Kilimanjaro 5895 m - 2ème partie
Seconde partie du Trek au Kilimanjaro (et sommet ! )
Karanga camp 4200 m
High camp - Brafu Hut - 4700 m
Sommet - 5895 m
Mwekacamp - 3100 m
et Mweka gate
Vidéo :
Récit :
Karanga camp (camps des cacahuètes)
Je me lève tôt, avant le lever du soleil.
Mer de nuage gigantesque.
le camp est encore endormi.
Je me trouve un confortable rocher, et je profite de ces instants calmes. Certains porteurs sont déjà en action. La journée s'annonce magnifique. Sandrine se réveille, rangement, toilette, petit déjeuner, départ. La journée est annoncée courte. Je suis toujours autant surpris de voir le monde ! La file de trekkeurs et de porteurs est impressionnante ! Agoraphobe s'abstenir. Comme chaque jour, on va un peu plus vite que la plupart des groupes de trekkeurs. Notre ordre de passage est immuable, Emmanuel, Sandrine, ma pomme puis Holson. On discute, on chantonne. Ça grimpe doucement au milieu des gros rochers ronds : sans doute les cacahuètes qui ont donné leur nom au camp (au Teide, dans les Canaries, les gros rochers ronds ont pris le nom d’œuf du Teïde ! )
Passage à une épaule avant d'attaquer une descente un peu vertigineuse. Je me la fais au début à fond, avec les porteurs. Mais assez vite, je me mets à bouchonner dans un groupe de trekkeur. Dommage. Arrivé en bas, il me faut attendre Emmanuel et Sandrine. J'observe les porteurs faire leur pause, certains sont bien fatigués.
Je commence à en reconnaître certains, on se fait un petit signe de loin.
"Kazym Géma" : bon courage !
Sandrine arrive. Pause tous ensemble, j'attaque ensuite la raide montée au camp avec Holson, à fond, au milieu des porteurs (j'arrive même à en dépasser ! )
On parvient à l'arête qui mène au camp. Passage au bureau des rangers, puis je me pose sur un rocher pour attendre Sandrine et Emmanuel, qui arrive tranquillement, en papotant. Arrivé à la tente, ça put les chiottes qui sont juste à coté, sous le vent. Bilan, toutes les tentes sont déplacées de 20 m.
Au dessus, on voir arrivé des trekkeurs venus du sommet, mals en point, des types de 100 kg soutenus par de frêles porteurs !
Incroyable.
Repos, avec Sandrine on se bat pour leur seul livre qui reste (oui, moi j'ai emporté un bouquin tout pourri, que j'ai fini dès le deuxième jour) bref, je pique le bon polar de Sandrine, chaque jour. Gouter, puis repas, puis test oxymètre et questionnaire médical (comme chaque soir )
On se couche tôt, réveil à 11 h 00 (de ce soir ... ! )
23 h
Réveil, sac préparés puis déjeuner. Sandrine a du mal à manger (Ce sont pourtant les excellents pancake de Novatus).
Moi je mange, puis je me prépare, tôt. Je vois les groupes de trekkeurs partir par paquets de 10 ! Les frontales en file indienne. On ne va pas être devant !
Enfin, on est prêt, il fait froid, c'est la nuit noire, pas de lune. Départ, on quitte rapidement le camp (notre tente est une des plus en hauteur) On attaque vite les dalles au dessus du camp. Un peu d'adhérence à minuit, rien de tel pour se réveiller. Le rythme est ultra lent. On rattrape des groupes, on les dépasse, un à un.
On passe les 4810 m, altitude du Mont Blanc. Je le signale à Sandrine. C'est marrant, ça me fait toujours quelques chose de dépasser cette altitude.
Au dessus, il y a le camp des "riches", ça leur fait moins de dénivelé à faire. Le givre est là, on éclaire les tentes dans le halo des frontales. Tout va bien sur ce replat. On fait une première pause à peine au dessus. Boire beaucoup pour éviter le mal des montagnes, telle est la consigne.
Et on refile au dessus. Des groupes nous sont repassés devant, tout est à refaire. Quand tu es dans la file des trekkeurs, c'est un peu la galère, dès que l'un d'eux s’arrête, tout le monde s’arrête. impossible de prendre un bon rythme !
5000 m , barrière dépassée .
Toujours dans le monde, je dis à Emmanuel que je préférerais être devant l'énorme groupe, plutôt qu'au milieu. Sandrine valide ma proposition. On repart. On dépasse et on se retrouve tranquille, entre deux groupes.
5200 m, altitude de l'Iztaccihuatl, un volcan du Mexique, gravi l'an dernier. Toujours le noir, le halo des centaines de frontales, Sandrine dans les pas d'Emmanuel. Avec ma Petzl hyper puissante, je me fais des petits panoramique pour voir le paysage autour de nous ...
Tout va bien, on fait des petites pauses pour boire et éviter le MAM. Je suis en bonne forme, il faut dire, le rythme est très lent. Le froid est mordant, on regrette d'avoir oublier d'emmener des cuissards de la maison... Mais on a deux pantalons l'un sur l'autre.
régulièrement, Emmanuel s’inquiète de savoir comment on va. Bon ben nickel ! On chante un peu pour passer le temps.
Les guides discutent, il y a un problème, on marche trop vite, à ce rythme là on va arriver trop tôt au sommet, bien avant le lever du soleil. Il va falloir faire de pauses pour attendre le soleil...
Le problème c'est qu'il y a du vent. Je passe un peu devant, "faire la trace". dans le même temps, je cherche un endroit abrité du vent où faire la pause. Je trouve enfin une petite place sous une grosse barre rocheuse, parfaite. Pause.
On repart : 5630 m ... à 32 m du est à l'altitude du Pico de Orizaba, à 36 à celle de l'Elbrus
Bon, ben ça y est, j'ai dépassé mon record !
Et on monte, sur le sentier en cailloux
On arrive à Stella point, le bord du cratère, grand froid, nuit encore noire. 3 photos et en avant !
Il est trop tôt, on fait une première pause à l'abri du vent, alors que le sommet est tout proche, puis une seconde. On voit au loin le premier groupe au sommet, nous serons les seconds. Le soleil se lève à 6 h 30, il est 6 h 15. Mais ici, contrairement à chez nous, le soleil ne point pas. Il se lève d'un coup.
Bon, il point quand même un petit peu...
On repart, les derniers mètres, le fameux panneau, personne ne parle, juste le silence, le vent et le froid. YYYYYEEEEESSSSS ! On est là à deux, en amoureux, au sommet du Kilimanjaro ! avec nos deux supers guides !
Le soleil n'est pas encore là, mais le jour point.
Emmanuel a froid (il n'a pas osé l'avouer mais j'ai bien vu qu'il était pressé de redescendre ! ) Un énorme groupe s'approche derrière nous, on ne traine pas !
Demi tour, sur le cratère, on commence à croiser du monde, à gauche je vois le soleil qui sort des nuages. Pas un énorme soleil comme dans les reportages sur l'Afrique, mais un tout petit soleil bien lointain, il n'est pas prêt de nous réchauffer. Les trekkeurs ne l'ont pas vu, alors je leur annonce ! Moments magiques, à droite, les glaciers du Kilimanjaro et le Meru Peak, devant, le Mawenzi, second sommet du Kilimanjaro, avec à sa gauche, le soleil et une immense mer de nuage ! Le cratère à notre gauche n'a plus son fameux glacier, fondu depuis longtemps.
Les glaciers n'ont rien à voir avec ceux des alpes, ils sont posés là, attendant on ne sait quoi !
Tout est orange, les trekkeurs soufflent, les guides encouragent. On croise le "chef guide" avec son groupe, qui nous félicite !
Je galope vers le bas, ben oui, j'ai fait des photos, alors j'ai pris un peu de retard. En courant, j'envoie des panaches de poussières dans le ciel (mais aussi dans la tronche des trekkeurs à la montée, je m'en excuse, même si sur le coup, ça m'a un peu amusé)
Je rejoins Emmanuel et Sandrine. Holson me connait et me surveille. On se fait la descente à fond, en ramasse dans les rochers volcaniques, la descente est hyper rapide.
Stella point, nouvelle pause photo du panneau. Je file ma seconde paire de lunettes de glacier à Emmanuel qui a oublié les siennes ! il en est très fier !
On croise des trekkeurs en grosse difficultés en dessous de Stellapoint; ils n'iront sans doute pas au sommet.
Descente à fond en direction du cirque du Mawenzi. Le soleil commence enfin à chauffer, J'ai failli avoir froid. Je me demandais pourquoi il fallait des guêtres, en fait ça n'est pas pour al neige, mais pour a poussière de volcan qui pourrait rentrer dans les chaussures.
Sandrine, qui a des genoux délicats, descend à son rythme. Je ne luis ai rien dit et je n'ai pas encore calculé, mais on va passer de 5900 m à 3100 m soit 2800 m de descente dans la journée avec une pause au milieu ! Les genoux vont craquer en fin de journée.
On perd très vite de l'altitude, au détour du sentier on voit Novatus arrivé avec des boissons ! Cool. Mais il n'aurait pas du , il aurait du se reposer au camp, pour une fois qu'il avait une matinée à attendre.
Bon on profite de l’instant pour le remercier Asante Sana !
Puis on repart vers le bas , un porteur arrive pour ... prendre nos sacs ! Bon, ben moi je suis en pleine forme et je préférerai qu'il se repose. Je leur fait comprendre que je veux garder mon sac, que je sais que leur job est assez dur comme ça. Emmanuel m'explique que ça ne se fait pas, je lui dis de faire comprendre au porteur, âgé (il doit avoir près de 60 ans) les raisons de mon choix. On est passé prêt de l'incident diplomatique !
Bon au porteur suivant, je n'ai pas le choix, je dois donner mon sac !
J'aurai préféré qu'ils se reposent au camp.
Reste 200 m de descente, on parvient aux dalles au dessus du camp, qui me semblait moins raide ce matin. Novatus aide Sandrine, je galope vers le bas.
Petite sieste et petite collation !
Il était prévu qu'on reste 2 h, on ne restera qu'une heure.
Et, mauvaise nouvelle, Emmanuel doit nous quitter, de mauvaises nouvelles l'amènent à partir pour son village.
On a à peine le temps de se dire au revoir. Forcement on a les larmes aux yeux, le fier Massaï aussi.
Il nous confie aux bons soins d'Holson.
On repart vers le bas,
Sandrine a rapidement les genoux qui grincent, et pourtant le départ n'est pas très raide.
Holson me montre tout en bas le camp, je n'ose pas le montrer à Sandrine, il est si loin !
On avance , on retrouve petit à petit, la végétation. Les porteurs nous dépassent, à fond, on était au camp tout à l'heure, les tentes étaient montées, quand on arrivera au camp, 3 h plus tard, elles le seront également !
On traverse un camp vide (non utilisé quand on fait la voie Machamé). Petite pause boisson avant de repartir.
Le sentier est beau, mais escarpé. Sandrine a du mal à suivre mon rythme. Quelques courts passages d'escalade (raisonnables) des grandes marches, des rochers, c'est beau mais beaucoup moins roulants. pas mal de porteurs nous dépassent à présent. Ceux de notre groupe nous saluent ! Ça fait plaisir !
Le camp est si loin. Et pourtant on avance. De petits arbres encadrent le sentier, plus on descend plus c'est épais. On a perdu de vue le Kilimanjaro, et au détour du sentier, le camp, le panneau, les rangers, et en bas du camp, les tentes
Après midi lecture, On se dispute un peu pour avoir LE livre qu'il faut se partager ...
Sandrine a de nouveau des problèmes digestifs liés à une cétose désagréable.
et poulet frites le soir ! INCROYABLE !
Et distribution des pourboires. Un truc assez compliqué pour un Français. En gros il y a une sorte de tarif tacite, mais pas tout à fait, et tu ne peux pas donner ton pourboire comme tu le souhaites, il y a un ordonnancement. Bon, on pense avoir bien fait, sans faire de bourde... Mais la séance est assez "malaisante" comme disent nos enfants !
Réveil, tôt en ce dernier jour : 5 h
A 6 h nous sommes sur les sentiers. On galope vers le bas. Il y a 3 h de descente. On est de nouveau dans la forêt tropicale, sur un chemin en terre, bien tracé. On rattrape des groupes et on les dépasse, je finis par me retrouver devant; Je marche seul pendant un quart d'heure. Puis je me dis qu'Holson risque de s’inquiéter, je fais alors une pause, à un endroit, où, vu l'état de la piste et son aptitude à glisser, il devrait y avoir des chutes !
Bingo, j'assiste à de belle glissades. Sandrine dans l’intervalle, a fait connaissance avec une Bretonne. Le truc qui tue, son couple est sportif mais ils n'ont jamais fait de rando avant de venir au Kili ! Ben ça relativise ton exploit ! Si le moindre pékin peut venir faire ce sommet sans préparation...
Sandrine a mal au genou, je l'assiste dans la descente. Et pour la première fois, on fait une partie du chemin avec un autre groupe. Le sentier s’élargit, devient en parti goudronné. On voit deux singes au dessus des arbres nous narguer, ils sont trop loin pour faire de belles photos !
Reste quelques mètres, voilà la porte de sortie, Mweka - camp.
On passe à la maison des rangers, avant de recevoir notre diplôme d'ascension !
Il se met à pleuvoir, les larmes du Kilimanjaro.
on a droit aux fameux chant de porteurs.
On offre nos médicaments à Holson, mes chaussures de rando resteront là à gravir le Kili des dizaines de fois, je les passe au frère d'Emmanuel, qui les lui remettra. J'ai laissé un bout de moi au Kilimanjaro, mais je suis ravi que mes vielles chaussures finissent leur vie ici plutôt que sur une étagère de mon grenier.
Le Van nous emmène en ville, on fait des achats dans une boutique à touristes, puis direction l'hôtel, la douche, la piscine avec vue sur le kili, et son mojito. J'arrive à faire notre enregistrement sur les vols avec difficulté.
L'aéroport, la douane, l'attente, dans l'avion, on retrouve la fille de l'aéroport. Encore une fois le voyage est bizarre, on part vers le sud pour 2 h d'avion, pour une escale technique à Daar El Salam avant de repartir vers le Nord, et de passer au dessus du Kilimanjaro (de nuit, on n'a rien vu) et passer par Amserdam avant de revenir à Genève. On a presque survolé le chalet de maman où on avait rendez vous après avant d’atterrir !
FIN de l'aventure