Vidéo : Tsanteleina 3602 m face Nord et traversée
Ski de randonnée : La Tsanteleina , Face Nord et traversée Face Sud - descente par le glacier du Coaurd dessus et le col de la Bailletaz
by Apoutsiak
Ski de randonnée : La Tsanteleina , Face Nord et traversée Face Sud - descente par le glacier du Coaurd dessus et le col de la Bailletaz
Vidéo quelque peu autocentrée (je dirai même plus , un peu "moajemoaje"), mais vu que j'étais tout seul j'y ai été obligé, sinon vous n'auriez eu droit qu'à des paysages, certes magnifiques, mais un peu lassant au bout du compte.
Bonne lecture
A Bastien, la vengeance est un plat qui se mange par moins 10 degrés !
Une tentative sur ce sommet que je convoitais depuis un moment...
et un joli but, pour une raison étonnante : Bastien devait s'occuper de ses enfants à 21 h...
Chronique d'un échec annoncé.
La vidéo
Topo
Bourg Saint Pierre
Col de Panossière
Collet sous la pente finale du Combin de Corbassière
retour par le même itinéraire
Récit
4 h 30, Les Fourgs (France) Chaque tartine est avalée lentement, trop lentement. Les mâchoires se ferment sur le pain de la veille. Les sucs salivaires entrent en action, les estomacs se remplissent, pendant ce temps là, de précieuses secondes s'égrainent. Tout se paye.
7 h - Parking de bourg Saint-Pierre. Comme d'hab, je suis prêt rapidement, et, patient, je patiente ... et là, aussi comme d'hab, Bastien fait et refait son sac pour optimiser son chargement et ne rien oublier. Je patiente, adossé à un gros rocher que tout rentre dans le sac de mon acolyte, c'est pas gagné.
On se met en route bien plus tard, skis sur le dos, le réchauffement climatique nous impose un portage d'une heure en mars !!! L'avantage c'est que le risque d'avalanche est de 1 ! On devrait être tranquille
On a marché sur le sentier, contourné quelques plaques de glace, remonté le long de fines bandes de neige, on parvient au Creux du Ma, on peut enfin mettre les skis. En face de nous, la pente plein sud est complètement déneigée jusqu'à une altitude incroyable. Les temps sont sombres...
La piste est à présent enneigée, nous voilà en direction du glacier.
Face à nous, le petit Combin et le glacier pendant, gravi il y a 3 ans avec Anne et Thierry. Aujourd'hui, nous continuons par le glacier de Boveire, plus classique...
Pause courte, pour ravitailler les bêtes, mais pause quand même, on repart sur la rive gauche du glacier après avoir un poil hésité. Le vent est là, nous sommes bien couverts.
Glacier de boveire, les couteaux crissent dans la neige bien dure, le vent emporte des volutes de neige, c'est très beau, mais on est un peu comme dans un congélo. Le paysage est chouette, on remonte lentement vers le col de Panossière. Je suis la trace, il me semble qu'il faut prendre le col supérieur (la trace y mène ainsi que mes souvenirs) J'arrive au col avant Bastien, la descente parait bien scabreuse, dans mon souvenir, c'était facile ... Là, c'est en rocher pourri bien exposé. J'hésite.
Après de longues minutes, Bastien me rejoint. Il m'enjoint à rejoindre le col du bas, on file, et effectivement, en bas , c'est plus rando...
On troque les skis pour les crampons et zou, désescalade de la pente de neige
En bas, on remet les skis, nouvelle attente : que Bastien soit prêt... Et si c'était là que tout s'est joué...
On repart, face à nous l’inatteignable objectif, le Combin de Corbassière.
On décide de passer par le collet de gauche plutôt que de remonter la pente raide de droite qui n'a pas l'air tracée (en fait elle l'est mais on ne l'a pas vue)
Derrière nous, la glace du Grand Combin brille de mille feux, pas en conditions pépère, comme d'hab, c'est trop tôt, pour gravir le Grand Combin, il suffit d'attendre que le gardien ferme sa cabane, fin mai début juin, là est le moment opportun !
Bref, la pente se redresse, la neige se bétonnise, les couteaux enfoncent comme ils peuvent dans une vieille trace. Bastien devant , galère, moi derrière également. C'est parfois la main sur la neige plutôt que le baton. J'hésite à monter à pied. C'est raide, c'est un poil expo, la trace est complètement regelée. Bastien part à gauche, perso je continue sur la trace. La conversion suivante est hyper expo dans une pente hyper raide
J'en sors rincé. Au dessus c'est plus facile. On se retrouve sur le collet avec le Petit Combin en face.
Collet.
Bastien m'annonce qu'on est trop en retard. Je n'ai pas regardé l'heure, mais je me doute bien qu'on est pas en avance. Je suis hyper déçu, mais je lui dis que c'est jouable et j'y crois. Je file vers l'avant pour gagner du temps. Je bascule sur le glacier des Follats. Je contourne l'énorme rimaye par la gauche puis je remonte vers le col sous la pente finale. Au passage je passe sur quelques fissures, de perfides crevasses. Au collet, je remets les couteaux pour la suite tout en hésitant à passer en crampons. Il ne reste que 150 m, le sommet est là.
Bastien met 5 bonnes minutes à arriver. Quand il arrive à moi, il m'annonce que c'est trop tard. Waouh la loose !!! Ma déception est énorme. Il nous suffirait d'une heure pour faire l'aller retour. Je suis désapointé, je n'ai pas l'habitude de buter si prêt du but ! J'essaie de négocier, je tente l'impossible, je joue mon vatout . Mais le bucheron des Carpates reste inflexible, il faut rentrer !!!
Les minutes suivantes vont me voir rentrer dans un silence de moine. "Si prêt du but" J'ai du mal à m'enlever cette phrase de la tête.
- la phrase suivante a été censurée car elle n'était pas politiquement correcte, perso, je la trouvais drôle ... -
J'enlève les couteaux, que je venais de mettre et file dans l'autre sens, sans m'arrêter, sans me retourner, de peur de voir Corbassière se moquer. Et je file tout en me remémorant tout ces moments de la journée où nous aurions pu gagner cette maudite heure. Et il y en a plein. Je remonte au collet du petit Combin , à fond (enfin à fond, ça reste raisonnable, c'est moi qui suis sur les planches !)
Collet, on enlève les peaux et on se lance dans la descente. Neige béton , mais ça passe dans un grand dérapage. A oui, je n'ai pas critiqué les héliskieurs trop nombreux qui sont responsables de cette neige de qualité infâme. L'héliski, ça devrait être interdit. Bon je ne suis pas là pour revendiquer mais pour skier. On se laisse skier un peu en dessous du col avant de remettre les peaux... Puis les crampons.
Section plus raide, je pars devant pour filmer Bastien (ça lui laissera le temps de se changer...) Puis je l'attends, et fais quelques images. On déboule au col, pour une petite pause bien au frais dans le vent.
La suite est une longue descente ponctuée de pause pour peaufiner notre itinéraire.
En rive gauche du glacier d'abord, dans une neige difficile. On ne trouve que 50 m de poudre sur l'ensemble de la descente, il n'y avait rien de trop.
Sur le bas, nous louvoyons dans les vernes avant de retrouver la piste qui nous mène au Creux du Ma.
Quelques virages et déchaussages plus loin , on met les skis sur le sac définitivement, la voiture n'est plus très loin. 1 h plus tard le soleil se couche, et idre qu'on aurait pu faire le sommet et redescendre sans frontale.
Il faudra revenir, c'est peut être ça, la bonne nouvelle
Magnifique traversée réalisée en décembre 2021, complètement hors saison
Vidéo :
Topo
à suivre
Récit
Pralognan la Vanoise
Refuge du Col de la Vanoise - refuge Félix Faure
Bastien part inspecter le bâtiment principal, la porte, coincée par la neige résiste mais... fini par s'ouvrir... Bingo. On entre dans l'antre ... Le refuge est hyper confort, on fait une courte pause pique nique, avant de repartir vers le haut, on a prévu de monter jusqu'à la pointe de la Réchasse aujourd'hui.
Epaule de la Réchasse
Comme souvent, je ne suis pas très en forme, et Bastien lui, tient la forme de sa vie. Poliment, soit il se cale dans mes traces, soit il me fait la trace tout en m'attendant régulièrement. Nous parvenons enfin à l'épaule, il est déjà tard et le soleil menace de se coucher vite. On décide de faire demi tour ce qui m'arrange bien.
Peaux enlevées on dévale les pentes de la Réchasse. Malheureusement on descend un peu bas et il faut remettre les peaux. J'entends Bastien râler au loin (je ne l'ai pas attendu dans la manœuvre afin d'éviter tout reproche justifié... ) 5 minutes plus tard on rejoint le refuge et son poêle pour une super soirée.
On parvient à faire chauffer la salle à manger , les chambres restent fraiches et humides : il y fait 3°C !!! Heureusement que les couettes sont efficaces !
Pointe du Dard
Derniers mètres, je décide de 'arrêter pour filmer Bastien qui remonte la dernière pente. je trouve l'image super esthétique. Une fois faite, je le rejoins pour une première pause et une première descente.
On enchaîne de jolis virage sous la pointe du dard avant de plonger dans la pente plein Ouest. Elle est plus raide sur la carte que sous mes skis, tant mieux. Le vent est là, le froid aussi, mais ça reste suportable.
Dôme des Sonnailles
Après une petite pause pique nique à mi montée, où Bastien a judicieusement fait une offrande de son sandwich au glacier (celui ci ayant décidé de suivre la loi de la gravité poussé par le vent). On ne sait jamais il ne faut jamais se mettre le glacier à dos, surtout en début de saison.
Nous finissons par atteindre le Dôme des Sonailles
La suite est plate, très plate, il faut remonter l'immense faux plat du Dôme de Chasseforêt.
Le paysage est immense, un poil monotone pour celui qui comme moi, ne progresse pas très vite. Dire que certains font l'aller retour depuis Pralognan , à ski, à la journée !!! Voilà qui m'épate particulièrement !
On dépose les skis au pied de l'arête finale (petite erreur, on aurait pu en remonter une partie à ski, mais ça semblait en neige béton) et on remonte la jolie arête facile jusqu'au sommet, YES ! La dernière fois que je suis venu, c'était il y a prêt de 30 ans, j'étais jeune, à l'époque !
Dôme de Chasseforêt - Dôme de l'Arpont
On attaque la descente dans le froid, un quart d'heure plus tard, on passe définitivement à l'ombre. 2 minutes plus tard, je me croute dans la croute ! Dur dur de se relever avec un gros sac...
Refuge de l'Arpont
La descente sur le refuge de l'Arpont s'annonçait rapide, il y avait juste une incertitude pour passer les barres rocheuses à quelques centaines de mètres au dessus de celui-ci, avec un peu de chance, ça passerait bien... Quel optimiste je fais.
D’abord la descente, avec pour objectif d'éviter les zones de crevasses au maximum, nous sommes en début de saison et toutes ne sont pas parfaitement bouchées.
S'en suit la sortie du glacier, galère, il faut louvoyer entre des zones rocheuses raides et essayer de trouver un passage continu. Je m'attelle à la tache, c'est parfois raide, mais on parvient à descendre sans trop déchausser (tout en galérant un peu quand même)
On se retrouve sur le plat du lac de l'Arpont, les skis en position descente, à galérer comme des fous pour avancer. Le lac est long, les berges un peu accidentées ! Je file comme je peux devant afin de trouver le meilleur itinéraire. C'est le début de la galère... Le soleil est bien couché, tout devient gris bleu. Je remonte légèrement et me retrouve au sommet d'une barre, la suite a l'air bien galère. Bastien me rejoint, on enlève les skis et on remonte sur la gauche le long de la barre rocheuse.
Je repère au loin un hypothétique passage. Bastien lui propose de passer par le chemin d'été, j'insiste pour prendre mon itinéraire (je pense que le sien risque de ne pas passer en hiver) . On remet les skis, méga traversée avant de plonger dans un système de couloir. J'essaie d'imaginer où ça passe le mieux tout en espérant ne pas me retrouver au dessus d'une barre infranchissable. Un coup à gauche , un coup à droite (enfin ça reste plutôt à gauche en général) on fini par se retrouver sou la zone des barres rocheuses. On file vers l'ancienne moraine du refuge.
La neige devient ultra pourrie, avec de la poudreuse par endroit et de la grosse croute à l'autre.. Bilan : deux bonnes chutes pour moi !
Il fait presque nuit quand on arrive au refuge.
Il y a plusieurs bâtiments, l'objectif est de trouver la porte. Je propose d'explorer les portes de haut en bas. Première porte du haut fermée. Je file, à ski vers le bâtiment isolé à gauche ... "privé" il est écrit. Bastien a fait le tour du second bâtiment... rien . Je pars en bas contourner le bâtiment principal... porte fermée ! Je décide d'en faire le tour à pied, sans trop d'espoir, une porte à l'arrière du bâtiment serait bien illogique... Je galère à pied, dans une neige semoule, je remonte un muret, là, il y a une porte. et ... bingo, c'est l'entrée du refuge d'hiver. Le stress dimunie, on aurait été dans une belle galère si on c'était retrouvé dehors, de nuit, à cet endroit là !
J'explore le refuge, et la loose, il n'y a pas de couverture (pour cause de Covid), en été ils louent des duvets
Le poele fonctionne bien
bilan, on décide de remonter les matelas depuis le sous sol et de dormir dans la cuisine où il fait bon.
Bon Bastien avait un sac à viande, pour ma part, sans rien la nuit fut bien inconfortable.
Quelle idée de ne rien laisser pour dormir (pour info, la Covid n'est pas résistante dans le milieux extérieur (juste pour info).
Lac de l'Arpont
Le lendemain, on prend le chemin de la veille, et c'est tout de suite plus facile quand tu es déjà passé et que tu vois les difficultés depuis le bas. Bref on remonte au lac de l'Arpont et là me vient l'idée merveilleuse de le traverser. Il fait froid depuis un moment, je me dis que ça doit passer (on est un aventurier ou on ne l'est pas...) En plus, ça fera une super trace GPS au milieu du lac, argument nul, je l'avoue ! Bref, je traverse, je vois les quelques fissures au milieu de la glace et je parviens de l'autre coté. Je me retourne et je vois mon Bastien paniqué au milieu du lac. "T'es passé par où" "Bah ça passe partout" Je lis sur son visage toute la haine qu'il à envers moi, non, il ne voulait pas traverser le lac, "pourtant ça va nous faire gagner du temps !" , me dis je in petto. Le voilà qui me rejoint , à la fois livide et hargneux, je ne dois jamais recommencer... JAMAIS !!!
Dôme des Nans
Au dessus on rejoint le glacier, le soleil est là, les pentes raides du départ sont avalées, celle du milieux également, je souffre quelque peu dans le grand plat qui ramène au col de l'Arpont, Bastien est loin devant, très loin, trop loin, il me fait payer mon attitude déplorable au lac.
Je le rejoins au col et repars devant, le vent est là, fort. Quelques longueurs plus loin on parvient au plateau du Dôme des Sonnailles. Difficile de savoir où se trouve exactement le sommet sur cette étendue plate. On le décrète sous nos pieds, on enlève les peaux (un peu tôt on va devoir pousser sur les bâtons) et on file (plus ou moins, c'est assez plat au départ...) vers le bas.
La descente (enfin)
La descente est rapide, on remet les peaux et on remonte vers le col du Pelve, toujours aussi beau.
Bastien me propose de continuer en peaux
Je lui affirme que ça passe bien à ski (sans les peaux)
Bien m'en à pris, on arrive à aller jusqu'à l'épaule de la Réchasse au pris d'un petit coup de pousse bâton sans trop de difficulté (ça c'est l'expérience, je suis déjà passé plusieurs fois par là)
La suite est rapide, on remet les peaux sous le refuge, puis c'est à fond pour rejoindre les pistes, et encore plus à fond pour rejoindre le bas de la station, dans la foule qui skie (et oui, entretemps la station a ouvert)
Traversée dans le monde de Pralognan pour retrouver la voiture et le parking, plein cette fois ci !
Vidéo version courte
Un superbe mini raid à ski au dessus d'Arolla. Du vent et du froid, même dans certains bivouacs. Nous avons du nous adapter chaque jour, seuls sur ces grands glaciers !
vidéo :
Topo :
Jour 1 :
Arolla - cabane des Vignettes - col des Vignettes - col de Chermotane - glacier d'Otemma - glacier de Blanchen - Bivouac de l'Aguillette à la Singla.
(idem prévu)
Jour 2 :
Bivouac de l'Aiguillette à la Singla - glacier d'Otemma - glacier du petit Mont Collon - col du Petit Mont Collon - pointe d'Oren Est et centrale - col de l'évêque - Haut glacier d'Arolla - bivouac des Bouquetins
(prévu Gran Blanchen descente sur Nacamuli, remontée aux Pointes d'Oren)
Jour 3 :
Haut glacier d'Arolla - bas glacier d'Arolla - grotte de glace d'Arolla - Arolla
(prévu : col du Mont Brulé, Tête de Valpelline, Tête Blanche - col de Bertol - Arolla)
Récit :
Comme d'hab, la journée commence par un covoiturage jusqu'à Arolla, on papote et ça passe vite.
Et comme d'hab, Bastien met des plombes à se préparer, et , j'avoue, ça me fait rire de le voir refaire son sac plusieurs fois pour ne rien oublier. Il devient rapidement la source de nos sarcasmes. En route vers les hauteurs, on remonte le long de la piste de ski d'Arolla, et je me remémore la vidéo d'un skieur de piste cette semaine qui se plaignait de la présence de skieur de randonnée sur une piste à Argentière. Nous, on ne dérange pas grand chose, on essaie de se faire touts petits, c'est pas de notre faute si une piste a été placée sur notre itinéraire...
En bas, les hélicoptères vrombissent pour emmener les héliskieurs vers le Pigne d'Arolla.
On quitte la piste pour une traversée puis le vallon qui suit, l'ambiance est bonne, on avance. Le soleil vient et Yves se retrouve en T shirt, le 28 Janvier, il y a un problème !!!
Pause pique nique sur le glacier, juste sous la face Nord du Pigne. On mange, et on repart rapidement, le soleil s'est couché derrière le Pigne, et les températures chutent ! Difficile de se réchauffer après la pause , quel écart de température. Je suis reparti le dernier et Yves et Bastien galopent, l'écart se creuse. Ils montent jusqu'à la cabane tandis que je me dirige directement vers le col, où ils arrivent avant moi.
J'adore le col des Vignettes et sa vue incroyable sur le col de Charmotane et les sommets alentours
par contre, je déteste la traversée qui suit , celle qui permet de rejoindre le dit col.
Cette traversée, je ne l'ai pas parcourue souvent, une fois avec Thib, en 1998 (et oui, ça date)
Une autre fois avec le CAF lors d'une tentative sur l'Evêque et la dernière fois il y a 14 mois lors de notre tour à l'Aouille Tseuque avec Bastien.
Le passage est raide et expo, avec une neige tout le temps pourrie (soit verglacée, soit fondue) et aujourd'hui, on a droit a de la semoule avec une bonne croutasse dessus !!! Je laisse stratégiquement mes coéquipiers passer devant, prétextant tourner des images incroyables. Je les vois traverser le passage sans aucune émotion (il n'y a pas de justice). Vient mon tour, crispé sur mes spatules, je m'engage, la jambe gauche tendue comme un débutant sur une piste rouge, j'avance lentement, comme je peux, progressant vers ce qui est mon salut. Après la traversée, il y a une partie où il faut faire des virages. Je fais le premier, le talon de mon ski s'enfonce dans la semoule profonde, j'évite la chute mais la sensation est désagréable. Second virage, penché en avant , stem parfait ! je file vers le col de Charmotane et rejoins mes acolytes qui patientent depuis un moment.
On se lance dans la descente du glacier d'Otemma, il est presque plat, mais légèrement penché (dans le bon sens), nous le traversons de gauche à droite, je filme tout en skiant, le paysage est grandiose, dominé par l'Aouille Tseuque avec son sommet partiellement en glace, il n'y a vraiment pas beaucoup de neige. Un peu de pousse bâton et voilà le lieu ou l'on remet les peaux
La suite, on la connait bien , vu qu'on est passé là avec Bastien il y a un peu plus d'un an, on remonte la rive droite du glacier, le vent nous accueille, il fait froid, on va se peler au bivouac, (il n'y a pas de chauffage dedans !) on repart sur le plat du glacier en direction du col, et on le rejoint, on est battu par les vents. On enlève les peaux comme on peu (tout en évitant de les perdre) et on laisse les skis entre des cailloux en espérant qu'ils ne s'envolent pas pendant la nuit !
Je pars vers le bivouac qui trône 76 m au dessus de nous. je fais la moitié de la montée et stop "faire des images", Yves passe devant et galère dans une neige semoule... on fini par passer et rejoindre le bivouac, bingo.
On passe 5 minutes au bivouac avant de gravir le sommet de l'Aiguillette. Du sommet, on voit sur le plat du glacier Benjamin qui n'est pas loin du col, il aura torché la montée (oui, Benjamin est parti, 2 h après nous et il est déjà là !!!). Retour au bivouac au coucher du soleil. Benjamin nous rejoint et c'est parti pour la fonte de la neige et la préparation du repas. Il fait -2°C dans le bivouac, on reste tout habillé toute la soirée. Le bivouac est très confortable à part cette absence de chauffage.
Jour 2 - 6 h 30, le réveil sonne, il fait hyper froid dans le bivouac, il faut s'extirper de nos couvertures (pour moi, c'était 5) et préparer un frugal petit dej', s'habiller avec toutes nos couches, refaire les sacs , et quitter ce superbe bivouac un poil frisquet. Je sors le dernier et on file vers le bas retrouver nos skis, qui ô chance, n'ont pas été emportés par le vent. Vent qui a forci pendant la nuit. On décide de laisser tomber notre projet de monter au Gran Blanchen et de descendre à Nacamuli, mais de se contenter de passer par le petit col Collon et les pointes d'Oren.
Départ spectaculaire dans le vent. Ça faisait longtemps que je n'avais pas mis ma cagoule, qui traine tout le temps au fond de mon sac.
La neige est skiable, mais pas incroyable elle a été pas mal travaillée par le vent. On rejoint le glacier d'Otemma où l'on remet les peaux. On repart vers le haut, bifurquant sur le glacier du petit Mont Collon. Le vent forci, et balaye le glacier. Je ne regrette pas mes gros gants. Benjamin propose de s'encorder, je valide l'idée, de toute façon il faudra le faire plus haut. On poursuit vers la partie raide. Elle passe relativement bien et on bascule au dessus du col, je prends la direction du pied des Pointes d'Oren. Je cherche où nous allons attaquer la montagne tout en contournant deux énormes crevasses. A droite, vers la pointe centrale, le haut est en mixte alors que juste à droite de la pointe Est, il semble y avoir une trace de vieille trace ... On file au pied, avant de remonter , de passer la rimaye. La trace est raide mais passe. J'arrive sur une zone crevassée et dure, je décide de mettre les couteaux. Benjamin trouve ça inutile , mais je préfère, Je sens le reste de la cordée désapprouver mon acte, Je me presse à les installer dans le vent tout en sentant le vent sec et désagréable de réprobation qui vient de l'arrière... . Je reprend ma progression. ça passe bien , on parvient au sommet sans souci mais dans un vent à décorner les bœufs. J'indique que je veux aller à pied au sommet central. Au départ, personne n'est motivé, mais après réflexion qui dure bien 5 minutes pour l'ensemble du groupe, tout le monde vient. et nous voilà en balade sur l'arête peu effilée des pointes d'Oren. On s'offre une pause dans un endroit miraculeusement sans vent avant de rejoindre le sommet central. YES.
retour au sommet Est
Et c'est parti pour la descente, je filme mes camarades démarrer avant de les rejoindre. Ils hésitent quant à la descente. Je finis par repérer nos traces de montées, la sécurité veut que nous passions la rimaye au même endroit. Je file à gauche avant de repartir à droite dès la rimaye franchie, à fond pour tenter de rejoindre le col de l’évêque... bingo , j'y arrive sans trop pousser !
On décide de faire une pause à l'abri, en tirant sur la gauche sous le col, à l'abri de l'évêque. En fait, le vent arrive à balayer de la neige depuis l'arête de celui-ci, sur nos corps à moitié congelé. Bilan, on descend... sans pause.
D'énormes straturgies compliquent la progression. On tire à gauche, je ne le sens pas, le couloir est raide et je ne vois pas s'il passe, on retraverse le glacier pour tirer à droite comme il y a 14 mois, ça passe nickel. C'est pas mal de bien connaitre le coin, ça permet d'éviter les plans foireux sans hésitation.
Je me prends une boite sur le plat du glacier juste sous le col Collon et on passe l'épaule sous le Brulé.
J'arrive à déclencher une petite plaque en passant une moraine (c'est tout de même fou, il y a un risque 1 d'avalanche sur toute la suisse et je parviens tout de même à déclencher une plaque ... on a la loose ou on ne l'a pas !) On se retrouve sous le bivouac des boquetins et on remet les peaux.
Et c'est parti, au loin on apperçoit un gars en raquette qui remonte lui aussi vers le bivouac. O navance et il nous demande quel est le bon chemin pour y monter, je lui indique que le mieux est de faire le grand tour par la droite, que ça sera moins raide. Il nous explique qu'il fait parti d'un groupe avec un guide et que, vu qu'il n'était pas en forme, le guide lui a dit de rentrer au bivouac... seul... Étonnant sachant que même si le glacier n'est pas très crevassé, ça reste un glacier. Le raquettiste s'est ensuite perdu sur le glacier et s'est retrouvé en mauvaise posture avant de remonter vers le bivouac, une petite galère pour lui... On poursuit, et on le largue. Je profite de la vue sur les pointes d'Oren pour faire de jolies photos (et quelques vidéos) et voilà le bivouac.
Le groupe du guide s'est étalé, Benoit, le raquettiste du groupe arrive un peu après nous, on négocie avec lui la répartition des couchettes, on prend le quart nord tandis qu'ils gardent le quart sud. Il est tôt on va pouvoir, pour une fois, profiter de cet après midi en refuge.
Et comme occupation, à part allumer le feux et faire fonde de l'haut , il y a : surveiller le groupe du guide. Tous les 1/4 d'heure, je sors du bivouac, faire l'état des lieux.
Le groupe de 5 se scinde en deux de l'autre coté du glacier, j'imagine que les eux plus faible revient au refuge. les 3 autres remontent vers le col de Tsa de Tsan.
Leur comportement est étonnant, ils s'arrêtent régulièrement sous la face Nord du Mont Brulé et ses séracs menaçants ! Les deux autres remontent vers nous.
Quand il arrive, je me rends compte que c'est LE Guide !!! on papote un peu (il faut toujours se mettre bien avec un guide dans un bivouac, ça évite toute friction ultérieure inutile - oui, je suis un manipulateur calculateur pervers !) Il nous indique que les 3 autres montent au col de tsa de Tsan seuls (pour info ils n'ont aucune expérience de la montagne l'hiver !!!
Le gars derrière le guide arrive chancelant. Il a un énorme sac à dos et s'écroule sur lui même dès le plat devant le refuge atteint. Benoit vient à sa rescousse lui enlever sac et raquettes... Il lui dit dans un dernier souffle "t'as bien fait de pas venir... c'était hyper physique..." Le malheureux est pale comme un linge, plus pale que la neige qui l'entoure c'est pour dire. Après de longue minutes, il parvient à se trainer jusqu'à une couchette dans le refuge réchauffé. Il ne la quittera qu'à de rares moments...
Au loin, le groupe de 3 progressent, les deux premiers plutôt rapidement, le 3ème a distance, on sent qu'il est dans le dur.
Le guide surveille, (de loin, et c'est rien de le dire) ses "protégés", par la petite fenêtre du bivouac. Ils atteignent le pied du col.
Avec Benjamin on papote et on se rend compte que le guide s'est endormi. La surveillance a du plomb d'en l'aile, on est mort de rire? A sa décharge, c'est la septième fois que le guide encadrer un groupe dans ce refuge cette année ! Mais bon, j'avoue que notre fou-rire est difficile à cacher !
Le groupe de 3 parvient au col puis à renter au bivouac sans encombre.
La soirée se poursuit, on mange, puis le groupe nous propose de la fondue. Le guide , assez âgé (pour un guide) nous raconte sa vie incroyable, ses 10 ans de maratons autour du monde et sa traversée de l'atlantique en canoë ! Et je me rends compte que nous nous sommes déjà croisé au refuge Victorio Sella en Italie (je l'ai reconnu quand il a parlé de l'histoire des marathons tous les jours, 960, je crois, avec sa femme comme assistance technique) alors qu'on était parti avec Gianluca pour la traversée des Breithorn.
On a bien profité de la fondue et on se met au lit, le refuge à 6 h, la journée va être longue.
Le vent souffle.
Le vent souffle toute la nuit.
Je sens même l'air qui parvient à traverser le refuge.
Ma nuit est bonne mais j'ai quand même bien entendu que le vent a forci. On va se faire décalquer si on va à Tête de valpelline ou Tête blanche. En plus les conditions ne sont pas bonnes, de loin, on a bien vu la glace sous le col de Valpelline. 6 h, le réveil sonne, le vent est là ! Je décide sans consulter les autres d'attendre une heure voir si le vent molli un peu. On se rendort... 7 h 20, toujours du vent, je me lève et vais allumer le feux, ça m'occupera. Je prépare un thé. Ma décision est prise, on redescends. Et oui, je suis un bon vieux dictateur !!! Je n'ai rien a envier à Mussolini, Hitler et Staline... Le guide se réveille et me remercie pour le feux; Il salue notre décision prudente (d'habitude, c'est pas mon genre...) Après avoir déjeuner, on fait nos sacs et on se couvre, dehors Éole nous attend, et il n'est pas de bonne humeur !
On quitte le refuge, première pente skiente. on rejoint le plat du glacier. Puis il faut jouer au plus fin pour ne pas trop pousser, viser les moraines, éviter les replats. On fait régulièrement des pauses pour faire le point et nous mettre d'accord sur la direction à suivre. On rejoint le plat du glacier, il faut pousser sur les bâtons. Bastien, le skieur de fond, s'en sort à merveille. Yves et moi lambinons au fond de la classe.
On descend la pente entre le haut et le bas glacier d'Arolla et la voilà : la grotte de glace. Je me croute, une fois de plus) à son abord ... je la sentais venir celle là. On met les skis sur le sac, et on part pour la traversée. Chacun y va se sa petite photo, la grotte est magnifique et immense, plus de 20 m de large sur 20 m de haut (à la louche quand même) et 200 m de long.
Progression magique, tout en faisant attention à la glace bien plane et glissante qui affleure par endroit. Au plafond, des blocs de roche sont coincés dan la glace, ils ne demandent qu'à tomber. Étonnamment, sur les bords la glace est transparente, on y voit plein de petits morceau de terre ou de roche à l'intérieur. C'est superbe. On fini par ressortir de l'autre coté et remettre les skis.
une autre petite arche est présente un peu plus loin, on ne fait que la longer, on file à flanc puis la route d'Arolla. La route est ultra dammée par le monde qui monte à la grotte . Et , je finis par tomber lourdement suite à une faute de quart. Je me relève et repart, penaud. heureusement il y a un peu de pente ce qui me permet de ne pas avoir à trop pousser.
On file, on longe la rout eet on fini par arriver au parking, où des dizaibes de personnes se préparent à partir en raquette pour : la grotte de glace ! C'est l'attraction hivernale d'Arolla et effectivement, ça vaut le coup.
On laisse bejamin à sa voiture et on retrouve celle de bastien pour le retour à la maison, après de belles journées de montagne
Ci dessous, la version courte, de refuge à refuge... sur les longs mais magnifiques plats de glaciers !
Ascension de l'arête Sud Ouest de l'Aletschhorn
depuis l'oberaleteschhutte
avec Bastien et Benjamin
longue course non tracée (en plus les réflecteur ont été enlevés !)
Pour le reste, superbe avec de jolis paysages d'automne
on a un peu explosé l'horaire ; départ 3 h 10 - sommet 12 h 30 retour refuge 20 h 30 (by night)
alpinisme - randonnée alpine
ascension du petit mont blanc à la journée depuis Courmayeur
nuit au bivouac Rainetto
jour suivant aiguille de tré la Tête Orientale
Alpinisme
Bietschhorn
Bluemlisalp face nord et traversée
Eperon de la Brenva Mont Blanc
Innominata Mont Blanc
Face Nord de l'Aiguille de Bionnassay
Barre des Ecrins par le couloir de la Barre noire
Dent d'Herens arête de Tiefmatten - réalisé !
Weisshorn - arête Nord
Bishorn face Nord ou arête Est
Grand Cornier
Dent du Géant
Mont maudit arête Küffner
Face Nord du Petit Mont Collon
Jungfrau Guggiroute
Zinalrothorn arête Nord ou Sud
Face Nord de la Grande Ciamarella
Aiguille des Drus
Meije, voie du Z
Petit alpinisme :
Mont Gelé par valpelline
Mont Blanc de Cheillon - traversée
Evêque
Rateau
Traversée des Rouies
Pic Coolidge
Mont Brulé
Aiguille de Bertol
Aiguille de la Tsa
Traversée des Aiguilles Rouges d'Arolla
Traversée Pointe de Mourti - Pointe de Bricola
Ski de randonnée
Mont Blanc à ski - Réalisé !
Barrhorn - Schöllihorn (Turtmanhutte)
Pointe de Ronce
Gross Glockner (autriche)
Expeditions :
les Volcans de Bolivie (6000 m) organisation en 2020 ou 2021
Pérou - Alpamayo - Chopicalqui
Pic Lenine - 7134 m
Cho Oyu - 8201 m
Denali - 6190 m
Aconcagua - 6962 m
Deux grands et belles journées
Départ du Plan de l'aiguille pour gagner le refuge des grands Mulets par la terrifiante jonction.
De là, on rejoint le col des Dômes par le petit et le Grand Plateau aux séracs aussi fascinants que dangereux.
Puis on déroule sur l'arête des Bosses, toujours aussi jolie.
Partis à 5, sommet à 5, descente par la face Nord pour mes 4 acolytes , perso je préfère me contenter de partir de Vallot.
Accident à la jonction, 2 personnes dans une crevasse. Nous apporterons une modeste contribution au sauvetage. Et retour au plan de l'Aiguille par l'ancienne gare des glaciers.
Vidéo :
Vidéo : ascension du Mont Blanc à ski depuis les grands Mulets
Topo :
à suivre (désolé)
Récit :
J'avais réuni la fine fleur de l’alpinisme européen... ou presque..., tous mes amis candidats au mont blanc à ski s'étaient rendus disponibles pour ces 2 journées. Les voyants étaient aux verts, j'étais aux anges. J'avais donné rendez vous à tout le monde à 10 h à la benne de l'aiguille, ça me laissait le temps de partir tranquille le matin pour arriver à Chamonix…
C'était sans compter Yves…
"Allo"
"Ils annoncent température caniculaires, ça serait mieux de partir tôt"
"Effectivement, ils annoncent chaud" … il faut changer les plans, au dernier moment, je décide d'avancer le rendez vous à 7 h 45. Prévenir tout le monde, et partir rapido à cham' ce soir plutôt que demain matin. C'est quand même un peu dommage. Il est 18 h 30 Je boucle mon sac, je bouffe à la va vite, et je file.
La nuit tombe, l'autoroute Suisse ferme entre Saint Maurice et Martigny. La loose. Me voilà sur des petites routes à louvoyer. Je finis par me retrouver sur le parking des Grands Montets. J'installe la voiture en mode "nuit" et me couche... Voilà une course qui début bien dans la précipitation
Le lendemain matin, je me réveille à 7 h moins 10, Bastien est garé à coté de moi, on file à Cham, on se gare on retrouve Benjamin et on prend les tickets. J'appelle Yves, il s'est trompé d'heure ! Bilan on fera deux groupes pour aller au refuge. C'est assez désorganisé pour un début de course.
Une fois que la benne nous ai déposé au plan de l'aiguille et après un crémage en règle, on est parti. Le gardien m'a conseillé de partir par le bas, par le chemin d'été. Pas vraiment engageant, ça ressemble vraiment à un chemin d'été avec des pentes expos et beaucoup de déchaussage alors qu'en haut, il y a une belle trace, presque continue et des cordées lointaines qui nous attirent (on ne le sait pas encore mais il y a aussi un sérac au dessus de l'éperon Frendo qui menace de s'effondrer avec ses 10 à 20 000 m3 de glace, ça nous aurait sans doute aidé à prendre la décision... (mais on ne le savait pas, et on ne voyait rien).
Bref on descend rejoindre la neige et on part avec nos peaux vers le haut. Petite hésitation pour descendre la moraine, on skie alors des coulées d'avalanche avant de remettre les peaux. Tout va bien.
Deux petites descentes un peu raides et voilà le grand glacier qui mène à la jonction… Nous y sommes...
Encordés, nous voilà partis, moi devant, Bastien en second et Benjamin ferme la marche. Je mène la cordée à mon rythme, la trace est loin des séracs, mais plus on avance plus je vois que le chemin est truffé de crevasses, il y en a tellement que parfois tu te rends compte qu'il y a un trou... quand tu as le ski dessus ! Vraiment pas agréable comme sensation. On avance corde tendue, puis on remonte vers les séracs, vers la trace de de "descente" Un gros sérac est là, je sais que François mon cousin est décédé par ici il y a bientôt 20 ans. Le paysage est aussi spectaculaire qu'il est inquiétant. On passe sous l'énorme bloc qui pourrait nous transformer en crêpe si l'envie lui venait. Et on arrive au lieu de déchaussage des skis. Je demande à deux cordées si ça passe bien sans crampons. Elles me confirment. On fera comme ça. Et bim on part pour la jonction proprement dite. Un chaos de glace impressionnant entre 2 grands glaciers. On commence par descendre dans le trou par une sente en glace qui passe bien. Il faut remonter en face, le premier pas est grand, sans crampons, il faut poser le genou, oui , on aurait peut être du les mettre, mais à présent il est trop tard, à la fois , ça n'est pas non plus catastrophique.
En haut, voilà une cordée, il faut croiser. Je papote avec la première avant de rejoindre le second un peu en dessous. Je fais venir Bastien, il y a 3 pas en glace un peu raide. En arrimant correctement mon piolet, ça passe bien, la suite est plus facile, on remonte sur le second glacier, avant de le longer et de retrouver une zone chaotique, avec des trous et de la glace salle, attention à ne pas tomber, on fini par sortir du passage... Impressionnant .
passage de la jonction ce jour là, caméra embarquée - en continue pour la partie chaotique
On remet les skis, il commence à faire chaud, et on remonte les pentes un peu raide (puis moins) sous le refuge. L'ambiance est bizarre au dépôt des skis. On croise les vainqueurs du Mont Blanc du jour, de retour de leur exploit. Pour nous, tout reste à faire.
On remonte la via ferrata et on arrive au refuge.
Yves et Bertrand arriveront une bonne heure plus tard, Bertrand avec de la Tomme de Savoie (entière) et un bon petit saucisson qui aura un grand succès.
Comme souvent, le programme se divise en sieste, papotage et admiraion du paysage, notamment la vue des toilettes, les plus belles toilettes du monde à mon humble avis.
Repas du soir et tout le monde au lit, demain on se réveil à 2 h 30
Nuit correcte, réveillé, habillé, nourri, et hop dehors. Petite via ferrata nocturne (faux pas se la coller quand même) et on retrouve nos skis. Toutes les cordées sont déjà parties, on est les derniers à quitter le refuge
Et c'est parti, on part dans la nuit avec les peaux et les couteaux, Je suis devant, avec mes 4 acolytes en file indienne derrière . Chamonix en bas brille de mille feux. la neige est dure on aperçoit juste la trace que l'on suit comme des moutons.
On avance, les conversions s'enchaînent, la pente se raidit, on décide de mettre les crampons, ça sera plus safe. Et hop c'est fait, on remonte la pente, qui continue de devenir plus raide (c'est sans fin) Heureusement la trace est profonde, on fini par rattraper une première cordée. Les discussions sont réduites , juste prendre des nouvelles de celui qui te suit... de temps en temps. Chacun termine sa nuit.
La trace va buter sur un petit sommet, il faut alors redescendre à flanc pour faire une petite pause.
On repart, encordés, comme hier; la première : Apoutsiak, Bastien et Benjamin, derrière, les anciens Bertrand et Yves. On a choisi de garder les skis sur le sac ,on pense être plus efficace. Une cordée n'a pas fait le même choix, elle reste sur les skis. Nous partons devant et prenons rapidement le large. On longe au maximum le bord du plateau afin de rester, au maximum, à l'abri des séracs. On est exposé aux séracs en serrant à gauche, nous a annoncé le gardien, je suis sa prescription à la lettre. A droite, au dessus, d'énormes séracs menacent, on voit bien que de temps en temps, ça tombe, il y a les stigmates sur le plateau. J’accélère légèrement, on sort de la zone de danger, plus de trace de bloc sur la trace. On repart à droite vers un collet, quelques crevasses, nous voici sur le Grand Plateau avec la Face Nord du Mont Blanc pile en face de nous et le soleil qui vient nous réchauffer.
L'occasion d'une petite pause fort sympathique. Je peauffine ma décision, non, je ne descendrais pas la face Nord à ski, le bas me semble raide, la face est toute traffolée, elle semble bien dure, sans doute verglacée par endroit. Ca fait un moment que je réfléchis à la décision, je vais me contenter de descendre à ski depuis Vallot, ça sera déjà pas mal. Je la skierai dans une prochaine vie, la mienne est déjà bien remplie !
On repart, toujours dans le même ordre, Bastien galère avec la corde, en seconde position, elle prend la fâcheuse habitude de passer sous ses skis puis de l'emberlificoter ... O n s'arrête, Bastien fait un saut périlleux pour se libérer de la corde, et on repart. Bon parfois c'est un peu plus complexe que ça mais on fait ça dans la bonne humeur.
On repart vers le haut, petit rythme tranquille, à ma façon, grand virage et on revient vers le col des Dômes. Il y a un peu de glace par endroit, je veille à l'éviter. à droite, les cordées à pied en provenance du Gouter, croisent celles en provenance du sommet. On ne devrait pas avoir trop de monde sur l'arête, la marée est déjà passée !
Et zou, direction la pente sous Vallot où nous opérons une petite pause technique : mettre les skis sur le sac pour mes acolytes, laisser mes skis là pour moi.
Je rejoins la trace, on a réduit l'encordement, et on remonte vers Vallot, c'est raide et en neige dure, rapidement on rejoint Vallot pour quelques photos, j'adore ce petit abri posé sur cet éperon, je trouve l'endroit magique même si je déconseille à mes compagnons de rentrer dedans, car dedans, tout est violet, il n'y a que des gens ultra fatigués, qui sont à la limite de vomir ... Dans mon souvenir, je n'y suis rentré que 3 fois, c'est la couleur violette qui domine, la halte n'est pas recommandée.
La suite est vers le haut, la première pente sous la première bosse est raide. Je l'attaque d'un bon rythme, je sens que je ne suis pas trop mal. Derrière, je sens que Bastien a un léger coup de mou, "pour une fois !" me dis je !
Oui parce que ma cordée, faite d'alpinistes d'un haut niveau, est arrivé ici un peu émoussée : Bastien a eu la bonne idée de faire le 110 km du Swiss Canyon trail la semaine dernière et Benjamin, sort de nombreuses sorties montagne, notamment 2 4000 des Monts Roses les deux derniers jours. Et donc , ce qui devait arriver arrive, la corde se tend derrière moi, je suis obligé de ralentir (un peu, et ça m’arrangerait presque !)
Bref, tout se passe bien , on se retrouve dans la partie plus raide qui mène à la première bosse et on croise quelques cordées, toujours dans la bonne humeur. J'essaie de nous décaler quand je vois des cordées dite de débutants à la descente, notre cordée expérimentée supporte facilement ces écarts.
Première bosse, superbe, courte pause et on repart.
J'attaque la seconde, tout va bien, je fins par me rendre compte que j'ai un avantage par rapport à mes compagnons de cordée, je ne porte pas mes skis, ce qui explique sans doute une partie de ma bonne forme. A la fois, ils n'avaient qu'à laisser leurs skis à Vallot... Bref, je vais bien. La trace longe la deuxième bosse et vient traverser une crevasse en plein milieu de l'arête, ça c'est nouveau, je n'ai jamais vu de crevasse à cet endroit là. On rentre dans la large, et peu profonde crevasse, puis on déboule de l'autre coté, c'est un peu plus raide au dessus. J'avance. Derrière, mes deux compagnons passent leur temps à me demander des pauses pour scruter la face Nord, la bonne excuse ! "alors là, tu vois, on va longer le sérac, puis là, il faudra traverser la crevasse sans tirer trop à gauche... Et là, en bas ?" "Ben là en bas, je ne vois pas trop..." , "faudra peut être prendre à droite" "à droite... - hésitation' sans doute !"
Bon, moi j’insiste pour ne pas faire de pause inutile, je sais que ça casse le rythme, et si ça ne casse pas LE rythme, ça casse MON rythme, et mon corps n'aime pas ça .
On arrive à la grosse crevasse de 4700 m, cette année elle est sympa, elle est bouchée et le retour sur l'arête est facile, et hop, on est juste sous l'éperon de la Tournette, jolie vue sur le bassin de Tré la Tête.
Je repars vers le haut, je sais qu'il ne reste rien, mais qu'on n'est pas tout à fait arrivé. Petit replat, une cordée "pas douée douée arrive du dessus" on hésite à s'élancer, il y a ceux qui attendraient qu'elle soit en bas pour s'engager, et les autres, dont je suis, qui proposent de se décaler au moment où on les croisera. Et comme, "c'est moi le chef !", ben on repart. On arrive à hauteur de la cordée, très lente, on se décale et on continue de monter hors trace, ça fait un bon exercice. Au dessus la pente fini par se coucher, c'est la longue arête finale.
Tranquillement on remonte vers la cime, avec comme souvent à ce moment là un peu d'émotion. L'occasion de penser à tous ceux qui nous ont appris la montagne et qui ne sont plus là. C'est bête mais ça me le fait souvent quand je suis sur la partie finale du Mont Blanc. Je pense à papa, qui n'était pas le champion dans le choix de ses randos avec nous , je pense à Jacques, qui m'a un jour dit que je grimpais comme un chamois, ça n’était sans doute pas vraiment la réalité, je n'ai jamais vraiment bien grimpé, mais ça n'est pas tombé dans l'oreille d'un sourd, j'y pense encore aujourd'hui !
Je ne vais pas faire la liste de tous ceux à qui j'ai pensé, l'arête (et la liste) est longue.
On commence à voir les cordées stoppées au sommet, vient notre tour, je me retourne, on se congratule avec Bastien et Benjamin (dont c'est le premier Mont Blanc, j'attends toujours le champagne !) Bertrand et Yves suivent, frais comme des gardons, leur cordée a prêt de 120 ans !
Et Bertrand nous sort sa tomme, pour le meilleur morceau de tomme... du monde, à 4800 m. On se régale.
Une fois les traditionnelles photos réalisées, j'attaque la descente, je laisse les 4 fantastiques à leur face Nord.
Je galope sur l'arête (sans courir mais d'un bon pas)
Je me décale quand je croise les cordées et j'avance (tout en oubliant pas de faire quelques photos) J’avale la première partie, je me finis par dépasser une longue cordée des pays de l'Est, il sont 5. J'arrive au col entre les bosses et je m'arrête pour regarder et filmer les 4 fantastiques... Ils sont tout petits dans cette immense face Nord. Delà , je perçois leur concentration, le choix de l'itinéraire. Je les vois se diriger vers la crevasse qui barre le haut de la face et la traverser, un par un.
De là où je suis, je n'arrive pas à les distinguer, mais j'imagine qu'Yves a pris le leadership pour la descente, c'est celui qui mange le plus de dénivelé.
Sous la crevasses, ils enchainent quelques virages que j'immortalise. Avant de filer, bon, les slovaques (je sais pas s'ils sont slovaques, mais je ne sais pas (non plus) si comment on appelle les habitants des pays de l'Est (les Estivaux ?) Bref, les Slovaques me sont repassés devant, et je dois me les refaire dans la montée à la petite bosse. Ils ne vont pas très vite alors le dépassement se fait plutôt rapidement. puis c'est la descente un peu raide qui mène à Vallot, je rejoins rapidement mes skis.
Et là, bingo, la neige est super bonne juste transfo. Je me fais une super descente pour rejoindre le Grand Plateau, une petite traversée et je rejoins le reste du groupe au point de rendez vous, ils sont arrivés là, il y a seulement 5 minutes.... J'ai été relativement rapide sur l'arête des Bosses.
On fait une pause, apparemment, j'ai bien fait de ne pas descendre la face Nord, ils ont eu des passages chauds, je lis encore la frayeur sur leur visage. La face, un peu trop traffolée, et des passages en glace ou en neige béton dans des parties à plus de 45°. Sachant que la neige sous Vallot etait excellente, je ne regrette pas mon choix.
On attaque la descente, sous les mégas séracs à gauche, objectif, ne pas trainer, à la descente c'est plus facile qu'à la montée. Je ferme la marche avec mes petites cuisses qui ne pensent qu'à une chose : faire une pause tant elles sont pleines d'acide lactique. Bon, les 4 Fantastiques n'ont pas mes soucis, ils filent à vive allure vers le petit plateau puis en dessous.
On se retrouve au dessus du refuge, dans une zone avec des crevasses, étonnant, je n’avais rien remarqué ce matin, dans la nuit noire...
On fait une pause vers le refuge, Bertrand doit ramener sa frontale au gardien. A son retour, il nous descends une bouteille d'eau, cool !
Départ vers le bas, dans une neige qui devient soupe, il ne va pas falloir trainer à la jonction
Quelques virages plus tard, nous sommes sur zone : LA JONCTION
On enlève nos skis et une femme au milieu de la jonction nous interpelle de loin : "N'avancez pas, il y a des personnes qui sont tombées dans une crevasse" Il y a de l'agitation sur zone, nous sommes bloqués. Je ne suis pas optimiste, on va passer la jonction à la mauvaise erreur, sachant que la suite est assez expo...
Bref on attend, l'hélico de la sécurité civile fait un premier passage, puis vient se poser à 30 m de moi. 2 gendarmes du PGHM en descendent, ils nous passent devant pour aller vers les victimes. Sur place, vu l'exposition des deux types qui sont dans une zone chaotique, ils décident des les moufler avant de les médicaliser. Ils reviennent, je propose à l'un des deux gendarmes de les aider s'ils ont besoin d'aide.
Les 2 victimes reviennent à pied, le premier à quelques écorchures sur la face , le second a plus de sang et semble plus touché. Ils médicalisent le second dans une coquille à mes pieds et me demandent de brancarder le gars jusqu'à l'hélico. Le tout doit se faire encordé, Il va falloir synchroniser le brancardage avec l'assurance de Bastien et Benjamin.
Je me retrouve au chevet du blessé, le cuir chevelu semble avoir pris, ça n'est pas forcement grave mais ça saigne pas mal. Pourquoi ne pas avoir mis de casque à cet endroit. Bon ça n'est pas le moment de faire des remarques au gars, j'essaie de le rassurer, je vois qu'il a froid, je luis explique que le vent s'est levé, c'est la raison de son frisson (peut être pas que).
Début du brancardage, je suis à la tête du gars, on avance relativement vite dans une neige soupe, le gars est super lourd, je titube presque, in petto je me dis "ne pas tomber, ne pas tomber !" , mes crampons font ce qu'ils veulent, me tordant les chevilles, je brancard va de gauche et de droite, "surtout, ne pas tomber" "la vache qu'est ce qu'il est lourd !" On pose le brancard à l'endroit ou l'hélico doit atterrir.
Le gendarme me briffe sur ce que je dois faire ensuite, on se décorde dans un premier temps, la corde ne doit pas se prendre dans les pales de l'hélico.
L'hélico arrive dans un bruit assourdissant, je suis à présent du coté des pieds du brancard avec mission de le grimper dans l'hélico, et hop, c'est fait, ensuite il faut charger le matos des deux alpinistes suisses dans l'hélico. Les skis, les sacs, le matos de secours, les bâtons. Une fois le tout chargé, les deux secouristes montent dans l'hélico et je me tiens accroupi, en attendant que l'hélico parte. Le gendarme secouriste me fait un signe d'au revoir, le mécanicien surveille les abords de l'hélico, je suis à 2 m de lui, la turbine balaye tout, l'hélico décolle, le mécanicien me fait "petit pouce en l'air" (je me suis cru sur facebook) avant qu'un nuage de neige recouvre tout, je mets ma tête entre mes jambes en attendant l'accalmie, qui ne tarde pas. 30 secondes plus tard, c'est le SILENCE !
Les gendarmes auront été efficaces.
Nous on esperait presque qu'ils nous proposent de nous emmener...
On ne traine pas, je me ré encorde, skis sur le sac et on avance. Pendant le secours, François D'Haene est passé, il ne s'est (même) pas arrêté. Bastien l'a reconnu, pas moi, il a déjà filé.
Quand on se remet en route, Bertrand et Yves sont déjà de l'autre coté de la Jonction
On part un peu stressé, l'accident n'y est pas pour rien. On passe les blocs, on arrive à la zone où on pense que les deux gars sont tombés (à priori, le premier est tombé, son acolyte l'a retenu un moment, a réussi à amortir sa chute, par contre il a fini par basculer lui aussi et est tombé sans assurance, 7 m de chute dans cette zone peu sympathique). On ne traine pas, la zone chaotique, la petite traversée puis la descente. En bas, Benjamin est déjà remonté, gros bruit, je lance "pierre", une grosse pierre de 40 cm de rayon environ vient de tomber à moins de 2 m de Bastien, elle a du glisser sur le sérac au dessus. Nouveau bon coup de stress, l'adrénaline à fond et on n'est pas sortis. On galope vers la sortie, ouf !
Bertrand et Yves nous ont attendu.
On rechausse les skis et on file, croisant au passage quelques cordées qui montent. Il est trop tard et je le sais bien, le sauvetage nous a mis dedans... Le parcours est magnifique et effrayant, à droite, les centaines de séracs du glacier, plus ou moins menaçants, sous nos pieds , de temps en temps, une crevasse, simple petite trace, mais on voit bien qu'elles sont profondes. On skie vite, espérant que si le pont de neige s'effondre, on sera déjà de l'autre coté. Quelques virages avant une longue traversée. Ca n'est pas mon passage préféré, on va bientôt sortir de ce coupe gorges (mieux que Roland à Ronceveau)
On est sorti du glacier, enfin.
A présent la consigne du gardien est claire, il faut passer par le chemin d'été
Et le chemin d'été, je ne me fais pas d'illusion, c'est raide et expo, surtout à cette heure un peu avancée. Malheureusement, le chemin d'hiver , que nous avons pris hier est expo, un énorme sérac menace sous l'aiguille du midi, 20 000 m3 de glace d'après le gardien. Ça fait beaucoup, même si je ne me rends pas compte exactement de la quantité.
Bref, on part vers le bas avec un avantage, on sait que Yves et Bertrand sont montés par là. Si c'est trop expo, on pourra toujours rejoindre la gare des glaciers et descendre sur le tunnel.
On part pour une traversée à flanc avec quelques portages. La traversée est raide, par endroit il en faut pas s'en coller une , sinon, c'est le grand saut. Bref, on traverse, on déchausse, on rechausse , on file. En dessous de nous, par moment, le vide se creuse, il me tétanise, je n'en montre rien... pas glop. On fini par arriver à la gare des glaciers pour une petite pause. La décision est prise de continuer vers le plan de l'aiguille. Flûte moi j'étais parti pour une bonne pause. Benjamin est stressé de rater la benne. Pour moi, il ne devrait pas y avoir de problème, mais tout le monde est reparti alors que j'ai encore mon sac grand ouvert. Encore une fois, je galope derrière. Je finis par rejoindre le groupe lors d'un déchaussage. On avance , même si c'est encore loin. On a repéré au dessus François D'Haene qui n'a pas respecté la consigne, il va passer sous les mètres cubes de glace, sans doute sans le savoir. Bon, ils skis tellement vite que si le sérac tombe, il ne pourra sans doute pas le rattraper.
Pendant ce temps, nous on déchausse et on rechausse, sans oublier de nous moquer d'Yves et Bertrand qui sont incapables de nous décrire ce qu'ils ont vu à la montée (pourtant c'était de jour !)
Dernier déchaussage, j'essaie d'optimiser au max, puis on remonte skis sur le sac vers le plan de l'aiguille que l'on rejoint, enfin ! Et voilà, un joli Mont Blanc validé, et pas de souci pour la benne , on est hyper large !
voilà le reportage de france 3 concernant la menace de chute de glacier sur l'itinéraire d'accès au refuge des Grands Mulets
Épilogue
Dans la benne on a retrouvé le guide et sa cliente qui ont mouflé les deux suisses, en fait, personne ne les avait vu tombé, le guide traversait, il a vu un bâton et entendu une voix qui venait du fond de la crevasse. Ils (avec le PGHM) ont décidé de moufler les deux Suisses, vu le risque de sur accident (tout aurait pu leur tomber dessus)
Sur le parking à Chamonix, le Suisse (peu blessé) est arrivé en taxi pour récupérer sa voiture, à priori sont partenaire de cordée n'est que peu atteint, le séjour à l'hopital de Sallanche devrait se terminer ce soir... Bonne nouvelle !
Finalement, tout est bien qui fini bien
A Arnaud, François et Marshal
Une belle journée de montagne sur un sommet plutôt facile (faut quand même pas mal tirer sur les bras) et une après midi à organiser un sauvetage inutile.
Récit complet de la journée, du pseudo sauvetage et d'un autre sauvetage intercurrent
Bonne lecture
Vidéo :
Topo:
Accès départ
Pour info : parking à Täsch ( 15 € par jour)
Train Täsch Zermatt
Traverser Zermatt à pied (Nord Sud 1 km 100)
Prendre alors le téléphérique pour Matterhorn Paradise (Klein Matterhorn) 3817 m
Sommet :
De Klein matterhorn, descendre au col 3793 m CNS puis aller jusqu'au Breithornpass en visant le point 3824 m
Longer au mieux les pentes du Breithorn en passant sous le point (3821 m CNS et en allant au plus loin. On repeaute avant l'éperon du bivouac Rossi et Volante. Remettre les peaux et se diriger vers le pied du Pollux. Un couloir évident à droite vous appelle.
Laisse les skis. Remonter le couloir (40 °) en neige (couloir élégant) puis tirer légèrement à gauche dans un système de vire pour rejoindre les chaînes.
Passage un poil physique pour remonter la première partie des chaînes. (on parlera de technique de bourrin !)
On parvient à une breche, prendre alors à gauche, toujours des chaînes, mais plus facile. On sort alors à la vierge. La suite est une jolie arête à 35 ° qui mène au sommet
Descente par le même itinéraire, possibilité de faire deux rappels de 15 m chacun pour redescendre les chaînes sans effort !
Récit :
On a passé la nuit dans un petit hôtel à Randa, et oui, le petit alpiniste s'embourgeoise ! Bref on a bien récupéré de la journée de la veille et de l'ascension du Grand Cornier (point 3714 m)
Enfin c'était pas gagné, Benjamin semblait quand même bien fatigué la veille au soir. Ce matin, le voilà guilleret !
On file au parking géant de Täsch, puis par chance on choppe le premier train, sans attendre. Voilà Zermatt, la magnifique et la huppée. Comme à chaque fois, on remonte la rue principale entourée de boutiques de luxe. C'est toujours étonnant, ces villes de montagne, il semble que parfois elles aient perdu leur âme, elles sont toutes tournées vers le tourisme de luxe, oubliant ceux qui en font leur réputation : Nous. (Fin de coup de gueule, oui, je sais un peu mou, faudra peut être que je retravaille ce passage !)
Nous ne croisons le premier magasin de montagne qu'après une longue marche.
Benjamin se baffre de viennoiserie dans une jolie boulangerie. Et nous voilà aux caisses des remontées mécaniques. La carte bleu chauffe mais pas au point de rendre le terminal inutilisable. On se met dans la queue des télécabines, au milieu d'autres skieurs de randonnée, mais également de skieurs de piste. Et c'est parti pour une montée à 3800 facile, en 3 tronçons ! On se retrouve dans le dernier télécabine géant (28 places par benne !) les premiers ! Et donc on déboule à 3800 m avec la montagne pour nous. Bon ça ne dure pas longtemps !
Le haut est moche, des cables de téléphérique, des passages de neige damée. Je déteste !
Et c'est parti, courte descente sur la piste, il faut déjà traverser des fils et les pistes de ski défoncée par les dameuses (je n'ai pas tout compris j'avoue) Ensuite on tente de continuer sans les peaux. Pas forcement le bon choix. On finit par les mettre pour les 5 minutes qui nous séparent su Breithornpass, encore un mauvais choix tactique. Voilà le col, et hop, il faut dépeauter. C'est bien , ça nous occupe !
La neige est béton et pour mon plus grand plaisir, il faut descendre un poil dans le jour blanc. Les skis vibrent au contact du mur blanc, le ski est désagréable. Le temps n'est pas catastrophique mais le ciel est bas et j'ai du mal à estimer les pentes, comme souvent. Je me rends compte qu'il fallait tirer plus à gauche plus à flanc. Je tire alors à gauche en poussant sur les bâtons. Dans les portions descendantes , je suis crispé comme pas possible et Benjamin me le fait remarquer. Je déteste cette neige !!! Dire qu'on a fait du si bon ski hier ! C'est tout crispé que j'enchaine les portions de descente et les portions planes où il faut pousser sur les bâtons. En plus, pas un virage, pied gauche amont, un jour il faudra que je pense, àa faire affuter mes carres...
On fini par accéder au pied ud bivouac Ross et Volante et il faut remettre les peaux. Et repartir vers le haut... en faux plat. C'est toujours mieux qu'une descente à flanc en neige béton. petit youpi !
On avance sur le schwartzor, on voit des traces dans la face Ouest, par endroit, ça a l'air en glace, et on rejoint le dépôt des skis, petite pause, tout va bien , voici la partie ludique.
Encordés, moi devant, Benjamin derrière, et on est parti, le couloir se redresse tranquillement, la taille des marches augmentent aussi petit à petit. Je ahane à chaque pas. On opère quelques judicieuses pauses pour faire des vidéos, le petit couloir est très esthétique.
A la sortie du couloir on papote avec deux français, de la suite et de leur projet pour le lendemain.
Je profite du moment, c'est tranquille. Au dessus, la pente se couche, il y a quelques rochers. La trace est profonde, elle nous évite toute hésitation. on remonte vers une vire 5 m avec juste la place pour les crampons, j'avoue que l'on progresse tout en papotant. puis une petite sente enchaîne, à droite, le Castor nous surveille , et nous annonce des lendemains difficiles avec toute la glace présente !
Voilà enfin les chaînes, je reste devant (bah oui, je fais le fier) je récupère le peu de matos que l'on a emmené. Benjamin bougonne, il trouve qu'on n'a pas été assez prudent et qu'on est parti avec trop peu de matos. Bon, moi je pense qu'on devrait se débrouiller.
Vue de dessous c'est austère : après une courte traversée, il faut remonter sous un bloc coincé légèrement surplombant et remonter sur la gauche pour le passer. Waoutch, ça a l'air chaud ! surtout ne rien en laisser paraitre.
Je traverse, fastoche, puis je remonte. Au départ c'est pas trop difficile, c'est sur de la neige avec des prises à droite et à gauche, on progresse presque en opposition. Le bloc coincé me rejette en arrière, position désagréable. Je remonte mes pieds au maximum au fond du couloir, mais plus je piétine plus je m'enfonce, hors mon but était de monter ma jambe au plus haut pour trouver la première prise.
Pour la prise de pied, c'est facile, il y a une trace de crampons avec les pointes, tant tout le monde met son crampon au même endroit. Le pied gauche est tout trouvé, le pied droit vient en face, sur la paroi opposée, je bourrine sur la chaîne et passe au dessus du bloc. Yes, c'est passé, mais je suis tout essoufflé ! Je ne me souvenais pas que c'était si physique il y a 20 ans ou presque (je suis passé ici durant l'été 2003)
Je fais venir benjamin à moi, lui donnant au passage quelques précieux conseils (et oui ça donne un petit coté pro) je sais qu'il n'en avait pas besoin, il grimpe mieux que moi ! Je repars vers le haut, rien de bien technique, mais ça reste du gros tirage sur la chaîne. Je parviens à une brêche qui surplombe un bloc coincé sur lequel je me juche ! (et oui j'ai écris je me juche et c'est sans doute la première fois de ma vie !)
Bref, bien juché, je fais venir à moi Benjamin. Puis je repars, c'est plus facile, il y a des réglettes partout sur les 15 derniers mètres. et hop, en 3 minutes c'est emballé, je me retrouve a dessus.
reste juste à faire venir Benjamin
Un guide Suisse allemand arrive par le haut, tout en braillant sur sa cliente. sans me poser de question, il installe son relai à coté du mien (ni sans me demander) tout en braillant sur sa cleinte : "Krrrröte Krrrötte !"
Benjamin est déjà parti
La cliente commence déjà à descendre.
Il aurait pu attendre tranquillement que Benjamin arrive, il n'aurait perdu que 2 minutes.
Benjamin est à l'arrêt au milieu des chaînes, j'ai perdu l'audition de mon oreille droite. "KARABINER LINKS - KARABINER LINKS !" Les décibels sont là, le plaisir d'être ici moins. Je le sens stresser ce guide, stresser de devoir passer sur toutes les cordées qui montent ! La client est enfin en bas. Il arrête enfin de brailler. Il part en désescalade sur la chaîne en lâchant à peine un remerciement... Ca c'est fait, Benjamin reprend son ascension et me rejoint, on débriffe l'événement. Et oui, les guides, il veulent surtout rentrer tôt chez Bobone parfois !
Courte pause à la vierge, il reste une petite centaine de mètres. Je repars , tranquille, il ya une trace, par moment la glace n'est pas loin ! O nprogresse sur l'arête, le Castor à droite, le Lyskamm plus loin.
Déjà les derniers mètres et le bonheur d'être là haut, ensemble, c'est déjà notre 11ème 4000 en commun !!!
La pause est longue, on mitraille, on inspecte la peu avenante face du Pollux qui est notre objectif de demain. Au départ on voulait descendre sur la cabane du Mont Rose, mais vu la tête du glacier, ça fait longtemps qu'on a renoncé à ce projet ambitieux et crevassé !
Il faut attaquer la descente, d'abord la partie en neige puis la pause à la vierge, moins ventée que le sommet.
On laisse passer la cordée qui nous suivait sur le passage des chaînes, pour une fois qu'on n'est pas pressés, on a juste à profiter. C'est notre tour de descendre les chaînes, on a choisi de le faire en rappel, plus sécur et plus tranquille, l'autre cordée est parti en désescalade.
Benjamin se lance le premier. Première partie facile, rien à dire, je le rejoins assez rapidement. Ensuite on a un doute, un rappel va t'il être suffisant (on n'a que 30 m de corde) On balance la corde et on interroge le dernier de la cordée de dessous. "Pas de problème" et zou, c'est reparti, Benjamin d'abord puis ma pomme. Il ya juste le passage du bloc coincé qui se révelle peu agréable à descendre , mais ... ça paaaasssse !!!
Me voilà sur la vire du bas, vaché, je rappelle la corde qui gentiment évite le peu de bequets présents. Pendant se temps, Benjamin la love et nous volà reparti vers le bas tout en papotant, notre principale occupation du jour. Les passages sont toujours esthétiques. On rejoint le haut du couloir et tranquillement les skis. pour une dernière pause. Il n'y a plus qu'à rejoindre le bivouac, malheureusement, il n'y a pas ou peu de trace.
On repart avec les peaux pour une courte descente sur le Schwartzore, rapidement traversé, puis je passe devant pour remonter à flanc vers le bivouac, la fin parait raide... Benjamin me fait remarquer qu'il y a une grosse corniche au dessus de nous. La visibilité est mauvaise, j'hésite, il passe devant pour avancer de 10 m et on enlève les skis dans la pente.
Je charge le sac en restant bien concentré, le moindre truc qui tombe descend de 100 m directement sans espérance de l'arrêter. Benjamin a des doutes pour la suite, les pentes lui semblent trop chargées. Je pars devant. je contourner une première benne puis longe la seconde en biais. J'arrive à faire la trace d'un bon pas dans cette neige ou les pieds s'enfoncent. Je remonte vers le crux, sous une petite barre, j'attends Benjamin puis je repars à gauche, c'est beaucoup plus facile qu'il n'y paraissait, hop, petit passage raide, ensuite, ça se couche et le bivouac est là. On y accède par au dessus, il ne faut pas s'en coller une !!!
Et voilà le mignon bivouac Rossi et Volante avec la surprise : il y a déjà 4 duvets dans le petit espace. Une cordée est à l'approche dans nos traces, on ne sera pas seuls ce soir
Il est 14 h, on a le temps.
2 Suisses entrent dan le refuge. Il s'agit d'Axel et Fred avec lesquels on va passer une belle après midi.
2 Slovaques arrivent alors.
Il reste 2 duvets appartenants à 2 inconnus qui sont sans doute partis vers la Roccia Nera d'après Fred qui les a vu déposer leurs skis vers midi au dessus du bivouac.
On vaque à nos occupations et nos occupations, c'est faire fondre de l'eau. Il faut notamment aller derrière le refuge, remonter la pente (glissante) et revenir sans perdre son précieux chargement de neige) Bref, ça fond et on papote. Nous on découvre Fred et Axel. qui ont dévalé à ski la pente ouest du Pollux Les Slovaques ne sont pas en reste en offrant de la goutte à tout le monde, voilà qui réchauffe l’atmosphère. L'ambiance est bonne, le temps passe...
5 h on commence à s'inquiéter, les 2 qui sont partis devraient être déjà là. la Roccia Nera n'est pas loin (une heure max) et l'aller retour pauses comprises n'aurait du leur prendre que 3 h max. On décide d'attendre un peu avant d’alerter les secours, afin que s'ils sont nécessaires, ils puissent intervenir avant la nuit. Le temps s'est couvert. On ne veut pas déclencher des secours pour rien mais on se demande ce que la cordée fabrique sans ski sur le Breithorn...
17 h 30 on se décide à déclencher les secours alors que je pensais faire une petite sieste. Les Suisses n'ayant que peu de reseau, je suis le candidat pour appeler.
112
attente...
longue attente
"pronto"
forcement je ne parle pas Italien. nouvelle attente, conversation à 3, difficile, il y a un memebre d'une plateforme de secours, , un traducteur, et moi. Sans compter les tonalités qui se surajoutent par moment.
J'explique qu'une cordée est parti à midi pour la Roccia Nera, qu'elle devrait être là vu que le sommet est tout proche, que le plafond et bas et ne permet pas à un hélico de survoler le sommet...
Le gars me demande de rappeler un numéro
panique on n'a pas de paier pour le noter. Axel a la présence d'esprit de prendre son téléphone
Nouvel appel
Je renouvelle mes explications
Le gars me demande un maximum d'information, et de fouiller le matériel. Fred pense assez vite qu'il ya deux groupes. sur la table de la cuisine et en dessous : un téléphone, un piolet, un bruleur et une gamelle et de la bouffe en désordre, d'autre part sur la couchette en haut à gauche, 2 duvets et du matos bien ranger. On découvre qu'il ya une fille dans le groupe, mais pas de papiers.
Une seconde fouille nous permet de trouver dans le téléphone le nom du propriétaire : Gabin Aplic (oui j'ai changé le nom... ;-) )
Il y a une Carte Bleue, une carte vitale, une carde de club d'escalade à Nice, et une carte de rendez vous chez le dentiste. Flûte c'est un Français qui a laissé ce souk dans le refuge, j'ai honte.
Je fais part de nos trouvailles au secouriste, il me dit qu'il me rappelle. Je lui indique aussi que l'on pense qu'il y a deux groupes
On attend, et on décide de faire monter une équipe vers le sommet. Étant responsable du téléphone, je suis coincé au refuge (dommage j'aurais bien aimé jouer les saint Bernard) Je récupère les portables d'Axel et Fred. Il neigeote à présent
Axel, Fred et Benjamin commence à se préparer. Je leur donne quelques indication sur la configuration du sommet, dans le brouillard qu'il ne se prenne pas la corniche... Surtout pas de suraccident. Je vérifie qu'ils ont des boissons chaudes.
Le type des secours me rappelle. Il m'annonce que Bastien Aplic a été rapatrié il y a 3 jours et que le secours est terminé. Je dois alors me battre pour lui faire comprendre qu'il ya deux personnes sur la montagne et qu'il y a deux groupes. Qu'on a bien retrouvé les affaires de Bastien , mais qu'il y a aussi d'autres personnes. La lutte est dure, il y a une sorte de quiproco de secours. Je finis par le convaincre, on fait le point ur le secours avec lui. Pendant ce temps, les 3 "secouristes" sont prêts. Fred annonec qu'ils vont y aller à ski, "ça ira plus vite" Et là, je me dis que c'est bien que je n'y aille pas. Axel et Fred vont aller à fond, j'ai de la peine pour benjamin qui va galérer à les suivre. Moi, connaissant les lieux, j'y serai aller à pied, tranquillement , à mon rythme. Pauvre Benjamin, je ne l'envie pas finalement.
Bon les 3 sont prêts, j'explique aux secours qu'on envoi des secours, vu la météo , ça nous semble la meilleur solution. A ce moment là, un cri vient du dehors, une cordée est sur le retour, fin de secours. J'annonce la bonne nouvelle à mon interlocuteur, et nous finissons par raccrocher
Les deux allemands arrivent, tout le monde se retrouve dans le refuge. On fini par comprendre qu'ils sont allés à la Roccia Nera puis ils ont attaqué la traversée des Breithorn (comment comptaient ils rentrer ici sans ski...) puis à la selle, il sont descendus dans la face pour revenir par le plateau qui ramène au bivouac. Dans le brouillard, navigation au GPS au milieu des crevasses.
Les Allemands ne se sont pas rendu compte de tout ce qu'on avait mis en place pendant leur absence...
On mange et on se couche (attention il y a une suite)
La suite :
Le lendemain, réveil tranquille vers 5 h . J'ai décidé de prendre le matos d'Alban sur mon sac (piolet, réchaud, téléphone et paiers) Fred et Axel sont partis il y a 1/2 h pour la traversée Castor Lyskamm.
On descend, on rejoint le pied du Castor dans le vent et on laisse les skis. Une énorme barre de glace barre la face, et pourtant la trace passe par ezlle. Benjamin n'est pas inspiré et son inquiétude est contagieuse. Je lui propose de contourner la glace en passant par la neige à gauche. Je pars devant, d'abord à gauche puis dans la pente raide. Au dessus, ça se couche. Je pense qu'il suffit de revenir sur la droite. Je tire alors à flanc avant de redescendre de 5 m, il ya de la glace partout. On discutaille, on s'arrête, c'est vrai qu'on a les crampons lights, c'est sans doute un peu juste. On sait aussi qu'on doit redescendre par le même itinéraire. Je pousse sur la droite pour rejoindre la face, je sens la glace sous mes crampons.
Discussion rapide, on signe le but, on reviendra et de toute façon, je suis déjà venu ! Que de glace dans cette face pour la saison ! Incroyable ! ca passait en prenant un peu de risque avac les bons crampons.
Demi tour, on rejoint les skis et zou direction Matterhorn paradise, qui n'en est pas un (pour moi ) On retrouve les pistes, les Italiens qui montent en peaux sur celles ci dré dans le pentu, et on rejoins Trockener steck, fin de l'aventure (ou presque)
Il y a encore une suite !
La suite de la suite :
Retour à la maison, et C'est l'inspecteur Apoutsiak qui prend en charge le dossier
Via Messenger j'arrive à joindre la salle d'escalade d'Alban
Ainsi que son Bureau des élèves, Alban est étudiant en médecine
Je compte exploiter tous les indices en ma possession
J'utilise la carte de son dentiste, la secrétaire me dit qu'il n'est pas client mais avec la carte vitale, elle me donne le nom de son médecin traitant, l'enquête progresse, je dois appeler le Dr T , de Nice.
Un sypatique secrétaire m'annonce qu'elle connait la maman d'Alban, l’étau se resserre , je touche au but. Elle me dit de rappeler le lendemain.
De mon coté je cherche sur internet, il y a eu un accident sur Pollux il y a 3 semaines qui pourrait correspondre, deux jeunes de 22 et 17 ans, l'un d'eux est tombé de 200 m en ajustant ses crampons. Tout de suite ça m'amuse moins de prolonger les recherches, mais je suis lancé. Pas sur que ça soit cet accident.
Le lendemain, je rappelle la secrétaire du Dr T, elle me passe le numéro de téléphone de la mère d'A. Je l'appelle, elle est ravie que je l'appelle, son fils va bien et son compagnon de cordée aussi, ils se sont mangé une avalanche et ont du être hélitreuillés
Je prends l'adresse d'Alban et file à la poste lui envoyer le Colissimo
Le lendemain on arrive à se parler au téléphone
En fait ils ont attaqué la traversée du Breithorn, et au milieu de la traversée on choisi de descendre. Alban a fait partir une plaque sur son compagnon Hector.
Hector s'est retrouvé la tête en bas dans la rimaye et Alban a du le dégager alors qu'il avait une fracture de la cheville.
J'ai eu Hector le lendemain, qui m'a raconté la suite. Sans téléphone, il a du descendre le glacier tout seul, au milieu des crevasses (pas glop) jusqu'au refuge des guides du Val d'Ayas à pied pour appeler les secours.
Et tout est bien qui fini bien, Alban en a pour quelques mois avant de s'en remettre, ils en seront quitte pour une belle frayeur !
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Et voilà, 2 récits de sauvetage en un seul récit, pas mal non
J'envoi plein de bisous à tous les protagonistes croisés ce jour là !
A bientôt là haut !
Bon, au départ, le projet était plus ambitieux : gravir la face nord du Grand Paradis
La glace et le manque de matos nous ont fait revenir vers la raison mais surtout vers la jolie voie normale.
Vidéo :
ascension du Grand Paradis depuis le refuge Chabod- 4061 m
Topo :
Récit
3ème jour de notre périple dans le massif du Grand Paradis (après le Bec de Monciair et la Tresenta).
On se réveille les derniers avec pour objectif l'ascension du Grand Paradis. On a laissé tombé l'idée de gravir la face Nord qui est presque intégralement en glace, pas assez de motivation, on reviendra quand elle sera mure : en neige (d'habitude, d'après mes observations, ceci arrive fin juin chaque année, sauf celle ci...)
Le petit couple qui dormait à coté de moi a disparu quand j'ouvre l’œil, bizarre.
Direction la salle à manger puis la salle des chaussures avant la GRANDE salle du dehors, à nous deux, grand Paradis.
Finalement on part les premiers, mais, avec mon pas de pachyderme, je me fais rapidement dépasser par une première cordée, puis par une seconde... je n'ai vraiment pas de vitesse. Devant ils galopent, Bastien a la gentillesse de rester non loin de moi.
On remonte une première moraine avant une traversée puis de nouveau, la remontée d'une seconde moraine. Le dessus, de bloc en bloc, voit mon âme de chamois prendre le dessus, je rattrape la première cordée (oui c'est un peu compliqué, la deuxième a dépassé la première... et donc la première n'est plus devant, enfin elle est devant moi mais pas en tête), bref, je les dépasse, assez fièrement je l'avoue.
Un peu plus loin on croise les premiers névés, je dépasse l'un des protagonistes de la première cordée puis la fille de cette même cordée, je suis devant à présent, j'ai même largué un peu Bastien. De cairn en cairn, on progresse, sur la gauche, on voit les frontales bien haut en direction du petit paradis, c'est le petit couple à coté de qui j'ai dormi, c'est la raison pour laquelle ils avaient disparu.
Une petite vire nous amène au glacier, plus qu'à s'encorder et à mettre les crampons, les 3 cordées se rejoignent, je n'avais pas pris tant d'avance que ça...
C'est parti pour le décollage, je pars devant, la cordée d'allemands nous suit 2 minutes derrière (en fait il s'agit d'Autrichiens mais je ne le saurais que plus tard) les autres, assez étonnamment, on ne les reverra plus (peut être qu'ils avaient oublié du matos...). Je prends mon petit rythme sur ce glacier plutôt plat, dire qu'on aurait pu y monter à ski (avec beaucoup de portage)
A gauche, une dalle énorme apparait dans une partie du glacier raide, comme pour nous montrer la vitesse du réchauffement climatique. Derrière, je vois les allemands qui bourrinent pour rester dans nos traces. Nosu parvenons à une zone crevassée, corde tendue, on remonte puis on vire sous une barre de séracs et de crevasses. La trace est bien faite, il suffit de la suivre.
a gauche, la face Nord du Grand Paradis, quasiment complètement en glace, c'est la loose, il faudra revenir... Après, par chance, ça laisse ce joli sommet dans ma "todolist".
Plus haut, une cordée débouche de la droite, sans doute de Victor Emmanuel, elle avance vite, très vite ...
La pente augmente, je reste concentré, la communication avec Bastien est difficile, nous sommes loin l'un de l'autre. On passe de grosses crevasses, mais le passage est large puis on attaque la longue combe, longue et monotone, au loin on voit le point de Jonction entre la voie du refuge Victor Emmanuel et la notre.
Les allemands font des pauses, mais ils bourrinent pour rester proches de nous.
Devant, la cordée rapide s’essouffle, petit à petit je reviens sur elle dans cette grande combe, je finis par remarquer que le second semble cuit, il opère des pauses bien souvent, et repart au triple galop ce qui ne me permet pas de le rattraper complètement.
J'avoue que j'aurai bien aimé leur revenir dessus (juste pour mon moral), il n'en fut rien, quand nous sommes arrivés à la jonction des deux voies, ils ont disparus dans le flot des cordées.
Oui, parlons en du flot des cordées, de la droite déboulent de nombreuses cordées, trop nombreuses, en provenance de Victor Emmanuel . Tout ça me stresse, ça va bouchonner dur dans la partie finale
Et moi je n'en ai pas l'habitude, les deux dernières fois au sommet, j'étais seul !
Bon, jonction des deux voies, pause obligatoire, on ne s'est presque pas arrêté jusque là.
Ce qui est stressant c'est de voir les dizaines de personnes qui nous passent devant pendant la pause. J'avoue que je n'aime pas cette situation. Les Allemands ont fait une pause courte et sont aussi devant.
Le vent est là, le froid, après quelques photos, on repart, le rythme est lent, on se retrouve dans la colonne de cordée, il y a plus de 20 personnes devant nous , les unes derrière les autres... Et du monde encore au dessus. Je prends mon mal en patience, on passe sous le magnifique Bec de Moncorve, puis sous le col, quelques cordées font une pause, ça sera toujours ça de moins à dépasser, oui, je ne vous au pas dit mais je pense dépasser une bonne partie des cordées, je ne sais pas encore trop où, mais tel est mon intention.
La pente s'accentue, il y a de la glace autour de la trace, pas encore le bon endroit pour attaquer, je ronge mon frein... Enfin, la neige est là, je fais un signe à Bastien qui a vite compris mon intention. Grosse accéleration, attention, ne pas s'emballer, et zou, je dépasse une première cordée puis dans la foulée celle des allemands, le gars me regarde, dégouté, je pense qu'il aurait aimé faire pareil.
Toujours en dehors de la trace, j'opère un virage, et la ça avance fort, c'est ça l'avantage d'être un peu tout le temps en montagne. Je commence à être moins stressé.
C'est la ligne droite qui mène au pied du sommet, on avant assez rapidement, dépassant les dernières cordées une parès l'autre, en reste une au loin. On arrive un peu à fond, au pied de l'arête. Le guide nous propose de passer, on ne se fait pas prier...
Et hop, on part par les vires en face Ouest, le nouvel itinéraire de montée. Oui, le Grand Paradis est le seul sommet que je connaisse, avec un sens giratoire obligatoire, on monte par la face Ouest et on descend par l'arête, ce qui évite les croisements intempestifs)
C'est quand même bizarre de devoir faire un circuit obligatoire, mais bon
On attaque la vire, facile, la progression est rapide vers le col sous la vierge. J'hésite à aller au vrai sommet, mais l'aller retour là haut va nous mettre dans le trafic et perdre tout l'intérêt de nos dépassements.
Je remonte la via ferrata finale puis assure Bastien pour qu'il vienne. Voilà le sommet, une cordée y graille. Ils prennent tout leur temps. c'est moyen cool parce qu'il y a du monde qui arrive.
Bref on fait deux photos, la cordée du guide est déjà là, ils ont un prêtre ce qui leur donne un peu une autorité sur ce sommet à vierge.
J'ai à peine le temps de lui faire la bise (à la vierge par au prêtre) que l'on se retrouve sous la dalle sous le sommet pour laisser la place. La cordée derrière suit ma tradition en embrassant la vierge. L'ambiance est tout de même bonne malgré la précipitation et le monde.
On attaque la descente de l'arête, le petit passage en face Est que j'adore, plein gaz, redouté par nombre de débutants puis l'arête facile. Ça galope, je conseille Bastien , qui poli, ne me dit rien , il n'a pas besoin de mes conseils ! et on rejoint la neige.
C'est reparti pour le glacier, on croise des cordées, nombreuses, plus ou moins fatiguées, certains alpinistes sont au bout d'eux même. Je fais quelques photos, et on poursuit vers le col puis vers la bifurcation entre les deux voies, nouvelles pauses.
On a largué les chleus, enfin on pense les avoir larguer...
Après quelques photos sur fond de Ciarforon on attaque la descente de la grande Combe glacière, le rythme est bon, mais quand on parvient au bout, Bastien me dit qu'on est suivi. Effectivement, au loin une cordée galope, les allemands, à fond !
"Noooooon , pas eux !!!"
J'accélère, un peu, pas non plus à fond, je suis un peu fatigué.
Plus bas, on croise des cordées qui montent, avec des guides ! il est déjà tard, la neige est déjà transformée mais ils montent. Et je comprends la tactique, partir bien après tout le monde pour éviter le monde sur l'arête. Même si l'idée est bonne , en pratique c'est assez scabreux, quelles conditions de neige vont ils trouver à la descente.
Derrière nous, la cordée se rapproche, je presse discrètement le pas, ça serait dommage qu'ils se rendent compte.
En dessous, encore des cordées , à la montée. Bon là ils ont la troche des grognards de Napoléon lors de la retraite de Russie. Trop chargés, aucun rythme, épuisés alors qu'ils n'ont encore rien gravi, je ne donne pas cher de leur chance de succès. C'est incroyable de rencontrer des gens comme ça sur le glacier (même encadrés par un guide). A mon avis une autre course aurait été plus adapté, même s’ils accèdent au sommet, ils vont galérer fort ... très fort.
Reste le plat final, les allemands sont sur nos talons. Je sens leur souffle chaud dans mon cou, je pars à gauche, un petit raccourci vu du haut, eux passent par au dessus; bilan, c'est bibi avec sa bonne observation des subtilités du glacier qui remporte la mise, on se retrouve en tête à la sortie du glacier !!!
30 secondes plus tard, ils sont sur nous et on papote un peu, la barrière de la langue n'aidant pas !
On file devant. De bloc en bloc, je suis pressé de rejoindre le refuge. Et Bastien se croute sur une plaque de glace. Je l'entends valdinguer, le bruit raisonne sur les glaciers environnant... Ça fait "kong, kong ,kong" Je me retourne, inquiet... "Ca va ?" je me demande si je ne ferai pas mieux de revenir en arrière, je ne le vois pas. Mais l'homme des Fourgs, le bucheron du Jura, est résistant, il se relève, et le voilà reparti, la hanche endolorie et la main ensanglantée, le port fier, avec ce léger défaut de la démarche, propre aux grands explorateurs quand ils reviennent au port !
On file sur les moraines, sans doute un peu moins rapidement que prévu, mais on file, on repasse le bucolique petit plat avant de prendre la dernière moraine avant le refuge.
Les gardiens sont en train de manger, on les salut avant de se poser sur le ban, à l'ombre après cette jolie ascension rondement menée. Les allemands, prédateurs assoiffés, arrivent peu de temps après...
Le pique nique est rapide, on doit regrouper le matos laissé au refuge avant d'attaquer la descente...
Et bien la descente, la voici, de longs virages pas trop raides
On les attaque en discutant, tranquille, la voiture est à deux heures environ.
Au bout de 20 minutes, on voit les deux allemands dévaler les pentes, à fond par les sentiers raccourcis (complètement à proscrire en général et en particulier dans les parcs nationaux) Ils descendent à fond. Ils nous traversent comme des fusées, en 5 minutes ils ont disparus de notre vue. Nous, on garde notre rythme, forcement on ne peut pas aller plus vite. Il fait chaud, mais , par chance, on passe dans la forêt. La fin de descente est longue, sur un sentier empierré (travail impressionnant des bâtisseurs !) mais raide, enfin trop pour nous.
Je file devant pour faire du stop pour nous ramener à la voiture, j'espère in petto retrouver les deux chleus et leur demander de me faire la navette jusqu'à Pont.
Peu avant le bas, je tombe sur un petit vieux qui aménage le sentier, je le remercie pour son travail, et on papote pendant 5 bonnes minutes, la suite c'est l'arrivée au parking, malheureusement les allemands sont déjà partis (depuis longtemps) le stop va être compliqué, il y a très peu de voiture sur la route, et le Covid n'est pas favorable aux autostoppeurs. Par chance, un bus passe, je lui fait signe, il m'attend et zou je suis dedans, quand il part, Bastien arrive, je luis fais signe que je reviens, avec la voiture.
Fin du périple
Le mauvais temps, le mal des rimayes, les conditions moyennes, bilan, on n'est pas allé au sommet du Ciarforon, à mon grand regret. Et on a enchainé sur la Tresenta, le soleil est apparu et la fin de journée fut belle
Vidéo :
Topo :
Topo (grossier) du Ciarforon. En rouge l'itinéraire décrit dans les topos, en bleu le couloir du gardien. Attention, nous nous sommes arrêtés assez tôt, donc topo théorique, dessiné selon ce que nous avons compris des indications du gardien.
Récit
2ème journée dans le massif du Grand Paradis, après l'ascension du Bec de Monciair hier. La nuit fut bonne et le réveil tranquille. On part après les candidats au grand paradis, le souci, les sommets sont complètements bouchés.
Après avoir contourné le joli lac du refuge Victor Emmanuel, on attaque l'infâme moraine. Les moraines sont toujours infâmes même si celle là est sans doute plus sympathique que d'autres. Le sentier est raide, mais pas trop mal tracé. Comme souvent, mon partenaire de cordée se place derrière moi, afin de suivre mon pas lent mais régulier (oui, quand ils sont derrière moi, ils ne se fatiguent pas). Après avoir remonté la partie raide on se retrouve sur une sorte de plateau, au loin , un gros groupe galope. Avec Bastien , on papote tout en inspectant l’itinéraire pour la suite. (enfin ce qu'on peut voir, les nuages accrochent)
Je lui rappelle les indications du gardien, prendre le couloir en neige à droite de l'arête à la base plutôt que de suivre l'itinéraire décrit dans le topo : contourner les gendarmes par la gauche. Et le gardien a même ajouté que a sortie du couloir n'était pas géniale. Ça donne envie.
Ça déroule bien jusqu'au glacier, le groupe est en train de s'équiper, ils partent pour la Tresenta, nous on met rapidement les crampons avant de filer vers le Ciarforon.
Le Ciarforon justement, j'en rêve depuis longtemps... 1989, ça commence à dater, 32 ans !
La première fois que je suis allé gravir le Grand Paradis, j'avais été épaté par ce joli sommet avec sa grosse calotte glacière. Les années ont passé, je suis revenu déjà 4 fois, et l'idée de gravir la face Nord a germé. Malheureusement, le réchauffement climatique a fait apparaitre une barre rocheuse au milieu de la face, et plus les années passent, plus l'obstacle devient infranchissable. J'avais l'idée de gravir la face aujourd'hui, mais, quand on a vu son état, j'ai cherché une autr arête accessible. L'arête Nord Est me semblait le seul itinéraire faisable.
En plus, cette année, à priori au sommet, il y a un joli lac glaciaire, voilà qui me motive d'autant plus.
Bref, je suis ultra motivé, mais quand on se retrouve sur la longue traversée du glacier, je vois que je ne suis pas très en forme, Bastien galope devant. J'avance doucement derrière, tout en observant le peu qu'on peut voir du sommet. Je repasse devant sur la fin et on arrive au pied du bastion de l'arête.
Petit point avec Bastien, le couloir conseillé par le gardien ne semble pas top, même si on voit mal le haut. On décide de tenter l’itinéraire décrit dans le topo. Je pars devant dans des gros blocs. Puis la logique voudrait qu'on descende dans un couloir en mixte, avec un poil de glace sur des gravats compactés.
Je parviens à descendre, je fais venir Bastien. La suite ne m'inspire pas, la météo non plus. La suite c'est une paroi qui semble un peu merdique, peu prisue au départ. Bastien passe devant. Le premier pas est technique, j'essaie de le conseiller comme je peux. La pointe du crampon sur une prise minuscule, la main droite dans le dièdre de droite. Retour au pied pour une seconde tentative. On n'a pas assez de matos pour protéger, la loose. Nouvelle tentative, et nouvel échec. Le crampons dans l'autre fissure n'était pas assez sur.
Troisième tentative, un peu plus à droite, Bastien s'élève, la sueur perle sur son front, les crampons crissent, les mains moites tentent agripper d'hypothétique prises. Et cette dernière tentative se termine comme les précédentes, par un retour au relai. Discussion, on décide de tenter par le couloir du gardien.
Retour au pied du bastion, ça sent quand même bon le but. On opère la pause, je sens que Bastien l'a déjà validé.
On repart alors vers la droite de l'arête, dans la neige pour rejoindre le couloir. Je passe devant pour traverser sur la neige.
"Tu saignes" me lance Bastien
"Bah non !"
"Si tu saignes, il y en a plein la neige..."
Je regarde mon nez, peut être que je saigne du nez (même si ça m'arrive hyper rarement) Bon, ben ça ne vient pas de là..
Dans la neige, il y de grosse taches rosée tout au long de la traversée. En fait , ça vient de mon genou gauche. Il saigne visiblement pas mal, alors que je n'ai pas de douleur, j'ai du heurter un rocher sans m'en rendre compte.
A présent, je continue de progresser, mais je regarde les empruntes laissées par mon genou dans la neige, un joli pointillé de rose. J'arrive au pied du couloir, il y a de la glace, le brouillard cache le haut qui a l'air bien merdique, une sortie en gravillon détestable sans doute. Pas le temps de réfléchir, Bastien est déjà reparti vers le bas, sa décision était prise il y a longtemps.
je refais le chemin le long des taches roses...
On a décide de partir vers la Tresenta, le sommet voisin que j'ai déjà gravi avec Sandrine. Il faut retraverser le glacier pour rejoindre une languette de neige qui nous amènera , si tout va bien dans la face Sud de la Tresenta.
J'ai un sentiment bizarre, je me rends compte qu'il y a des chances pour que je ne vois jamais le sommet du Ciarforon. Le sommet est loin de la maison, sa face Nord devient de plus en plus complexe chaque année, l'arête Est n'a pas un réel intérêt alpinistique, à quoi bon revenir juste pour cocher ce sommet ? Mais c'était un peu un rêve de jeunesse et c'est la première fois que j'ai cette sensation de savoir que je ne reviendrai sans doute pas.
Je rumine mon échec.
Et je vois bien que l'ascension du tas de caillou de la Tresenta ne va pas combler la déception de l'échec de cette ascension.
On poursuit la traversée, juste en dessous de la limite des nuages. On reste sur le glacier, juste sous l'arête. A droite, des cordées font des manips sur l'arête, la tête dans les nuages.
Je vise la langue de neige qui semble permettre de sortir dans la face Sud, même si je ne suis pas absolument sûr du passage. On remonte vers l'emplacement et bingo, ça fait comme un escalier géant !
Je gravi les 5 marches géantes, et me retrouve sur un tas de cailloux géant : la Tresenta !
On remonte alors cette face Sud. Les nuages eux ont décidé de se faire la malle, le beau temps arrive, trop tard pour repartir vers le Ciarforon. On s'élève, le vent est là, il chasse les nuages, nous on gambade de bloc en bloc, même si le terme de "gambader" est peut être légèrement exagéré. Mais on avance. Parfois je me retrouve un peu en arrière, j'ai ma bonne excuses : "je fais des images". En fait Bastien a la soquette légère.
On retrouve la sente de la voie normale d'ascension, il suffit de remonter, le Ciarforon est à présent complètement dégagé, l'itinéraire n'aurait pas été facile à trouver et les difficultés étaient présentes sur l'arête, un bon AD bien tapé à mon avis. Trop tard pour retenter.
Nous reste à remonter tranquillement les dernières pentes et la jolie arête finale, nous voici au sommet de la Tresenta. Pour une jolie pause
J'essaie au passage d'apprivoiser un choucas, en vain, je suis vraiment trop nul !
Le pique nique fait du bien, la pause est bien agréable !
On repart alors vers le bas. D'abord la sente puis on décide de couper par la neige.
Une petite traversée plus tard, la pente s'accentue et au passage délicat, Bastien a l'idée de casser son bâton. Étonnant, on risque d'en avoir encore besoin ! Je galope devant dans la neige profonde (bon je suis bêtement la trace, ça laisse moins de place aux surprises dues à la qualité de la neige. On fini par enlever les crampons et rejoindre la moraine.
On papote bien sur cette moraine en n'oubliant pas d'admirer les faces et les arêtes du Ciarforon. Reviendrai-je un jour sur ce joli sommet, pas sûr... pas sûr du tout !
Raidillon final, la descente sur Victor Emmanuel, le petit lac et la pause pique nique sur la terrase du refuge
oui, la pause pique nique car la journée n'est pas finie...
Oui, l'idée est de traverser sur le refuge Chabod dans l'après midi afin de tenter la face Nord du Grand Paradis demain.
Donc, la pause terminée on part pour la transition.
Le chemin est bucolique mais j'avoue que j'aimerai être au refuge pour me reposer. On avance, on papote, on monte, on descend sous le regard amusé des marmottes.
Pas de bouquetins, oui, on n'aura pas vu un seul bouquetin durant ces 3 jours, il faut le faire, Bastien sera le premier alpiniste du monde à ne pas avoir croisé un sel bouquetin dans le massif du Grand Paradis, ça, c'est un exploit !!!
Il y a peu de monde sur le sentier, quand, ô ciel, j’aperçois une jolie fille au loin. Grande est ma joie de devoir la croiser, quand je m’aperçois qu'elle emprunte un autre sentier que le mien, encore une rencontre ratée. C'est l'âme en peine que je poursuis vers le bas.
Après cette première partie tout en descente, on remonte dans une seconde, dépassant au passage deux anciens qui étaient partis un peu avant nous.
Au dessus, on aperçoit Chabod, le refuge est encore bien loin, il va falloir traverser 4 moraines ! et 4 moraines, c'est long. Nous opérons une petite pause avant de descendre une partie technique, ensuite c'est le décompte des moraines. Le sentier est efficace mais il y a des kilomètres à parcourir. Je décompte frénétiquement les moraine qu'il me reste à traverser, comme les dodos avant de rentrer à la maison !
A droite, j'inspecte la face Nord du Grand Paradis, elle est en glace, pas glop ! , ça correspond à ce que m'avait dit la gardienne au téléphone. Avec 5 broches ça va s'avérer impossible à gravir, moi qui espérait trouver une face avec un filon en neige.
Dernière moraine, on remonte le vallon avant un petit pont et la montée au refuge, je monte à fond, et Bastien, qui avait fait une pause , me rattrape malgré mon rythme élevé, je suis dégouté !
On parvient au refuge, moi allaitant comme un bœuf, Bastien frais comme un gardon, à chacun son animal totem !
Une fois enregistrés je prends des infos pour la face nord et je comprends que c'est cuit, on es équipé un peu light pour la course ! On se contentera de la jolie voie normale depuis Chabod !
Bon, alors, tout commence par un problème, comment écrit on le nom de ce p**** de sommet : Bec de Monciair, de Montciair, de Montchair ou becca di Monchair... Sujet complexe, que je n'ai pas encore résolu. J'ai quand même décidé pour le titre, je n'avais pas choix, les différentes propositions ne tenaient pas dans la case.
Pour le reste, encore des problèmes de fenêtres météo qui s'ouvrent et se ferment sans me demander mon avis...
Vidéo
ascension du bec de Monciaie
Topo
Récit :
3 jours de libre en milieu de semaine, Bastien se rend dispo, plus qu'à trouver un objectif à ma hauteur... Bon, le problème c'est qu'il fait pourri partout sur les alpes. Je prends le problème dans tous les sens, il fait crade partout, sauf un village qui résiste encore aux envahisseurs, Pont dans le Valsavarenche, avec le Grand Paradis au dessus, mon rêve est d'en gravir sa face Nord.
J'établis le programme... Jour 1 on pourrait aller au Bec de Monciair, un joli sommet non loin du refuge Victor Emmanuel à faire à la journée.
Jour 2 : Ciarforon, idéalement par la face Nord mais on peut aussi trouver une autre voie, traversée vers le refuge Chabod l'après midi
Jour 3 : face nord du Grand Paradis, à défaut voie normale depuis Chabod.
Reste à réserver et à demander les conditions aux refuges. Pour le Grand Paradis c'est en glace... Et sur la Webcam, il y a du cailloux partout autour de Victor Emmanuel, bilan on partira à pied (oui, au début on avait l'idée de monter les skis...)
La suite est simple : gérer l'intendance, ne pas partir trop tôt exceptionnellement, récupérer Bastien et faire la route. On est parti tard, la nuit nous prend sur la route de la Suisse, l'autoroute est de nouveau fermée sur une portion, il faut sortir et perdre du temps sur de petites routes de campagne. Bastien prend le volant, col du Grand Saint Bernard, puis tunnel, puis descente, les heures passent, nous voilà sur la route qui tournicote dans le Valsavarenche. Quelques chevreuils sautent au dessus du capot de ma superbe Berline, les yeux de Bastien se closent par moment, c'est un peu dangereux, c'est lui qui conduit, mais rassurez vous, on s'habitue.
1 h du mat, nous voilà sur le parking de Pont, je trouve un endroit pour dormir à Bastien : la salle hors sac du parking. Moi, je mets ma voiture en mode nuit, et au lit, Réveil à 6 h 30
6 h 30, faire les sacs avec le dilemme, prendre du matos pour la sécurité, mais pas trop (oui, bizarrement le matos de sécurité est toujours lourd). Bref, c'est une solution bancale, comme à chaque fois, que nous trouvons. 7 h 05 en route, d'abord à plat puis sur les sortes de chemins escaliers empierrés. Le rythme est bon. Je m'amuse à repérer les endroits que nous avions remonté à ski il y a 1 an (ascension à ski de février 2020, juste avant le confinement )
Bref on avance, le rythme est bon, le Ciarforon et les Bec de Monciair apparaissent, l'objectif est encore loin.
Le refuge approche, 2 trailers nous passent devant à vive allure, on maintien le cap, puis on parvient sur la terrasse... Petite pause, pour laisser ici le matos inutile et se restaurer. Je suis content , on a mis moins de 2 h pour arriver là.
Il fait grand beau, j'ai encore trouvé la bonne fenêtre, au moins pour aujourd'hui
On repart au dessus, dans le dédale de cailloux qui était sans doute sous un glacier il y a 20 ans. Bref on galère à aller de cairn en cairn, mais on y arrive, on remonte par un névé vers l'épaule qui monte vers le Ciarforon et on rejoint le Grand Cairn sous l'arête du Ciarforon.
Courte descente d'abord en neige puis dans des pentes merdiques et bien raides en petits cailloux où, si tu te casses la binette... ben tu te fais bien mal. fort heureusement, des décennies de montagne nous évitent de désagréables égratignures.
On laisse les bâtons, on s'encorde et on part sur le glacier, encordement long afin d'éviter une chute dans une hypothétique mais perfide crevasse.
On grimpe, les discussions deviennent incompatibles avec la distance de l'encordement et le vent, on a juste le droit de profiter de l'endroit, de ses montagnes majestueuses. On passe la rimaye sur un joli pont de neige qui semble solide, puis on remonte un couloir un peu raide mais pas trop avant de faire une pause sur les rochers. On se restaure , on se réhydrate et on regarde la suite, une longue pente à 45° à faire en traversée... Heureusement ll y a une vieille trace qu'il suffira de suivre.
A présent, c'est Bastien qui est devant, bien concentré. je suis 4 m derrière, le vide se creuse, la progression n'est pas très rapide, mais régulière. La qualité de la neige est bien variable, ça va de la semoule à la neige hyper dure. Avec quelques surprises quand tu ne t'attends pas le pied s'enfonce profondément. Pendant que Bastien fait laborieusement la trace, je fais l'ambiance en chantant quelques airs du répertoire. Et oui, j'ai aussi, un petit brin de voix. Il me semble avoir vu Bastien mettre ses boules quies à mi pente.
La traversée effectuée on attaque une petite pente en biais puis on remonte jusqu'à l'arête où on enlève les crampons.
J'avoue avoir un peu galoper de bloc en bloc sur l'arête. Un passage bien agréable. Le Grand gendarme s'approche, son contournement semble évident, il est superbe ! On passe par la droite, ensuite la pente se redresse. On avance sur une pente en rocher délicat, avec un poil de neige dessus. Chaque pas révelle une surprise, un bloc qui semblait solide dévale la pente, un pied sur le sentier , emmène celui ci un peu plus bas. Prudemment on remonte jusqu'à une antécîme.
Bastien redescends de l'autre coté, ça semble plus technique. Du haut je le vois hésiter, regarder vers le bas pour rejoinder un collet, je vois bien qu'il utilise des prises qui pourraient lâcher à tout moment... Mon tout vient, personne pour m'assurer du haut, pasglop ! Je passe la dalle du haut puis descends relativement facilement jusqu'au dessus du collet. Le passage n'est pas dur, mais les pieds et les mains sont sur des blocs de gravillons compacts à la solidité toute relative. Face à la pente, je vois que ma prise main droite semble se désolidarisé de son soclue. Heureusement mon pied droit ne bouge pas et je rejoins Bastien au collet dans la neige.
Il repart vers le haut, et vers le haut, c'est merdique, une pente de neige puis de la glace, un passage mixte et du gravillon raide en sortie avant de retrouver un semblant de vire. Bastien part, rejoint facilement la glace puis remonte lentement le passage technique en contournant la partie mixte par la gauche. Je vois son coup de pied hésitant puis le crampons planté dans une glace fine vient glisser sur la dalle sous-jacente. Par un mouvement bien senti il parvient à se redresser et à traverser, la vire est à lui.
C'est mon tour, moi qui déteste affronter un passage où j'ai vu mon partenaire petouiller. Je remonte jusqu'à la glace mais choisi de passer par le mixte. Crampon droit sur la droite à hauteur de genou, j'essaie de fixer mon piolet à la bonne hauteur, et à bonne hauteur, il trace son sillon dans une glace impure. Je finis par trouver un ancrage correct et me redresse, je farfouille avec mon crampon gauche emmenant de la glace plutôt qu'un appui solide. Ça fini par tenir, je remonte les deux derniers mètres essoufflé mais content.
On part sur la vire puis on remonte les pentes sommitales. Le rocher devient plus solide, nous progressons de blocs en blocs, cherchant à grimper au plus facile. Quelques minutes plus tard, on parvient au sommet, Joli petit sommet avec une chouette vue.
Au Nord l'arête Sud du Ciarforon ne fait pas du tout envie, au Sud, un sommet horrible , il semble fait de tours en rochers délités, il ne doit vraiment pas être gravi souvent...
on attaque la descente avec en tête les deux crux, le passage après le collet et la longue traversée dans la pente à 45°
Assez rapidement on parvient au dessus du collet. Bastien part devant, et assez adroitement il redescend le passage de mixte pour ce coller dans le collet. Je le rejoins avec facilité (plus ou moins, faut pas exagérer quand même) on se retrouve en bas. Bastien gravi la pente opposée sans y trouver d'opposition, je vais devoir faire bonne figure. Le bas (merdique) se franchi relativement facilement (c'est toujours plus facile quand on voit les obstacles) la suite est presque rando.
Nous voilà, dans la descente vers le grand gendarme qui mérite une nouvelle pause photo tant il est beau.
Tandis que j'ai choisi d'enlever mes crampons , Bastien a choisi, lui, de les garder, bilan sur l'arête en bloc déneigée, je galope de bloc en bloc et il a du mal à suivre mon rythme effreiné. Fort heureusemen, ça ne dure pas longtemps, je dois déjà recramponner.
On quitte alors l'arête, la neige a fondu, on s'enfonce parfois trop. Voilà la grande traversée. On traverse rapidement, la neige est un peu transformée il faut rester concentrés. mais on parvient aux rochers pour la pause.
L a suite est rapide, on traverse le glacier on récupère nos bâtons et on remonte sur l'épaule du Ciarforon.
Bon mon plan pour la suite était de prendre la neige au maxi en tirant sur la gauche à flanc sur le glacier. Mais rapidement je me rends compte qu'il est trop tard, la neige est trop soupe, on redescend vers notre trace de montée, nous enfonçant par moment jusqu'aux cuisses. La suite est longue, de cairn en cairn, le retour est un poil long à notre avis. On rejoint le refuge, il est plein, les candidats au grand paradis pour le lendemain sont là. Il est déjà 17 h, il nous reste juste le temps de préparer la journée du lendemain, objctif : arête Nord Est du Ciarforon
Le projet était ambitieux on souhaitait gravir le Ciarforon. Le brouillard et notre faible motivation devant les premières difficultées en ont écidé autrement. Bilan demi tour et ascension de la tranquille Tresenta avec le beau temps au sommet
Grand Paradis depuis le refuge Chabod
Voie normale