Mont Blanc 1992
C'était il y a 13 ans déjà. Les exams de 2ème année terminés, nous avons filé, Sandrine , Mathieu et moi jusqu'au Fayet. Le TMB nous monte dans la foule des grands jours au Nid d'Aigle et c'est parti...
Rapidement, je vois Mathieu et Sandrine me larguer, du style 20 minutes devant moi, je ne me sens vraiment pas en forme... Le sac est lourd, nous avons décidé de monter la bouffe. Je ne les rejoins qu'à hauteur du Tête Rousse, où nous pique niquons.
Le repas vite avalé, nous repartons, nous équipons pour traverser le "couloir de la Mort". Nous le traversons rapidement. Puis nous remontons les rochers plus ou moins enneigé de l'aiguille du Goûter, encordés, avec les casques et les crampons.
Une pause, un refuge passe, avec son client asiatique : "stand up, stand up" "be carrefull with your pulls". Mathieu et Sandrine fatiguent dans cette montée sans rythme où le refuge parait si proche. "Le gardien ne va pas nous garder nos places" "On va devoir bivouaquer dans la paroi" (des Grands couloirs... compte là dessus) Après une longue et lente montée entre la neige les rochers et les câbles nous atteignons le fameux refuge... bondé bien entendu.
Il faut préparer le repas composé de Raviolis à l'ancienne (en boite ) , qui ne cuiront pas bien... Dégueulasse!!!, en plus on n'avait pas faim, on a tout de même englouti la crème Mont Blanc, indispensable ce soir là.
Le soir, nous nous couchons à 3 sur 2 matelas, avec les sacs et le matos !!! Petite nuit.
2 heures du mat, on se lève, Sandrine est malade, elle décide de ne pas nous accompagner. Le déjeuner avalé, nous voilà sur les pentes de l'aiguille du Goûter. Le Dôme est atteint relativement rapidement. Le vent fort nous accueille alors, en rafale il fait très froid (- 10 - -15°C). Nos revenus d'étudiant nous ont permis un équipement adapté : jean pour Mathieu, pantalon de survet pour moi, Vieux blouson, et , cerise sur le gâteau : gants troués pour moi.
Nous attaquons la montée sur les bosses, le vent est très fort, de nombreuses cordées font demi -tour, à nous le Pôle Nord !!! Des morceaux de glace gros comme le point sont projeté" par le vent sur l'arête, nous heurtant pas moment. Sur l'arête, à un moment, c'est l'accalmie, De nombreuses cordées font une "courte" pause. Nous décidons de repartir, j'utilise mon écharpe pour protéger mon gant, je suis congelé. Certaines cordées restent bloquées de longs moments dans les passages difficiles. Le Vent se renforce. Dernier "raidillon" avant le sommet, 2 cordées ne parviennent pas à avancer. Nous sommes bloqués. 4750 m ... Nous décidons de redescendre, il fait trop froid. Nous décidons de faire une pause à Vallot pour récupérer... "erreur !"
Nous gravissons l'échelle qui y mène puis redescendons dans le refuge. Une quinzaine de visages violets et verts nous y accueille, il y règne un silence de mort, aucun n'aura la bonne idée de nous laisser un peu de place sur le bas flanc, nous nous asseyons 3 minutes sur les marches, et décidons de repartir. Nous sommes usés par le froid et le vent perpétuel. Le brouillard givrant nous englobe. On n'y voit pas à 10 mètres. Je laisse passer Mathieu devant, je suis trop fatigué. Nous décidons de faire une pause. Un Sportenine, j'essuie mes lunettes ( ce qui va me permettre de voir, il y avait du givre dessus) et nous repartons au galop vers le refuge. Nous y retrouvons Sandrine, contente de nous revoir.
La descente du refuge est longue mais sans histoire.