Grands Muletstraversée de la Jonction, en montant au Grands Muletstraversée de la Jonction, en montant au Grands Mulets

traversée de la Jonction, en montant au Grands Mulets

On remet les skis, il commence à faire chaud, et on remonte les pentes un peu raide (puis moins) sous le refuge. L'ambiance est bizarre au dépôt des skis. On croise les vainqueurs du Mont Blanc du jour, de retour de leur exploit. Pour nous, tout reste à faire. 

On remonte la via ferrata et on arrive au refuge. 

Yves et Bertrand arriveront une bonne heure plus tard, Bertrand avec de la Tomme de Savoie (entière) et un bon petit saucisson qui aura un grand succès.

Comme souvent, le programme se divise en sieste, papotage et admiraion du paysage, notamment la vue des toilettes, les plus belles toilettes du monde à mon humble avis.

Repas du soir et tout le monde au lit, demain on se réveil à 2 h 30

montée aux grands Mulets, sous le refugemontée aux grands Mulets, sous le refugemontée aux grands Mulets, sous le refuge
montée aux grands Mulets, sous le refugemontée aux grands Mulets, sous le refugemontée aux grands Mulets, sous le refuge
montée aux grands Mulets, sous le refugemontée aux grands Mulets, sous le refuge

montée aux grands Mulets, sous le refuge

le refuge des Grands Mulets

le refuge des Grands Mulets

les plus belles toilettes du Monde, Refuge des grands Muletsles plus belles toilettes du Monde, Refuge des grands Mulets

les plus belles toilettes du Monde, Refuge des grands Mulets

Nuit correcte, réveillé, habillé, nourri, et hop dehors. Petite via ferrata nocturne (faux pas se la coller quand même) et on retrouve nos skis. Toutes les cordées sont déjà parties, on est les derniers à quitter le refuge

Et c'est parti, on part dans la nuit avec les peaux et les couteaux, Je suis devant,  avec mes 4 acolytes en file indienne derrière . Chamonix en bas brille de mille feux.  la neige est dure on aperçoit juste la trace que l'on suit comme des moutons. 

On avance, les conversions s'enchaînent, la pente se raidit, on décide de mettre les crampons, ça sera plus safe. Et hop c'est fait, on remonte la pente, qui continue de devenir plus raide (c'est sans fin) Heureusement la trace est profonde, on fini par rattraper une première cordée. Les discussions sont réduites , juste prendre des nouvelles de celui qui te suit... de temps en temps. Chacun termine sa nuit.

La trace va buter sur un petit sommet, il faut alors redescendre  à flanc pour faire une petite pause.

Départ pour le Mont Blanc, de nuitDépart pour le Mont Blanc, de nuitDépart pour le Mont Blanc, de nuit
Départ pour le Mont Blanc, de nuitDépart pour le Mont Blanc, de nuit

Départ pour le Mont Blanc, de nuit

On repart, encordés, comme hier;  la première : Apoutsiak, Bastien et Benjamin, derrière, les anciens Bertrand et Yves. On a choisi de garder les skis sur le sac ,on pense être plus efficace. Une cordée n'a pas fait le même choix, elle reste sur les skis. Nous partons devant et prenons  rapidement le large. On longe au maximum le bord du plateau afin de rester, au maximum, à l'abri des séracs. On est exposé aux séracs en serrant à gauche, nous a annoncé le gardien, je suis sa prescription à la lettre. A droite, au dessus, d'énormes séracs menacent, on voit bien que de temps en temps, ça tombe, il y a les stigmates sur le plateau. J’accélère légèrement, on sort de la zone de danger, plus de trace de bloc sur la trace. On repart à droite vers un collet, quelques crevasses, nous voici sur le Grand Plateau avec la Face Nord du Mont Blanc pile en face de nous et le soleil qui vient nous réchauffer.

L'occasion d'une petite pause fort sympathique. Je peauffine ma décision, non, je ne descendrais pas la face Nord à ski, le bas me semble raide, la face est toute traffolée, elle semble bien dure, sans doute verglacée par endroit. Ca fait un moment que je réfléchis à la décision, je vais me contenter de descendre à ski depuis Vallot, ça sera déjà pas mal. Je la skierai dans une prochaine vie, la mienne est déjà bien remplie !

 

Ski entre le petit et le Grand Plateau, Mont BlancSki entre le petit et le Grand Plateau, Mont BlancSki entre le petit et le Grand Plateau, Mont Blanc
Ski entre le petit et le Grand Plateau, Mont BlancSki entre le petit et le Grand Plateau, Mont Blanc

Ski entre le petit et le Grand Plateau, Mont Blanc

ski entre le petit et le Grand plateau, Mont Blancski entre le petit et le Grand plateau, Mont Blancski entre le petit et le Grand plateau, Mont Blanc
ski entre le petit et le Grand plateau, Mont Blancski entre le petit et le Grand plateau, Mont Blanc
ski entre le petit et le Grand plateau, Mont Blancski entre le petit et le Grand plateau, Mont Blanc

ski entre le petit et le Grand plateau, Mont Blanc

On repart, toujours dans le même ordre, Bastien galère avec la corde, en seconde position, elle prend la fâcheuse habitude de passer sous ses skis puis de l'emberlificoter ... O n s'arrête, Bastien fait un saut périlleux pour se libérer de la corde, et on repart. Bon parfois c'est un peu plus complexe que ça mais on fait ça dans la bonne humeur.

On repart vers le haut, petit rythme tranquille, à ma façon, grand virage et on revient vers le col des Dômes. Il y a un peu de glace par endroit, je veille à l'éviter.  à droite, les cordées à pied en provenance du Gouter, croisent celles  en provenance du sommet. On ne devrait pas avoir trop de monde sur l'arête, la marée est déjà passée !

Et zou, direction la pente sous Vallot où nous opérons une petite pause technique : mettre les skis sur le sac pour mes acolytes, laisser mes skis là pour moi.

Entre le Grand Plateau et le col des Dômes - Mont Blanc depuis les Grands MuletsEntre le Grand Plateau et le col des Dômes - Mont Blanc depuis les Grands Mulets
Entre le Grand Plateau et le col des Dômes - Mont Blanc depuis les Grands MuletsEntre le Grand Plateau et le col des Dômes - Mont Blanc depuis les Grands MuletsEntre le Grand Plateau et le col des Dômes - Mont Blanc depuis les Grands Mulets
Entre le Grand Plateau et le col des Dômes - Mont Blanc depuis les Grands MuletsEntre le Grand Plateau et le col des Dômes - Mont Blanc depuis les Grands Mulets

Entre le Grand Plateau et le col des Dômes - Mont Blanc depuis les Grands Mulets

Entre le Grand plateau et Vallot - Mont Blanc deuis les Grands MuletsEntre le Grand plateau et Vallot - Mont Blanc deuis les Grands MuletsEntre le Grand plateau et Vallot - Mont Blanc deuis les Grands Mulets
Entre le Grand plateau et Vallot - Mont Blanc deuis les Grands MuletsEntre le Grand plateau et Vallot - Mont Blanc deuis les Grands MuletsEntre le Grand plateau et Vallot - Mont Blanc deuis les Grands Mulets

Entre le Grand plateau et Vallot - Mont Blanc deuis les Grands Mulets

Je rejoins la trace, on a réduit l'encordement, et on remonte vers Vallot, c'est raide et en neige dure, rapidement on rejoint Vallot pour quelques photos, j'adore ce petit abri posé sur cet éperon, je trouve l'endroit magique même si je déconseille à mes compagnons de rentrer dedans, car dedans, tout est violet, il n'y a que des gens ultra fatigués, qui sont à la limite de vomir ... Dans mon souvenir, je n'y suis rentré que 3 fois, c'est la couleur violette qui domine, la halte n'est pas recommandée.

La suite est vers le haut, la première pente sous la première bosse est raide. Je l'attaque d'un  bon rythme, je sens que je ne suis pas trop mal. Derrière, je sens que Bastien a un léger coup de mou, "pour une fois !" me dis je !

Oui parce que ma cordée, faite d'alpinistes d'un haut niveau, est arrivé ici un peu émoussée : Bastien a eu la bonne idée de faire le 110 km du Swiss Canyon trail la semaine dernière et Benjamin, sort de nombreuses sorties montagne, notamment 2 4000 des Monts Roses les deux derniers jours. Et donc , ce qui devait arriver arrive, la corde se tend derrière moi, je suis obligé de ralentir (un peu, et ça m’arrangerait presque !)

Bref, tout se passe bien , on se retrouve dans la partie plus raide qui mène à la première bosse et on croise quelques cordées, toujours dans la bonne humeur. J'essaie de nous décaler quand je vois des cordées dite de débutants à la descente, notre cordée expérimentée supporte facilement ces écarts.

Première bosse, superbe, courte pause et on repart.

du bivouac Vallot à la première Bosse - Mont Blancdu bivouac Vallot à la première Bosse - Mont Blancdu bivouac Vallot à la première Bosse - Mont Blanc
du bivouac Vallot à la première Bosse - Mont Blancdu bivouac Vallot à la première Bosse - Mont Blancdu bivouac Vallot à la première Bosse - Mont Blanc
du bivouac Vallot à la première Bosse - Mont Blancdu bivouac Vallot à la première Bosse - Mont Blancdu bivouac Vallot à la première Bosse - Mont Blanc

du bivouac Vallot à la première Bosse - Mont Blanc

J'attaque la seconde, tout va bien, je fins par me rendre compte que j'ai un avantage par rapport à mes compagnons de cordée, je ne porte pas mes skis, ce qui explique sans doute une partie de ma bonne forme. A la fois, ils n'avaient qu'à laisser leurs skis à Vallot... Bref, je vais bien. La trace longe la deuxième bosse et vient traverser une crevasse en plein milieu de l'arête, ça c'est nouveau, je n'ai jamais vu de crevasse à cet endroit là. On rentre dans la large, et peu profonde crevasse, puis on déboule de l'autre coté, c'est un peu plus raide au dessus. J'avance. Derrière, mes deux  compagnons passent leur temps à me demander des pauses pour scruter la face Nord, la bonne excuse ! "alors là, tu vois, on va longer le sérac, puis là, il faudra traverser la crevasse sans tirer trop à gauche... Et là, en bas ?" "Ben là en bas, je ne vois pas trop..." , "faudra peut être prendre à droite" "à droite... - hésitation' sans doute !"

Bon, moi j’insiste pour ne pas faire de pause inutile, je sais que ça casse le rythme, et si ça ne casse pas LE rythme, ça casse MON rythme, et mon corps n'aime pas ça .

On arrive à la grosse crevasse de 4700 m, cette année elle est sympa, elle est bouchée et le retour sur l'arête est facile, et hop, on est juste sous l'éperon de la Tournette, jolie vue sur le bassin de Tré la Tête.

Je repars vers le haut, je sais qu'il ne reste rien, mais qu'on n'est pas tout à fait arrivé. Petit replat, une cordée "pas douée douée arrive du dessus" on hésite à s'élancer, il y a ceux qui attendraient qu'elle soit en bas pour s'engager, et les autres, dont je suis, qui proposent de se décaler au moment où on les croisera. Et comme, "c'est moi le chef !", ben on repart. On arrive à hauteur de la cordée, très lente, on se décale et on continue de monter hors trace, ça fait un bon exercice. Au dessus la pente fini par se coucher, c'est la longue arête finale.

Des Bosses au sommet du Mont BlancDes Bosses au sommet du Mont BlancDes Bosses au sommet du Mont Blanc
Des Bosses au sommet du Mont BlancDes Bosses au sommet du Mont Blanc
Des Bosses au sommet du Mont BlancDes Bosses au sommet du Mont Blanc

Des Bosses au sommet du Mont Blanc

Tranquillement on remonte vers la cime, avec comme souvent à ce moment là un peu d'émotion. L'occasion de penser à tous ceux qui nous ont appris la montagne et qui ne sont plus là. C'est bête mais ça me le fait souvent quand je suis sur la partie finale du Mont Blanc. Je pense à papa, qui n'était pas le champion dans le choix de ses randos avec nous , je pense à Jacques, qui m'a un jour dit que je grimpais comme un chamois, ça  n’était sans doute pas vraiment la réalité, je n'ai jamais vraiment bien grimpé, mais ça n'est pas tombé dans l'oreille d'un sourd, j'y pense encore aujourd'hui !

Je ne vais pas faire la liste de tous ceux à qui j'ai pensé, l'arête (et la liste) est longue.

On commence à voir les cordées stoppées au sommet, vient notre tour, je me retourne, on se congratule avec Bastien et Benjamin (dont c'est le premier Mont Blanc, j'attends toujours le champagne !) Bertrand et Yves suivent, frais comme des gardons, leur cordée a prêt de 120 ans !

Et Bertrand nous sort sa tomme, pour le meilleur morceau de tomme... du monde, à 4800 m. On se régale.

Sommet du Mont Blanc et Tomme de SavoieSommet du Mont Blanc et Tomme de SavoieSommet du Mont Blanc et Tomme de Savoie
Sommet du Mont Blanc et Tomme de SavoieSommet du Mont Blanc et Tomme de SavoieSommet du Mont Blanc et Tomme de Savoie
Sommet du Mont Blanc et Tomme de SavoieSommet du Mont Blanc et Tomme de Savoie
Sommet du Mont Blanc et Tomme de SavoieSommet du Mont Blanc et Tomme de Savoie

Sommet du Mont Blanc et Tomme de Savoie

Une fois les traditionnelles photos réalisées, j'attaque la descente, je laisse les 4 fantastiques à leur face Nord.

Je galope sur l'arête (sans courir mais d'un bon pas)

Je me décale quand je croise les cordées et j'avance (tout en oubliant pas de faire quelques photos) J’avale la première partie, je me finis par dépasser une longue cordée des pays de l'Est, il sont 5. J'arrive au col entre les bosses et je m'arrête pour regarder et filmer les 4 fantastiques... Ils sont tout petits dans cette immense face Nord.  Delà , je perçois leur concentration, le choix de l'itinéraire. Je les vois se diriger vers la crevasse qui barre le haut de la face et la traverser, un par un.

De là où je suis, je n'arrive pas à les distinguer, mais j'imagine qu'Yves a pris le leadership pour la descente, c'est celui qui mange le plus de dénivelé.

Sous la crevasses, ils enchainent quelques virages que j'immortalise. Avant de filer, bon, les slovaques (je sais pas s'ils sont slovaques, mais je ne sais pas (non plus) si comment on appelle les habitants des pays de l'Est (les Estivaux ?) Bref, les Slovaques me sont repassés devant, et je dois me les refaire dans la montée à la petite bosse. Ils ne vont pas très vite alors le dépassement se fait plutôt rapidement. puis c'est la descente un peu raide qui mène à Vallot, je rejoins rapidement mes skis.

 

Descente du Mont Blanc, du sommet à Vallot (par les bosses)Descente du Mont Blanc, du sommet à Vallot (par les bosses)Descente du Mont Blanc, du sommet à Vallot (par les bosses)
Descente du Mont Blanc, du sommet à Vallot (par les bosses)Descente du Mont Blanc, du sommet à Vallot (par les bosses)
Descente du Mont Blanc, du sommet à Vallot (par les bosses)Descente du Mont Blanc, du sommet à Vallot (par les bosses)

Descente du Mont Blanc, du sommet à Vallot (par les bosses)

Et là, bingo, la neige est super bonne juste transfo. Je me fais une super descente pour rejoindre le Grand Plateau, une petite traversée et je rejoins le reste du groupe au point de rendez vous, ils sont arrivés là, il y a seulement 5 minutes.... J'ai été relativement rapide sur l'arête des Bosses.

On fait une pause, apparemment, j'ai bien fait de ne pas descendre la face Nord, ils ont eu des passages chauds, je lis encore la frayeur sur leur visage. La face, un peu trop traffolée, et des passages en glace ou en neige béton dans des parties à plus de 45°. Sachant que la neige sous Vallot etait excellente, je ne regrette pas mon choix.

 

On attaque la descente, sous les mégas séracs à gauche, objectif, ne pas trainer, à la descente c'est plus facile qu'à la montée. Je ferme la marche avec mes petites cuisses qui ne pensent qu'à une chose : faire une pause tant elles sont pleines d'acide lactique. Bon, les 4 Fantastiques n'ont pas mes soucis, ils filent à vive allure vers le petit plateau puis en dessous.

On se retrouve au dessus du refuge, dans une zone avec des crevasses, étonnant, je n’avais rien remarqué ce matin, dans la nuit noire...

On fait une pause vers le refuge, Bertrand doit ramener sa frontale au gardien. A son retour, il nous descends une bouteille d'eau, cool !

Descente sur les Grands MuletsDescente sur les Grands MuletsDescente sur les Grands Mulets
Descente sur les Grands MuletsDescente sur les Grands Mulets

Descente sur les Grands Mulets

Départ vers le bas, dans une neige qui devient soupe, il ne va pas falloir trainer à la jonction

Quelques virages plus tard, nous sommes sur zone : LA JONCTION

On enlève nos skis et une femme au milieu de la jonction nous interpelle de loin : "N'avancez pas, il y a des personnes qui sont tombées dans une crevasse" Il y a de l'agitation sur zone, nous sommes bloqués.  Je ne suis pas optimiste, on va passer la jonction à la mauvaise erreur, sachant que la suite est assez expo...

Bref on attend, l'hélico de la sécurité civile fait un premier passage, puis vient se poser à 30 m de moi. 2 gendarmes du PGHM en descendent, ils nous passent devant pour aller vers les victimes. Sur place, vu l'exposition des deux types qui sont dans une zone chaotique, ils décident des les moufler avant de les médicaliser.  Ils reviennent, je propose à l'un des deux gendarmes de les aider s'ils ont besoin d'aide.

Les 2 victimes reviennent à pied, le premier à quelques écorchures sur la face , le second a plus de sang et semble plus touché. Ils médicalisent le second dans une coquille à mes pieds et me demandent de brancarder le gars jusqu'à l'hélico. Le tout doit se faire encordé, Il va falloir synchroniser le brancardage avec l'assurance de Bastien et Benjamin.

Je me retrouve au chevet du blessé, le cuir chevelu semble avoir pris, ça n'est pas forcement grave mais ça saigne pas mal. Pourquoi ne pas avoir mis de casque à cet endroit. Bon ça n'est pas le moment de faire des remarques au gars, j'essaie de le rassurer, je vois qu'il a froid, je luis explique que le vent s'est levé, c'est la raison de son frisson (peut être pas que).

Début du brancardage, je suis à la tête du gars, on avance relativement vite dans une neige soupe, le gars est super lourd, je titube presque, in petto je me dis "ne pas tomber, ne pas tomber !" , mes crampons font ce qu'ils veulent, me tordant les chevilles, je brancard va de gauche et de droite, "surtout, ne pas tomber" "la vache qu'est ce qu'il est lourd !" On pose le brancard à l'endroit ou l'hélico doit atterrir.

Le gendarme me briffe sur ce que je dois faire ensuite, on se décorde dans un premier temps, la corde ne doit pas se prendre dans les pales de l'hélico.

L'hélico arrive dans un bruit assourdissant, je suis à présent du coté des pieds du brancard avec mission de le grimper dans l'hélico, et hop, c'est fait, ensuite il faut charger le matos des deux alpinistes suisses dans l'hélico.  Les skis, les sacs, le matos de secours, les bâtons. Une fois le tout chargé, les deux secouristes montent dans l'hélico et je me tiens accroupi, en attendant que l'hélico parte. Le gendarme secouriste me fait un signe d'au revoir, le mécanicien surveille les abords de l'hélico, je suis à 2 m de lui, la turbine balaye tout, l'hélico décolle, le mécanicien me fait "petit pouce en l'air" (je me suis cru sur facebook) avant qu'un nuage de neige recouvre tout, je mets ma tête entre mes jambes en attendant l'accalmie, qui ne tarde pas. 30 secondes plus tard, c'est le SILENCE !

Les gendarmes auront été efficaces.

 

Nous on esperait presque qu'ils nous proposent de nous emmener...

hélico de la sécurité civile à l'approche PGHM - secours à la jonction - Mont Blanchélico de la sécurité civile à l'approche PGHM - secours à la jonction - Mont Blanc

hélico de la sécurité civile à l'approche PGHM - secours à la jonction - Mont Blanc

On ne traine pas, je me ré encorde, skis sur le sac et on avance. Pendant le secours, François D'Haene est passé, il ne s'est (même) pas arrêté. Bastien l'a reconnu, pas moi, il a déjà filé.

Quand on se remet en route, Bertrand et Yves sont déjà de l'autre coté de la Jonction

On part un peu stressé, l'accident n'y est pas pour rien. On passe les blocs, on arrive à la zone où on pense que les deux gars sont tombés (à priori, le premier est tombé, son acolyte l'a retenu un moment, a réussi à amortir sa chute, par contre il a fini par basculer  lui aussi et est tombé sans assurance, 7 m de chute dans cette zone peu sympathique). On ne traine pas, la zone chaotique, la petite traversée puis la descente. En bas, Benjamin est déjà remonté, gros bruit, je lance "pierre", une grosse pierre de 40 cm de rayon environ  vient de tomber à moins de 2 m de Bastien, elle a du glisser sur le sérac au dessus. Nouveau bon coup de stress, l'adrénaline à fond et on n'est pas sortis. On galope vers la sortie, ouf !

Bertrand et Yves nous ont attendu.

On rechausse les skis et on file, croisant au passage quelques cordées qui montent. Il est trop tard et je le sais bien, le sauvetage nous a mis dedans...  Le parcours est magnifique et effrayant, à droite,  les centaines de séracs du glacier, plus ou moins menaçants, sous nos pieds , de temps en temps, une crevasse, simple petite trace, mais on voit bien qu'elles sont profondes. On skie vite, espérant que si le pont de neige s'effondre, on sera déjà de l'autre coté. Quelques virages avant une longue traversée.  Ca n'est pas mon passage préféré, on va bientôt sortir de ce coupe gorges (mieux que Roland à Ronceveau)

 

Jonction au retourJonction au retourJonction au retour

Jonction au retour

On est sorti du glacier, enfin.

A présent la consigne du gardien est claire, il faut passer par le chemin d'été

Et le chemin d'été, je ne me fais pas d'illusion, c'est raide et expo, surtout à cette heure un peu avancée. Malheureusement, le chemin d'hiver , que nous avons pris hier est expo, un énorme sérac menace sous l'aiguille du midi, 20 000 m3 de glace d'après le gardien. Ça fait beaucoup, même si je ne me rends pas compte exactement de la quantité.

Bref, on part vers le bas avec un avantage, on sait que Yves et Bertrand sont montés par là. Si c'est trop expo, on pourra toujours rejoindre la gare des glaciers et descendre sur le tunnel.

On part pour une traversée à flanc avec quelques portages. La traversée est raide, par endroit il en faut pas s'en coller une , sinon, c'est le grand saut. Bref, on traverse, on déchausse, on rechausse , on file. En dessous de nous, par moment, le vide se creuse, il me tétanise, je n'en montre rien...  pas glop. On fini par arriver à la gare des glaciers  pour une petite pause. La décision est prise de continuer vers le plan de l'aiguille. Flûte moi j'étais parti pour une bonne pause. Benjamin est stressé de rater la benne. Pour moi, il ne devrait pas y avoir de problème, mais tout le monde est reparti alors que j'ai encore mon sac grand ouvert. Encore une fois, je galope derrière. Je finis par rejoindre le groupe lors d'un déchaussage. On avance , même si c'est encore loin. On a repéré au dessus François D'Haene qui n'a pas respecté la consigne, il va passer sous les mètres cubes de glace, sans doute sans le savoir.  Bon, ils skis tellement vite que si le sérac tombe, il ne pourra sans doute pas le rattraper.

Pendant ce temps, nous on déchausse et on rechausse, sans oublier de nous moquer d'Yves et Bertrand qui sont incapables de nous décrire ce qu'ils ont vu à la montée (pourtant c'était de jour !)

Dernier déchaussage, j'essaie d'optimiser au max, puis on remonte skis sur le sac vers le plan de l'aiguille que l'on rejoint, enfin ! Et voilà, un joli Mont Blanc validé, et pas de souci pour la benne , on est hyper large !

 

 

de la jonction au plan de l'Aiguillede la jonction au plan de l'Aiguillede la jonction au plan de l'Aiguille
de la jonction au plan de l'Aiguille

de la jonction au plan de l'Aiguille

voilà le reportage de france 3 concernant la menace de chute de glacier sur l'itinéraire d'accès au refuge des Grands Mulets

Épilogue

Dans la benne on a retrouvé le guide et sa cliente qui ont mouflé les deux suisses, en fait, personne ne les avait vu tombé, le guide traversait, il a vu un bâton et entendu une voix qui venait du fond de la crevasse. Ils (avec le PGHM) ont décidé de moufler les deux Suisses, vu le risque de sur accident (tout aurait pu leur tomber dessus)

 

Sur le parking à Chamonix, le Suisse (peu blessé) est arrivé en taxi pour récupérer sa voiture, à priori sont partenaire de cordée n'est que peu atteint, le séjour à l'hopital de Sallanche devrait se terminer ce soir... Bonne nouvelle !

 

Finalement, tout est bien qui fini bien

 

 

 

 

A Arnaud, François et Marshal

Ski de randonnée : Pollux - 4092 m - récit d'un sauvetage avorté

Apoutsiak — Ski de randonnéeValaisZermattalpinisme4000

Une belle journée de montagne sur un sommet plutôt facile (faut quand même pas mal tirer sur les bras) et une après midi à organiser un sauvetage inutile.

Récit complet de la journée, du pseudo sauvetage et d'un autre sauvetage intercurrent

Bonne lecture

 

Vidéo :

Topo:

Accès départ

Pour info : parking à Täsch ( 15 € par jour)

Train Täsch Zermatt

Traverser Zermatt à pied (Nord Sud 1 km 100)

Prendre alors le téléphérique pour Matterhorn Paradise (Klein Matterhorn) 3817 m

 

Sommet :

De Klein matterhorn, descendre au col 3793 m CNS puis aller jusqu'au Breithornpass en visant le point 3824 m

Longer au mieux les pentes du Breithorn en passant sous le point (3821 m CNS et en allant au plus loin. On repeaute avant l'éperon du bivouac Rossi et Volante. Remettre les peaux et se diriger vers le pied du Pollux. Un couloir évident à droite vous appelle.

Laisse les skis. Remonter le couloir (40 °) en neige (couloir élégant) puis tirer légèrement à gauche dans un système de vire pour rejoindre les chaînes.

Passage un poil physique pour remonter la première partie des chaînes. (on parlera de technique de bourrin !)

On parvient à une breche, prendre alors à gauche, toujours des chaînes, mais plus facile. On sort alors à la vierge. La suite est une jolie arête à 35 ° qui mène au sommet

Descente par le même itinéraire, possibilité de faire deux rappels de 15 m chacun pour redescendre les chaînes sans effort !

 

 

Pollux, couloir d'accès

Pollux, couloir d'accès

Récit :

On a passé la nuit dans un petit hôtel à Randa, et oui, le petit alpiniste s'embourgeoise ! Bref on a bien récupéré de la journée de la veille et de l'ascension du Grand Cornier (point 3714 m)

Enfin c'était pas gagné, Benjamin semblait quand même bien fatigué la veille au soir. Ce matin, le voilà guilleret !

On file au parking géant de Täsch, puis par chance on choppe le premier train, sans attendre. Voilà Zermatt, la magnifique et la huppée. Comme à chaque fois, on remonte la rue principale entourée de boutiques de luxe. C'est toujours étonnant, ces villes de montagne, il semble que parfois  elles aient perdu leur âme, elles sont toutes tournées vers le tourisme de luxe, oubliant ceux qui en font leur réputation : Nous. (Fin de coup de gueule, oui, je sais un peu mou, faudra peut être que je retravaille ce passage !)

Nous ne croisons le premier magasin de montagne qu'après une longue marche.

Benjamin se baffre de viennoiserie dans une jolie boulangerie. Et nous voilà aux caisses des remontées mécaniques. La carte bleu chauffe mais pas au point de rendre le terminal inutilisable. On se met dans la queue des télécabines, au milieu d'autres skieurs de randonnée, mais également de skieurs de piste. Et c'est parti pour une montée à 3800 facile, en 3 tronçons ! On se retrouve dans le dernier télécabine géant (28 places par benne !) les premiers ! Et donc on déboule à 3800 m avec la montagne pour nous. Bon ça ne dure pas longtemps !

Le haut est moche, des cables de téléphérique, des passages de neige damée. Je déteste !

 

 

 

Pollux

Pollux

Et c'est parti, courte descente sur la piste, il faut déjà traverser des fils et les pistes de ski défoncée par les dameuses (je n'ai pas tout compris j'avoue) Ensuite on tente de continuer sans les peaux. Pas forcement le bon choix. On finit par les mettre pour les 5 minutes qui nous séparent su Breithornpass, encore un mauvais choix tactique. Voilà le col, et hop, il faut dépeauter. C'est bien , ça nous occupe !

La neige est béton et pour mon plus grand plaisir, il faut descendre un poil dans le jour blanc. Les skis vibrent au contact du mur blanc, le ski est désagréable. Le temps n'est pas catastrophique mais le ciel est bas et j'ai du mal à estimer les pentes, comme souvent. Je me rends compte qu'il fallait tirer plus à gauche plus à flanc. Je tire alors à gauche en poussant sur les bâtons. Dans les portions descendantes , je suis crispé comme pas possible et Benjamin me le fait remarquer. Je déteste cette neige !!! Dire qu'on a fait du si bon ski hier ! C'est tout crispé que j'enchaine les portions de descente et les portions planes où il faut pousser sur les bâtons. En plus, pas un virage, pied gauche amont, un jour il faudra que je pense, àa faire affuter mes carres...

On fini par accéder au pied ud bivouac Ross et Volante et il faut remettre les peaux. Et repartir vers le haut... en faux plat. C'est toujours mieux qu'une descente à flanc en neige béton. petit youpi !

On avance sur le schwartzor, on voit des traces dans la face Ouest, par endroit, ça a l'air en glace,  et on rejoint le dépôt des skis, petite pause, tout va bien , voici la partie ludique.

 

en direction de Pollux sur le plateau des monts rosesen direction de Pollux sur le plateau des monts rosesen direction de Pollux sur le plateau des monts roses
en direction de Pollux sur le plateau des monts rosesen direction de Pollux sur le plateau des monts rosesen direction de Pollux sur le plateau des monts roses

en direction de Pollux sur le plateau des monts roses

Encordés, moi devant, Benjamin derrière, et on est parti, le couloir se redresse tranquillement, la taille des marches augmentent aussi petit à petit. Je ahane à chaque pas. On opère quelques judicieuses pauses pour faire des vidéos, le petit couloir est très esthétique.

A la sortie du couloir on papote avec deux français, de la suite et de leur projet pour le lendemain.

Je profite du moment, c'est tranquille. Au dessus, la pente se couche, il y a quelques rochers. La trace est profonde, elle nous évite toute hésitation. on remonte vers une vire 5 m avec juste la place pour les crampons, j'avoue que l'on progresse tout en papotant.  puis une petite sente enchaîne, à droite, le Castor nous surveille , et nous annonce des lendemains difficiles avec toute la glace présente !

Voilà enfin les chaînes, je reste devant (bah oui, je fais le fier) je récupère le peu de matos que l'on a emmené. Benjamin bougonne, il trouve qu'on n'a pas été assez prudent et qu'on est parti avec trop peu de matos.  Bon, moi je pense qu'on devrait se débrouiller.

 

Vue de dessous c'est austère : après une courte traversée, il faut remonter sous un bloc coincé légèrement surplombant et remonter sur la gauche pour le passer. Waoutch, ça a l'air chaud ! surtout ne rien en laisser paraitre.

Je traverse, fastoche, puis je remonte. Au départ c'est pas trop difficile, c'est sur de la neige avec des prises à droite et à gauche, on progresse presque en opposition.  Le bloc coincé me rejette en arrière, position désagréable. Je remonte mes pieds au maximum au fond du couloir, mais plus je piétine plus je m'enfonce, hors mon but était de monter ma jambe au plus haut pour trouver la première prise.

Pour la prise de pied, c'est facile, il y a une trace de crampons avec les pointes, tant tout le monde met son crampon au même endroit. Le pied gauche est tout trouvé, le pied droit vient en face, sur la paroi opposée, je bourrine sur la chaîne et passe au dessus du bloc. Yes, c'est passé, mais je suis tout essoufflé ! Je ne me souvenais pas que c'était si physique il y a 20 ans ou presque (je suis passé ici durant l'été 2003)

Je fais venir benjamin à moi, lui donnant au passage quelques précieux conseils (et oui ça donne un petit coté pro) je sais qu'il n'en avait pas besoin, il grimpe mieux que moi ! Je repars vers le haut, rien de bien technique, mais ça reste du gros tirage sur la chaîne. Je parviens à une brêche qui surplombe un bloc coincé sur lequel je me juche  ! (et oui j'ai écris je me juche et c'est sans doute la première fois de ma vie !)

Bref, bien juché, je fais venir à moi Benjamin. Puis je repars, c'est plus facile, il y a des réglettes partout sur les 15 derniers mètres.  et hop, en 3 minutes c'est emballé, je me retrouve a dessus.

 

Pollux ascension finale couloir et chaînes (devant Castor)Pollux ascension finale couloir et chaînes (devant Castor)
Pollux ascension finale couloir et chaînes (devant Castor)Pollux ascension finale couloir et chaînes (devant Castor)
Pollux ascension finale couloir et chaînes (devant Castor)Pollux ascension finale couloir et chaînes (devant Castor)Pollux ascension finale couloir et chaînes (devant Castor)

Pollux ascension finale couloir et chaînes (devant Castor)

reste juste à faire venir Benjamin

Un guide Suisse allemand arrive par le haut, tout en braillant sur sa cliente. sans me poser de question, il installe son relai à coté du mien (ni sans me demander) tout en braillant sur sa cleinte : "Krrrröte Krrrötte !"

Benjamin est déjà parti

La cliente commence déjà à descendre.

Il aurait pu attendre tranquillement que Benjamin arrive, il n'aurait perdu que 2 minutes.

Benjamin est à l'arrêt au milieu des chaînes, j'ai perdu l'audition de mon oreille droite. "KARABINER LINKS - KARABINER LINKS !"  Les décibels sont là, le plaisir d'être ici moins. Je le sens stresser ce guide, stresser de devoir passer sur toutes les cordées qui montent ! La client est enfin en bas. Il arrête enfin de brailler. Il part en désescalade sur la chaîne en lâchant à peine un remerciement... Ca c'est fait, Benjamin reprend son ascension et me rejoint, on débriffe l'événement. Et oui, les guides, il veulent surtout rentrer tôt chez Bobone parfois !

Courte pause à la vierge, il reste une petite centaine de mètres. Je repars , tranquille, il ya une trace, par moment la glace n'est pas loin ! O nprogresse sur l'arête, le Castor à droite, le Lyskamm plus loin.

Déjà les derniers mètres et le bonheur d'être là haut, ensemble, c'est déjà notre 11ème 4000 en commun !!!

 

Pollux - sommetPollux - sommetPollux - sommet
Pollux - sommetPollux - sommet
Pollux - sommetPollux - sommet

Pollux - sommet

Pollux - sommetPollux - sommetPollux - sommet
Pollux - sommetPollux - sommet

Pollux - sommet

La pause est longue, on mitraille, on inspecte la peu avenante face du Pollux qui est notre objectif de demain. Au départ on voulait descendre sur la cabane du Mont Rose, mais vu la tête du glacier, ça fait longtemps qu'on a renoncé à ce projet ambitieux et crevassé !

 

Pollux - la viergePollux - la viergePollux - la vierge

Pollux - la vierge

Il faut attaquer la descente, d'abord la partie en neige puis la pause à la vierge, moins ventée que le sommet.

On laisse passer la cordée qui nous suivait sur le passage des chaînes, pour une fois qu'on n'est pas pressés, on a juste à profiter.  C'est notre tour de descendre les chaînes, on a choisi de le faire en rappel, plus sécur et plus tranquille, l'autre cordée est parti en désescalade.

Benjamin se lance le premier. Première partie facile, rien à dire, je le rejoins assez rapidement. Ensuite on a un doute, un rappel va t'il être suffisant (on n'a que 30 m de corde) On balance la corde et on interroge le dernier de la cordée de dessous. "Pas de problème"  et zou, c'est reparti, Benjamin d'abord puis ma pomme. Il ya juste le passage du bloc coincé qui se révelle peu agréable à descendre , mais ... ça paaaasssse !!!

Me voilà sur la vire du bas, vaché, je rappelle la corde qui gentiment évite le peu de bequets présents. Pendant se temps, Benjamin la love et nous volà reparti vers le bas tout en papotant, notre principale occupation du jour. Les passages sont toujours esthétiques.  On rejoint le haut du couloir et tranquillement les skis. pour une dernière pause.  Il n'y a plus qu'à rejoindre le bivouac, malheureusement, il n'y a pas ou peu de trace.

 

Pollux descentePollux descentePollux descente
Pollux descentePollux descentePollux descente

Pollux descente

On repart avec les peaux pour une courte descente sur le Schwartzore, rapidement traversé, puis je passe devant pour remonter à flanc vers le bivouac, la fin parait raide... Benjamin me fait remarquer qu'il y a une grosse corniche au dessus de nous. La visibilité est mauvaise, j'hésite, il passe devant pour avancer de 10 m et on enlève les skis dans la pente.

Je charge le sac en restant bien concentré, le moindre truc qui tombe descend de 100 m directement sans espérance de l'arrêter. Benjamin a des doutes pour la suite, les pentes lui semblent trop chargées.  Je pars devant. je contourner une première benne puis longe la seconde en biais. J'arrive à faire la trace d'un bon pas dans cette neige ou les pieds s'enfoncent. Je remonte vers le crux, sous une petite barre, j'attends Benjamin puis je repars à gauche, c'est beaucoup plus facile qu'il n'y paraissait, hop, petit passage raide, ensuite, ça se couche et le bivouac est là. On y accède par au dessus, il ne faut pas s'en coller une !!!

Et voilà le mignon bivouac Rossi et Volante avec la surprise : il y a déjà 4 duvets dans le petit espace. Une cordée est à l'approche dans nos traces, on ne sera pas seuls ce soir

Bivouac Rossi et VolanteBivouac Rossi et VolanteBivouac Rossi et Volante
Bivouac Rossi et VolanteBivouac Rossi et VolanteBivouac Rossi et Volante

Bivouac Rossi et Volante

Il est 14 h, on a le temps.

2 Suisses entrent dan le refuge. Il s'agit d'Axel et Fred avec lesquels on va passer une belle après midi.

2 Slovaques arrivent alors.

Il reste 2 duvets appartenants à 2 inconnus qui sont sans doute partis vers la Roccia Nera d'après Fred qui les a vu déposer leurs skis vers midi au dessus du bivouac.

On vaque à nos occupations et nos occupations, c'est faire fondre de l'eau. Il faut notamment aller derrière le refuge, remonter la pente (glissante) et revenir sans perdre son précieux chargement de neige) Bref, ça fond et on papote. Nous on découvre Fred et Axel. qui ont dévalé à ski la pente ouest du Pollux Les Slovaques ne sont pas en reste en offrant de la goutte à tout le monde, voilà qui réchauffe l’atmosphère. L'ambiance est bonne, le temps passe...

 

5 h on commence à s'inquiéter, les 2 qui sont partis devraient être déjà là. la Roccia Nera n'est pas loin (une heure max) et l'aller retour pauses comprises n'aurait du leur prendre que 3 h max. On décide d'attendre un peu avant d’alerter les secours, afin que s'ils sont nécessaires, ils puissent intervenir avant la nuit. Le temps s'est couvert. On ne veut pas déclencher des secours pour rien mais on se demande ce que la cordée fabrique sans ski sur le Breithorn...

17 h 30 on se décide à déclencher les secours alors que je pensais faire une petite sieste. Les Suisses n'ayant que peu de reseau, je suis le candidat pour appeler.

112

attente...

longue attente

"pronto"

forcement je ne parle pas Italien. nouvelle attente, conversation à 3, difficile, il y a un memebre d'une plateforme de secours, , un traducteur, et moi. Sans compter les tonalités qui se surajoutent par moment.

J'explique qu'une cordée est parti à midi pour la Roccia Nera, qu'elle devrait être là vu que le sommet est tout proche, que le plafond et bas et ne permet pas à un hélico de survoler le sommet...

Le gars me demande de rappeler un numéro

panique on n'a pas de paier pour le noter. Axel a la présence d'esprit de prendre son téléphone

Nouvel appel

Je renouvelle mes explications

Le gars me demande un maximum d'information, et de fouiller le matériel. Fred pense assez vite qu'il ya deux groupes. sur la table de la cuisine et en dessous : un téléphone, un piolet, un bruleur et une gamelle et de la bouffe en désordre, d'autre part sur la couchette en haut à gauche, 2 duvets et du matos bien ranger. On découvre qu'il ya une fille dans le groupe, mais pas de papiers.

Une seconde fouille nous permet de trouver dans le téléphone le nom du propriétaire : Gabin Aplic (oui j'ai changé le nom... ;-) )

Il y a une Carte Bleue, une carte vitale, une carde de club d'escalade à Nice, et une carte de rendez vous chez le dentiste. Flûte c'est un Français qui a laissé ce souk dans le refuge, j'ai honte.

Je fais part de nos trouvailles au secouriste, il me dit qu'il me rappelle. Je lui indique aussi que l'on pense qu'il y a deux groupes

On attend,  et on décide de faire monter une équipe vers le sommet. Étant responsable du téléphone, je suis coincé au refuge (dommage j'aurais bien aimé jouer les saint Bernard) Je récupère les portables d'Axel et Fred. Il neigeote à présent

Axel, Fred et Benjamin commence à se préparer. Je leur donne quelques indication sur la configuration du sommet, dans le brouillard qu'il ne se prenne pas la corniche... Surtout pas de suraccident. Je vérifie qu'ils ont des boissons chaudes.

Le type des secours me rappelle. Il m'annonce que Bastien Aplic a été rapatrié il y a 3 jours et que le secours est terminé. Je dois alors me battre pour lui faire comprendre qu'il ya deux personnes sur la montagne et qu'il y a deux groupes. Qu'on a bien retrouvé les affaires de Bastien , mais qu'il y a aussi d'autres personnes. La lutte est dure, il y a une sorte de quiproco de secours. Je finis par le convaincre, on fait le point ur le secours avec lui. Pendant ce temps, les 3 "secouristes" sont prêts. Fred annonec qu'ils vont y aller à ski, "ça ira plus vite" Et là, je me dis que c'est bien que je n'y aille pas. Axel et Fred vont aller à fond, j'ai de la peine pour benjamin qui va galérer à les suivre. Moi, connaissant les lieux, j'y serai aller à pied, tranquillement , à mon rythme. Pauvre Benjamin, je ne l'envie pas finalement.

Bon les 3 sont prêts, j'explique aux secours qu'on envoi des secours, vu la météo , ça nous semble la meilleur solution. A ce moment là, un cri vient du dehors, une cordée est sur le retour, fin de secours. J'annonce la bonne nouvelle à mon interlocuteur, et nous finissons par raccrocher

Les deux allemands arrivent, tout le monde se retrouve dans le refuge. On fini par comprendre qu'ils sont allés à la Roccia Nera puis ils ont attaqué la traversée des Breithorn (comment comptaient ils rentrer ici sans ski...) puis à la selle, il sont descendus dans la face pour revenir par le plateau qui ramène au bivouac. Dans le brouillard, navigation au GPS au milieu des crevasses.

Les Allemands ne se sont pas rendu compte de tout ce qu'on avait mis en place pendant leur absence...

On mange et on se couche (attention il y a une suite)

En direction de CastorEn direction de Castor
En direction de CastorEn direction de Castor
En direction de CastorEn direction de CastorEn direction de Castor

En direction de Castor

Castor
CastorCastorCastor

Castor

La suite :

 

Le lendemain, réveil tranquille vers 5 h . J'ai décidé de prendre le matos d'Alban sur mon sac (piolet, réchaud, téléphone et paiers) Fred et Axel sont partis il y a 1/2 h pour la traversée Castor Lyskamm.

On descend, on rejoint le pied du Castor dans le vent et on laisse les skis. Une énorme  barre de glace barre la face, et pourtant la trace passe par ezlle. Benjamin n'est pas inspiré et son inquiétude est contagieuse. Je lui propose de contourner la glace en passant par la neige à gauche. Je pars devant, d'abord à gauche puis dans la pente raide. Au dessus, ça se couche. Je pense qu'il suffit de revenir sur la droite. Je tire alors à flanc avant de redescendre de 5 m, il ya de la glace partout. On discutaille, on s'arrête, c'est vrai qu'on a  les crampons lights, c'est sans doute un peu juste. On sait aussi qu'on doit redescendre par le même itinéraire. Je pousse sur la droite pour rejoindre la face, je sens la glace sous mes crampons.

Discussion rapide, on signe le but, on reviendra et de toute façon, je suis déjà venu ! Que de glace dans cette face pour la saison ! Incroyable ! ca passait en prenant un peu de risque avac les bons crampons.

Demi tour, on rejoint les skis et zou direction Matterhorn paradise, qui n'en est pas un (pour moi ) On retrouve les pistes, les Italiens qui montent en peaux sur celles ci dré dans le pentu, et on rejoins Trockener steck, fin de l'aventure (ou presque)

 

Il y a encore une suite !

 

retour à Zermatt
retour à Zermatt
retour à Zermatt
retour à Zermatt
retour à Zermatt
retour à Zermatt

retour à Zermatt

Ski de randonnée : Pollux - 4092 m - récit d'un sauvetage avortéSki de randonnée : Pollux - 4092 m - récit d'un sauvetage avorté
Ski de randonnée : Pollux - 4092 m - récit d'un sauvetage avortéSki de randonnée : Pollux - 4092 m - récit d'un sauvetage avorté

La suite de la suite :

 

Retour à la maison, et C'est l'inspecteur Apoutsiak qui prend en charge le dossier

Via Messenger j'arrive à joindre la salle d'escalade d'Alban

Ainsi que son Bureau des élèves, Alban est étudiant en médecine

Je compte exploiter tous les indices en ma possession

J'utilise la carte de son dentiste, la secrétaire me dit qu'il n'est pas client mais avec la carte vitale, elle me donne le nom de son médecin traitant, l'enquête progresse, je dois appeler le Dr T , de Nice.

Un sypatique secrétaire m'annonce qu'elle connait la maman d'Alban, l’étau se resserre , je touche au but. Elle me dit de rappeler le lendemain.

De mon coté je cherche sur internet, il y a eu un accident sur Pollux il y a 3 semaines qui pourrait correspondre, deux jeunes de 22 et 17 ans, l'un d'eux est tombé de 200 m en ajustant ses crampons. Tout de suite ça m'amuse moins de prolonger les recherches, mais je suis lancé. Pas sur que ça soit cet accident.

Le lendemain, je rappelle la secrétaire du Dr T, elle me passe le numéro de téléphone de la mère d'A. Je l'appelle, elle est ravie que je l'appelle, son fils va bien et son compagnon de cordée aussi, ils se sont mangé une avalanche et ont du être hélitreuillés

Je prends l'adresse d'Alban et file à la poste lui envoyer le Colissimo

Le lendemain on arrive à se parler au téléphone

En fait ils ont attaqué la traversée du Breithorn, et au milieu de la traversée on choisi de descendre. Alban a fait partir une plaque sur son compagnon Hector.

Hector s'est retrouvé la tête en bas dans la rimaye et Alban a du le dégager alors qu'il avait une fracture de la cheville.

J'ai eu Hector le lendemain, qui m'a raconté la suite. Sans téléphone, il a du descendre le glacier tout seul, au milieu des crevasses (pas glop) jusqu'au refuge des guides du Val d'Ayas à pied pour appeler les secours.

 

Et tout est bien qui fini bien, Alban en a pour quelques mois avant de s'en remettre, ils en seront quitte pour une belle frayeur !

____________________________________

Et voilà, 2 récits de sauvetage en un seul récit, pas mal non

J'envoi plein de bisous à tous les protagonistes croisés ce jour là !

A bientôt là haut !

 

 

Vidéo : Alpinisme - Grand Paradis 4061 m

Apoutsiak — 4000alpinismeLes 100 plus bellesvidéo - Les vidéos d'Apoutsiak

Grand Paradis depuis le refuge Chabod

Voie normale

 

Vidéo : Mont Blanc à ski - 4810 m

Mont Blanc à ski depuis le plan de l'Aiguille - la jonction, nuit au refuge des grands Mulets - Petit plateau, grand plateau, col des dômes, Vallot arête des Bosses, Sommet du Mont Blanc en 7 h 30

Descente par la face Nord pour les 4 fantastiques, par l'arête des Bosses pour moi avant de reprendre les skis à Vallot, neige de cinéma, juste transfo comme il faut Accident à la jonction, une cordée de genevois tombe dans une crevasse, 2 guides les mouflent et on aide (modestement) le PGHM à l'embarquement des blessés dans l'hélico (rien de grave pour eux, tant mieux)

Retour par le chemin d'été conseillé au plan de l'aiguille moins rapide et moins ludique mais plus safe (grosse exposition aux séracs de la face nord de l'aiguille du midi

Avec Yves, Bertrand, Bastien et Benjamin

Jonction

traversée de la Jonction, en montant au Mont Blanc par la voie des Grands Mulets

âmes sensibles s'abstenir

faut pas avoir la phobie des crevasses (ni des séracs, ni des chutes de pierre)

pas l'endroit le plus sain de la terre

 

Vidéo : Ski de randonnée : Pollux - 4092 m

Ascension de Pollux depuis Zermatt - klein Matterhorn (Petit Cervin) - nuit au bivouac Rossi et Volante

Ski de randonnée : Finsteraarhorn - 4274 m

Apoutsiak — 4000Les 100 plus bellesOberlandSki de randonnéealpinisme

J'ai rarement été aussi lessivé lors d'une ascension, la mauvaise nuit dans l'igloo y a été pour beaucoup. Mais j'ai bien fait de m'accrocher, la vue du sommet de l'Oberland était superbe !!!

 

Vidéo :

Topo :

De la Finsteraarhornhütte (3048m) redescendre les escaliers pour chausser les skis. Remonter au mieux les pentes qui mènent à la Frustucksplatz (3617 m ) déchaussage obligatoire pour la traverser.

Rechausser de l'autre coté (un peu plus raide) avant de remonter au mieux les pentes qui mènent au Hugisattel (4088m)

Delà, à pied, passer le premier ressaut en traversée à droite puis remonter versant Ouest les pentes rocheuses puis neigeuses. Quelques passages sur le fil de l'arête avec vue sur l’impressionnante face Est.

Sommet 4274 m

descente par le même itinéraire.

 

Topo ascension du Finsteraarhorn depuis la Finsteraarhornhütte Swissmap carteTopo ascension du Finsteraarhorn depuis la Finsteraarhornhütte Swissmap carte

Topo ascension du Finsteraarhorn depuis la Finsteraarhornhütte Swissmap carte

Récit :

Je reprends le récit de la veille après la traversée du Grosses Fiescherhorn 4049 m...

La veille au soir donc :

On enlève les skis , on sort les pelles et on se rend compte qu'il y a 25 cm de neige sur de la glace. Puré les conditions horribles pour faire un igloo ! sans compter que c'est de la neige poudreuse, pas sûr qu'on arrive à la tasser !

Bon, on hésite à se mettre à un endroit plus plat, là c'est un peu en pente. Vu que tout le matos est là, on décide d'y rester. Je trace l'igloo et on se lance dans le pelletage. Je vois que Benjamin est efficace. Le tas de neige se forme, lentement... Et vu qu'il n'y  a pas beaucoup de neige sur la glace, plus on avance, plus il faut aller loin pour pelleter, moins on est précis...

Le soleil doit être couché et la luminosité diminue. Le tas n'est pas énorme mais ça prend forme; Je tasse régulièrement la neige. J'essaie également d'estimer si on va arriver à dormir à deux dans l'édifice.

Après 1 h d'effort, le tas me parait assez gros, je commence l'évidage. Benjamin me laisse cette tache , disons... humide. Alors je creuse, je creuse, la neige bien tassée me semble assez solide. J'attaque l'autre coté et crée un tunnel dans le trou. A chaque coup de pelle , la neige tombe, parfois dans mon cou. Je dois ensuite l'évacuer. Benjamin dehors essaie de faire place nette.

Finalement, l'igloo a pris forme, il fait nuit à présent, il est tard. Je rebouche l'entrée au vent. J’aplanis le sol.

Benjamin s'installe dans la partie droite tandis que j'attends dehors. Il fait -16°C, un vent de 30 km/h balaye le glacier, je suis congelé !  Dans l'igloo, il peine à enlever ses chaussures et à s'installer dans l'espace exigu.

Enfin , vient mon tour, mais je suis gelé. Je gonfle mon matelas, l’installe avec mon duvet et pénètre dans l'antre. Chaussures enlevées, je mets mes peaux contre moi, je crois que je n'ai même pas éteint mon ARVA !

On ne mange pas, on ne boit pas, on essaie juste de se reposer.

Au bout de 5 minutes, je me mets à trembler, je n'ai pas froid mais mon corps a une réaction bizarre. Je tremble, à fond ça dure 1 minute, ça s'arrête 20 secondes et ça reprend. Ça doit être une réaction au froid. Et je prends le rythme, tremblement, court repos, tremblements.

Au bout de 45 minutes, je décide de boire de l'eau chaude. J'installe le Jetboil et y fait fondre des morceaux d'igloo. On ne peut pas s'assoir, je suis à moitié allongé. Et je bois 1/2 litre d'au de fonte chaude. Je me brule la langue à la première gorgée. Le liquide chaud vient réchauffer le corps fatigué, la fréquence des tremblements s'estompe, un peu.

Je finis par m'endormir.

3 h du mat, la mauvaise sensation de sentir le froid sous ma hanche en contact avec la neige. Mon matelas s'est dégonflé. Je me contorsionne pour le regonfler. Opération délicate d'autant plus que j'ai les lèvres gelées et que ça fait des perte d'air (c'est pas étanche !) Bon, le résultat devrait suffire à mon bonheur... Mais 10 minutes plus tard, rebelote. C'est mon matelas qui est percé, la loose.

La fin de la nuit se fera de la façon suivante, 1/4 d'heure de chaque coté, pour ne pas geler. Et entre les retournements, un court dodo, bien trop court.

Au réveil le lendemain, je ne suis pas très frais, je fais fondre de la neige pour remplir nos gourdes et prépare nos sachets déshydratés  pour manger un peu. En fait, on ne mangera quasiment rien.

Je sors de l'igloo, il fait toujours aussi froid mais la météo est magnifique. Les cordées en route vers le Finsteraarhorn se mettent déjà en route, on est maxi en retard. Nous prévoyons de monter à la Finsteraarhornhütte réparer mes bâtons et les peaux de Benjamin avant de poursuivre vers le sommet... bien loin ...

Ski de randonnée : Finsteraarhorn - 4274 m Ski de randonnée : Finsteraarhorn - 4274 m Ski de randonnée : Finsteraarhorn - 4274 m

Il fait beau, on voit le sommet du Finsteraarhorn ensoleillé. On ne prend que le nécessaire, le reste restera à l'igloo. Benjamin part avec 1 litre d'eau, moi avec 1/2 litre, je complèterai avec de la neige...

Les peaux sous les skis, nous voilà parti vers la cabane, sous le refuge, les traces de descente ont verglacé avec le froid, on fini par remonter le long du peu de poudreuse qu'il reste sur les bords du large couloir. On laisse les skis, on remonte les escaliers du refuge. Nous voilà dans l'entrée.

Je rentre dans la salle à manger, j'explique à la gardienne nos différents problèmes : mon bâton coincé, il me faut une pince pour le débloquer. Elle me dit que son mari va venir dans la salle des chaussures m'amener le précieux outil. Et j'attends, j'attends, 10 minutes plus tard, il arrive, mais dans la chaleur du refuge, mon bâton a dégelé, je peux l'agrandir sans outil. Bon ben voilà u truc de regler...

Je vois un panneau Pomoca réparation, je lui demande s'il est possible d'avoir de la colle pour les peaux de Benjamin. Il acquiesce dans un rictus désagréable. 10 nouvelles minutes plus tard il revient avec de la colle en spray, nickel. J'avais mis les peaux sur le ban en bois, il me fait signe d'un air dédaigneux d'aller ré-encoller dehors, dans le froid...

Je file doux sous le regard du cerbère

Il y a 21 ans, en 1999, j'étais venu dans ce refuge avec le CAF de Besançon, j’avais eu l'outrecuidance de commander un chocolat chaud lors du petit-déjeuner, et , je m'étais fait engueuler par le gardien, c'était thé ou café, bon bah c'était pas comme si j'avais demandé poliment...

Bref, peut être est ce le même gardien. Le doute m'habite ! ...

Je me retrouve dehors à ré-encoller les peaux de Benjamin.

Celui ci a négocié avec la gardienne une nuit dans le refuge, elle nous a trouvé des places, on aura pas à redormir dans l'igloo ! Yeeeeeeeesssss !!!

Ski de randonnée : Finsteraarhorn - 4274 m Ski de randonnée : Finsteraarhorn - 4274 m
Ski de randonnée : Finsteraarhorn - 4274 m

On quitte le refuge, requinqués

on retrouve les skis et c'est parti, la trace de montée est super, jamais trop raide, on n'a même pas besoin des couteaux. J'avance dans ce décor paradisiaque ! J'avance doucement, la nuit en igloo a laissé des traces.

Gentiment, Benjamin prend patience et se cale dans mes skis, je sens qu’exceptionnellement je ne vais pas faire beaucoup d'images aujourd'hui. Je regarde derrière le Gross Wannenhorn, j'aimerais bien un jour revenir et gravir les sommets de 3900 m, l'Agassizhorn, le klein grunhorn et le trugberg (déjà gravi celui là ) Bon il faudra revenir...

Plus je monte, plus je ralenti...

Je sens que Benjamin s'inquiète "ça va Guillaume ?" , je dois vraiment aller lentement. Ça en vient à m’inquiéter. Je paye ma nuit... déjà que je n'étais pas en grosse forme ces derniers temps...

Mentalement je divise la course en 3 morceaux, la première : atteindre la Frustucksplatz, la seconde jusqu’au Hugisattel à 4000 et la 3ème avec la partie alpinisme sur l'arête

J'avance lentement, mais j'avance sous la face Est du Finsteraarhorn austère et imposante, elle ressemble un peu au gardien de la cabane...

il reste un grand virage à droite vers le Frustucksplatz (place du déjeuner pour les non germanophones) on enlève les skis quand le rocher est trop présent et on rejoint l'épaule pour une bonne pause.

Les autres cordées sont loin, là haut sous le Hugisattel.

 

Ski de randonnée : Finsteraarhorn - 4274 m Ski de randonnée : Finsteraarhorn - 4274 m Ski de randonnée : Finsteraarhorn - 4274 m
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On mange , on boit , on profite de la vue magnifique sur cette partie de glacier avec les grosses crevasses puis on repart.

Je mets les couteaux pas sécurité dans la partie raide. Je n'avançait déjà pas vite, alors avec les couteaux... Rapidement on les enlève, la trace est toujours aussi bien faite, béni soit celui qui a tracé, sans lui , je ne serai pas là ! A plusieurs reprise Benjamin me propose de faire demi tour, il a peur que je veuille aller au sommet pour lui, mais j'y vais ... pour moi, lentement certe, mais je sais que je vais y arriver...

Je chope régulièrement de la neige pour la boire et m'en saupoudrer, afin de compenser le manque de flotte embarqué avec moi.

Et j'avance, lentement, trop lentement.

Je regarde mes spatules, mes pas sont riquiquis. Mais j'avance. Au loin, très loin au dessus de nous, les cordées s'agitent sur l'arête.

Je scrute le GPS et surtout l'altitude. Gagner 10 m me prend de longues minutes. Heureusement, je sais qu'au Hugisattel on change d'activité... Ça me fera du bien.

Le voilà, ce Hugisattel, reste juste la rimaye à passer. Je me lance, neige dure, fatigue et faux mouvement, me voici par terre. Mon ski est venu taper dans mon genou gauche, la douleur est intense mais pas insupportable, avais je besoin de ça ? . Je réussi après de longues minutes à me relever, je finirai à pied les derniers mètres

Hugisattel, la pause, enfin, je suis rincé.

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On tache de trouver une place pour poser nos skis et nos sacs, au milieu des skis et des sacs des autres cordées. La tache n'est pas aisée. On profite de la pause, on boit, on mange un peu et on repart, encordés, je pars devant, Benjamin derrière.

Et je tape directement dans le premier ressaut, une petite barre pas dure mais pas facile non plus. toutes les prises sont à main droite, dommage pour la main gauche. Je merdouille un peu mais fini par trouver une solution pour progresser, je travers la vire au dessus vers la droite, je contourne le petit rognon, la suite semble plus aisée. J'assure Benjamin sur un joli béquet afin qu'il vienne à moi.

On poursuit et déjà on croise une première cordée, rapide, efficace, tout va bien.

Au mixte de la première partie fait suite une pente de neige en dévers. Au dessus un guide et ses deux clients. Vu que je monte, je suis prio (oui, pour moi la règle veut que ceux qui descendent laissent passer ceux qui montent) Le guide semble ne pas connaître ma règle , il me grogne qu'il souhaite passer, je suis déjà parti. Je lui réponds que je quitterai la trace à leur passage. J'avance donc et je vois son visage rouge de colère. Le guide au dessus, descend, je le sens stressé par ses clients. A leur approche, je me décale sous la trace, tout en continuant de progresser. Pas un bonjour, pas un merci, sympa l'ambiance montagne !  Bon, je réfléchis et je me dis que c'est peut être lui qui a fait la trace ce matin, trace qui m'a permis de me retrouver là. Mais bon, c'est pas une raison pour bouder...

Et on poursuit une courte portion en rocher précédent une nouvelle pente de neige. La suite en mixte, nous croisons des cordées.

Un gars s'interroge sur le fait que je n'ai pas de gants. Je lui explique que je les ai avec moi mais que je grimpe sans, j'ai la chance de ne pas craindre le froid (ou au moins le petit froid) Je suis étonné que ça l'ai surpris !

Benjamin s'interroge sur ce qu'il reste à gravir. "Vous avez fait 1/3 !" nous lance une dame. Il a des doutes, on doit en être à la moitié. Je sais qu'il va falloir être patient, l'arête n'est pas courte et il y a beaucoup de cordées à croiser !

A la cordées suivante, une fille me dis "je n'aimerais pas être à votre place, sachant ce qu'il reste à gravir..." Je garde la remarque pour moi, pas la peine d'atteindre le moral de Benjamin. C'est vrai quoi, on ne dit pas une phrase comme ça.

Les croisements se passent bien. Je m'essaie même à l'allemand. Du schlaffst in Fisnteraarhornhütte ! lance-je à un guide. Ce lui ci me fait comprendre qu'il ne comprend que l'allemand. Mais c'est ce que je pratiquais !!! C'est vraiment  la loose !

 

Ski de randonnée : Finsteraarhorn - 4274 m Ski de randonnée : Finsteraarhorn - 4274 m Ski de randonnée : Finsteraarhorn - 4274 m
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Au dessus nous arrivons à ce que les cordées nous ont présenté comme le crux. Benjamin est passé devant, il passe au dessus de l'obstacle et descend un passage merdique. Vient mon tour, je trouve un petit couloir qui passe vraiment facilement. On remonte alors vers le sommet, une dernière pente de neige, une petite arête effilée et la croix !

Yes !

Bah c'était pas gagné

La vue est superbe de ce magnifique promontoire. La première fois, j'avais eu droit au brouillard au sommet, là, c'est le grand beau !

La pause est longue, au moins 20 minutes à admirer, à papoter, à profiter. Il fait presque chaud, quel contraste avec les températures de ce matin dans l'igloo !

On profite, je me rends compte que je suis monté ici au mental. Je n'avais vraiment aucune force pendant toute la montée.

Avant de repartir, vers le bas, et le confort du refuge...

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Et on repart, Benjamin devant et moi derrière.

Notre cordée est rodée. Je suis content, on a laissé du temps aux autres cordées on ne devrait pas avoir à les dépasser, manœuvre toujours délicate. On avance à un bon rythme, je me sens en forme à présent. On repasse le premier crux, sans souci puis on progresse, quand le terrain devient un peu plus technique on trouve un béquet pour assure la suite, mais en gros on fait le plus gros "corde tendue".

On avale les pentes de neige puis le dernier mixte. Voilà la barre au dessus du Hugisattel, il y a encore une dizaine de personnes au col, on les a quasiment rattrapés ! Alors qu'on avait plus de 2 h de retard au départ !!! Incroyable, je ne sais pas comment on a fait !

Benjamin se lance dans la désescalade. ça passe, je le rejoins, pas de souci, nous revoilà au Hugisattel pour une nouvelle bonne pause.

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Et c'est parti pour la portion ski, la neige est bonne, la glace n'est pas loin en dessous mais ça reste tout à fait skiable. On se fait quelques bonnes pauses pour reposer les cuisses. En quelques minutes nous sommes  à la Frustucksplatz, on remet les skis sur l'épaule et on remonte les quelques mètres. Puis on attaque la petite traversée avant de remettre les skis.

En dessous, la neige est toujours correcte, on en profite même si on est quand même bien fatigués.

Voilà déjà l'approche du refuge. On décide d'y rentrer par le bas (il y avait possibilité de traverser au dessus.)

On remonte les escaliers et on file au refuge d'hiver.

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On décide d'aller boire un coca dans le refuge principal. Le meilleur coca de ma vie !!!

Le repas arrive déjà, avec des pâtes à la bolognaise et un service un peu lent à notre goût , nous, on voudrait vite aller dormir, et Benjamin veut aller récupérer des affaires à l'igloo. On a un peu de retard dans les heures de sommeil.

Je commence une petite prédiction quant à la qualité du dessert. Au départ je pense à une crème au chocolat. Mais je suis touché par une vision plus précise, en fait, ça sera un abricot en boite ! Et bingo, 10 minutes plus tard, l'abricot avec une lichette de crème chantilly arrive sur nos tables.

Une fois dévoré on file rejoindre notre petit refuge d'hiver où nous sommes seuls !

Benjamin a décidé de descendre à l'igloo récupérer les duvets pour les faire secher. J'avoue que je n'ai pas le courage de faire l'aller retour. Je m’occupe d'allumer le feux. Le bois est hyper sec, en 5 minutes le poêle s'embrase.

Le confort des couettes, le bonheur d'être là et de pouvoir se reposer. Ca tranche avec la nuit précédente !

Un peu de musique avant une longue belle et confortable nuit

Demain, est prévu, le retour au Jungfraujoch par la grunhornlucke ! On a laissé tomber l'idée de gravir le grossgrunhorn en passant... Et oui, on devient raisonnable !

Ski de randonnée : Grosses Fiescherhorn 4049 m - nuit en igloo

Apoutsiak — Ski de randonnéeOberlandalpinisme4000

Logiquement, on fait le Grosses et l'hinteres Fiescherhorn, nous on a pas eu le temps, pour une fois qu'on est raisonnable. Une aventure épique entre des séracs menaçants, un froid de gueux et une nuit en igloo mémorable !

Vidéo :

Topo :

du Jungfraujoch rejoindre le Mönchsjoch 3624 m par la piste qui mène au refuge.

Descendre l'Ewigschneefeld, un peu de pente au début puis faux plat descendant jusqu'à 3250 m environ.

Remonter vers le Fieschersattel en restant à droite du glacier (longer l'éperon rocheux) la fin se fait à pied en traversant sur la gauche.

Fieschersattel 3923 m.

Du col, contourner la première petite tour (pas la seconde plus grosse et tentante) prendre pied sur l'arête et remonter la seconde tour. Rappel au sommet 10 m environ De là Remonter l'arête plus ou moins sur le fil. Certains passages se fond dans des vires de neige versant Ouest. Gagner le sommet en 3/4 d'heure environ.

Pour la descente, rejoindre le pied du rappel de la montée où un rappel vous attend. Idéalement opérer un rappel de 25 m. Si la corde est trop courte, il faut rejoindre le couloir de glace et le désescalader (désagréable)

rejoindre le col

possibilité de gravir l'hinteres Fiescherhorn (en face)

Descente :

Du col, viser le col qui se situe sous le Kleines Fiescherhorn Ochs (attention une crevasse barrait l'itinéraire lors de notre passage passage bien sur la gauche du glacier obligatoire.

Suivre alors les pentes sous le Kleines Fiescherhorn (crevasses, séracs notamment sous le point 3425 m danger +++ )

rejoindre le pied du Walliser Fiescherfirn et de là le pied de la Finsteraarhorn hütte atteignable en 10 minutes environ.

Ou, moins confort, établir un igloo sur le plat du glacier !

 

Topo Raid en Oberland J1 Carte : Du Jungfraujoch à la Finsteraarhornhütte par la Grosses Fiescherhorn

Topo Raid en Oberland J1 Carte : Du Jungfraujoch à la Finsteraarhornhütte par la Grosses Fiescherhorn

Récit :

Les choses ont bien changé depuis mon dernier passage, à Grindelwald il fallait prendre le train pour la petite Scheidegg, aujourd'hui, on pénètre dans un énorme parking de supermarché, pour prendre des œufs géants qui mènent directement à la gare Eigergletscher. Le mythique village de la kleine scheidegg est délaissé. J'ai l'impression que la montagne perd ici un peu de son âme. La dernière fois c'était il y a déjà 12 ans avec l'ascension du Mönch par le Nollen avec Jeff.

Station de kleine Scheidegg, donc , nous posons nos skis en vrac dans le premier wagon avant de trouver une place dans le train confortable. Et zou en route pour le Jungfraujoch et ses 3500 m.

Sitôt dit, sitôt fait, reste à retrouver nos skis et bâtons au milieu des centaines d'autres. Je suis dans les derniers à percevoir le dernier élément de mon équipent , l'aventure va pouvoir commencer.

Bon, revenons sur les derniers jours. En début de semaine, on se rend compte que tous les refuges du coin, desservant les 4000 de l'Oberland sont complets. Au début on voulait gravir l'Aletschhorn, mais les infos sur la face Nord convoitée nous laissait perplexe et on s'orientait plus sur le Finsteraarhorn, les Fiescherhorn et le Gross Grunhorn. Il nous fallait une place le premier soir à finsteraarhornhüttte puis une autre le lendemain à Konkordia. Benjamin nous met sur la liste d'attente pour Konkordia et harcèle les gardiens de la Finsteraarhornhütte toute la semaine mais rien n'y fait, il n'y a plus de place.

Je ne manque pas de ressource, j'ai un plan B, on va dormir en igloo... Il y aura juste à le construire une fois sur place, j'ai l'habitude, ou presque.

... c'est donc les sacs bien lourds que nous traversons les longs couloirs du Jungfraujoch.

Ski de randonnée : Grosses Fiescherhorn 4049 m - nuit en iglooSki de randonnée : Grosses Fiescherhorn 4049 m - nuit en iglooSki de randonnée : Grosses Fiescherhorn 4049 m - nuit en igloo
Ski de randonnée : Grosses Fiescherhorn 4049 m - nuit en iglooSki de randonnée : Grosses Fiescherhorn 4049 m - nuit en igloo

Nous débouchons sur les plateforme où chacun trouve une petite place pour s'équiper. Le ciel vrombi du bruit des avions et des hélicoptères qui surplombent le plus long glacier des alpes.

Nous passons la ficelle qui sépare les alpinistes (nous !) des touristes (bah ceux qui restent derrière la barrière). Nous chaussons les skis et partons sur la piste damée en direction de la Mönchsjochhütte.

Le sac est bien lourd avec le matos d'alpi et le matos igloo sans compter la bouffe pour 3 jours. Nous passons sous la belle face Sud du Mönch avant de rejoindre le Mönchsjoch devant lequel trône un avion et ses deux pilotes. Petite pause au col avant d'attaquer la descente. Au bout de 4 virages , mon talon se détache. Et M.....ma fix s'est encore déréglée. comme au Tödi il y a 3 semaines.

Nous arrêtons les skieurs qui nous suivent pour savoir s'ils ont un outil pour réparer... Bah non ! (en anglais sinon ça serait trop facile) Je remets les peaux et file rejoindre le refuge du Mönchsjoch ,100 m au dessus.

A Mag 2 je rejoins le col, déchausse et me faits la partie en terre au dessus. Il y a la une jolie fille qui semble m'attendre. Bon, je ne suis pas là pour batifoler. Je lui demande si elle parle français, elle le parle très bien "je suis française me précise t-elle" voilà qui va me faciliter les choses. C'est l'aide gardienne auvergnate du refuge. Bien sympa elle va me chercher le "tournevis qui va bien" Je m'installe pour serrer à fond tout en papotant avec mon auvergnate qui a gravi la veille le Mönch avec son compagnon , sa première course d'alpinisme de sa vie ! Je la félicite pour sa belle ascension (c'est classe , le Mönch comme premier 4000) et je file, pas le temps de compter fleurette d'autant que son chevalier servant devrait ne pas trainer à arriver pour me casser la gueule.

Je file dans l'autre sens, je rejoins Benjamin qui me précise que je devrai faire contrôler mon matériel. Pas faux !

 

On poursuit vers le bas, enfin le bas c'est beaucoup dire, c'est un faux plat descendant où il faut pas mal pousser sur les bâtons, alors, tel un shadock, je pompe, enfin je pousse.

Les sommets défilent, enfin doucement, à gauche, notre objectif, le Grosses Fiescherhorn, puis l'Hinteres enfin le petit et le Gross Grünhorn, ce dernier est l'objectif de dans 2 jours... C'est loin !

On laisse un gros groupe partir à droite vers le Trugberg, on traverse le glacier et on met les peaux.

Ski de randonnée : Grosses Fiescherhorn 4049 m - nuit en iglooSki de randonnée : Grosses Fiescherhorn 4049 m - nuit en iglooSki de randonnée : Grosses Fiescherhorn 4049 m - nuit en igloo

Et hop, c'est parti pour la montée, bien tracée. Le seul hic, le poids du sac, qui lacère les épaules et qui tue le dos, sinon, la vie serait belle, parfois, ça se joue à pas grand chose ...

Le temps change avec notre petite ascension. Si en bas il faisait beau, un doux brouillard nous accueille plus haut, avec une petite neigeote, pour l'instant rien d’inquiétant, on sent le ciel bleu au dessus !

Comme d'hab, Benjamin a la soquette légère, il file devant puis m'attend de temps en temps. Je monte à mon rythme, pas de pachyderme aurait dit Enguerran. Bref je progresse doucement, profitant de ce paysage gigantesque pour les alpes, de grosses crevasses, jolies mais redoutables à gauche, une arête acérée à droite, la trace judicieusement faite au milieu.

 

On met les skis sur le sac, et hop on repart vers le haut. J'aime ces changements qui me redonnent du baume au cœur. On remonte facilement jusqu'au Fieschersattel, plus facilement qu'il y a 12 ans où on était passé dans du mixte péteux (je ne sais pas pourquoi ?)

Au col, je sais qu'il ne reste pas grand chose, je suis assez optimiste en dépit de la météo  qui n'est vraiment pas top...

Ski de randonnée : Grosses Fiescherhorn 4049 m - nuit en iglooSki de randonnée : Grosses Fiescherhorn 4049 m - nuit en iglooSki de randonnée : Grosses Fiescherhorn 4049 m - nuit en igloo
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On part en laissant skis et sac au col, on laisse même la corde, je n'ai pas souvenir d'un truc bien difficile (ah, la mémoire) et hop on suit les traces à droite, dans la neige puis on arrive à un couloir de glace que je reconnais, on avait rebroussé chemin dedans il y a 12 ans, la loose (j'avais même perdu un crampon là à l'époque)

Têtus, on le remonte puis on vire sur la gauche. C'est raide, le rocher est de qualité aléatoire. On tente un premier passage (enfin je tente) puis Benjamin tente un peu plus à droite sur une dalle qui ne m'inspire pas.

Une cordée qui était devant nous, descend en rappel, le gars nous explique que c'est plus simple de passer sur l'arête juste au niveau du col, le topo camp2camp n'est pas tellement précis,  il faudra que je le corrige...

Bon, décision est prise de faire demi tour et de prendre la corde. On se retape le couloir englace à rebour, pas glop !

Ski de randonnée : Grosses Fiescherhorn 4049 m - nuit en iglooSki de randonnée : Grosses Fiescherhorn 4049 m - nuit en iglooSki de randonnée : Grosses Fiescherhorn 4049 m - nuit en igloo
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Retour au col, météo dégueulasse, on repart. J'avance devant et monte sur le premier gendarme, c'est assez évident en restant sur le fil de l'arête. On retrouve le rappel, je passe devant, Benjamin me rejoint, la montagne a bien changé en 12 ans, je n'ai pas souvenir de rappel ...

Je poursuis, le temps est au mauvais, il fait gris, la visibilité à moins de 100 m et il neige. La progression n'est pas compliquée mais il ne faut pas s'en coller une. Je déchiffre la montagne avec plaisir, il faut dire que ça n'est pas technique.

Ambiance hivernale, on progresse et on se retrouve enfin au sommet, il est déjà assez tard, déjà 16 h.

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Hop demi tour

Benjamin devant, ouvre les averses de neige, derrière, je m’engouffre dans la brèche. on descend assez vite, tout en restant prudent, il y  a de la neige partout.  On rejoint le point de rappel, Benjamin part devant. Je descends à mon tour et ô joie, il va falloir descendre le fameux couloir de glace, la corde n'est pas assez longue pour passer toute la difficulté ! ... Youpi.

Bon le début je maitrise, ensuite, il faut enfoncer le petit piolet light de 200 g dans de la glace noire bien épaisse... J'ai essayé, ça ne marche pas trop. Tension, concentration, je descends prudemment. Le passage n'est pas long, mais je n’apprécie pas l'absence de point solide pour s'appuyer. Après une bataille de quelques minutes, je sors... ouf, je rejoins benjamin et on file vers le col et le matos.

 

Ski de randonnée : Grosses Fiescherhorn 4049 m - nuit en iglooSki de randonnée : Grosses Fiescherhorn 4049 m - nuit en iglooSki de randonnée : Grosses Fiescherhorn 4049 m - nuit en igloo
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Il est bientôt 17 h et on doit encore descendre et construire l'igloo.

Oui au départ on avait prévu de faire l'Hinteres Fiescherhorn.

Je sais qu'il n'est pas loin, mais je sais que la journée va être longue et que demain une autre grosse journée nous attend.

Pour une fois, je suis raisonnable, on décide de descendre.

On reviendra pour refaire le second sommet (pourtant c'est rando, dans mon souvenir ...)... ou pas !

Et hop c'est parti pour la descente, au GPS, on y voit goute, il neige, le ciel est bas et la journée décline déjà.

Au bout de 50 m on fait un point carto avec Benjamin (pour le coup on fait une fine équipe)

Bon, pour l'instant on est bon, attention aux crevasses et aux séracs, cette descente est réputée technique et exposée.

On ne va pas être déçu.

On progresse vers le bas, au loin une vaguelette, plus on s'approche plus on se rend compte que c'est une énorme crevasse qui coupe toute la face. On trouve une trace de descente qui pique, logiquement, à gauche vers un col afin de contourner l'obstacle. On la suit mais il faut pousser sur les bâtons c'est plat et parfois il faut remonter.

On contourne l'énorme crevasse et on part vers le bas dans les traces. La visibilité est moyenne mais la neige est bonne. Les virages s'enchaînent. A droite il y a d'énorme crevasse du Waliser Fiescherfirn.

On passe quelques grosses crevasses, surtout ne pas perdre la trace, sinon, on est mal.

Ski de randonnée : Grosses Fiescherhorn 4049 m - nuit en iglooSki de randonnée : Grosses Fiescherhorn 4049 m - nuit en iglooSki de randonnée : Grosses Fiescherhorn 4049 m - nuit en igloo
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Ski de randonnée : Grosses Fiescherhorn 4049 m - nuit en iglooSki de randonnée : Grosses Fiescherhorn 4049 m - nuit en iglooSki de randonnée : Grosses Fiescherhorn 4049 m - nuit en igloo

On parvient à un passage bizarre, à gauche d'énormes séracs, surplombants, à droite les crevasses du glacier. Je pars devant, pensant que la trace se poursuit plus loin. Je me retrouve dans une pente raide et verglacée sous les séracs " ne pas rester là, ne pas rester là" Je décide de partir à rebours vers la sécurité toute relative de la zone crevassée... Stressaumètre au taquet, virage dré dans le pentu verglacé, je file me mettre à l'abri du sérac, vers les crevasses, c'est mieux mais précaire. "Entre deux maux, il faut choisir le moindre !" J'indique à benjamin de rester à l'abri du sérac en serrant les crevasses.

On n'est pas sorti, quelques virages verglacés et il faut traverser sous les énormes séracs. Je file, les menaçantes tours à ma gauche. Je déteste ce passage. La météo n'arrange rien. A fond , mon ski vient buter dans un petit bloc de glace, me voilà par terre au plus mauvais endroit. Se relever vite et filer. Je remets mes skis parallèles comme mes aïeux me l'ont appris et je fais un énorme effort pour me relever, oui il faut aussi relever le sac à dos.

Derrière, je vois Benjamin arrêté, pas au meilleur endroit, il vomit ! Flûte, il ne faut pas trainer là. Ça commence de plus en plus à ressembler à la retraite de Russie. Je lui indique que je vais faire une pause plus loin à l’abri des séracs. Je file. Il me rejoint, petite pause. Fin des grosses émotions.

 

Ski de randonnée : Grosses Fiescherhorn 4049 m - nuit en igloo
Ski de randonnée : Grosses Fiescherhorn 4049 m - nuit en igloo

Je repars devant pour la partie finale, on essaie juste de ne pas perdre les traces et c'est plat...

Jour blanc, neige, conditions difficiles, les traces sont en parties découvertes mais on y arrive. Le tout est de ne pas les perdre.

On fini par passer sous la couche de brouillard et je commence à regarder où nous pourrions faire un igloo. Bah il n'y a pas beaucoup d'endroits. On arrive sous le refuge. Je vois un gros rocher à gauche, avec un peu de chance il y a une congère associée. J'amorce mon virage pour vérifier mon hypothèse, et là, c'est le drame, en fait c'est le glacier, il n'y a point de congère... demi tour, déception.

On descend un peu, je m'arrête.

On enlève les skis , on sort les pelles et on se rend compte qu'il y a 25 cm de neige sur de la glace. Puré les conditions horribles pour faire un igloo ! sans compter que c'est de la neige poudreuse, pas sûr qu'on arrive à la tasser !

Bon, on hésite à se mettre à un endroit plus plat, là c'est un peu en pente. Vu que tout le matos est là, on décide de rester. Je trace l'igloo et on se lance dans le pelletage. Je vois que Benjamin est efficace. Le tas de neige se forme, lentement... Et vu qu'il n'y  a pas beaucoup de neige sur la glace, plus on avance, plus il faut aller loin pour pelleter, moins on est précis...

Le soleil doit être couché et la luminosité diminue. Le tas n'est pas énorme mais ça prend forme; Je tasse régulièrement la neige. J'essaie également d'estimer si on va arriver à dormir à deux dans l'édifice.

Après 1 h d'effort, le tas me parait assez gros, je commence l'évidage. Benjamin me laisse cette tache , disons... humide. Alors je creuse, je creuse, la neige bien tassée me semble assez solide. J'attaque l'autre coté et crèe un tunnel dans le trou. A chaque coup de pelle , la neige tombe, parfois dans mon cou. Je dois ensuite l'évacuer. Benjamin dehors essaie de faire place nette.

Finalement, l'igloo a pris forme, il fait nuit à présent, il est tard. Je rebouche l'entrée au vent. J’aplanis le sol.

Benjamin s'installe dans la partie droite tandis que j'attends dehors. Il fait -16°C, un vent de 30 km/h balaye le glacier, je suis congelé !  Dans l'igloo, il peine à enlever ses chaussures et à s'installer dans l'espace exigu.

Enfin , vient mon tour, mais je suis gelé. Je gonfle mon matelas, l’installe avec mon duvet et pénètre dans l'antre. Chaussures enlevées, je mets mes peaux contre moi, je crois que je n'ai même pas éteint mon ARVA !

On ne mange pas, on ne boit pas, on essaie juste de se reposer.

Au bout de 5 minutes, je me mets à trembler, je n'ai pas froid mais mon corps a une réaction bizarre. Je tremble, à fond ça dure 1 minute, ça s'arrête 20 secondes et ça reprend. Ça doit être une réaction au froid. Et je prends le rythme, tremblement, court repos, tremblements.

Au bout de 45 minutes, je décide de boire de l'eau chaude. J'installe le Jetboil et y fait fondre des morceaux d'igloo. On ne peut pas s'assoir, je suis à moitié allongé. Et je bois 1/2 litre d'au de fonte chaude. Je me brule la langue à la première gorgée. Le liquide chaud vient réchauffer le corps fatigué, la fréquence des tremblements s'estompe, un peu.

Je finis par m'endormir.

3 h du mat, la mauvaise sensation de sentir le froid sous ma hanche en contact avec la neige. Mon matelas s'est dégonflé. Je me contorsionne pour le regonfler. Opération délicate d'autant plus que j'ai les lèvres gelées et que ça fait des perte d'air (c'est pas étanche !) Bon, le résultat devrait suffire à mon bonheur... Mais 10 minutes plus tard, rebelote. C'est mon matelas qui est percé, la loose.

La fin de la nuit se fera de la façon suivante, 1/4 d'heure de chaque coté, pour ne pas geler. Et entre les retournements, un court dodo, bien trop court.

Au réveil le lendemain, je ne suis pas très frais, je fais fondre de la neige pour remplir nos gourdes et prépare nos sachets déshydratés  pour manger un peu. En fait, on ne mangera quasiment rien.

Je sors de l'igloo, il fait toujours aussi froid mais la météo est magnifique. Les cordées en route vers le Finsteraarhorn se mettent déjà en route, on est maxi en retard. Nous prévoyons de monter à la Finsteraarhornhütte réparer mes bâtons et les peaux de Benjamin avant de poursuivre vers le sommet... bien loin ...

Mais ça c'est un autre récit

A suivre donc

 

Vidéo : Ski de randonnée - Grosses Fiescherhorn - 4049 m

Apoutsiak — OberlandSki de randonnéealpinisme4000

Du Jungfraujoch à la Finsteraarhornhütte en passant par

le Mönchsjoch, le Fieschersattel - le Grosses Fiescherhorn

météo variable

igloo à l'arrivée (voir vidéo suivante : finsteraarhorn)

Alpinisme : Allalinhorn Hohlaubgrat 4027 m

Apoutsiak — alpinismeValais4000
Alpinisme : Allalinhorn Hohlaubgrat 4027 m

Un 4000 facile, par une voie pas "normale" mais néanmoins facile.

Une jolie journée de montagne...

 

Vidéo :

 

Topo :

Parking à l'entrée de Saas Fee payant et obligatoire.

Traverser une partie du village pour prendre les télécabines et rejoindre Felskinn en 2 tronçons.

De là, rejoindre le métro Alpin et indiquer au préposé que vous souhaitez descendre à la station intermédiaire (le préposé prépose dans la cahute qui se situe à gauche avant le contrôle des forfaits, il ne parlait pas le Français lors de notre passage, pour information) . Il faut alors signer une attestation. (décharge)

Prendre le métro, descendre à la station intermédiaire (dans le tunnel). Il y a deux portes logiquement automatique (pour nous elles ne fonctionnaient pas, on a du les ouvrir manuellement)

On débouche sur la moraine au dessus du glacier Hohlaubgletscher vers 3200 m environ.

Redescendre sur le glacier, sente puis moraine raide sur le bas. Traverser le glacier vers le sud puis remonter les pentes plus raides en direction de l'arête (crevasses) Traverser des bandes rocheuses.

Le suite se situe en général sur l'arête ou sur son versant Nord. On poursuit en direction du sommet (ouest), la pente se redresse et vient buter sur une barre rocheuse.

traverser à droite sur 20 m sur une vire "sableuse" pour remonter un couloir de 10 m.

Prendre alors la vire sur la gauche qui ramène sur un plateau (broches scellées, descellées ) rejoindre le plateau. Monter en ascendences à gauche sur l'arête et venir sous une petite barre rocheuse. La contourner en passant par la droite et rejoindre le sommet par une arête facile.

 

Descente

Du sommet revenir en arrière sur 20 m, puis par un mouvement enveloppant, descendre en direction du Feejoch (col) de là, globalement au Nord en évitant les (très) grosses crevasses, puis vers 3650 m, prendre au Nord Est, en gardant un œil sur les séracs au dessus.

Rejoindre les pistes de ski qui ramènent  à la station de Mittleallalin et au métro alpin.

 

 

Alpinisme : Allalinhorn Hohlaubgrat 4027 mAlpinisme : Allalinhorn Hohlaubgrat 4027 m

Récit :

Il est bien tôt quand nous quittons l'hôtel. Nous laissons les sacs inutiles dans une petite pièce et on traverse la Perle des Alpes encore endormie. Il ne fait pas grand beau, mais ça, on s'y attendait. La station semble encore endormie.

On déboule au téléphérique, il y a une queue monstre de skieurs des équipes nationales de pleins de pays qui font la queue. Fort heureusement, nous alpinistes, on est prio pendant 10 minutes. Et zoup, on coupe la file d'attente, on sera les premiers à prendre les billets quand ils ouvriront la porte.

De toute façon, un gars vient annoncer que ça n'est pas skiable aujourd'hui, et les pauvres skieurs doivent retourner dans leurs lits. C'est quand même la loose de se lever à point d'heure pour ça. On se débarrasse de quelques francs suisses superflus aux caisses et on se retrouve les premiers dans les œufs. C'est bizarre de prendre des œufs de nuit. J'en profite pour mettre de la crème solaire, ça fera peut être venir le soleil que la météo annonce timide aujourd'hui.

 

Arrivés à la station intermédiaire, nous rejoignons le pied du métro alpin. Il faut alors signer une décharge au cabinier pour sortir à la station intermédiaire Hohlaubgrat du métro. Forcement le type ne parle pas un traître mot de français. Je crois que j'ai signé dans la case guide. L'usurpateur est de retour. A la fois, le document ainsi que les explications n'étaient pas hyper claire. Par contre, tout est clair quand il faut nous expliquer l'ouverture et la fermeture des portes.

 

Métro alpin, un peu déçu, je m'attendais à des installations rutilantes, alors que le truc est vieillot. Bon , ma déception passe vite. On atteint rapidement la station Hohlaubgletscher. On est les seuls à sortir du métro alpin sous l’œil étonné des quelques autres alpinistes. On ouvre la porte, qui s'ouvre assez difficilement et est encore plus difficile à refermer. On marche dans un tunnel et on débouche devant un tunnel en tôle, sur une moraine, 100 m au dessus du glacier. Une sente nous permet de descendre presque en bas. Malheureusement, un éboulement nous oblige à être fin sur le bas, c'est raide, en gravillon, toute chute serait extrêmement désagréable. Et quand c'est fin, ça n'est pas mon terrain... mais je passe...

Alpinisme : Allalinhorn Hohlaubgrat 4027 mAlpinisme : Allalinhorn Hohlaubgrat 4027 mAlpinisme : Allalinhorn Hohlaubgrat 4027 m

Voilà le glacier, les crampons, la corde et la motivation. Je pars devant, et oui, aujourd'hui, la course est facile, je devrais m'en sortir. Au loin, on voit deux cordées, parties de la cabane Britania, une est de l'autre coté du glacier, un peu au dessus de nous, la première est bien plus haut, presque sur l'arête.

Et hop, c'est parti, les crampons crissent dans la glace vive. Le ciel est gris, le lever de soleil se fait tout en nuances : violacées.

Et j'avance, surveillant les quelques crevasses judicieusement réparties. La partie est plane, aisée. Une cordée est loin au dessus, presque sur l'arête.

 

Une fois la traversée réalisée, vient la montée. C'est plus raide, mais pas extrême. La trace est bonne. Il suffit de rester concentré. On passe une petite rimaye, ça grimpe au dessus et on rejoint l'arête. Il y a un peu de vent. Et pas mal de nuages sur les sommes alentours. Un poil de glace pour contourner les rochers puis vient l'arête proprement dite. L'Allalinhorn se voile de nuages puis se dévoile. La mariée est jolie.

 

Alpinisme : Allalinhorn Hohlaubgrat 4027 mAlpinisme : Allalinhorn Hohlaubgrat 4027 mAlpinisme : Allalinhorn Hohlaubgrat 4027 m
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Je profite de la patience de Benjamin pour effectuer une pause vidéo bien longue, pour filmer les mouvements des nuages et la cordée précédente qui progresse. On aborde la dernière pente de neige, un peu plus raide. Il y a un peu de glace, on s'est encordé court. Pour le coup rien de bien technique, on remonte la pente facilement pour buter sur les rochers.

Le brouillard nous couvre. Je pars devant, petite traversée à droite, puis bien un couloir délité. Une fois de plus, le topo ne correspond pas : une main courante était annoncée, il n'y a rien, mais ça n'est pas très technique. Je traverse à gauche, petite passage plus raide. Une barre métallique vient m'accueillir, mais ô horreur, elle bringuebale. Je poursuis mon chemin en quête d'un endroit sûr où poser un point. Seuls des blocs de schistes instables se présentent à ma vue. Je finis par trouver un béquet potable , je fais venir Benjamin à moi. Le béquet pli, mais ne rompt point.

J'ai presque rejoint la cordée de devant. Ils sont partis à droite, ils sont tout proches mais le brouillard donne l'impression qu'ils sont loin... Je pars sur la gauche, une sente accueillante précède un petit pas d'escalade facile. Au dessus, je traverse légèrement vers la droite, sous une barre rocheuse. Le brouillard est là, mais nous sommes à l'abri du vent. Petite pause, le sommet ne semble plus très loin, mais on ne sait pas ce qu'il nous reste à parcourir.

On contourne la barre la trace part en ligne droite, 3 minutes plus loin, voilà le sommet et le monde : les gens montés par la voie normale sont déjà là ! C'est la queue pour faire un petit selfie au sommet, nous prenons notre ticket, oui, au sommet de l'Allalinhorn, il faut faire la queue et prendre son ticket pour gravir les 3 derniers mètres.

Notre patience est mise à rude épreuve mais on parvient à la croix. Et zou, un joli sommet pas trop difficile validé !

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Alpinisme : Allalinhorn Hohlaubgrat 4027 m
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On papote avec un couple de Français qui ont vécu longtemps en Nouvelle Zélande, c'est le retour à la montagne après diverses opérations des genoux ! Bravo à eux !

Le brouillard est là, on décide d'attendre une éclaircie, ça doit être bien joli, la vue de ce sommet lors d'une éclaircie.

Alors on attend...

Lentement...

Sournoisement, le froid s'insinue par chaque pore de nos vêtements, et au bout de 20 minutes, on jette l'éponge. Dans l'itnervale, des cordées sont arrivées puis reparties. Sans attendre l'hypothétique éclaircie sur laquelle nous avions parié.

 

Alpinisme : Allalinhorn Hohlaubgrat 4027 mAlpinisme : Allalinhorn Hohlaubgrat 4027 mAlpinisme : Allalinhorn Hohlaubgrat 4027 m
Alpinisme : Allalinhorn Hohlaubgrat 4027 mAlpinisme : Allalinhorn Hohlaubgrat 4027 m

Et c'est parti, avec le brouillard on y a voit pas plus qu'à 20-30 m, pas intérêt de paumer la trace sur le glacier hyper crevassé . On bifurque à droite dans la partie rocheuse avec une sente. La glace n'est pas loin, il fait froid dans ce ban de brouillard. On avance, on suit la trace qui rejoint le col. Je bifurque à droite afin d'éviter de remonter vers l'Alphubel, ça serait ballot.

On y voit goutte. On rejoint les deux anciens un peu plus loin à l'approche des premières crevasses. J'avoue qu'on les a un peu laissé sur place. Bon on progresse prudemment, bien corde tendue, tout en gardant le rythme. J'avoue que je sais qu'après la descente il y aura le long retour vers la maison. Alors j'avance. On passe sous la couche de brouillard. Vue sur le glacier de l'Allalin et ses pistes de skis. Véritable verrues dans ce paysage. On croise des cordées, pas encordées ! Au milieu de crevasses sans fond ! On en croise une, réellement spectaculaire, pont de neige épais juste assez large, mais de chaque coté, un grand vide. On ne traine pas. Plus bas, on croise l'escalier qui permet de traverser la grosse crevasse d'accès au bas du glacier. Bah oui, ici, il y a un escalier pour traverser les crevasses. C'est dommage de ne pas pouvoir imaginer qu'une course n'est pas en condition à un moment dans la saison et de reporter ses envies de montagne sur un autre sommet. Bon pour l'instant , le triste escalier de crevasse est en mode stockage en attendant la fin de saison. Nouvelle plaie dans ce paysage. La perle des alpes porterait elle mal son nom ?

 

Alpinisme : Allalinhorn Hohlaubgrat 4027 mAlpinisme : Allalinhorn Hohlaubgrat 4027 mAlpinisme : Allalinhorn Hohlaubgrat 4027 m
Alpinisme : Allalinhorn Hohlaubgrat 4027 mAlpinisme : Allalinhorn Hohlaubgrat 4027 m

On passe donc au dessus de la petite crevasse que l'escalier servira à franchir plus tard en saison.

On croise de nombreuse cordées, dont certaines avec des chiens, Benjamin est fan, il opère des pauses photos pour immortaliser les instants. Reste une partie exposée aux séracs. On reste sur notre rythme rapide. Je surveille inquiet, les séracs menaçants au dessus de nous. On fini par sortir du passage exposé.

 

On fini par enlever les crampons. Une autre cordée, à la montée est en train de les mettre. On a de l'avance. Reste une piste de ski à longer. Les traces de dameuses sont assez désagréable à suivre. Reste une remontée. Une nouvelle piste , mi boue, mi glace nous ramène à la station supérieure du métro alpin. Derrière nous, le sommet de l'Allalinhorn se découvre, juste pour nous narguer. Trop tard, on ne va pas remonter maintenant.

 

Reste à redescendre en métro, puis en benne, à traverser le village pour rejoindre l'hôtel, nous changer en rentrer à la maison.

 

Merci à Benjamin pour ces jolies journées de montagne

Mon second Allalinhorn après le premier, à ski, depuis le bas. en dormant à Britannia

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