Cervin 4478 m - Traversée Lion Hörnli
Nous l'avons fait !
La course est magnifique.
Après la déception d'il y a 1 mois et demi , nous avons enfin foulé le sommet du Toblerone.
Vidéo
Version longue 20 minutes
Topo
Topo complet à venir
Carto fichier GPS
Récit
Le week-end approchait, avec lui ces incertitudes concernant la météo. Le Cervin me fascinait au plus haut point. Il y a un moi et demi, notre tentative s'était soldé par un échec météo, et je savais que c'était la dernière tentative de l'année. En cas de nouvelle déconvenue, il allait falloir attendre un an : l'été 2013 est bien loin !
Je prévoyais un plan B dans l'Oberland, mais je savais qu'Anne n'avait qu'un but : gravir ce magnifique sommet !
Elle me rejoignais et nous faisions route le samedi soir pour dormir à Saint Oyen, à château Verdun.
Après une nuit de repos, nous reprenons la route pour rejoindre le Valtournenche et Breuil Cervinia
Il fait froid, et tout gris. Nous démarrons à 9 heures , et rattrapons rapidement un gros groupe de randonneurs en vadrouille au refuge du duc des Abruzzes. Comme d'hab, Anne est en forme.Avec le brouillard, il fait frais, on ne souffre pas de la chaleur.
Passage à proximité d'une cascade, puis sortie du brouillard pour une mer de nuage
A l'approche du refuge Orionde (l'autre nom du refuge du duc des Abruzzes), je me rends compte que quelques randonneurs sont en passe de me rattraper, j'accélère le pas pour éviter l'affront de me faire passer dans les derniers mètres, ça passe, l'honneur est sauf.
Nous profitons d'un coca au refuge et papotons avec les gardiennes qui ne nous avaient pas oublié ! Je les interroge sur le lien de parenté avec Jean-Joseph Maquignaz, celui qui a ouvert la partie sommitale du Cervin (tel que nous le gravissons aujourd'hui, carrel ayant pris par la galerie Carrel) et comprends que c'est un aïeul de son mari !
Nous reprenons la route au milieu des randonneurs
Je fais une courte pause à la Croix Carrel tandis qu'Anne file devant. La montée est efficace et nous approchons rapidement du col du Lion. Je n'en revient pas, il y a 150 il bivouaquait là sous tente, l'endroit me parait peu approprié ! après nous être restaurés, nous poursuivons vers les dalles, la cheminée et le ressaut sous le refuge. Il y a un peu de neige, mais rien comparé à ce que m'avait annoncé la fille de la compagnie des guide de Breuil hier ! D'après elle ont cramponnait avant le col du Lion (et en pratique on n' a pas mis les vrampons avant le sommet ! )
Deux allemands nous dépassent au ressaut vertical : ils ne sont pas encordés et ne se pausent pas la question de savoir s'ils le font avec ou sans la corde : C'est super bourrin tirant sur la corde.
Nous on a hésité, le rocher est détrempé par une petite cascade qui coule au dessus, bilan : on a tiré sur la corde en essayant de ne pas trop bourriner ...
A part ce passage, on a tout fait sans corde, le rocher est bon, et le plaisir de l'escalade est là. Un petit virage, le refuge est là.
A peine entré, Anne est déjà la vaisselle, je connais mon rôle : approvionner en haut le refuge : (récolte de neige et "fondage" dans les grosses casseroles !
Je fais une petite sieste, tandis qu'Anne se repose sur la DZ au dessus du refuge.
Coucher de soleil magnifique sur la dent d'Herens
Repas en compagnie des Suisses
Nous sommes 14 au refuge, ça fait 7 cordées, ça fait pas mal de monde.
Veillée d'arme.
Nous décidons de nous lever à 4 h, c'est peut être un peu trop, il ne faudrait pas se perdre du fait du manque de visibilité ! le soleil ne se lève que vers 6 h 30 !
Mauvaise nuit
a 4 heures, ça sonne, je propose de dormir , une demi heure de plus (j'ai mal dormi), validé par Anne, A 4 h 10, je prends un énorme coup de poing dans l'épaule, ça doit vouloir ire "lève toi !" en Breton. La méthode est un peu brutale, mais efficace : je m'exécute.
Dans la foulée, les espagnols se lèvent. Déjeuner chuchotant. Tout le monde dans le pâté !
5 heures : Nous quittons le refuge. Anne attaque les cordes du réveil en râlant : c'est déversant, c'est merdique, ça ne lui va pas. On a les espagnols aux trousses. Il fait une nuit noir d'encre ! pas de lune à l'horizon pour aider notre progression. Assez vite on prend plaisir à l'escalade. Anne sort le topo régulièrement pour faire le point. On trouve vraiment facilement les passages, sans hésitation.
Voilà le mauvais pas, escalade en opposition, spectaculaire à regarder mais agréable à pratiquer. Le linceul est déjà là. Anne se fourvoie légèrement avant son accès mais c'est vite récupéré. Bon, le linceul est un peu décevant quand on connaît celui des grandes Jorasses, là c'est un mélange de neige et de rochers, il n'y a pas une belle pente de neige comme on pourrait s'y attendre. Voilà la chaîne Tyndall, qui porte le nom du célèbre alpiniste Anglais, qui était dans la course au sommet, et qui a été le premier a réalisé la traversée !
Nous parvenons à gravir le passage sans la chaîne !
Peu après elle, sur l'arête nous découvrons un alpiniste qui a bivouaqué là, je le salue et lui demande si tout va bien. Il grommelle des onomatopées que je ne parviens pas bien à traduire. Je vois qu'il a du gaz, et que celui-ci fonctionne, il a du passer là une nuit bien fraîche !
Nous poursuivons dans du mixte facile, légèrement en face Nord et rejoignons le plateau du Pic Tyndall nous opérons une courte pause à son sommet. C'est là que Tyndall s'était arrêté, pensant que le passage de l'enjambée était impossible De là, la partie finale est bien visible : l'échelle Jordan, la corde Pirovano, le col Félicité, la galerie Carrel !
Nous repartons, le passage de l'enjambée est spectaculaire mais facile. Un rocher solide permet la traversée. De l'autre coté , ça passe, nous passons au col Félicitée. Qui porte le prénom de la fille Maquignaz qui a attendu là que ses deux frangins gravissent le sommet directement lors de la 3ème ascension du sommet et non par la galerie Carrel qui passe dans la face Nord (première ascension par l'arête du Lion) Il fallait oser tirer tout droit dans la face !!!
Voilà les cordes, nous grimpons sans les utiliser; puis l'échelle Jordan, je filme l'ambiance, la corde pirovano vientpresque clore l'ascension. Voilà le sommet Italien. Quelle joie, Nous décidons de faire la grande pause au sommet Suisse.
Nous profitons de ces instants magique, sur ce sommet magistral, les jambes pendante dans la face Est !
C'est le départ pour la longue descente : il y a 1200 m de dénivelé jusqu'à la Hörnlihütte, Ca va être long !
Le début est en glace, sur l'arête et versant Nord. Les traces de crampons sont bien marquées, mais faux pas interdit. Nous dépassons un guide et sa cliente qui vont mettre, à notre avis, très longtemps à descendre. Puis une cordée typée "pays de l'Est", Nous progressons dans ces pentes stressantes. Nous avons du passer à coté du lieu de l'accident de Whymper lors de la première ascension à la descente. 4 alpinistes dont Michel Croz avaient perdu al vie à cet endroit là, dévissant dans la face nord. Seuls Whymper et les deux Taugwalder avaient eu la vie sauve !
A 4200 la neige laisse la place aux cailloux, nous enlevons les crampons. Les Suisses ouvrent le voie, nous suivons, et les Espagnols nous talonnent.
L'ambience est bonne. Il faut rester concentré ! Nous parvenons à Solvay, anne lance : "il ne reste que 200 m !" Ben non, Anne, Solvay est à 4000, le refuge à 3200 m il reste 800 m technique, on n'a fait qu'un tiers de la descente !
On poursuit, sur l'arête ou plutôt tout le temps légèrement dans la face Est.
A un moment, on arrive à un ressaut vertical. Les Espagnols et les Suisses nous larguent. Assez rapidement on perd la trace, et on se retrouve dans un couloir en rocher pourri. Ça parpine sec. Si on voulait tester l'adage du "si c'est du rocher pourri c'est que t'es plus sur la trace !" C'est réussi. On la retrouve la trace, un peu plus bas. Une dernière corde, et 5 minutes plus tard, la Hörnlihutte !
Nous discutons avec les espagnols et refaisons nos sacs. Une bière, un coca. J'ai déjà mal aux jambes alors que nous avons prévu de rentrer au Breuil dès ce soir (on bosse demain) Je prends un comprimé de cortisone pour soulager mes jambes bien dures et me donner du peps ! et voilà le jour où j'ai basculé dans le dopage !
Départ vers le bas. nous croisons d'improbables candidats au sommet. Nous ne le savons pas mais nous avons plus de 20 km à parcourir avec le col Theodule à passer à 3290 m soit plus de 700 m de dénivelé. Je crois qu'il vallait mieux ne pas le savoir !
Nous gagnons le pied de la face Est du Cervin avant de remonter par le sentier vers le glacier du Theodule (Theodule gletscher)
Nous traversons à flanc, le soleil se couche, c'est magnifique, mais le faux plat est interminable. La couronne de Zermatt s'embrase. Petite hésitation, point GPS, on repart. La nuit nous emporte. Je sors la frontale. Nous croisons une dameuse espérant secrètement que son pilote s'arrête et nous dépose au col Theodule. Mais nos rêves secrets ne se réalisent pas. La dameuse poursuit son chemin tout phares allumés, nous laissant suels dans cette immensité ! Nous remontons vers le col Theodule, il fait maintenant nuit noire. Passage au col. Début de descentee et pause ravito, il est plus de 21 heures ! Nous picorons, mais l'appétit n'est pas là !
La descente va ête bien longue sur les énormes piste de ski. Anne file devant. La grande ourse vient au dessus du Cervin , le décorer s'il en vait besoin. Je découvre des massifs d'étoiles inconnus. J'ai les quadriceps comme du béton. Mais ça avance. Voilà plan Maison. Nous poursuivons. Plus loin, hésitation GPS, finalement on retrouve une piste, Anne est loin. Arrivé sur Breuil, deux chiens agressifs m'agressent. Ma puissante frontale les maintient à distance. Ces cerbères sont ils les gardiens de l'enfer ? Je poursuis sous les aboiements. Et si Anne avait été dévorée par les molosses. S'il ne restait plus de leur forfait qu'une branche de lunette ou de sangle de sac à dos... Elle n'avait qu'à pas partir devant. Je sauve ma peau en filant par le bas. Jze vois déjà les gros titres dans les journaux : "Une Jeune alpiniste Vainqueuse (Vaincrice ?) du Cervin, disparait dévorée par des chiens à la descente ! " et le débat sur camp to camp pour savoir si elle avait le niveau pour cette course , pour savoir s'il est prudent de marcher de nuit, à proximité d'une bergerie...
Voilà Breuil, enfin, la ville est endormie. J'entends un appel, c'est Anne. Elle est vivante ! Nous gagnons la voiture, changement de tenue, rangement rapide et départ pour un long retour en voiture.
Quel sommet !
Photos
Le perchoir !
dans les dalles sous le refuge
la dalle du bourrineur !
refuge bivouac Carel
Coucher de soleil sur la Dent d'Herens
sur la terrase : "en passant par la Lorraine !"
Corde (chaine ?) Tyndall
Le soomet Italien
L'échelle Jordan
La Dent Blanche
Passage de l'enjambée
Pas de Mammouth
L'échelle Jordan
La Croix Italienne
En traversant sur le sommet Suisse
Début de descente de l'arête du Hörnli
Hörnlihütte : enfin !
Les Monts Roses
Embrasement final avant la nuit !