Topo
De la cabane Coaz 2610 m Remonter les pentes au dessus du refuge (Sud Ouest) et gagner le Vadret da Roseg. Le remonter en
traversée en passant sous la barre dont le sommet est coté 3075 m sur la CNS. Sur le Vadret da la Sella remonter les pentes peu raides et gagner la Fuorcla da la Sella 3275 m.
De là descendre sous le point 3243 m puis Nord sur le Vedretta di Scerscen Superior et ganer le pied du couloir qui mène au
Fuorcla crast'Agüzza. Remonter le couloir (rimaye - pente 45 - 50°) et gagner le col de là, le refuge Marco e Rosa (3597 m)
Déniv ascendant 1225 m
Déniv descendant 280 m
Distance 10 km 400
Fichier GPS Carto
Téléchargement trace GPS au format GPX du raid en
Bernina
Fichier VisuGPX de la journée
Récit
Le jour du fameux couloir Sud Est !
5ème jour de notre raid en Bernina
Le but du jeux de ce jour était simple : rejoindre le refuge Marco e Rosa
La veille au soir, Steph s'était montré sceptique : le couloir d'accès au refuge risquait de prendre le soleil et d'être ainsi
avalancheux donc impraticable ! Stress lors du repas du soir, pression, adieu pour moi la traversée des Tschimels et du piz Sella que j'envisageais avant de gangner le refuge.
Pourtant le couloir me semblait sud ouest bordé par un éperon qui devait sans doute le protéger des affres du soleil !
La partie ne me parraissait pas gagner, steph semblait douter de nos capacités à réussir.
Le lendemain, bran le bas le combat et hop c'est parti derrière un groupe de Suisse Allemand qui monte à la Bernina directement
sans s'arrêter à Marco e Rosa.
Nous les suivons à distance même si dans mon fort intérieur, il me semble qu'il serait judicieux de les garder en point de mire.
Une pause pose de couteaux... une autre dépose... une nouvelle pause. Bref, on se fait larguer par les casques à pointe au rythme régulier. J'ai adopté ma technique favorite au sortir de
l'oreiller : dans les traces de Sophie, à une spatule.
Nous progressons en dépit des pauses techniques, Steph papillonnait derrière... Je ne sais pas ce qu'il y a d'intéressant
derrière, mais Steph a tendance à y passer son temps (peut être du miel... ou plutôt du Nectar... va savoir !)
A un moment, je ne sais plus comment ça c'est passé, je me suis retrouvé devant, rien d'extraordinaire mais bon, quand je suis
devant, depuis le début du raid, j'avance à mon rythme, et mon rythme, est quelque peu plus rapide que celui de Steph et Sophie... Et j'avance, sous les magnifique calotte du Piz Roseg,
sous les Tschimels et le piz Sella qui me narguent ... longeant les crevasses, la fin de la montée est en faux plat , un trèèèès long faux plat. Je parviens à avoir en point de mire nos
amis helvétiques.
Quant tout à coup, l'un d'eux s'arrête, au milieu du glacier pour une envie pressente : grosse commission. Impossible d'éviter
ce spectacle d'apocalypse, je ne souhaite pas m'arrêter, ça casserait mon rythme, et il est là, au milieu du glacier, c'est à peine si la trace ne passe pas entre ses jambes raffermies par les
températures glaciales de l'aube. Si elle y passait, elle n'y passera plus. Les reliquats de sa pause dégouteront les successeurs de ce trajet malodorant ! Bref, je fixe mes spatules
tentant d'éviter du regard la désolante apparition, mais il faut bien faire une conversion, je ne vais pas skier les séracs et crevasses adjacentes. Et là, c'est le drame, je me retrouve face à
l'homme qui vient de terminer et qui essuies ses skis qu'il a du embourber de matières fécales. Le geste maladroit il passe son piolet sur la peau de phoque maculée d'un étron. La scène est
insoutenable, je fixe mes spatules, la nausée n'est pas loin.
Tandis qu'il se refroque, je le passe à distance. Steph et Sophie ont, grâce à leur vitesse, évités ce théâtre. et me mets dans
l'idée de rattraper ses deux compères. Le col est bien plat et je finis par les avoir à peine devant moi, Mais plus léger, l'acteur de tout à l'heure me dépasse et me dépose, me laissant presque
seul à l'arrivée au col.
Un petit sommet s'offre à moi, le lever de soleil m'attend à son apex ! Je monte, et mitraille la plaine. Sophie arrive au col,
et me rejoint alors, je la mitraille dans l'aube aux couleurs magnifiques. Tout est beau à présent, je respire !
Steph loin, prend son temps, il nous attend au col et nous le rejoignons, pause bouffe et photos, les couleurs sont
magnifiques.
Nous repartons ensuite sur le versant Est du col vers le bivouac Parravicini. Nous décidons alors de dépeauter pour traverser le
Vedretta di Scerscen Superiore. Delà, on repeaute, comme d'hab, Steph traine un peu, je me demande s'il ne souhaite pas nous ralentir afin que les conditions du couloir ne se détériorent et ainsi
avoir raison... "je vous l'avais bien dit ! ce couloir n'est pas en condition !"
Dépôt des skis, à mettre sur le sac, crampons au pieds, piolet, encordés, et c'est parti, les Suisse Allemand sont au quart du
couloir quand nous partons, ils progressent lentement.
au départ, je pensais gravir le couloir en solo, mais-une grosse rimaye le barre, ne souhaitant pas stresser ou me retrouver au
fond, je décide prudemment de m'encorder avec les autres (j'aime bien ce prudemment, il met en valeur toute ma sagesse !!! liée sans aucun doutes à mes quelques cheveux blancs !)
Je pars devant, Sophie est au milieu et Steph ferme la marche, encordement court, spécial couloir 45 - 50 °, adapté !
Le bas du couloir est en traversée gauche droite, à flanc, plus ou moins tracé, ça passe. Après un changement de coté salvateur,
oui, les alpinistes vous le diront, on aimme bien changer de coté de temps en temps, parce que sinon c'est désagréable et on finit par choper des crampes , ou les muscles qui tremblent...
Bref, nous progressons main droite à présent main droite amont et la trace devient verticale sous la rimaye. Je commence à
monter, dré dans le pentu. La rimaye est gentille, elle se laisse doucement caresser du crampon sans opposer de résistance, elle se montre consentante et me laisse passer. Nos prédécesseurs
ont installés au dessus de celle ci une bassine pour s'assurer, l'organisation germanique sans doute. Mes partenaires, plus petis que moi, présente quelques difficultés, le pas étant un peu
large, mais la rimaye bien lunée , elle, les laisse la franchir sans opposer de résistance farouche. La suite est plus raide, 50° environ, dans une neige agréable, un peu dure, mais solide. Je
retrace quelques marches quand je sens que Sophie fatigue (mais pas trop, faut pas exagéré quand même, je ne suis pas Burgener moi !). La tension monte entre mes deux compagnons de cordée quant
la corde n'est pas correctement en place entre eux deux ! Nous finissons par sortir, au soleil du col. Sophie me pousse à continuer dré dans le pentu plutôt qu'à opérer une sortie à flanc dans la
trace (qui aurait judicieusement permis à mes mollets de se reposer mais bon.. ce que femme veut ... Je m'exécute donc. Je sens Sophie fatiguée, mais le refuge perché en bord de col est là
!
Nous voilà devant la porte du refuge d'hiver accueille par un vieil alpiniste de passage. A l'intérieur il fait frais, les 3
Suisses Allemands sont déjà en train de se préparer pour l'ascension de la Bernina. Je vide mon sac. Quand ils partent, je me demande si je ne dois pas regretter dene pas leur enquiller le pas.
Les dés sont jetés comme dirait César devant le Rubicon ! Ben moi, je ne l'ai pas franchi le Rubicon, on verra le résultat demain !
Dans le refuge, la femme de l'autre qui nous a accueilli dehors, est tout habillée avec une couverture en plus pour se
réchauffer... Il fait 1°C dans le refuge alors que le soleil donne !
Dehors , lentement, doucement, mais incidieusement, le vent se lève. On n'a bien fait de ne pas y aller tout de suite, me dis
je...
un hélico vient déposer au col deux héliskieurs , qui dévalent la pente en 3 minutes sous mes hués...
Nous nous étalons pour le pique nique, soupe au lardon y croûtons, miam, et je ne sais plus quel plat. Moi, après le repas
gastronomique de la Diavolezza, je n'ai plus jamais retenu ce qu'il y avait dans mon assiette...
Courte sieste sous 5 couvertures, avec une en dessous, le matelas est hyper humide. Steph tente de se réchauffer prêt d'une
fenêtre. Les conditions sont dures, mais pas insoutenables !
Les Suisse Allemand reviennent, fiers, leur tentative a été couronnée de réussite ! Sophie les interroge tel Klaus Barbie
dans les prisons de Lyon... Nous savons tout, le vent, la trace easy, le timing sans problème, ça va la jouer tranquille ... si le vent baisse !
J'entends Steph et Sophie qui discuttent, elle lui fait part de ses doutes concernant sa capacité à atteindre le sommet, il la
rassure, elle ne voudrait pas me faire butter, j'y tiens tellement à ce sommet, lui préférerai sans doute qu'elle vienne, c'est beau un petit 400 en amoureux, on dirait un peu des
fiançailles.
Pourtant c'est vrai que ça me ferait Ch... de buter à deux doigts du sommet parcequ'une gonzesse a le vertige !!! oups excusez
moi pour la digression au langage quelque peu familier !
Le vent est à présent hyper fort, il devient difficile de sortir du refuge (et d'en refermer la porte !) on tient à peine debout
devant celui ci. Seul le coté Ouest du refuge est un peu abrité du vent...
Dans le refuge, l'activité c'est préparer de l'eau en faisant fondre de la neige... Assez d'eau pour 3 personnes et pour 24
heures. Réchaud à fond et corvée de neige...
Le repas du soir arrive, la température à baisser, à 18 h 30 pétante, et après négociation (les tourteaux voulaient manger à 18
heures...) nous sommes à table. Poisson et riz Décathlon mode déshydraté ... un délice ! après une petite soupe... et au lit !
Nuit mode tempette de vent ! qui traverse les potentiels boules quies
-3°C au réveil... l'eau est gelée !
à suivre...