Alpinisme : Weisshorn 4508 m
La vidéo
Topo
AD III
Le topo du Guide des alpes valaisannes Volume II datant de 1922
Weisshornhütte
Depuis Randa, petit parking avant Randa à coté d'un torrent, à gauche dans un virage (parking gratuit , 3 places environ)
Départ en face de la gare !
Rejoindre Eien 1403 m
Remonter à Rötiboden 1970 m
Puis Jatz 2246 m
et par le sentier la Weisshornhutte 2932 m
De Täsch
Rejoindre le parking des bus (point 1428 m Schali) , passer le lac et trouver le sentier raide (panneaux Weisshornhütte) qui mène au point 1727 m
Rejoindre l'alpage de Jatz 2246 m et par le sentier la Weisshornhütte 2932 m
Weisshorn
Il est conseillé de reperer la veille, attention le bon reperage est long, il faut gravir la cote 3145 m et non rester à son pied !
Rejoindre le Schaligletscher et le traverser, à flanc, d'abord en montant légerement puis en descendant.
On arrive au pied d'une paroie imposante, sur la carte ça ne se voit pas !
Tirer d'abord à gauche en traversant par le torrent : avant de rejoindre une vire 20 ou 30 m au dessus pour tirer à drotie (cairns)
de nuit on a tendance à prendre les vires en bas à droite, et ça ne passe pas.
Un indice important : il faut avaoir les mains mouillées assez vite !
La vire par donc à droite puis à gauche, evident !
Point 3145 m Suivre l'eperon au mieux et gagner le haut du Schaligletscher vers 3500 m
Traverser legerement vers la gauche un névé (pour retrouver le rocher (cairn)
Remonter au mieux dans du rocher pourri mais facile pour rejoindre l'arête Est proprement dite ! Frühstückplatz 3916m
Gravir l'arête par le fil en commençant par le Lochmaterturm (plaque) (crux)
Les difficultés sont de III
C'est long.
Vers 4000 m on rejoint la neige et l'arête finale qui se gravit versant Nord (évident)
Le sommet se gravit en contournant les difficultés par la droite (mixte)
Carto fichier GPS
à suivre, disponible sur simple demande (formulaire contact)
Récit :
Tout avait pourtant bien commencé, on avait même trouvé LA place de parking gratuite de la vallée...
Un petit coup de stop, et un autochtone nous amène quasi jusqu'à Täsch nous affirmant qu'il connait, en réalité, il ne devait pas connaitre grand chose... Bon, on l'arête pour revenir en arrière à pied et repérer un autre sentier menant à la Weisshornhütte.
"Pour l'instant , tout va bien ! " photo Anne
Je pars devant pour contenir Anne (voir raid à ski au Dammastock 2012, stratégie efficace, j'ai l'impression d'être en forme. Nous parlons montagne, sous le caillouteux Mettelhorn. Les 4000 de la couronne de Zermatt sont magnifiques, et sont presque tous passés sous mes crampons pour ma plus grande fierté !!!
Nous dépassons un asiatique lourdement chargé à l'alpage de Jatz puis opérons une courte pause avant le final ou Anne me passe et me largue ! Quelques moutons d'une autochtone race nous croise, voilà la cabane.
Etonnement de notre part, nous sommes seuls avec un allemant en solo en partance pour l'arête Est
Plus une famille en rando
Et c'est tout
Dire que c'est la pleine saisons en alpinisme et que la météo annonce grand beau ...
Anne part faire un reperage jusqu'au glacier tandis que je me repose.
Repas et bonne nuit, lever 3 h
Départ 4 h
Nous filons jusqu'au glacier, à fond, Anne me propose de couper au plus court tandis que je luis propose de suivre mon fichier GPS qui remonte le glacier avant de descendre, j'emporte la decision tandis qu'elle peste derrière moi contre cette avancée technologique majeure qu'est le GPS !
Un peu de glace nous oblige à mettre les crampons, mais on ne se débrouille pas trop mal on rattrape l'Allemand qui a choisi de traverser au plus court... Il est en pleine réflexion au pied de la paroi 3145 m. Je décide de partir sur la droite, rapido, ça devient surplombant et infranchissable. Retour à la case départ. Notre sympathique Allemand trouve un cairn sur la gauche (perso, je ne l'ai pas vu) Nous redescendons, remontant dans un ruisseau, les mains bien mouillées sur des dalles et gagnons les fameuses vires. Le glacier a perdu une trentaine de mètres en dix quinze ans et les vires ne sont plus à fleur de glacier ! Réchauffement climatique quand tu nous tient !
En deux coups de cuillère à pot nous sommes au dessus. Remonter d'une sorte d'éperon d'abord facile puis parfois un peu technique, ce qui est cool, c'est que quand c'est technique, le rocher est bon. L'allemand nous précède de 5 minutes environ .
A la sortie du rocher pourri photo Anne
Courte pause à 3500 avant de traverser un névé et de gagner les rochers pourris qui suivent. Bon c'est pourri, mais c'est facile, c'est ma spécialité. Anne trotte dans les difficultés .
Nous rejoignons la frustuckplatz ou place du déjeuner pour les non germanophones, pour la première difficulté : le Lochmatterturm. Ca passe tout seul, rocher agréable et ça se poursuit correctement, l'arête est hyper longue , du rocher, du mixte, quelques névés (bien raides surtout sans crampons), je me suis même retrouvé à califourchon sur l'arête pour progresser en sécurité. On chausse les crampons vers 3900 m pour la fin du rocher. Je suis un peu asphyxié, gros coup de fatigue, nous opérons une pause à 4100. La fin va être longue...
Je ne peux rien dire, Stéphane m'avait prévenu : le Weisshorn, c'est très long , je vais être servi...
Sortie sur l'arête de neige - photo Anne
Fatigue extrême ! photo Anne
il ne reste donc que 400 m , mais 400 m à 4000 m d'altitude, ça use dure ! J'essaie de prendre un rythme hyper lent mais régulier me fixant de petits objectifs atteignables relativement facilement !
on avance , devant Anne essaie de me faire un rythme correct, c'est long, l'Allemand à 3/4 d'heure d'avance sur nous, il progresse également lentement. C'est beau, mais je suis cuit, plus de souffle ni de jambes. Voilà le mixte sous le sommet, ça passe, et voilà le sommet, sa croix, l'arête Nord, la Schaligratt. Le vent nous accueille, le froid également, nous n'allons pas traîner, on repart pour la descente, je passe devant, et progresse au mieux. à 4100 nous opérons une pause, où je dors ! J'entends dans mon sommeil le bruit de l'appareil photo de Anne qui me prend en photo, je grignote et nous repartons. Pour gagner du temps, elle me mouline par endroit, l'arête est longue, mais on progresse, on se broie un peu les mains dans une manoeuvre à la c.. en haut du Lochmatterturm, le voilà passé. La descente de la Frustuckplatz se fait au GPS, on se perd par moment dans des combes bien merdique en rocher pourri, tout se ressemble, pour finalement rejoindre le névé à 3500 m.
Descente sur l'arête
On merdouille un peu la partie suivante, ne trouvant pas quelques passages, je me pète les ongles en tapant dans un rocher , le gauche puis le droit à 100 m d'intervalle ! Je propose à Anne de rejoindre le névé et descendre en ramasse. Opération validée et exécutée sur les fesses pour ma part en réalisant une sorte de dévissage contrôlé ...
Ça descend vite mais c'est un peu fatigant. Nous voilà au point 3145 m
Anne a filé dans les vires , le torrent est énorme, il est 17 h , le glacier fond, et le ruisseau de ce matin est devenu un gros torrent. On ne reconnaît plus rien et on décide de descendre sur les dalles, dans la flotte ! bien merdique, avec la peur de glisser sur les rochers mouillés, là, on a été servi !
On rejoint le glacier
Anne veut couper tout droit, à l'Allemande, je lui propose de repasser par le haut. Elle insiste, je la suis, et on merdouille, il faut tout remonter pour retrouver notre trace du matin ! en passant par les crevasses ! Anne file devant et on arrive au refuge vers 18 h , je suis un peu explosé mais ça devrait aller ...
Je rentre dans la grande salle commander une bière et un coca et là, bizarrement il y a une dizaine d'alpiniste qui ne parlent pas ! Ambiance étrange !
Je propose à Anne de rester dormir ici, je connais sa réponse, elle veut enchaîner avec le Cervin. Je sais que la descente à Randa va être galère, mais si ça lui dit, si tout va bien on devrait être vers 20 h 30 21 h en bas.
il est 19 h quand nous quittons le refuge, mes pieds me font mal mais c'est supportable, je descends à environ 500 m / h, utilisant mes bâtons pour limiter l'appui sur les ongles de pieds et ma souffrance. Assez vite je me rends compte que je ne tiens pas le rythme, ma vitesse descente a baissé de 500 à 400 voir 300 m / h. Je sens derrière moi Anne qui peste contre mes doigts de pied fragiles à moins que ce ne soit contre un coéquipier pas au point onguleusement. Ca y est, c'est la galère, le soleil se couche, le Taschhorn et le Dom s'embrase avant la nuit, c'est à moins de 300 m / h que se poursuit la descente. Un chemin de croix, sans Simon de Sirène pour m'aider à porter ma croix, sans Marie Magdeleine pour m'éponger à mi descente. On n' a plus d'eau. Je ne parviens même plus à chanter pour me changer les idées. Il fait nuit noire à présent,je sais qu'on ne sera en bas que vers 23 h , je calcule que même en marchant lentement , on aurait été plus vite à la montée ! Anne allume sa frontale tandis que je progresse en m'aidant de son éclairage, nous croisons un animal que nous ne parvenons pas à identifier, Chamois, bouquetin, Cerf ou chevreuil ? dans la nuit noire, seule une grosse ombre a filé. A moins de 200 m / h la descente dure une éternité, on a l'impression d'être arrivé, et ce qui devrait prendre 1/4 d'heure, prend 1 h ...
Enfin la rivière de la vallée, dans la nuit nous rejoignons la route et la voiture, il est 23 h . Nous filons au camping il faut encore monter la tente (c'est là que je regrette de ne pas avoir une tente 2 secondes de Decathlon) je file prendre une douche, et voit les dégâts : j'ai les 2 ongles de pouce complètement défoncé et vert ! il rentre à leur base dans mes pieds, tout gonflés eux aussi. Je me couche sans manger tandis qu'Anne prend soin de se restaurer. Je crois que je me suis endormi tout de suite... Les projets de Cervin bien loin de moi.
Epilogue
Le lendemain, nous avons traversée de la Suisse vers l'Italie et le refuge du Duc des Abruzzes (le gros du trajet en téléphérique), le surlendemain nous sommes montés à Carrel avant de redescendre le 3ème jour devant la montagne complètement enneigée et verglacée ! Le jour suivant je suis allé chez le médecin qui m'a percé les 2 ongles ! un geyser de sérum est apparu (plus de 10 cm au dessus de mes ongles tout de même !), et les douleurs ont disparu lentement.
10 jours plus tard, j'ai perdu mes ongles dans l'atlantique...
Lever de soleil sur le Fletschhorn