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Le Petit Alpiniste Illustré

Le Petit Alpiniste Illustré

by Apoutsiak

Alpinisme : les Droites - 4000 m

Apoutsiak — 4000Massif du Mont BlancAnnealpinismeAD

Depuis les Praz de Chamonix

Par le refuge du Couvercle

 

Vidéo :

 

Topo

 

Refuge du Couvercle

On peut prendre le Train du Montenvers à Chamonix et rejoindre directement le Montenvers, nous avons choisi de partir du bas

 

Des Praz de Chamonix, se garer au parking avant l'hélistation des Bois (PGHM)

traversée l'Arveyron et remonter la piste vers le Nord

Un sentier part sur la droite (Chemin de la Filia) on rejoint le chalet des Motets

De là un sentier balisé point jaune permet de gagner le Montenvers (en réalité on passe sous le terminus versant mer de glace (Est) passer à la vire des guides et descendre les longues échelles du Montenvers (longues et mythiques)

Sur la mer de glace , remonter celle ci, et rejoindre la jonction du glacier de Leychaux. Le bas du glacier de Leychaux est en cailloux (la glace est dessous), repérer les cairns permettant l'accès le plus aisé. rejoindre les échelles des Egralets

 

Pour info le passage est impressionnant par moment (possibilité de s'assurer)

remonter ensuite la moraine qui donne accès au magnifique refuge du Couvercle 2687 m

 

les Droites 4000 m

Depuis le refuge du Couvercle

Prendre l'itinéraire de l'aiguille Verte (couloir Whymper)

passer sous le chien rouge, le Moine, la Nonne et l'Evêque (plein Nord !)

à l'altitude 3000 m partir plein est pour gagner la base du couloir descendant de l'éperon Oriental des Droites (évident)

passer la rimaye du couloir et le remonter (50-55°) (dans les topos il est noté 45, mais à mon avis c'est sensiblement plus raide !)

en haut du couloir, poursuivre en suivant l'éperon tout en restant légèrement versant Est.

Ca doit passer un peu partout en mixte, parfois un peu athlétique.

On rejoint une dernière pente de neige assez raide, et le sommet ! 4000 m

Vue ***

 

Descente

redescendre sur 50 m puis basculer versant Est

Il y a des rappels équipés

prévoir 2 X 40 m afin d'éviter des desescalades parfois un peu techniques

une fois sous al tour des Courtes, descendre le large couloir

et rejoindre le glacier de Talèfre

Passer sous le Jardin de Talèfre et rejoindre soit le refuge soit les Egralets

 

 

 

Alpinisme : les Droites  - 4000 m

Récit

 

Après une jolie rando au lac blanc la veille, et un bon repas concocté par Anne au Gîte la montagne, nous voilà vers 9 h 30 aux Praz de Chamonix près le l'héliport du PGHM.

Bon , Anne a décidé que nous partion du bas, je me serais bien vu faire un petit tour en train du Montenvers, mais sa décision est irrévocable, je dois quitter l'île, euh non, nous partirons du bas, des Praz.

 

Et là je me dis qu'un ami et lecteur de ce blog, rencontré au cours d'une sortie VTT avait comparé Anne au lapin de la pub Duracell, et que la comparaison est bien choisie. Elle ne s'arrête jamais.

Nous attaquons la montée en papotant, je me cale devant pour faire le rythme... 

Assez rapidement nous arrivons au Chalet des Mottets d'où nous inspectons le front de la mer de glace qui a depuis longtemps quitté le flanc du chalet.

Passage dans les blocs rocheux où deux traileurs nous dépassent , puis sous le Montenvers.

Viennent les échelles, gravies avec mon frère il y a une vingtaine d'année (il n'y en avait que 2 à l'époque(ouh là, ça fait vieux), à présent il y en à environ 8 et en bas, on n'est pas encore sur le glacier (et je ne vous raconte même pas l'époque de mes grands parents, , il touchait presque la glace en descendant du train).

Nous remontons le glacier pour une pause pique nique.

 

Repartant sur la mer de glace nous croisons une 20aine d'alpiniste un verre à la main et du vin à profusion ! on n'a même pas été invité, mais la vision était étonnante !

Voilà le carrefour de la mer de glace, le glacier de Leychaux n'est qu'un tas de cailloux ondulant, qui se crispe en basculant sous le glacier du géant. Ca n'est pas la vision magnifique du glacier ! 

Nous trouvons assez rapidement les cairns qui nous amènent aux échelles des Egralets. 

Impressionnante, parfois en léger dévers, les passages se succèdent avec pas mal de gaz et c'est assez long.

Nous sortons des Egralets ur un grand névé, tiens,  Anne (Duracell ?) est déjà loin devant, elle fait une pause pour m'attendre avant le refuge, et hop nous voici après 6 h de marche (pauses incluses) au refuge. 

Dès notre arrivée, le gardien nous donne de précieux conseils pour la course, l'accès en passant sous la Verte, et les conditions.

Petite sieste et bon repas avec deux futurs vainqueurs de la Verte (enfin je pense) l'équipe du refuge est très sympa. nous filons dans notre dortoir, où nous sommes seuls et où il fait très froid, au point que pour la première fois, je dors tout habillé (en plus des multiples couvertures...

 

Bonne nuit mais courte, le réveil me tire des bras de morphée à 2h, qu'est ce que je fais là ? 

Petit déjeuner avec Anne , seuls dans le réfectoire, la gardienne nous rejoint et nous souhaite bonne course, nous quittons le refuge à 3 heures, casque et frontale sur la tête, crampons aux pieds et encordés.

Bon au bout de 10 mètres, je perds un crampon, et oui, chez les alpinistes, il y a un souci, ce n'est pas le passage de l'heure d'hiver à l'heure d'été, mais le passage des chaussures de ski (l'hiver) aux chaussures de ski (l'été)

Anne gromèle devant, j'étais sensé opérer tous les reglages la veille au soir, ce que j'avais fais, mais devant l'événement, elle emetait de gros doutes.

Crampon raccroché on repart et je prie, "pourvu qu'il tienne, pourvu qu'il tienne"

Bon il s'avère que finalement , il tient !

On remonte sous les pentes du Moine, la lune éclaire grandement la montagne. La trace est bonne, au loin les cordées ont passé la rimaye de la Verte, elles sont 4 ou 5 dans les pentes du mythique sommet !

 

Mais que vois-je : une cordée de 3 est engagé sur les Droites, juste sous la rimaye du couloir. Qui sont ils, hier on nous avait annoncé que nous serions les seuls ! Nous ont ils caché leurs projets pour mieux nous passer devant ? Je calcule mentalement l'heure de leur lever.... Entre minuit et une heure. 

Ils ont plus d'une heure d'avance sur nous. Je les observe, sous la rimaye, ils mettent du temps, la rimaye serait elle super délicate, de loin, hier en montant , j'avais plein de doutes, elle parraissait difficilement franchissable sauf à l'endroit des coulées d'avalanche !...

Ils finissent par progresser... ça passe

Nous quittons la trace de la Verte, pour une traversée du glacier à flanc. Moi qui aime les changements de pied amont, voilà que nous allons rester "pied droit amont" pendant 2 km, alors comme on dit sur facebook : "j'aime pas !"

Voilà la rimaye, la cordée de 3 est sorti du couloir.

Pause, la météo est un peu cracra mais ça devrait passer. 

Anne part devant, j'aime autant, elle se tape la trace,et comme d'hab elle a de l'énergie à revendre. La rimaye passe sans souci contrairement à ce que je croyais. 

Le couloir, je le pensais à 45°, il est en réalité ou plutôt à mon avis beaucoup plus raide, 50-55°, la neige est parfois croutée, mais souvent très dure, ça chauffe pas mal les mollets, mais nous progressons assez vite, et l'éperon oriental des Droites est vite atteint. 

Virage à gauche, en neige au départ pour atteindre une zone en  mixte.

"c'est là que j'excelle", me dis je...

Alors là, on a un peu merdé, on a suivi des traces.

 

Anne tente un geste improbable, du dry tooling sur rocher branlant, je vous déconseille, elle bascule en arrière lorsque son piolet arrimé lâche, et s'arrête avec les deux piolets plantés dans la neige 2 mètres plus bas, j'avoue que j'ai un peu stressé à l'idée d'enrayer sa chute sur friend...

Bon on décide de passer ailleurs, ailleurs c'est lisse, nous revenons sur le passage, trouvant légèrement plus à droite un endroit plus aisé. Enfin plus aissé, façon de parler, un bloc énorme, poussant le sac à dos en arrière il falllait passer  le sac (et les bâtons) en mode contorsioniste, en ajoutant un peu de dry en sortie...

La suite c'est des passages de neige avec du mixte pas toujous évident mais parfois agréable. 

Il fait hyper froid et humide, mais la visibilité reste bonne , le plafond nuageux doit se situer à 5 ou 6000 m

 

La montée se passe bien, le sommet n'est plus très loin, un anneau de buste me gène, je tache de le remettre de la main gauche, tout en tenant mon piolet light, maladresse, le piolet m'échappe et file à vive allure dans la face Est, impossible de le récupérer, peut être sera t'il sur le plat du glacier en bas à la descente, mais je crois peu en cette hypothèse. 

J'avoue que j'ai juré, à présent il va falloir finir la course avec un seul piolet, et en racheter un neuf à Chamonix, comment foutre en l'air 100 €...

 

Dernier passage de mixte, dernière pente de neige. Nous nous abritons juste sous le sommet. Quand je dis abriter, c'est beaucoup dire vu que Anne était un peu protégée et que j'étais en plein vent, mais bon, ce fut une dernière pause avant le sommet, 10 mètres plus haut. 

On n'a pas trainé, on a vu la vue, les sommets, on a fait des photos, une petit vidéo pour vous avant de filer. 

 

Descente avec un piolet les passages gravis puis virer sur les rappels en face Est. Ce qu'il y'a de bien c'est que j'avais repéré la cordée de 3 à cet endroit là à la montée. 

Corde de 60, rappels de 30 m, il en faut beaucoup, en plus c'est un poil court, donc un rappel sur deux, il faut descendre de 5 à 10 mètres pour atteindre le rappel suivant, et c'est parfois scabreux. Celui qui attend au rappel se les gèle , d'autant plus qu'il s'est mis à neiger ! Et Anne qui a eu la bonne idée de ne pas prendre de descendeur, fait des demi cabestan pourris une fois sur deux. 

Je suis un peu congelé, mais tout se passe bien, on a quelques passages un peu chaud pour passer d'un rappel à l'autre, mais tranquillement on passe. 

Au troisième rappel, j'ai la chance de retrouver, miraculeusement, mon piolet ( qui a dit, c'est la preuve que Dieu existe !)  bien placé, planté, dans l'axe du couloir des rappels, il n'a pas du tomber loin de la cordée de 3 qui nous précede ...

On équipe un rappel à un endroit où nous sommes beaucoup trop courts. Mais au bout d'une grosse dizaine de rappels on se retrouve dans la pente sous la Tour des Courtes et le col des Droites. Et, c'est toujours raide, il faut descendre des centaines de mètres en désescalades face à la pente, c'est long, mais à cet exercice, je suis assez rapide...

 

Voilà le bas du glacier sous les Courtes. On opère une pause pique nique (comme d'hab on avait  quasiment rien mangé de la journée) On passe ensuite sous le Jardin de Talèfre, pas vu ni les bégonias ni les hortensias... Il faut rejoindre la moraine des Egralets, au début c'est évident par un petit couloir en neige,  puis on suit des traces qui ne nous mènent à rien. 

il faut tirer à droite, dans des dalles trempées par la neige et la pluie et traverséer de piégeux torrents. On perd notre petit quart d'heure (au bout de 12 h de course on n'est plus à ça prêt) Voilà le sentier. Anne file devant. il neige, je descend à mon rythme.

Nous passons les échelles des Egralets où j'ai l'impression de la rattraper, tout est trempé, les barreaux, les rochers, les échelles, chaque prise doit être assurée.

 

Sous les égralets nous filons dans les pierriers vers le bas, Anne a un co voiturage à 19 h 30 et je calcule que ça va être juste.

Je décide de lui proposer qu'elle parte devant, elle a la pêche, elle devrait y arriver.

Elle finit par accepter. Elle file presque sans me dire au revoir. Duracell, à fond pendant 20 h de course ...

Et ce qui est cool pour moi, c'est que je vais pouvoir descendre tranquille, même si tranquille, ça donne un temps  un peu trop long à mon goût !

 

Au début je vois Anne filer entre les cairns, galopant de pierre en pierre, sur le glacier de Leychaux. Je calcule rapido qu'elle m'a déjà mis un quart d'heure.

Quand je quitte le glacier de Leychaux pour la mer de glace, je la vois au loin sur la mer de glace, avec l'impression qu'elle court, par contre l'impression quelle court trop à gauche.

Je ne la verrais plus.

la mer de glace est longue, mais passe. La remontée par les échelles au Montenvers m'use mais je garde le moral, sous une fine pluie. Je tape un rocher avec le pied et ceci me confirme si j'aivas encore un doute que je me suis encore pété les deux ongles de pouce de pied... Comme dans l'ascension du Weisshorn l'été dernier ...

 Au Montenvers, il est 18 h, il n'y a plus presonne pour applaudir le valeureux vainqueur des Droites. Même pas un technicien du Montenvers.. Je suis passé par le haut (me coltinant 50 m de dénivelé supplémentaire) pour profiter des sentiers plus roulant. 

En fait, je me fourvoie, non seulement j'aurais gravi ces quelques mètres en plus, mais je me gourre et me retrouve quand même au chalet des Mottets que je voulais shunter. La suite, je déroule à 600 m/ heures, en dépit de mes doigts de pieds douloureux. (Au Weisshorn tout c'était terminé à 200 m/h  à 11 h du soir sur le sentier)

Voilà le plat, une ampoule en talon explose et me fait horriblement souffir, heureusement dans 10 minutes je suis à la voiture... Je boitille pour terminer, ça va être chaud demain pour le Mont blanc...

La voiture... 20 h...

 

Epilogue

  • j'apprendrais qu'Anne a mis 2 h à descendre, à 19 h elle était déjà aux Houches
  • Avec Sandrine on tentera de percer mes ongles de pieds avec le trombone et l'allume feux de l'hôtel des deux gares du Fayet (le réceptioniste se demandant ce que nous allions faire avec ces deux ustensiles). On arrivera pas à percer complètement la corne...
  • Une immonde ampoule était présente en talon, heureusement mère compeed pris du service...
  • Le lendemain matin, la météo pourrie pour le surlemendemain me privera d'un mont blanc avec ma dulcinée, mais également d'une potentielle descente d'apocalypse de celui-ci...
  • Le surlendemain, je passais chez l'excellent Docteur Boiteux, Grand perceur d'ongle devant l'éternel, qui d'un geste sur, muni de son briquet et de son trombonne, créa le premier jeyser de salle de consultation, un serum puissant jaillissait des antres de mes doigts de pieds... Garnissant plafonds et murs avec un esthétisme plus que parfait ...

 

 

 

 

 

Alpinisme : les Droites  - 4000 m
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S
les Droites, mazette tu ne te refuses plus rien !! mille bravo. Par contre l'épilogue, tu aurais pu l'éviter, c'est limite blurp !!!
Répondre
A
Il n'est pas bien mon épilogue<br /> En tout cas, ça m'a fait rire de l'écrire...<br /> Désolé de t'avoir fait blurper.
A
Mais t'es pas sur le Mont Blanc??<br /> 20 h à Cham ? t'es resté dormir sur les échelles? qu'est-ce qui t'es arrivé? Je suis arrivé aux Houches à 19H?!<br /> En tous les cas merci pour ce 4000 complet en manip. Désolée d'avoir été un peu speedée par le timing et la météo.<br /> Anne
Répondre
A
Ma descente après les Egralets<br /> <br /> Je suis parti sur le même rythme qu’avant<br /> Un truc que je ne t’ai pas dit, je sentais que je m’étais encore pété les deux ongles de pied dans la montée aux Droites en tapant dans un rocher sous al neige... (ongles coupés d’avant mon séjour)<br /> Je t’ai aperçu galopant sur la mère de glace au moment ou je quittais le glacier de leychaux<br /> Je suis descendu à mon rythme et est remonté les échelles (à mon rythme, pas soutenu mais ça avançait)<br /> J’ai décidé de passer par le Montenvers comme prévu<br /> et je me suis un peu perdu à la descente (mon plan n’a pas fonctionné), je me suis quand même retrouvé au chalet des Motets (donc j’ai du perdre encore 1/4 d’heure 20 minutes)<br /> En passant j’ai retapé l’orteil droit dans un rocher ce qui m’a confirmé mon ongle pété ... bonne douleur !<br /> <br /> Je suis descendu ensuite à 600 m / h aux Praz (donc correct)<br /> et suis arrivé à 19 h 57 à la voiture<br /> <br /> Arrivé à l’hôtel, la météo semblait bien merdique<br /> on a attendu le matin pour prendre celle de 8 h 30 qui confirmait la météo complètement pourrie du samedi<br /> on a alors annulé<br /> <br /> Voilà<br /> <br /> Merci pour la belle sortie