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Le Petit Alpiniste Illustré

Le Petit Alpiniste Illustré

by Apoutsiak

Massif Du Mont Blanc

Vidéo : Ski de randonnée : Dans la tempête au col des Aiguilles Crochues

Objectif : la pointe Alphonse Favre

Fenêtre météo : correcte, ça devait se bâcher dans l'après midi.

Sur place, ça se bâche des 10 heures - jour blanc puis tempête, Col des Aiguilles Crochues et retour

La montagne n'a pas voulu !

Vidéo - Alpinisme : Goulotte Valéria au Petit Capucin

Merci Yannick de m'avoir emmené là dedans

Judicieux choix de goulotte !

 

Vidéo : ski de rando - Tour des Aiguilles Crochues

Apoutsiak — Massif du Mont BlancSki de randonnéeAlpinisme

Vidéo légèrement autocentrée

Après c'est pas de ma faute, j'étais tout seul...

Mais, oui il y a un mais, je trouve que les images sont assez réussies... peut être qu'il y en a tout de même trop. Bon quand vous en avez marre de voir ma tronche n'hésitez pas à passer à la vidéo suivante

Moâ-je Moâ-je

Vidéo : Alpinisme - Aiguille du Tour - arête de la Table de Roc - 3542 m

Apoutsiak — Massif du Mont BlancAlpinismeAD

Le Tour - refuge Albert 1er par la moraine

le lendemain couloir de la Table

Arête de la Table

Sommet de l'aiguille du Tour

Retour par la voie normale et le col du Tour

Avec Benjamin

Vidéo : alpinisme - Petit Mont Blanc 3424 m

Apoutsiak — alpinismeMassif du Mont BlancRandovidéo - Les vidéos d'Apoutsiak

alpinisme - randonnée alpine

ascension du petit mont blanc à la journée depuis Courmayeur

nuit au bivouac Rainetto

jour suivant aiguille de tré la Tête Orientale

Mont Blanc à ski 2021 - 4810 m

Apoutsiak — Massif du Mont BlancMont Blanc4000Ski de randonnéealpinisme
ascension du Mont Blanc, de nuit, au dessus des grands Mulets

ascension du Mont Blanc, de nuit, au dessus des grands Mulets

Deux grands et belles journées

Départ du Plan de l'aiguille pour gagner le refuge des grands Mulets par la terrifiante jonction.

De là, on rejoint le col des Dômes par le petit et le Grand Plateau aux séracs aussi fascinants que dangereux.

Puis on déroule sur l'arête des Bosses, toujours aussi jolie.

Partis à 5, sommet à 5, descente par la face Nord pour mes 4 acolytes , perso je préfère me contenter de partir de Vallot.

Accident à la jonction, 2 personnes dans une crevasse. Nous apporterons une modeste contribution au sauvetage. Et retour au plan de l'Aiguille par l'ancienne gare des glaciers.

 

Vidéo :

Vidéo : ascension du Mont Blanc à ski depuis les grands Mulets

Topo :

à suivre (désolé)

 

topo Mont Blanc à ski depuis les Grands Muletstopo Mont Blanc à ski depuis les Grands Mulets

topo Mont Blanc à ski depuis les Grands Mulets

Récit :

J'avais réuni la fine fleur de l’alpinisme européen... ou presque..., tous mes amis candidats au mont blanc à ski s'étaient rendus disponibles pour ces 2 journées.  Les voyants étaient aux verts, j'étais aux anges. J'avais donné  rendez vous à tout le monde à 10 h à la benne de l'aiguille, ça me laissait le temps de partir tranquille le matin pour arriver à Chamonix…

C'était sans compter Yves…

"Allo"

"Ils annoncent température caniculaires, ça serait mieux de partir tôt"

"Effectivement, ils annoncent chaud" … il faut changer les plans, au dernier moment, je décide d'avancer le rendez vous à 7 h 45. Prévenir tout le monde, et partir rapido à cham' ce soir plutôt que demain matin. C'est quand même un peu dommage. Il est 18 h 30 Je boucle mon sac, je bouffe à la va vite, et je file.

La nuit tombe, l'autoroute Suisse ferme entre Saint Maurice et Martigny. La loose. Me voilà sur des petites routes à louvoyer. Je finis par me retrouver sur le parking des Grands Montets. J'installe la voiture en mode "nuit" et me couche... Voilà une course qui début bien dans la précipitation

 

Le lendemain matin, je me réveille à 7 h moins 10, Bastien est garé à coté de moi, on file à Cham, on se gare on retrouve Benjamin et on prend les tickets. J'appelle Yves, il s'est trompé d'heure ! Bilan on fera deux groupes pour aller au refuge. C'est assez désorganisé pour un début de course.

Plan de l'AiguillePlan de l'Aiguille

Plan de l'Aiguille

Une fois que la benne nous ai déposé au plan de l'aiguille et après un crémage en règle, on est parti. Le gardien m'a conseillé de partir par le bas, par le chemin d'été. Pas vraiment engageant, ça ressemble vraiment à un chemin d'été avec des pentes expos et beaucoup de déchaussage  alors qu'en haut, il y a une belle trace, presque continue et des cordées lointaines qui nous attirent (on ne le sait pas encore mais il y a aussi un sérac au dessus de l'éperon Frendo qui menace de s'effondrer avec ses 10 à 20 000 m3 de glace, ça nous aurait sans doute aidé à prendre la décision... (mais on ne le savait pas, et on ne voyait rien).

Bref on descend rejoindre la neige et on part avec nos peaux vers le haut. Petite hésitation pour descendre la moraine, on skie alors des coulées d'avalanche avant de remettre les peaux. Tout va bien. 

Deux petites descentes un peu raides et voilà le grand glacier qui mène à la jonction… Nous y sommes...

Mont Blanc à ski 2021 - 4810 mMont Blanc à ski 2021 - 4810 mMont Blanc à ski 2021 - 4810 m
Mont Blanc à ski 2021 - 4810 mMont Blanc à ski 2021 - 4810 m

Encordés, nous voilà partis, moi devant, Bastien en second et Benjamin ferme la marche. Je mène la cordée à mon rythme, la trace est loin des séracs, mais plus on avance plus je vois que le chemin est truffé de crevasses, il y en a tellement que parfois tu te rends compte qu'il y a un trou... quand tu as le ski dessus ! Vraiment pas agréable comme sensation. On avance corde tendue, puis on remonte vers les séracs, vers la trace de de "descente" Un gros sérac est là, je sais que François mon cousin est décédé par ici il y a bientôt 20 ans. Le paysage est aussi spectaculaire qu'il est inquiétant. On passe sous l'énorme bloc qui pourrait nous transformer en crêpe si l'envie lui venait. Et on arrive au lieu de déchaussage des skis. Je  demande à deux cordées si ça passe bien sans crampons. Elles me confirment. On fera comme ça. Et bim on part pour la jonction proprement dite. Un chaos de glace impressionnant entre 2 grands glaciers. On commence par descendre dans le trou par une sente en glace qui passe bien. Il faut remonter en face, le premier pas est grand, sans crampons, il faut poser le genou, oui , on aurait peut être du les mettre, mais à présent il est trop tard, à la fois , ça n'est pas non plus catastrophique. 

En haut, voilà une cordée,  il faut croiser. Je papote avec la première avant de rejoindre le second un peu en dessous. Je fais venir Bastien, il y a 3 pas en glace un peu raide. En arrimant correctement mon piolet, ça passe bien, la suite est plus facile, on remonte sur le second glacier, avant de le longer et de retrouver une zone chaotique, avec des trous et de la glace salle, attention à ne pas tomber, on fini par sortir du passage... Impressionnant .

passage de la jonction ce jour là, caméra embarquée - en continue pour la partie chaotique

juste avant la Jonction proprement dite, en montant au refuge des Grands Muletsjuste avant la Jonction proprement dite, en montant au refuge des Grands Mulets
juste avant la Jonction proprement dite, en montant au refuge des Grands Muletsjuste avant la Jonction proprement dite, en montant au refuge des Grands Mulets

juste avant la Jonction proprement dite, en montant au refuge des Grands Mulets

traversée de la Jonction, en montant au Grands Muletstraversée de la Jonction, en montant au Grands Muletstraversée de la Jonction, en montant au Grands Mulets
traversée de la Jonction, en montant au Grands Muletstraversée de la Jonction, en montant au Grands Muletstraversée de la Jonction, en montant au Grands Mulets
traversée de la Jonction, en montant au Grands Muletstraversée de la Jonction, en montant au Grands Muletstraversée de la Jonction, en montant au Grands Mulets

traversée de la Jonction, en montant au Grands Mulets

On remet les skis, il commence à faire chaud, et on remonte les pentes un peu raide (puis moins) sous le refuge. L'ambiance est bizarre au dépôt des skis. On croise les vainqueurs du Mont Blanc du jour, de retour de leur exploit. Pour nous, tout reste à faire. 

On remonte la via ferrata et on arrive au refuge. 

Yves et Bertrand arriveront une bonne heure plus tard, Bertrand avec de la Tomme de Savoie (entière) et un bon petit saucisson qui aura un grand succès.

Comme souvent, le programme se divise en sieste, papotage et admiraion du paysage, notamment la vue des toilettes, les plus belles toilettes du monde à mon humble avis.

Repas du soir et tout le monde au lit, demain on se réveil à 2 h 30

montée aux grands Mulets, sous le refugemontée aux grands Mulets, sous le refugemontée aux grands Mulets, sous le refuge
montée aux grands Mulets, sous le refugemontée aux grands Mulets, sous le refugemontée aux grands Mulets, sous le refuge
montée aux grands Mulets, sous le refugemontée aux grands Mulets, sous le refuge

montée aux grands Mulets, sous le refuge

le refuge des Grands Mulets

le refuge des Grands Mulets

les plus belles toilettes du Monde, Refuge des grands Muletsles plus belles toilettes du Monde, Refuge des grands Mulets

les plus belles toilettes du Monde, Refuge des grands Mulets

Nuit correcte, réveillé, habillé, nourri, et hop dehors. Petite via ferrata nocturne (faux pas se la coller quand même) et on retrouve nos skis. Toutes les cordées sont déjà parties, on est les derniers à quitter le refuge

Et c'est parti, on part dans la nuit avec les peaux et les couteaux, Je suis devant,  avec mes 4 acolytes en file indienne derrière . Chamonix en bas brille de mille feux.  la neige est dure on aperçoit juste la trace que l'on suit comme des moutons. 

On avance, les conversions s'enchaînent, la pente se raidit, on décide de mettre les crampons, ça sera plus safe. Et hop c'est fait, on remonte la pente, qui continue de devenir plus raide (c'est sans fin) Heureusement la trace est profonde, on fini par rattraper une première cordée. Les discussions sont réduites , juste prendre des nouvelles de celui qui te suit... de temps en temps. Chacun termine sa nuit.

La trace va buter sur un petit sommet, il faut alors redescendre  à flanc pour faire une petite pause.

Départ pour le Mont Blanc, de nuitDépart pour le Mont Blanc, de nuitDépart pour le Mont Blanc, de nuit
Départ pour le Mont Blanc, de nuitDépart pour le Mont Blanc, de nuit

Départ pour le Mont Blanc, de nuit

On repart, encordés, comme hier;  la première : Apoutsiak, Bastien et Benjamin, derrière, les anciens Bertrand et Yves. On a choisi de garder les skis sur le sac ,on pense être plus efficace. Une cordée n'a pas fait le même choix, elle reste sur les skis. Nous partons devant et prenons  rapidement le large. On longe au maximum le bord du plateau afin de rester, au maximum, à l'abri des séracs. On est exposé aux séracs en serrant à gauche, nous a annoncé le gardien, je suis sa prescription à la lettre. A droite, au dessus, d'énormes séracs menacent, on voit bien que de temps en temps, ça tombe, il y a les stigmates sur le plateau. J’accélère légèrement, on sort de la zone de danger, plus de trace de bloc sur la trace. On repart à droite vers un collet, quelques crevasses, nous voici sur le Grand Plateau avec la Face Nord du Mont Blanc pile en face de nous et le soleil qui vient nous réchauffer.

L'occasion d'une petite pause fort sympathique. Je peauffine ma décision, non, je ne descendrais pas la face Nord à ski, le bas me semble raide, la face est toute traffolée, elle semble bien dure, sans doute verglacée par endroit. Ca fait un moment que je réfléchis à la décision, je vais me contenter de descendre à ski depuis Vallot, ça sera déjà pas mal. Je la skierai dans une prochaine vie, la mienne est déjà bien remplie !

 

Ski entre le petit et le Grand Plateau, Mont BlancSki entre le petit et le Grand Plateau, Mont BlancSki entre le petit et le Grand Plateau, Mont Blanc
Ski entre le petit et le Grand Plateau, Mont BlancSki entre le petit et le Grand Plateau, Mont Blanc

Ski entre le petit et le Grand Plateau, Mont Blanc

ski entre le petit et le Grand plateau, Mont Blancski entre le petit et le Grand plateau, Mont Blancski entre le petit et le Grand plateau, Mont Blanc
ski entre le petit et le Grand plateau, Mont Blancski entre le petit et le Grand plateau, Mont Blanc
ski entre le petit et le Grand plateau, Mont Blancski entre le petit et le Grand plateau, Mont Blanc

ski entre le petit et le Grand plateau, Mont Blanc

On repart, toujours dans le même ordre, Bastien galère avec la corde, en seconde position, elle prend la fâcheuse habitude de passer sous ses skis puis de l'emberlificoter ... O n s'arrête, Bastien fait un saut périlleux pour se libérer de la corde, et on repart. Bon parfois c'est un peu plus complexe que ça mais on fait ça dans la bonne humeur.

On repart vers le haut, petit rythme tranquille, à ma façon, grand virage et on revient vers le col des Dômes. Il y a un peu de glace par endroit, je veille à l'éviter.  à droite, les cordées à pied en provenance du Gouter, croisent celles  en provenance du sommet. On ne devrait pas avoir trop de monde sur l'arête, la marée est déjà passée !

Et zou, direction la pente sous Vallot où nous opérons une petite pause technique : mettre les skis sur le sac pour mes acolytes, laisser mes skis là pour moi.

Entre le Grand Plateau et le col des Dômes - Mont Blanc depuis les Grands MuletsEntre le Grand Plateau et le col des Dômes - Mont Blanc depuis les Grands Mulets
Entre le Grand Plateau et le col des Dômes - Mont Blanc depuis les Grands MuletsEntre le Grand Plateau et le col des Dômes - Mont Blanc depuis les Grands MuletsEntre le Grand Plateau et le col des Dômes - Mont Blanc depuis les Grands Mulets
Entre le Grand Plateau et le col des Dômes - Mont Blanc depuis les Grands MuletsEntre le Grand Plateau et le col des Dômes - Mont Blanc depuis les Grands Mulets

Entre le Grand Plateau et le col des Dômes - Mont Blanc depuis les Grands Mulets

Entre le Grand plateau et Vallot - Mont Blanc deuis les Grands MuletsEntre le Grand plateau et Vallot - Mont Blanc deuis les Grands MuletsEntre le Grand plateau et Vallot - Mont Blanc deuis les Grands Mulets
Entre le Grand plateau et Vallot - Mont Blanc deuis les Grands MuletsEntre le Grand plateau et Vallot - Mont Blanc deuis les Grands MuletsEntre le Grand plateau et Vallot - Mont Blanc deuis les Grands Mulets

Entre le Grand plateau et Vallot - Mont Blanc deuis les Grands Mulets

Je rejoins la trace, on a réduit l'encordement, et on remonte vers Vallot, c'est raide et en neige dure, rapidement on rejoint Vallot pour quelques photos, j'adore ce petit abri posé sur cet éperon, je trouve l'endroit magique même si je déconseille à mes compagnons de rentrer dedans, car dedans, tout est violet, il n'y a que des gens ultra fatigués, qui sont à la limite de vomir ... Dans mon souvenir, je n'y suis rentré que 3 fois, c'est la couleur violette qui domine, la halte n'est pas recommandée.

La suite est vers le haut, la première pente sous la première bosse est raide. Je l'attaque d'un  bon rythme, je sens que je ne suis pas trop mal. Derrière, je sens que Bastien a un léger coup de mou, "pour une fois !" me dis je !

Oui parce que ma cordée, faite d'alpinistes d'un haut niveau, est arrivé ici un peu émoussée : Bastien a eu la bonne idée de faire le 110 km du Swiss Canyon trail la semaine dernière et Benjamin, sort de nombreuses sorties montagne, notamment 2 4000 des Monts Roses les deux derniers jours. Et donc , ce qui devait arriver arrive, la corde se tend derrière moi, je suis obligé de ralentir (un peu, et ça m’arrangerait presque !)

Bref, tout se passe bien , on se retrouve dans la partie plus raide qui mène à la première bosse et on croise quelques cordées, toujours dans la bonne humeur. J'essaie de nous décaler quand je vois des cordées dite de débutants à la descente, notre cordée expérimentée supporte facilement ces écarts.

Première bosse, superbe, courte pause et on repart.

du bivouac Vallot à la première Bosse - Mont Blancdu bivouac Vallot à la première Bosse - Mont Blancdu bivouac Vallot à la première Bosse - Mont Blanc
du bivouac Vallot à la première Bosse - Mont Blancdu bivouac Vallot à la première Bosse - Mont Blancdu bivouac Vallot à la première Bosse - Mont Blanc
du bivouac Vallot à la première Bosse - Mont Blancdu bivouac Vallot à la première Bosse - Mont Blancdu bivouac Vallot à la première Bosse - Mont Blanc

du bivouac Vallot à la première Bosse - Mont Blanc

J'attaque la seconde, tout va bien, je fins par me rendre compte que j'ai un avantage par rapport à mes compagnons de cordée, je ne porte pas mes skis, ce qui explique sans doute une partie de ma bonne forme. A la fois, ils n'avaient qu'à laisser leurs skis à Vallot... Bref, je vais bien. La trace longe la deuxième bosse et vient traverser une crevasse en plein milieu de l'arête, ça c'est nouveau, je n'ai jamais vu de crevasse à cet endroit là. On rentre dans la large, et peu profonde crevasse, puis on déboule de l'autre coté, c'est un peu plus raide au dessus. J'avance. Derrière, mes deux  compagnons passent leur temps à me demander des pauses pour scruter la face Nord, la bonne excuse ! "alors là, tu vois, on va longer le sérac, puis là, il faudra traverser la crevasse sans tirer trop à gauche... Et là, en bas ?" "Ben là en bas, je ne vois pas trop..." , "faudra peut être prendre à droite" "à droite... - hésitation' sans doute !"

Bon, moi j’insiste pour ne pas faire de pause inutile, je sais que ça casse le rythme, et si ça ne casse pas LE rythme, ça casse MON rythme, et mon corps n'aime pas ça .

On arrive à la grosse crevasse de 4700 m, cette année elle est sympa, elle est bouchée et le retour sur l'arête est facile, et hop, on est juste sous l'éperon de la Tournette, jolie vue sur le bassin de Tré la Tête.

Je repars vers le haut, je sais qu'il ne reste rien, mais qu'on n'est pas tout à fait arrivé. Petit replat, une cordée "pas douée douée arrive du dessus" on hésite à s'élancer, il y a ceux qui attendraient qu'elle soit en bas pour s'engager, et les autres, dont je suis, qui proposent de se décaler au moment où on les croisera. Et comme, "c'est moi le chef !", ben on repart. On arrive à hauteur de la cordée, très lente, on se décale et on continue de monter hors trace, ça fait un bon exercice. Au dessus la pente fini par se coucher, c'est la longue arête finale.

Des Bosses au sommet du Mont BlancDes Bosses au sommet du Mont BlancDes Bosses au sommet du Mont Blanc
Des Bosses au sommet du Mont BlancDes Bosses au sommet du Mont Blanc
Des Bosses au sommet du Mont BlancDes Bosses au sommet du Mont Blanc

Des Bosses au sommet du Mont Blanc

Tranquillement on remonte vers la cime, avec comme souvent à ce moment là un peu d'émotion. L'occasion de penser à tous ceux qui nous ont appris la montagne et qui ne sont plus là. C'est bête mais ça me le fait souvent quand je suis sur la partie finale du Mont Blanc. Je pense à papa, qui n'était pas le champion dans le choix de ses randos avec nous , je pense à Jacques, qui m'a un jour dit que je grimpais comme un chamois, ça  n’était sans doute pas vraiment la réalité, je n'ai jamais vraiment bien grimpé, mais ça n'est pas tombé dans l'oreille d'un sourd, j'y pense encore aujourd'hui !

Je ne vais pas faire la liste de tous ceux à qui j'ai pensé, l'arête (et la liste) est longue.

On commence à voir les cordées stoppées au sommet, vient notre tour, je me retourne, on se congratule avec Bastien et Benjamin (dont c'est le premier Mont Blanc, j'attends toujours le champagne !) Bertrand et Yves suivent, frais comme des gardons, leur cordée a prêt de 120 ans !

Et Bertrand nous sort sa tomme, pour le meilleur morceau de tomme... du monde, à 4800 m. On se régale.

Sommet du Mont Blanc et Tomme de SavoieSommet du Mont Blanc et Tomme de SavoieSommet du Mont Blanc et Tomme de Savoie
Sommet du Mont Blanc et Tomme de SavoieSommet du Mont Blanc et Tomme de SavoieSommet du Mont Blanc et Tomme de Savoie
Sommet du Mont Blanc et Tomme de SavoieSommet du Mont Blanc et Tomme de Savoie
Sommet du Mont Blanc et Tomme de SavoieSommet du Mont Blanc et Tomme de Savoie

Sommet du Mont Blanc et Tomme de Savoie

Une fois les traditionnelles photos réalisées, j'attaque la descente, je laisse les 4 fantastiques à leur face Nord.

Je galope sur l'arête (sans courir mais d'un bon pas)

Je me décale quand je croise les cordées et j'avance (tout en oubliant pas de faire quelques photos) J’avale la première partie, je me finis par dépasser une longue cordée des pays de l'Est, il sont 5. J'arrive au col entre les bosses et je m'arrête pour regarder et filmer les 4 fantastiques... Ils sont tout petits dans cette immense face Nord.  Delà , je perçois leur concentration, le choix de l'itinéraire. Je les vois se diriger vers la crevasse qui barre le haut de la face et la traverser, un par un.

De là où je suis, je n'arrive pas à les distinguer, mais j'imagine qu'Yves a pris le leadership pour la descente, c'est celui qui mange le plus de dénivelé.

Sous la crevasses, ils enchainent quelques virages que j'immortalise. Avant de filer, bon, les slovaques (je sais pas s'ils sont slovaques, mais je ne sais pas (non plus) si comment on appelle les habitants des pays de l'Est (les Estivaux ?) Bref, les Slovaques me sont repassés devant, et je dois me les refaire dans la montée à la petite bosse. Ils ne vont pas très vite alors le dépassement se fait plutôt rapidement. puis c'est la descente un peu raide qui mène à Vallot, je rejoins rapidement mes skis.

 

Descente du Mont Blanc, du sommet à Vallot (par les bosses)Descente du Mont Blanc, du sommet à Vallot (par les bosses)Descente du Mont Blanc, du sommet à Vallot (par les bosses)
Descente du Mont Blanc, du sommet à Vallot (par les bosses)Descente du Mont Blanc, du sommet à Vallot (par les bosses)
Descente du Mont Blanc, du sommet à Vallot (par les bosses)Descente du Mont Blanc, du sommet à Vallot (par les bosses)

Descente du Mont Blanc, du sommet à Vallot (par les bosses)

Et là, bingo, la neige est super bonne juste transfo. Je me fais une super descente pour rejoindre le Grand Plateau, une petite traversée et je rejoins le reste du groupe au point de rendez vous, ils sont arrivés là, il y a seulement 5 minutes.... J'ai été relativement rapide sur l'arête des Bosses.

On fait une pause, apparemment, j'ai bien fait de ne pas descendre la face Nord, ils ont eu des passages chauds, je lis encore la frayeur sur leur visage. La face, un peu trop traffolée, et des passages en glace ou en neige béton dans des parties à plus de 45°. Sachant que la neige sous Vallot etait excellente, je ne regrette pas mon choix.

 

On attaque la descente, sous les mégas séracs à gauche, objectif, ne pas trainer, à la descente c'est plus facile qu'à la montée. Je ferme la marche avec mes petites cuisses qui ne pensent qu'à une chose : faire une pause tant elles sont pleines d'acide lactique. Bon, les 4 Fantastiques n'ont pas mes soucis, ils filent à vive allure vers le petit plateau puis en dessous.

On se retrouve au dessus du refuge, dans une zone avec des crevasses, étonnant, je n’avais rien remarqué ce matin, dans la nuit noire...

On fait une pause vers le refuge, Bertrand doit ramener sa frontale au gardien. A son retour, il nous descends une bouteille d'eau, cool !

Descente sur les Grands MuletsDescente sur les Grands MuletsDescente sur les Grands Mulets
Descente sur les Grands MuletsDescente sur les Grands Mulets

Descente sur les Grands Mulets

Départ vers le bas, dans une neige qui devient soupe, il ne va pas falloir trainer à la jonction

Quelques virages plus tard, nous sommes sur zone : LA JONCTION

On enlève nos skis et une femme au milieu de la jonction nous interpelle de loin : "N'avancez pas, il y a des personnes qui sont tombées dans une crevasse" Il y a de l'agitation sur zone, nous sommes bloqués.  Je ne suis pas optimiste, on va passer la jonction à la mauvaise erreur, sachant que la suite est assez expo...

Bref on attend, l'hélico de la sécurité civile fait un premier passage, puis vient se poser à 30 m de moi. 2 gendarmes du PGHM en descendent, ils nous passent devant pour aller vers les victimes. Sur place, vu l'exposition des deux types qui sont dans une zone chaotique, ils décident des les moufler avant de les médicaliser.  Ils reviennent, je propose à l'un des deux gendarmes de les aider s'ils ont besoin d'aide.

Les 2 victimes reviennent à pied, le premier à quelques écorchures sur la face , le second a plus de sang et semble plus touché. Ils médicalisent le second dans une coquille à mes pieds et me demandent de brancarder le gars jusqu'à l'hélico. Le tout doit se faire encordé, Il va falloir synchroniser le brancardage avec l'assurance de Bastien et Benjamin.

Je me retrouve au chevet du blessé, le cuir chevelu semble avoir pris, ça n'est pas forcement grave mais ça saigne pas mal. Pourquoi ne pas avoir mis de casque à cet endroit. Bon ça n'est pas le moment de faire des remarques au gars, j'essaie de le rassurer, je vois qu'il a froid, je luis explique que le vent s'est levé, c'est la raison de son frisson (peut être pas que).

Début du brancardage, je suis à la tête du gars, on avance relativement vite dans une neige soupe, le gars est super lourd, je titube presque, in petto je me dis "ne pas tomber, ne pas tomber !" , mes crampons font ce qu'ils veulent, me tordant les chevilles, je brancard va de gauche et de droite, "surtout, ne pas tomber" "la vache qu'est ce qu'il est lourd !" On pose le brancard à l'endroit ou l'hélico doit atterrir.

Le gendarme me briffe sur ce que je dois faire ensuite, on se décorde dans un premier temps, la corde ne doit pas se prendre dans les pales de l'hélico.

L'hélico arrive dans un bruit assourdissant, je suis à présent du coté des pieds du brancard avec mission de le grimper dans l'hélico, et hop, c'est fait, ensuite il faut charger le matos des deux alpinistes suisses dans l'hélico.  Les skis, les sacs, le matos de secours, les bâtons. Une fois le tout chargé, les deux secouristes montent dans l'hélico et je me tiens accroupi, en attendant que l'hélico parte. Le gendarme secouriste me fait un signe d'au revoir, le mécanicien surveille les abords de l'hélico, je suis à 2 m de lui, la turbine balaye tout, l'hélico décolle, le mécanicien me fait "petit pouce en l'air" (je me suis cru sur facebook) avant qu'un nuage de neige recouvre tout, je mets ma tête entre mes jambes en attendant l'accalmie, qui ne tarde pas. 30 secondes plus tard, c'est le SILENCE !

Les gendarmes auront été efficaces.

 

Nous on esperait presque qu'ils nous proposent de nous emmener...

hélico de la sécurité civile à l'approche PGHM - secours à la jonction - Mont Blanchélico de la sécurité civile à l'approche PGHM - secours à la jonction - Mont Blanc

hélico de la sécurité civile à l'approche PGHM - secours à la jonction - Mont Blanc

On ne traine pas, je me ré encorde, skis sur le sac et on avance. Pendant le secours, François D'Haene est passé, il ne s'est (même) pas arrêté. Bastien l'a reconnu, pas moi, il a déjà filé.

Quand on se remet en route, Bertrand et Yves sont déjà de l'autre coté de la Jonction

On part un peu stressé, l'accident n'y est pas pour rien. On passe les blocs, on arrive à la zone où on pense que les deux gars sont tombés (à priori, le premier est tombé, son acolyte l'a retenu un moment, a réussi à amortir sa chute, par contre il a fini par basculer  lui aussi et est tombé sans assurance, 7 m de chute dans cette zone peu sympathique). On ne traine pas, la zone chaotique, la petite traversée puis la descente. En bas, Benjamin est déjà remonté, gros bruit, je lance "pierre", une grosse pierre de 40 cm de rayon environ  vient de tomber à moins de 2 m de Bastien, elle a du glisser sur le sérac au dessus. Nouveau bon coup de stress, l'adrénaline à fond et on n'est pas sortis. On galope vers la sortie, ouf !

Bertrand et Yves nous ont attendu.

On rechausse les skis et on file, croisant au passage quelques cordées qui montent. Il est trop tard et je le sais bien, le sauvetage nous a mis dedans...  Le parcours est magnifique et effrayant, à droite,  les centaines de séracs du glacier, plus ou moins menaçants, sous nos pieds , de temps en temps, une crevasse, simple petite trace, mais on voit bien qu'elles sont profondes. On skie vite, espérant que si le pont de neige s'effondre, on sera déjà de l'autre coté. Quelques virages avant une longue traversée.  Ca n'est pas mon passage préféré, on va bientôt sortir de ce coupe gorges (mieux que Roland à Ronceveau)

 

Jonction au retourJonction au retourJonction au retour

Jonction au retour

On est sorti du glacier, enfin.

A présent la consigne du gardien est claire, il faut passer par le chemin d'été

Et le chemin d'été, je ne me fais pas d'illusion, c'est raide et expo, surtout à cette heure un peu avancée. Malheureusement, le chemin d'hiver , que nous avons pris hier est expo, un énorme sérac menace sous l'aiguille du midi, 20 000 m3 de glace d'après le gardien. Ça fait beaucoup, même si je ne me rends pas compte exactement de la quantité.

Bref, on part vers le bas avec un avantage, on sait que Yves et Bertrand sont montés par là. Si c'est trop expo, on pourra toujours rejoindre la gare des glaciers et descendre sur le tunnel.

On part pour une traversée à flanc avec quelques portages. La traversée est raide, par endroit il en faut pas s'en coller une , sinon, c'est le grand saut. Bref, on traverse, on déchausse, on rechausse , on file. En dessous de nous, par moment, le vide se creuse, il me tétanise, je n'en montre rien...  pas glop. On fini par arriver à la gare des glaciers  pour une petite pause. La décision est prise de continuer vers le plan de l'aiguille. Flûte moi j'étais parti pour une bonne pause. Benjamin est stressé de rater la benne. Pour moi, il ne devrait pas y avoir de problème, mais tout le monde est reparti alors que j'ai encore mon sac grand ouvert. Encore une fois, je galope derrière. Je finis par rejoindre le groupe lors d'un déchaussage. On avance , même si c'est encore loin. On a repéré au dessus François D'Haene qui n'a pas respecté la consigne, il va passer sous les mètres cubes de glace, sans doute sans le savoir.  Bon, ils skis tellement vite que si le sérac tombe, il ne pourra sans doute pas le rattraper.

Pendant ce temps, nous on déchausse et on rechausse, sans oublier de nous moquer d'Yves et Bertrand qui sont incapables de nous décrire ce qu'ils ont vu à la montée (pourtant c'était de jour !)

Dernier déchaussage, j'essaie d'optimiser au max, puis on remonte skis sur le sac vers le plan de l'aiguille que l'on rejoint, enfin ! Et voilà, un joli Mont Blanc validé, et pas de souci pour la benne , on est hyper large !

 

 

de la jonction au plan de l'Aiguillede la jonction au plan de l'Aiguillede la jonction au plan de l'Aiguille
de la jonction au plan de l'Aiguille

de la jonction au plan de l'Aiguille

voilà le reportage de france 3 concernant la menace de chute de glacier sur l'itinéraire d'accès au refuge des Grands Mulets

Épilogue

Dans la benne on a retrouvé le guide et sa cliente qui ont mouflé les deux suisses, en fait, personne ne les avait vu tombé, le guide traversait, il a vu un bâton et entendu une voix qui venait du fond de la crevasse. Ils (avec le PGHM) ont décidé de moufler les deux Suisses, vu le risque de sur accident (tout aurait pu leur tomber dessus)

 

Sur le parking à Chamonix, le Suisse (peu blessé) est arrivé en taxi pour récupérer sa voiture, à priori sont partenaire de cordée n'est que peu atteint, le séjour à l'hopital de Sallanche devrait se terminer ce soir... Bonne nouvelle !

 

Finalement, tout est bien qui fini bien

 

 

 

 

A Arnaud, François et Marshal

Vidéo : Mont Blanc à ski - 4810 m

Mont Blanc à ski depuis le plan de l'Aiguille - la jonction, nuit au refuge des grands Mulets - Petit plateau, grand plateau, col des dômes, Vallot arête des Bosses, Sommet du Mont Blanc en 7 h 30

Descente par la face Nord pour les 4 fantastiques, par l'arête des Bosses pour moi avant de reprendre les skis à Vallot, neige de cinéma, juste transfo comme il faut Accident à la jonction, une cordée de genevois tombe dans une crevasse, 2 guides les mouflent et on aide (modestement) le PGHM à l'embarquement des blessés dans l'hélico (rien de grave pour eux, tant mieux)

Retour par le chemin d'été conseillé au plan de l'aiguille moins rapide et moins ludique mais plus safe (grosse exposition aux séracs de la face nord de l'aiguille du midi

Avec Yves, Bertrand, Bastien et Benjamin

Jonction

traversée de la Jonction, en montant au Mont Blanc par la voie des Grands Mulets

âmes sensibles s'abstenir

faut pas avoir la phobie des crevasses (ni des séracs, ni des chutes de pierre)

pas l'endroit le plus sain de la terre

 

Ski de randonnée : Traversée du Col du Passon (3028m) Tête Blanche (3429 m) - vidéo, photos et topo

Apoutsiak — Massif du Mont BlancSki de randonnéealpinisme

Vidéo :

Photos

Entre Argentière et Lognan, sk ide rando nocturneEntre Argentière et Lognan, sk ide rando nocturneEntre Argentière et Lognan, sk ide rando nocturne
Entre Argentière et Lognan, sk ide rando nocturneEntre Argentière et Lognan, sk ide rando nocturneEntre Argentière et Lognan, sk ide rando nocturne

Entre Argentière et Lognan, sk ide rando nocturne

De Lognan au glacier d'Argentière
De Lognan au glacier d'Argentière
De Lognan au glacier d'Argentière
De Lognan au glacier d'Argentière
De Lognan au glacier d'Argentière
De Lognan au glacier d'Argentière

De Lognan au glacier d'Argentière

Du glacier d'Argentière au couloir du PassonDu glacier d'Argentière au couloir du PassonDu glacier d'Argentière au couloir du Passon
Du glacier d'Argentière au couloir du PassonDu glacier d'Argentière au couloir du Passon
Du glacier d'Argentière au couloir du PassonDu glacier d'Argentière au couloir du PassonDu glacier d'Argentière au couloir du Passon
Du glacier d'Argentière au couloir du PassonDu glacier d'Argentière au couloir du Passon

Du glacier d'Argentière au couloir du Passon

Couloir du PassonCouloir du PassonCouloir du Passon
Couloir du PassonCouloir du PassonCouloir du Passon
Couloir du PassonCouloir du Passon
Couloir du PassonCouloir du Passon

Couloir du Passon

Couloir du Passon - 2Couloir du Passon - 2Couloir du Passon - 2
Couloir du Passon - 2Couloir du Passon - 2
Couloir du Passon - 2Couloir du Passon - 2

Couloir du Passon - 2

du col du Passon à Tête Blanchedu col du Passon à Tête Blanchedu col du Passon à Tête Blanche
du col du Passon à Tête Blanchedu col du Passon à Tête Blanchedu col du Passon à Tête Blanche
du col du Passon à Tête Blanchedu col du Passon à Tête Blanche
du col du Passon à Tête Blanchedu col du Passon à Tête Blanche

du col du Passon à Tête Blanche

Têt Blanche et descente ! Têt Blanche et descente !
Têt Blanche et descente ! Têt Blanche et descente ! Têt Blanche et descente !
Têt Blanche et descente ! Têt Blanche et descente ! Têt Blanche et descente !

Têt Blanche et descente !

Topo col du Passon Tête Blanche - fond de carte IGN geoportail

Topo col du Passon Tête Blanche - fond de carte IGN geoportail

Alpinisme : Traversée des Dômes de Miage - 3673 m

Apoutsiak — alpinismeMassif du Mont BlancDômes de MiageLes 100 plus belles

Partir en amoureux pour la traversée des Dômes de Miage, le rêve.

Mais quand la météo ne laisse qu'une petite fenêtre, et que les crevasses s'en mêlent... ça pimente la sortie !

 

Vidéo

Topo :

Refuge : du parking de Cugnon prendre le sentier qui permet de gagner le refuge de Tré la Tête (2 h 15)

De Tré la Tête 2 options :

  • soit par la passerelle (option non choisie, les échelles étaient fermées en Juin 2020 du fait d'éboulements)
  •  soit par le glacier de Tré la Tête (lire ci après)

Prendre le sentier qui part au dessus du refuge de Tré la Tête et rejoindre de grandes dalles qui marquent le début du mauvais pas. Suivre au mieux le sentier qui longe des barres rocheuses et en surplombent et rejoindre la plage au pied du glacier de Tré la Tête.

Remonter le glacier en rive droite (caillasse) sente, cairns difficiles à suivre, jusqu'à venir buter contre de grande barres rocheuses.  2 options : remonter la barre en prenant tout à droite et en remontant le long du glacier. Soit (ce que nous avons choisi) remonter les pentes à droites pour gagner la rive gauche du glacier remonter quelques mètres avant de revenir au dessus rive gauche (tout en cailloux, toujours !)

Remonter la rive droite, une portion de 50 m de déniv en glace noire (pente à 40°) désagréable.

Au dessus, passer par dessus la rimaye en rive droite et repérer la sente qui remonte vers le refuge (c'est la bonne) l'autre option est de poursuivre plus loin pour remonter au mieux vers le refuge par le chemin d'hiver.

Sommet : Dômes de Miage

Remonter de 50 m au dessus du refuge puis poursuivre à flanc avant de descendre légèrement pour passer sous l'éperon de la pointe des conscrits. Prendre pied sur le glacier et le longer au mieux  en restant rive droite (crevasses ) passer le point 3169 m (carte ign) en restant rive droite puis par un mouvement enveloppant (gauche droite) venir vers l'éperon qui descend du sommet principal des Dômes de Miage . Longer l'éperon en restant proche de lui (crevasses ) puis gagner le col des Dômes (3564 m) du col , revenir légèrement versant Tré la tête et remonter le petit goulet en pente raide et tirer vers la droite qui permet de gagner le Dôme 3633 m. Redescendre au col suivant et remonter le Dôme que tout le monde connait (ne pas oublier de faire quelques photos ) on gagne le premier dôme central  3666 m puis le second, dôme occidental (3666 m)

Attention aux corniches sur la traversée

Descendre alors sur le glacier d'Armancette en restant le long de l'arête (à main gauche) on rejoint le col de la Bérangère 3348 m  (échappatoire, possibilité de rappels pour rejoindre le glacier de Tré la tête (pour mémoire, avant on montait là en crampons !) (l'autre échappatoire est de descendre le glacier d'Armancette à pied (crevasses )

Longer le pied du col puis par un petit couloir de 20 m gagner l'arête du col que l'on suit au mieux pour venir buter sur les pentes plus raide de l'aiguille de la Bérangère, remonter les premières pentes en restant proche de l'arête puis tirer à gauche pour viser une grosse dalle sur l'arête que l'on contourne par en dessous. Gagner l'arête et redescendre quelques mètres , la suite se fait sur le fil de l'arête, un petit pas d'escalade en II permet de gagner le sommet.

 

Descente : suivre l'arête Sud Est de la Bérangère sur une 50 aine de mètre avant de basculer à droite pour gagner des pentes moins raides. Descendre plein sud avant de tirer à droite sur le plat (ouest) pour passer un collet. La suite se fait dans des pentes douces, en neige, orientation Sud Ouest. On rejoint le refuge parfois sur les fesses quand les conditions sont bonnes !

 Alpinisme : Traversée des Dômes de Miage - 3673 m

Récit

Sandrine elle n'aime pas les orages

Sandrine elle n'aime pas les crevasses

 

Tout est dit, et ce week-end, j'ai prévu d'emmener ma belle aux Dômes de Miage. Pour moi une des plus belles courses des alpes. Toute la semaine j'ai inspecté la météo, comparé les bulletins, il me faut me rendre à l'évidence : il y a peut être une fenêtre météo le samedi matin mais elle n'est pas flagrante. Mon légendaire optimisme prend le dessus. Je la vois, je la sens, elle est là, elle est courte , mais de toute façon, même en son absence, je la verrai, je veux aller en montagne.

Nous voilà parti, tôt le matin de la maison; passage par le Vieux Campeur  afin d'admirer les dernières nouveautés et vider un poil le compte en banque. On en profite pour acheter un bon pique nique dans une bonne boulangerie, et direction le parking de Cugnon.

On s'équipe, on pique nique, et on part.. flûte, Sandrine a oublié un truc à la voiture, et hop un aller retour... Elle revient, flûte, j'ai oublié un truc à la voiture, second aller retour ! on a perdu 10 minutes, le vrai départ est donné. On remonte le sentier du refuge de Tré la Tête , moi devant, imprimant le rythme, Sandrine, polie derrière, sage et concentrée.  Plus on s'élève, plus on sent le vent, le foehn annoncé est bien là, il devrait se stopper demain matin, heureusement d’ailleurs, car demain matin on est sur l'arête, ça sera quand même tout de même mieux de ne pas se faire embarquer par le vent.

Bref , on monte, le vent fait frétiller tous les végétaux , c'est beau, mais ça fait un bruit constant.  on débouche à Tré la Tête pour une courte pause. En montagne, les pauses sont toujours trop courtes.

on a mis 2 h 15 pour arriver ici, j'avais annoncé 2 h 2h 30, et vu qu'au départ on a fait nos inutiles aller retour...

 

 Alpinisme : Traversée des Dômes de Miage - 3673 m Alpinisme : Traversée des Dômes de Miage - 3673 m Alpinisme : Traversée des Dômes de Miage - 3673 m
 Alpinisme : Traversée des Dômes de Miage - 3673 m Alpinisme : Traversée des Dômes de Miage - 3673 m

Au dessus de Tré la Tête, on suit le joli sentier. C'est bucolique, mais ça grimpe. Dans mon élan, je me fourvoie, on redescends hors piste et on rejoint le sentier.  Le vent est fort, rendant tout discussion difficile, on se fait un peu balloté, le foehn s’engouffre dans la gorge du mauvais pas, on est juste en face d'un énorme ventilateur.  D'un signe de main, j'indique à Sandrine de passer juste au dessus d'un rocher, je poursuis sans me retourner, 10 minutes plus tard, je suis au "sommet" du mauvais pas, je me retourne, personne.

Inquiétude. Je scrute, en haut, je scrute en bas. Personne.

Au loin, plutôt au dessus, je vois une silhouette.

Je ne comprends pas.

Qu'est ce qu'elle fait là haut. "Bah oui, tu m'as dit d'aller au dessus" et ben quand je lui ai dit de passer 3 m à ma gauche, elle a compris qu'il fallait monter dans la pampa à gauche. Et elle a galéré pendant le dernier quart d'heure sans comprendre mon intention. Bon désormais, je la ferai naviguer dans mes pas.

On attaque la descente du mauvais pas. Le glacier semble bien loin et bien couvert de cailloux au loin. Le vent projette les embruns des cascades dans nos tronches fatiguées. Ça monte, ça descend, ça longe, avant de redescendre sur la plage. Oui, le glacier s'est retiré, il laisse la place à une jolie plage de sable.

Malheureusement, il y a le mistral aujourd'hui, et on peine à tenir debout dans ce goulot d'étranglement. Pas de farniente, et je commence à voir qu'on va peut être être juste au refuge. Enfin quand je dis je, c'est plutôt Sandrine qui me l'a fait remarqué.

Bon je fais semblant de rien, mais n'en pense pas moins...

 

 

 Alpinisme : Traversée des Dômes de Miage - 3673 m Alpinisme : Traversée des Dômes de Miage - 3673 m
 Alpinisme : Traversée des Dômes de Miage - 3673 m Alpinisme : Traversée des Dômes de Miage - 3673 m

La suite, heureusement que la gardienne m'avait donné l'indication de "bien rester en rive droite"

Oui, avant, il suffisait de  remonter le glacier, tranquille pépouse, en pente douce en suivant les cairns et la sente en rive gauche ou au centre. Mais ça, c'était avant !  Aujourd'hui, c'est tout à droite, une sente pourrie, quelques cairns au milieu des cailloux. J'ai trouvé ça pas trop glamour, Sandrine encore moins.  J'avance , je prends quelques mètres d'avance, pour repérer le cairn suivant au moment ou Sandrine me rejoint! On finit par rejoindre un névé qui mène au pied d'une énorme barre rocheuse peu sympathique. Bon,  par où ça passe. Soit par une dalle qui semble scabreuse ( mais qui respecte la consigne de la gardienne) soit en faisant un détour par la droite (rive gauche du glacier) avant de revenir en descendant pour contourner l'obstacle.

Sandrine n'étant pas une grande grimpeuse, je pense que mon option 2 est la bonne, si elle passe . Croisons les doigts pour ne pas croiser de crevasse.

Au dessus on voit les 4 qui sont partis 1/2 h avant nous du parking.

Je pars pour mon contournement d'obstacle, rocher pourri sur de la glace. Je galope quand même pour voir si ça passe, et... ça passe. Ouf, Sandrine m'aurait tué. On aurait retrouvé mon corps éparpillé au 4 coin du glacier. Suicide ou accident se serait interrogé la marée chaussé, passant à coté de la bonne hypothèse : un apoutsiakicide ! Bon vu que ça passe, mon corps reste sans solution de continuité. Je redescends quelques mètres, traverse quelques crevasses bouchées par des rochers et rejoins un névé.

 

Petite pause pour s'encorder, au dessus de nous une belle pente de glace grise nous attend. L'inclinaison n'est pas extrême, mais il serait extrêmement désagréable de s'en coller une.

Le temps de vider le sac , oui, j'ai eu la bonne idée de ranger les crampons au fond ! Le foehn toujours présent emporte mon sac à viande (obligatoire en cette période de Covid) , un bâton et une casquette. Je cours comme un dératé à la poursuite de mon précieux matériel, et le récupère. 

On s'encorde, on sort les piolets. Et c'est parti. Je fais un détour pour tâter le bas de la glace vive, mais surtout pour la faire tâter à Sandrine, je sais qu'elle stresse, je veux lui montrer que ça tient. Je sais également que c'est sans doute le passage le plus délicat de la course, le seul passage en glace.

Le détour est fait, ça la rassure à peine, on reprend le névé pour le remonter au plus haut avant de remettre les pieds sur la glace. J'avance doucement, corde tendue, court, extrêmement court. Je parle à Sandrine. Le foehn continue de nous bousculer, mais ma lourde masse est un atout ! Je parle à Sandrine pour la rassurer. on avance sur cette pente de glace, une chute serait désagréable mais pas grave, en dessous le névé semble vouloir nous accueillir avec joie. La pente se fait moins forte, on retrouve la neige, trempée et un replat.

Sur les sommets en vue, le foehn fait son effet, de lourds nuages bourgeonnent et tombent en face Nord. Pas sûr qu'il fasse si beau demain.

Je rejoins la moraine. Je laisse Sandrine partir devant tandis que je range le matos. Elle galope au loin, je la suis.  On se retrouve sous le refuge, à l'endroit où on y monte en ski de rando. On rattrape l'arrière du groupe de 4. On remonte alors un mauvais pierrier avant de retrouver une trace sur un névé. Le foehn finit de nous user. Un bruit constant, une force qui te déséquilibre par moment.

On arrive au refuge un poil fatigué, Sandrine est dégoutée par la montée. J'espère que demain il va faire beau, sinon je ne donne pas cher de ma peau...

 Alpinisme : Traversée des Dômes de Miage - 3673 m Alpinisme : Traversée des Dômes de Miage - 3673 m Alpinisme : Traversée des Dômes de Miage - 3673 m
 Alpinisme : Traversée des Dômes de Miage - 3673 m Alpinisme : Traversée des Dômes de Miage - 3673 m
 Alpinisme : Traversée des Dômes de Miage - 3673 m Alpinisme : Traversée des Dômes de Miage - 3673 m

Soirée en refuge, bon on est arrivé à 6 h , le repas est à 7 h , ça nous laisse juste le temps de nous installer, rien de plus. Nous sommes seulement 8 au refuge ce soir. On mange un excellent repas, puis on discute avec les autres cordées. On a tous observé une petite fenêtre météo. Finalement, le guide et son client renonce à partir pour le sommet et se contenteront de la Bérangère, comme 2  des 4 alpinistes que nous avons côtoyés à la montée. On ne sera que 4. Ça fait pas beaucoup pour tracer sachant que la trace est à faire et que Sandrine ne tracera pas.

 

On se couche vers 8 h 30, sans certitude. La fenêtre de notre chambre tape sous les coups de bouttoir du foehn. Réveil à 3 h 30.

 Alpinisme : Traversée des Dômes de Miage - 3673 m Alpinisme : Traversée des Dômes de Miage - 3673 m Alpinisme : Traversée des Dômes de Miage - 3673 m

3 h 30, le réveil sonne, j'ai bien dormi, Sandrine aussi. On s'équipe, on déjeune, puis on se retrouve en bas avec l'autre cordée. Derniers préparatifs, le casque, les frontales. 4 h 15, c'est parti. On part devant, l'autre cordée 5 minutes derrière. Il y a une trace, ouf. La neige a du être difficile à tracer, une grosse croute de 15 cm puis en dessous une trace assez profonde. Après une petite montée, voilà que la trace part à flanc, classique.  On avance l'un derrière l'autre. Il y a encore pas mal de nuages sur la Lex blanche, le foehn est encore là, j'ai un peu de doutes concernant la fenêtre météo. 

On redescend pour passer sous l'éperon qui descend lui aussi de la pointe des Conscrits, traversée d'une coulée d'avalanche. Et... plus de trace ! Enfer et damnation ! On n'est pas rendu. Je m'attelle à la tache, et vu que je suis un peu lourd, c'est ardu. La couche de croute casse en un jolie rond puis je m'enfonce. Malgré l'effort, je parviens à trouver le rythme.  On opère une pause pour nous encorder, l'autre cordée passe devant. Un peu de repos.

Encordés, on repart vers l'avant, et on rattrape la cordée. Forcement ils tracent et c'est plus facile. Bon, eux ils s'enfoncent moins car ils sont plus légers mais bon. On ne va pas revenir en permanence sur mon léger surpoids chronique ...  Hop je reprends mon tour pour mon 1/4 d'heure de traçage avant de le laisser quand ils me proposent de retracer.  On se retrouve en rive droite du glacier à couper les crevasses cachées par les dernières chutes de neige. Le premier tape avec son bâton les crevasses qui hurlent de douleur, tout ça pour en voir les bords. L'endroit n'est pas sympathique. Je finis par décider de descendre plus bas , à un endroit moins zébré d'obstacle.

Sandrine m'a dit qu'elle préférait la technique de tapage de crevasse plutôt que celle du grand bourrin qui avance sans réfléchir. Elle va plus vite (la technique, pas Sandrine). Deux nouvelles, une bonne et une nouvelle, la bonne : on avance plus vite, la mauvaise, on se retrouve devant alors que j'avais tracé il y peu.

Mais j'avance...

 

 Alpinisme : Traversée des Dômes de Miage - 3673 m Alpinisme : Traversée des Dômes de Miage - 3673 m Alpinisme : Traversée des Dômes de Miage - 3673 m
 Alpinisme : Traversée des Dômes de Miage - 3673 m

Me voilà sur le plat du glacier, j'opère un virage à droite, et ô miracle, par moment je tiens sans percer la croute. Me voilà tel un équilibriste essayant d'avancer en me faisant léger. Quand je me retourne, je vois Sandrine qui fait ça sans effort. On a largué la seconde cordée. Ils me rattraperont plus haut, me dis-je...

Le foehn nous apporte les nuages à proximité du col infranchissable, rendant l'ambiance austère. Et ma fenêtre météo. Je tire à présent sur am gauche, évaluant les endroits où vont se trouver les perfides crevasses. Je fais au mieux.

Tout à coup, un cri

C'est Sandrine. Je me retourne

Elle est dans une crevasse

Les deux pieds, presque jusqu'à la taille.

Mon cerveau travaille tout seul, évaluation de la situation : "pas bonne"

Encordement : "Correct, encordement long, corde tendue"

Panique : "Zéro"

"Essaie de remonter" Je lui lance

Mais Sandrine n'y parvient pas, ses crampons ne parviennent pas à atteindre le bord de la crevasse.

"Attends"

Je pause tranquillement mes bâtons et mon piolet

ET JE TIRE COMME UN SOURD !

Et je la sors (bah oui, elle est pas très lourde !)

Et là c'est la petite aparté de Sandrine et les crevasses. Oui, Sandrine elle ne sort pas souvent haute montagne, mais elle a le don, pour tomber dans les crevasses. Il y a près de 25 ans, au Dôme de la Lauze, 40 cm de neige fraiche, elle s'était là aussi retrouvée avec les hanches sous le niveau de la neige, position désagréable. Elle a également passé le pied dans des trous à la Punta Giordani entre autre. Elle n'aimait pas les crevasses au départ, ça ne s'est pas arrangé. La journée aux Dômes n'a rien donné de bon de ce coté là.

Bon bref, je suis un peu le héros de l'histoire, j'ai sauvé Sandrine de la crevasse. à la fois c'est moi qui l'ai amené là.  Elle n'avait qu'à pas marcher 1 m à coté de ma trace ... D’ailleurs aujourd'hui on est vite un héros. Pour un oui ou un non on devient un héros alors qu'on fait que son devoir, son travail, mais bon laissons là ces réflexions et revenons à notre maléfique et machiavélique glacier (si tant est qu'il puisse l’être )

On repart, et j'entends régulièrement : "crevasse à droite", "crevasse à gauche". Elle me fait rire, les crevasses sont à plus de 70 m. J'ai même droit à un attention aux séracs alors que le danger est absent. Je crois que je l'ai stressée...

Le brouillard s’épaissit, je n'y vois plus à 5 m quand j'arrive à un trou, on dirait une énorme crevasse. Impossible de savoir s'il faut descendre dedans , s'il faut revenir un peu en arrière. J'attends que ça se lève. En fait, ça passe tout droit. J'avance, la neige n'est plus croutée , mais c'est de la poudre tassée dans laquelle, toujours, je m'enfonce.

La remontée du col est longue, dans le vent, dans le brouillard qui se déchire, la fenêtre météo est à 9 h, elle se termine à 12 h. Sur le Dôme Oriental, un nuage de foehn s'est formé, il est emporté , à vive allure, par le vent !

 

 Alpinisme : Traversée des Dômes de Miage - 3673 m Alpinisme : Traversée des Dômes de Miage - 3673 m Alpinisme : Traversée des Dômes de Miage - 3673 m
 Alpinisme : Traversée des Dômes de Miage - 3673 m Alpinisme : Traversée des Dômes de Miage - 3673 m
 Alpinisme : Traversée des Dômes de Miage - 3673 m Alpinisme : Traversée des Dômes de Miage - 3673 m
 Alpinisme : Traversée des Dômes de Miage - 3673 m

On arrive au col, enfin. Je vois que Sandrine est dans le dur. je sais qu'elle sait que des orages sont annoncés cet après midi et qu'elle ne veut surtout pas se les prendre. Avec la trace on a pris du retard (1 h 30 environ) mais je reste optimiste (je suis toujours optimiste) Je faisais semblant de lui proposer d'aller au sommet Est, je sais qu'elle va refuser, ça lui donnera l'impression d'avoir le choix. L'autre cordée arrive quand on repart pour la traversée. Le ciel s'est un peu éclairci quand j'attaque le petit couloir. Le neige est parfois inconsistante, mais je progresse bien, remontée du couloir puis traversée, une petite arête et voilà le premier Dôme et la vue incroyable sur le Dôme central.

Courte pause, tout est à tracer et j'ai bien l'impression que je vais me faire toute la course devant.

on repart vers le Dôme central, la descente est courte puis c'est un peu la bagarre. La qualité de la neige est vraiment variable. Je m'enfonce parfois jusqu'au genou, il faut se méfier des corniches. Je bataille pour remonter jusqu'au sommet alors que c'est si simple en condition normale. Le ciel bleu a laissé la place a un ciel gris, je suis content d'arriver au sommet ! Yes!

 Alpinisme : Traversée des Dômes de Miage - 3673 m Alpinisme : Traversée des Dômes de Miage - 3673 m Alpinisme : Traversée des Dômes de Miage - 3673 m
 Alpinisme : Traversée des Dômes de Miage - 3673 m Alpinisme : Traversée des Dômes de Miage - 3673 m
 Alpinisme : Traversée des Dômes de Miage - 3673 m Alpinisme : Traversée des Dômes de Miage - 3673 m
 Alpinisme : Traversée des Dômes de Miage - 3673 m Alpinisme : Traversée des Dômes de Miage - 3673 m
 Alpinisme : Traversée des Dômes de Miage - 3673 m Alpinisme : Traversée des Dômes de Miage - 3673 m

La suite de la traversée reste technique. J'avoue que dans l'effort je ne profite pas beaucoup de la vue. D'autant plus que je sais qu'à la fin, l'aiguille de la Bérangère nous attend. J'espère des traces de descente, mais je n'y crois pas trop.

Dernier sommet, nos 2 acolytes nous rejoignent et nous remercient pour la trace. Je négocie un vin chaud au refuge. Sandrine retrouve le sourire, elle sait qu'il ne reste plus que la Bérangère à gravir.

On attaque la descente, Sandrine devant, avec son genou délicat (oui Sandrine a super mal au genou depuis 15 jours !) Bref , on descend tranquille, tout en traçant. Derrière la Bérangère, le ciel est sombre, le mauvais temps est là, la fenêtre se referme. Pourvu qu'on ne se choppe pas l'orage.

On est en plein ciel avec la vallée de l'Arve à nos pieds.

Le contraste entre la neige et le fond de vallée est intense. Je guide Sandrine pour descendre au mieux, on travers quelques grosses coulées d'avalanche et on rejoint le col de la Bérangère. Je passe voir à quoi ressemble son versant Tré la Tête que j'ai remonté en 1995 (oui, ça date) à l'époque on remontait là par un couloir en neige. Ben y'a plus rien. Pour info, on peut faire des rappels (dont je ne connais pas la distance pour descendre).

Bon maintenant, j'ai décidé de tout tracer, je ne vais pas lâcher le morceau maintenant. C'est quand même classe de tracer une course comme ça !

Je scrute la Bérangère, je ne sais pas exactement ou remonter le col même si je suis passé par mal de fois par ici; je tente une première approche mais je tombe sur une dalle versant Tré la Tête, je redescends et je trouve un petit couloir, neige inconsistante, grands pas , et hop, je me retrouve sur l'arête du col. J'avance prudemment mais j'avance. Il fait gris à présent. Je sue à grosse goutte, et de la buée envahie mes lunettes.  Je décide de les ôter, la luminosité est faible. De toute façon, je n'y vois pas assez bien pour choisir correctement mon itinéraire. Je reste sur l'arête du col, tout en rassurant Sandrine, avant de venir buter sur la pente de la Bérangère. La suite, je l'ai bien en tête; Je remonte la pente raide puis traverse sous le gros bloc pour rejoindre l'arête.  Courte descente puis petite remontée sur le fil (il y a 2 ans, avec Yves j'avais cassé un crampon dans le mixte pourri un peu en dessous, je ne me souviens plus pourquoi l'arête ne passait pas) . C'est plutôt rando. Je sais qu'il ne reste plus grand chose. Juste un petit pas d'escalade. Je lis dans le regard de Sandrine son inquiétude.  Je remonte rapido le petit bloc et l'aide à me rejoindre, je termine la trace jusqu'au sommet ... YES.

Sandrine arrive heureuse. Le grésil est là, mais on devrait être vite au refuge.

L'autre cordée arrive, ou plutôt elle sort du brouillard . On papote, et on ne traine pas. On attaque la descente, esthétique sur la petite arête avant de retrouver le grand névé. Je m'enfonce , à fond, je n'aurai fait que ça toute la journée. On fini par se décorder et enlever les crampons. Je dis à Sandrine de partir devant, je rangerai le matos.

La manœuvre de rangement prend du temps, Sandrine est loin devant. J'ai toujours peur qu'elle se perde... Je pars donc le dernier. Je glisse sur les fesses quand je peux. Mais mon sac s'enfonce souvent pas mal et il me faut marcher. Je rattrape la cordée , et dépasse ses deux membres. Je vois au loin Sandrine dévalant les pentes. La neige , à présent , c'est le grosse soupe infâme. J'avance rapidement et rejoint le refuge ou un bouquetin m'accueille. Le truc qui est bien, on a décidé de redormir là et de ne descendre que demain.

Quand je rentre dans le refuge, je vois le piolet de Sandrine, ouf, elle est là. Je range le matos et fait sécher dans le séchoir les fringues humides. Quand je rentre dans la grande salle, je suis fier comme Artaban. Sandrine est là, elle est arrivée il y a 20 minutes ! Pas mal pour quelqu'un qui a mal au genou ! . on papote, on debriffe. On donne même quelques infos concernant les conditions à des guides (la classe non ?)

L'autre cordée arrive, on papote. on mange une omelette au reblochon, divine avant une sieste tout aussi divine . Il neige tout l'après midi. Les cordées qui arrivent au refuge, sont trempées.

Vin chaud (promis) merci -  repas du soir et au lit.

Ce soir, le refuge est plein

 Alpinisme : Traversée des Dômes de Miage - 3673 m Alpinisme : Traversée des Dômes de Miage - 3673 m
 Alpinisme : Traversée des Dômes de Miage - 3673 m Alpinisme : Traversée des Dômes de Miage - 3673 m
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6 h, on déjeuné tranquille avant de quitter le refuge. il a neigé 20 cm, on attaque la descente dans une bonne ambiance. On met les crampons pour les névés raides. Sandrine me fait rire en se moquant de moi et de mon coté "chef". On rejoint le glacier et sa pente de glace qui stresse Sandrine. Quelques coups de crampons et de piolet plus tard on est en bas. No soucy. On opère le même contournement pour  éviter la portion d'escalade. En dessous on observe une magnifique cascade. Puis c'est la longue et désagréable descente du glacier tout en rocher.

Heureusement la plage nous attend, mais on n'y pose pas notre serviette. Et hop, il faut remonter au mauvais pas. Par chance quelques bouquetins nous accueillent à Tré la Tête.

La descente de tré la tête est moins marrante avec un genou douloureux. Mais on arrive tranquillement à la voiture avant de renter à la maison

 

FIN

 Alpinisme : Traversée des Dômes de Miage - 3673 m Alpinisme : Traversée des Dômes de Miage - 3673 m Alpinisme : Traversée des Dômes de Miage - 3673 m
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Vidéo Alpinisme - Mont Blanc 4810 m - Conseils Techniques - Le Mont Blanc pour les nuls

Vidéo donnant de multiples conseils pour l'ascension du Mont Blanc par l'arête des bosses

Si vous avez des questions, équipement, acclimatation, nutrition, ou autre, n'hésitez pas à m'en faire  part en commentaire !

Bonne course ! smiley

 

 

Mont Blanc 4810 m - mes 12 ascensions

Apoutsiak — Mont BlancMassif du Mont Blanc

 

Mont Blanc arête des Bosses 1992

 

Mont Blanc par les 3 Monts 2000

 

Mont Blanc arête des Bosses 2002

(bivouac au dessus de l'aiguille du Gouter)

 

Mont Blanc arête des Bosses 2005

(bivouac au col des Dômes 4300 m)

 

Mont Blanc traversée de l'aiguille de Bionnassay 2006

 

Mont Blanc Traversée : Arête des Bosses - 3 Monts 2009

 

Mont Blanc arête des Bosses à la journée 2011

 

Le Mont Blanc en Amoureux 2013

voie normale arête des Bosses

 

Mont Blanc Arête de Peuterey puis fin de l'arête du Brouillard - 2016

avec Yannick Grazinani

arête de Peuterey - Bivouac à Eccles - Pointe Louis Amédée - Mont Blanc de Courmayeur

 

Mont Blanc - Mont Maudit 2017

le 81ème 4000 (par l'arête des Bosses et le sommet en aller retour

 

Mont Blanc - Père et fils 2018

arête des Bosses

 

Mont Blanc du bas à la journée 2019

Bionnassay Mont Blanc 32 km - 3400 m de déniv

 

Mont Blanc 4810 m - mes 12 ascensions
Mont Blanc 4810 m - mes 12 ascensionsMont Blanc 4810 m - mes 12 ascensions
Mont Blanc 4810 m - mes 12 ascensionsMont Blanc 4810 m - mes 12 ascensions
Mont Blanc 4810 m - mes 12 ascensionsMont Blanc 4810 m - mes 12 ascensions

Alpinisme : Mont Blanc à la journée depuis Bionnassay

Apoutsiak — Mont BlancMassif du Mont Blancalpinisme4000

Un vieux rêve, enfin réalisé .

 

En chiffres, c'est pas très romantique, mais ça donne :

32 km

3400 m de dénivelé

19 h 35 !

 

Vidéo :

Topo

 

Accès parking :

Après Saint Gervais, sur la route des Contamines Montjoie, prendre la petite route à gauche qui monte raide et rejoint le hameau de Bionnassay puis le parking des Crozats (1405 m) parking gratuit, toilettes.

Mont Blanc depuis le bas (Bionnassay)

Du parking des Crozats (1405 m), rejoindre la piste qui surplombe le parking (et part vers l'est), passer le Planet et poursuivre vers l'Are (on peut également rejoindre Bellevue puis suivre les rails du TMB, mais c'est interdit, et moins joli !)

Le sentier traverse un alpage et commence à monter le long du glacier  de Bionnassay (quelques passages équipés (câbles, marches) puis un bon sentier amène au Nid d'aigle (2372 m)

De là, on prend le sentier qui mène aux Rognes (névés en début de saison) puis le suivant qui ramène à hauteur du refuge de Tête Rousse (baraque de la brigade blanche en haut). Remonter le glacier de Tête Rousse et par une pente puis 2 pas d'escalade rejoindre le Grand Couloir.

Le traverser, prudemment (attention à la descente en général l'après midi, chutes de pierres +++) Remonter ensuite en suivant les câbles puis la sentes qui ramène à l'éperon qui longe le Grand couloir. Rester globalement sur le fil de l'éperon, sauf sur la dernière partie ou on se retrouvera un peu plus à droite. En 2019, des points rouges biens visibles ont été peints, facilitant la recherche de l'itinéraire. En suivant les câbles, on rejoint l'ancien refuge du Gouter.  3817 m.

Remonter derrière le refuge la pente de neige (équipée) et suivre l'arête qui passe au dessus du nouveau refuge du Gouter. On remonte alors les pentes du Dôme du Gouter en contournant la zone de séracs par la droite puis en bifurcant à gauche à 4200 m pour passer à l'épaule du Goûter (4280 m environ) Faux plat descendant pour rejoindre le col des Dômes (4236 m)

Petit coup de cul pour rejoindre le bivouac Vallot (4362 m) La pente se raidit pour atteindre la Grande bosse, puis la petite bosse, on passe à proximité de l'éperon de la tournette avant de gagner le sommet du Mont Blanc par l'arête (4808 m)

Descente

Par le même itinéraire, attention à la traversée du Grand Couloir - chutes de pierres)

Alpinisme : Mont Blanc à la journée depuis Bionnassay

Récit

3400 m ... 3400 m ... 3400 m .... suis je capable de gravir 3400 m de dénivelé en une journée. Mon maximum doit tourner autour de 2700 m, et encore, avec les descentes à ski. Je tourne le problème dans tous les sens, je n'ai pas la réponse. Bon, pour me rassurer, je sais que j'ai déjà gravi le mont Blanc depuis le Nid d'Aigle à la journée, et j'avais du redescendre jusqu'aux Houches au retour, ayant raté le dernier train... Ça rajoute juste 900 m de dénivelé...

J'avoue que l'idée de gravir le Mont Blanc, à la journée depuis le bas, me trotte dans la tête depuis quelques temps. Ça fait parti de ma "todo list".

Je scrute la météo, la semaine précédente, canicule, pas bon pour la traversée du Grand couloir. Chaque jour je me fais un petit point météo. La prévision s'améliore, pas d'orage le soir, par contre la canicule sera bien là, limite température positive au sommet !

J'attends le samedi matin pour prendre ma décision. Météo ok, pas d'infos sur la Chamoniarde concernant les conditions, on fera sans. Feu vert pour le sommet.

 

Bon, ce samedi, je bosse jusqu'à 15 h. Dès que j'ai fini, je charge la voiture, en route pour Chamonix; En fait, je dis en route pour Chamonix, mais c'est plutôt Saint Gervais l'objectif. Arrivé sur zone, je prends la raide petite route de Bionnassay et retrouve le parking du Crozat.

je croise deux randonneurs qui terminent leur rando, un joli tour passant par Bellevue, le Nid d'Aigle et la descente sous le glacier de Bionnassay. On passe un bon moment à échanger nos expériences. La suite, c'est, repas frugal, lecture (La Gouteuse d'Hitler de Rosella Postorino pour ceux que ça intéresse...) et tentative de dodo à 20 h. Pas très efficace. Il y a du passage à tout moment sur le parking, et même si les gens sont plutôt discrets, ça fait du bruit !

Bim, il me semble avoir entendu le réveil. Allez zou je m'habille ... mais... il me semble... je regarde ma montre ... 23 h 45. Flûte, trop tôt, mon cerveau a buggé je me recouche tout habillé. Je ne dors pas ... 00 h 10, ça sonne, pour de vrai ! L'avantage, c'est que je suis déjà habillé, petit déjeuner rapide, un ersatz de Redbull, et c'est parti !

 

Alpinisme : Mont Blanc à la journée depuis BionnassayAlpinisme : Mont Blanc à la journée depuis BionnassayAlpinisme : Mont Blanc à la journée depuis Bionnassay

Je gagne, la piste, et je remonte dans la nuit noire vers les cimes. Bon, pour l'instant, on ne s'emballe pas, je n'y suis pas encore. Je passe à coté d'un troupeau de mouton. Un patou aux dents acérés m’aboie dessus. Puré, je vais me faire dévorer à 5 minutes de la voiture, mon projet était plus ambitieux... On retrouvera des lambeaux de corps sur le bord du chemin demain matin. Peut être qu'il ne restera plus rien, je serai porté disparu. Le PGHM ira sans doute en hélico sonder les crevasses du glacier pour retrouver mon corps, puis au bout de 10 jours, l'abandon des recherches sera proclamé, forcément, ils n'auront pas cherché au bon endroit...

Mais, par chance, et uniquement par chance, je suis passé? Sans doute le patou n'avait il pas assez faim, ou ma viande n'est peut être pas appétissante, ça en serait presque vexant ! Je survie donc à ce premier obstacle imprévu. Plus loin, un chevreuil vient me rappeler que j'entre dans le wilderness (pour les non anglicistes, google trad est ton ami). Le halo de ma frontale éclaire mon chemin, qui se met à grimper dur, je rejoins l'alpage de l'are. Les yeux des vaches d'Herens brillent. Je traverse le long plat et le sentier se remet à grimper, ça tombe bien, l'objectif est plus haut...

Je croise une première "échelle", en fait il s'agit d'une succession de marches métalliques, le sentier est ardu, il sillonne dans une falaise, croisant ça et là une cascade, ça doit être beau... De jour, vivement le retour ! Il y a pas mal d'eau lorsqu'il faut traverser les torrents, et j'humidifie le bout de mes baskets dans ces passages  à gué. Rien de grave.

Au dessus, des bouquetins m'accueillent au milieu de la nuit. Leurs yeux brillent, eux aussi, sous les étoiles. En un peu plus de 2 h je rejoins le Nid d'Aigle, déjà 900 m de dénivelé avalés !

Le timing est respecté.

 A pour le timing, je me suis prévu (pour ceux que ça intéresse) :

2 h du parking au nid d'Aigle

2 h Nid d'Aigle - Tête Rousse

2 h Tête Rousse - Goûter

4 h 30 - 5 h Gouter Mont Blanc

Hors pause soit un total de 10 à 12 h en fonction de la forme

Je n'ai rien anticipé pour la descente.

 

 

Alpinisme : Mont Blanc à la journée depuis Bionnassay

Au dessus, je connais, je suis passé par là à de moultes reprises. J'ai emmené au sommet du Mont Blanc, amis, femme ou fils, sans compter les tentatives en solo avec bivouac au col des Dômes, bivouac au Gouter (ce deux dernières quand c'était autorisé, à la belle époque ! ) , ou ascension à la journée depuis le Nid d'Aigle.

Un petit bout de piste, puis un sentier puis rapidement... la neige. Bon je suis les traces en leur faisant confiance. C'est par moment plus raide, parfois moins . Les baskets n'adhèrent pas top dans cette neige gelée, j'ai prévu de basculer en mode alpiniste à hauteur de Tête Rousse. Pas de lune, le ciel est d'encre, personne à l'horizon, je progresse, je sais que les cordées doivent partir des refuges au dessus.  Ma solitude est complète, elle ne va pas durer. Dans la nuit, j'ai du mal à reconnaitre l'endroit.  Petite hésitation, mais je poursuis et je me retrouve à hauteur des Rognes. la suite est plus facile, il n'y a plus de neige, il suffit juste de retrouver le sentier qui mène à Tête Rousse. A gauche, les lumières de Chamonix, à droite, celles des Contamines... C'est beau, mais je ne traine pas, il y a encore de quoi s'occuper au dessus.

J'arrive enfin à la hauteur de Tête Rousse. Et là tel superman, ou plutôt tel le têtard se transformant en grenouille, la chenille en papillon,  le trailer fatigué, se transforme en alpiniste affuté... ou presque. (ah flute, j'ai oublié de placer mon abracadabra ...)

Alpinisme : Mont Blanc à la journée depuis BionnassayAlpinisme : Mont Blanc à la journée depuis BionnassayAlpinisme : Mont Blanc à la journée depuis Bionnassay

Bon, c'est ma première pause, 3130 m environ : ça fait déjà 1700 m de dénivelé, je suis  à la moitié, mais quand on y réfléchi plus précisément, les difficultés sont devant moi : la montée au Gouter plus technique, puis l'altitude au dessus de 4000 m et la fatigue qui va se cumuler , je ne devrai plus être trop frais après 3000 m de déniv. Et je ne compte pas la descente, mais ça, on verra après !

Le jour point, à droite, le refuge de Tête Rousse, dont les derniers candidats au sommet s'extirpent. Derrière, l'aiguille de Bionnassay se dévoile, devant les lucioles sont partis à l'ascension du grand couloir, certains sont même à proximité du refuge du Gouter. Celui ci joue le rôle de phare dans la nuit.  Le tableau est sombre, mais c'est beau.

Et hop, c'est reparti, les crampons sous les pieds. je remonte le glacier et me retrouve derrière une cordée. Visiblement ils viennent des pays de l'Est. On vient buter sur le couloir, je troque mes bâtons contre mon piolet. Je demande à mes Estiens (les habitants des pays de l'Est) si je peux leur passer devant, ils ne sont pas prêts. Et go, je traverse le couloir rapidement, mais sans trop me presser au risque de m'emberlificoter les crampons. Car il y a plusieurs techniques pour traverser le couloir, je vais les décrire ici.

Le Fangio : le Fangio a eu connaissance de la dangerosité de l'endroit. il connait la règle qui veut que moins tu reste au contact du danger , moins tu prends de risque, donc il bourrine, à fond tout en maitrisant sa trajectoire, c'est très spectaculaire à voir, et efficace

Le Ayrton Senna : (j'sais pas si c'est correct d'écrire ce qui suit) De même que le fangio, il speed, mais au détour d'une goulotte, il se prend le crampon dans la lanière de se guêtres, Bilan, il évite les pierres, mais pas la chute qui 'emmène loin la bas au fond du couloir. On a peur rien qu'au moment où il démarre la traversée.

Le Contemplatif : Le contemplatif sait que le danger vient du dessus. Il  avance lentement, inspectant scrupuleusement les pentes au dessus de lui. Il n'a pas trop conscience de la vitesse des chutes de pierre et de leurs rebonds aléatoires. Le contemplatif prend son temps, mais parfois il traverse.

Le prudent : lui, il sait que le danger vient du haut, mais également de sa technique. bilan, il avance prudemment, mais régulièrement, scrutant de temps en temps les affres du couloirs. Je crois que je fais parti de cette dernière catégorie.

le Cartomancien : lui, tout simplement, il ne met pas de casque, il sait que les pierres vont l'éviter, il l'a lu dans sont horoscope ce matin. Les oracles sont favorables et sa allège le sac. Jusqu'au jour où ...

Tiens voilà justement un trailer qui passe... sans casque !

 

Alpinisme : Mont Blanc à la journée depuis Bionnassay
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De l'autre coté du couloir, je range le piolet et les crampons avant d'attaquer la suite. J'avoue que mes quelques expériences me sont du grande aide, sans compter les nouveaux points de peinture rouge très utiles pour s'orienter. Et je galope, je maitrise, tel Thésée, les méandres de ce labyrinthe, toute proportion gardée bien sûr. Je garde un œil sur la gauche, le grand couloir dégueule déjà quelques pierres et nous ne sommes que le matin. Comment se passera t'il tout à l'heure à mon retour ? Je commence  à croiser des cordées, d'abord celles qui ont fait l'ascension hier et redescende du Goûter aujourd'hui, puis celle qui sont partis tôt ce matin. Je dépasse les dernière cordées parties depuis Tête Rousse. Voilà les derniers câbles et l'ancien refuge du Goûter. Il est 7 h , j'appelle Sandrine pour lui indiquer ma position, pour l’instant tout va bien. Je grignote et je remets les crampons. Une cordée sympa dépassée un peu plus bas me repasse devant. Je me remets en route, plus que 1000 m, à présent, il va falloir gérer l'altitude.

Je traverse l'arête du Gouter sans m'arrêter au nouveau refuge. Et j'attaque la grande pente du Dôme du Gouter. Une première cordée me dépasse, puis une seconde. Oh la vache, la fatigue. Je ressemble au capitaine Haddock dans Tintin au Tibet. Je décide de faire une bonne pause à l'épaule du Dôme, mais elle est encore loin l'épaule du Dôme. Une envie de dormir me prend. Mon rythme est devenu très lent. Finalement, il faut que je m'arrête tout de suite. Mais, fort de mon expérience, j'ai la solution (même si c'est la première fois que je l'utilise) Un ersatz de redbull au fond du sac. Je bois l'infâme breuvage,  et bingo, ça marche, en 5 minutes, je suis moins fatigué. Bon, je ne vais pas très vite, mais la grosse fatigue est passée.

 

Alpinisme : Mont Blanc à la journée depuis BionnassayAlpinisme : Mont Blanc à la journée depuis Bionnassay
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 Je traverse quelques crevasses, profondes, il faudra se méfier à la descente. A droite, sur l'aiguille de Bionnassay, des cordées tels des funambules sur l'arête, progressent. La corniche est petite à présent, elle s'est effondrée. l'arête est moins jolie !

Je rejoins l'épaule du Dôme ou règne un alpiniste allongé, je prends de ses nouvelles, en anglais, il revient du sommet et tout va bien . Parfait, je poursuis dans la descente, légère , vers le col des Dômes où j'avais bivouaque en 2005, le réveil n'avait pas été facile  !

Et hop, il faut rattaquer la petite pente qui mène à Vallot. Je croise quelques cordées et me retrouve sur le plat. Plus que 400 gros mètres, les plus jolis, sans aucun doute.

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Et c'est reparti vers le haut, je rejoins l'arête de la grande Bosse. Une cordée arrivent du dessus, ente nous, un trou ! Une grosse crevasse. Je branche la Go pro trop tard pour filmer le passage de la cordée. Tant pis, je la laisse tourner, si jamais je tombe dans le trou, ça permettra aux gendarmes de comprendre ce qui s'est réellement passé. Bon par chance, j'évite la chute, le trou était profond et je continue au dessus.  Voilà la petite bosse, jolie, élégante, je la traverse, avant de remonter en direction des rochers de la Tournette. A gauche, d'ancienne trace de ski  me narguent dans la face nord, oui, cette face Nord à ski, c'est mon rêve, j'attends juste les bonnes conditions (et le partenaire dispo pour m'y lancer !)

L'énorme crevasse qui barrait le haut de la face à 4700 m n'est pas un obstacle, pour l’instant cette année. Je sais qu'il ne reste plus grand chose. Je fonds sur deux alpiniste qui peinent à fond. je les dépasse en les encourageants le sommet est à moins de 10 minutes !

Le voici, YES !

 

Et de 12. Oui, c'est la douzième fois que je foule ce sommet, et j'avoue que je ne m'en lasse pas ! J'ai d'ailleurs encore d'autres projets, soit à ski avec descente face nord soit en alpi, j'adorerai gravir la Brenva...

Vu qu'on est au sommet, je me dis que je vais tenter la roue, que j'avais réussie à l'Elbrouz. Bon, là je tente, et je me ramasse. Je me relève, me remets en position de départ, puis je laisse tomber, je sens que je n'ai plus assez de puissance pour la faire... tant pis.

Je me fais une bonne pause, avant de repartir.

Alpinisme : Mont Blanc à la journée depuis BionnassayAlpinisme : Mont Blanc à la journée depuis Bionnassay
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Alpinisme : Mont Blanc à la journée depuis Bionnassay

Et zou, il ne reste que 3400 m de descente. J'avoue que je ne me suis pas amusé à calculer le temps de descente, trop aléatoire et dépendant trop de mon état de forme.

Je recroise la cordée sympa 250 m sous le sommet. Ça fait du bien. J'enchaine les passages clefs, quelques nuages s'élèvent, mais ne m’inquiètent pas. Je ne descends pas très rapidement les jambes sont un peu lourdes, je l'avoue. Je rejoins une cordée de catalans ,on discute (ils parlent Français, c'est une chance, car mon catalan est plus que limité !) Puis je leur passe devant avant de filer sur Vallot.

Petite descente et on attaque la rébarbative remontée à l'épaule du Dôme. c'est dans la tête. Il fait chaud, j'ai les jambes qui ont 3400 m de déniv dans les fibres musculaires, mais il faut encore monter. Je parviens en haut et me lance dans la descente du Dôme. Les crevasses sont menaçantes, il faut faire de grand sauts, les réceptions sont aléatoires. Quand tu passes au dessus, tu vois qu'elles sont larges et sans fond. C'est pas le truc le plus intelligent du monde de se balader à cet endroit à cette heure ci non encordé. Trop tard pour renoncer, le salut est vers le bas. Je saute comme je peux les terribles obstacles, amortissant comme je peux les réceptions, ça serait dommage que la lèvre se casse sous mon poids !

Arrive le deuxième obstacle casse moral de la descente : la remontée vers les refuges du Gouter.  Tout au mental comme d'hab', sans trop de vitesse mais sans s'arrêter. je passe à nouveau devant le nouveau refuge, sans un regard. Et nouvelle pause à l'ancien refuge pour enlever les crampons. Là 2 Russes semblent perdus, il viennent des 3 monts et ne connaissent pas la descente; Je leur explique, qu'ils doivent suivre l'éperon, les câbles et le grand couloir. Ils veulent descendre à Chamonix, de toute façon, pour le train, il est trop tard. je leur dis de suivre les rails jusqu'à Bellevue, avant de descendre aux Houches avec un H ! Ils semblent satisfaits.

Je peux repartir.

 

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Le début de la descente est laborieux. Les câbles me gênent et je ne suis pas positionné comme je voudrai sur les prises. Finalement je finis par trouver le sens de la marche et à être plus efficace.  A droite, le Grand couloir est inquiétant. Une sorte de cascade continue due à la fonte des neiges en haut. Ça emporte des blocs de pierres et les chutes de pierres sont fréquentes. C'est lugubre et assez stressant quand on sait qu'on va passer 400 m en dessous. 

J'avoue avoir averti les alpinistes du bas de grosses chutes avec ma grosse voie. "Pierre !" " Pierre !"

Un gars me rattrape et me suit. Je lui demande s'il veut passer devant. En fait non. Bon ben je lui propose de descendre ensemble et de traverser le couloir ensemble, l'un surveillant l'autre, ça sera plus prudent.

Proposition validée, on descend donc ensemble en papotant. Ce qui est étonnant , c'est qu'il a fait le même truc que moi en partant 2 h avant du parking où il était monté en vélo depuis chez lui ! C'est marrant de se retrouver !

Je suis dans le rythme et on descend tranquillement mais surement. Voilà le départ de la traversée. Je suis prêt en premier, je pars donc en premier tandis qu'il me surveille. Les chutes de pierre ont créé une "ornière" de 3 m de large au milieu du couloir. Ça passe bien pour moi, je me mets à l'abri en face.

C'est son tour, je surveille le haut du couloir qui semble être continuellement en mouvement. Des pierres chutent mais sont parfois arrêtées par la neige. Je donne le feu vert, il part, à mi chemin je lui dit de stopper, une pierre devrait tomber de mon coté. C'est bon, en haut, c'est toujours specaculaire, heureusement la neige bloque pas mal de projectiles. Fin de traversée, on poursuit sur le sentier en crampon avant de basculer sur le glacier de Tête Rousse et de rejoindre la cahute de la brigade Blanche.

 

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Ah la cahute

Il y a la un brigadier (ben oui, c'est la brigade blanche)

"Bonjour, on n'a pas la réservation pour les refuges en dessous on peut passer ?"

Ça le fait sourire

Je lui explique que j'aurais bien aimé savoir, moi s'il m'avait jugé compétent et assez solide pour sortir le Mont Blanc à la journée. Bon ben là c'est trop tard et il ne m'indique pas s'il l'aurait fait. Dommage.

On discute de la brigade, des trains, ah oui, les trains, et ben moi je suis favorable à ce qu'il y aie un train qui parte à 5 - 6 h du mat, ça permettrait aux alpinistes d'éviter le couloir en fin de matinée. Il valide mon idée mais m'avoue que c'est compliqué. C'est toujours facile de critiquer les alpinistes aux mauvaises heures aux mauvais endroit, mais quand on voie que les trains déversent les cordées au Nid d'Aigle à 9 h 9h 30, ben forcement elles se retrouvent vers midi dans le couloir.

Bon j'avoue que je n'ai pas attaqué Jean-Marc Peillex bille en tête, c'est son patron.

Parce qu'au fond de moi, je pense qu'il est paradoxal de faire une communication sur Zidane au sommet (monté en hélicoptère au col des Dômes), ou PPDA ou Gérard Holtz, et dire aux mondes que le Mont Blanc n'est pas pour tout le monde.

Il est paradoxal de dire qu'il y a trop de monde sur la voie normale et vouloir rouvrir l'ancien refuge du Gouter...

Il est vrai que ce sommet est gravi par des gens qui n'ont rien à faire là, mais les mesures de restrictions me sont insupportables.

Enfin, que dire des guides qui réservent deux nuitées sur les refuges pour assurer le sommet. Deux nuitées, c'est empêcher quelqu'un de pouvoir réserver. Et ça, personne n'en parle, oui, je dénonce ! (ce blog n'est vraiment pas un blog plan plan, il est engagé ) Une cordée, ça devrait être une nuitée.

Fin du coup de gueule

Je rapelle que je n'ai rien dit de tout  cela au brigadier, reste à espérer que Jean-Marc me lise. J'ai comme un doute.

Et même s'il me lit, il y a peu de chance qu'il se dise : "mais oui, il faut que je contacte ce gars, qui a  de supers idées." Peu de chances....

 

Alpinisme : Mont Blanc à la journée depuis BionnassayAlpinisme : Mont Blanc à la journée depuis BionnassayAlpinisme : Mont Blanc à la journée depuis Bionnassay

On est reparti vers le bas, sur le sentier puis dans les névés sous les Rognes. Je suis descendu sur le cul, dans la neige. Au loin, des orages éclatent au  dessus des Contamines. Ça serait pas mal de ne pas se faire tremper avant la voiture. On surveille les éclairs, inquiétant... On va finir comme dans premiers de cordée, foudroyé sur un rocher. Je repense que j'ai un piolet dans le dos, dressé vers le ciel. Tel un paratonnerre, qui ne parerait pas grand chose à part attirer la foudre. Je raconte à Arnaud mes épisodes de foudre aux Dômes de Miage, le plus terrible orage  de ma vie !

On fait une pause pour récupérer de l'eau, ça fait du bien. Je commençais à être complètement déshydraté.

Passage au Nid d'Aigle, fermé. reste les 900 derniers mètres. D'abord un joli sentier avec plein de bouquetins qui ont la fâcheuse tendance à occuper le sentier. Et quand ils daignent nous laisser la place c'est pour descendre sur le lacet suivant.  Ça nous amuse.

Il pleut quelques fines goutes juste de quoi nous rafraichir, on surveille l'orage qui semble passer derrière l'aiguille de Bionnassay pour aller chez nos amis trasalpins, excellent choix, merci à eux.

S'en suit la partie plus technique, des câbles et des pieux qui bringuebalent... On traverse de superbes cascades.

Puis vient la partie finale. J'appelle Sandrine, il ne reste que 20 minutes. Bon, 20 minutes, c'est mon estimation, car 20 minutes plus tard,  je vois un panneau : parking 45 minutes. Je rappelle pour indiquer que je me suis un peu emballé, j'ai pris mes désirs pour des réalités. Je crois que je suis monté plus vite que je ne suis descendu. Arnaud a la pêche, mais il a la gentillesse de m'attendre. On croise des alpinistes qui vont bivouaquer avant le sommet.

Le temps de ralenti, mes pieds frottent dans mes chaussures et j'ai les pieds recroquevillés.

C'est long, c'est beau mais c'est long. Je passe devant le patou à pas feutrés. Il ne m'a pas vu. Ouf. Arnaud quant à lui est parti cherché son vélo caché dans la forêt.

Je parcours les derniers mètres, ouf ! Ils est 20 h

19 h 35 sur la montagne !

32 km et 3400 m de déniv.

 

10 minutes plus tard, je vois Arnaud arrivé, dépité, on lui a piqué son vélo ! La loose absolue. Je le ramène chez lui, mais c'est vrai que ça gâche un peu la fête. Reste juste à espérer que ça soit le propriétaire du champ qui se soit énervé. Ça y est, il pleut l'orage est là. Je laisse Arnaud au Bettex et prend la route e la maison. Bien fatigué. J'arriverai à minuit 10 à la maison, pile 24 h après mon réveil !

 

Fin d'une bonne grosse journée comme je les aime

Qui a dit que j'étais un bourrin ?

 

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