Alpinisme : Blanche de Peuterey - 4112 m - Grand Pilier de l'Angle - 4243 m
Un grand voyage en altitude
(mais aussi un peu long)
J1 : montée à Monzino
J2 : Col de l'Innominata - Dames Anglaises par les vires Schneider - Blanche de Peuterey
Col de Peuterey - Grand pilier de l'Angle - Col de Peuterey - Col d'Eccles bivouac Eccles
J 4 : refuge des Cosmiques - aiguille du Midi... Journée de repos !
Vidéo
Blanche de Peuterey - Grand Pilier de l'Angle - Pointe Louis amédée è Mont Blanc de Courmayeur - Mont Blanc
Topo
Refuge Monzino (2590 m)
Se garer au parking du frêney et remonter la piste qui permet de passer le pont sur la Doire
Suivre le sentier du lac de marmotte et le quitter à la bifurcation pour remonter vers la rive droite du glacier du Freney
Prendre la via Ferrata la remonter puis par des pentes faciles rejoindre le refuge Monzino (2 - 3 h)
Blanche de Peuterey
De Monzino, gagner le glacier du Chatelet, le remonter et par une escalade relativement facile gagner le col de l'Innominata -3205 m
En 3 rappels de 30 m gagner le glacier du Freney, le traverser au mieux et rejoindre les Vires Schneider qui se situent légèrement au dessus du rognon rocheux en rive gauche du glacier
Remonter les vires (facile) et poursuivre au desssus du bivouac des Dames Anglaises (Craveri) sans y passer. basculer versant Brenva et poursuivre en ascendance tout en restant versant Brenva (rocher ultra pourri)
on rejoint l'arête lorsqu'elle devient neigeuse et on poursuit jusqu'au sommet Est puis ouest par une arête élégante ! redescendre en contrebas à l'ouest pour trouver les rappels (3 je crois de 60 m)
On rejoint alors le col de Peuterey
Grand pilier de l'Angle
Passer la rimaye et gagner la partie rocheuse que l'on remonte, au mieux... pour gagner le sommet
Nous avons choisi de descendre en rappel à l'applomb du sommet (non équipé) 7-8 rappels de 60 m pour passer la rimaye et rejoindre le col de Peuterey
possibilité de gagner le sommet du Mont Blanc de Courmayeur et le sommet du Mont Blanc par une longue et belle arête de neige.
Bivouac Eccles
Du col de Peuterey traverser en direction du pied du col
Remonter le couloir s'il est en neige (50°), sinon ça passe en rive gauche dans du rocher parfois délicat jusqu'au col.
Descente du col en 2 rappels puis neige raide (50° au départ)
passage de la rimaye à l'aide d'un rappel sur corps mort puis on rejoint facilement le bivouac Eccles
Récit
Sur la route de Chamonix, je me rends compte avec horreur, qu'une tique est logée dans ma cuisse. Sur la route, je me rends compte qu'on est Dimanche et que les pharmacies sont fermées. Je croise les doigts pour qu'à Cham j'en trouve une d'ouverte. Se garer, courir (il est bientôt midi) trouver une pharmacie et se faire délester du contenu de son porte monnaie pour une malheureuse pince à tique. Ah, le commerce ...
Sur le premier bans, dans la foules cosmopolite de la capitale de l'alpinisme, je déloge le désagréable intrus de ma cuisse gauche, il lutte puis fini par se rendre, devant le regard médusé des chinois en vadrouille. Enfin, les vacances vont pouvoir commencer. Je file trouver un peu de matos manquant à mon équipement, un pique nique avant de retrouver Yannick.
Rendez vous à la gare SNCF, je sais qu'il est toujours en retard et au bout d'une demi heure, on se rend compte qu'on attend chacun d'un coté de la place ...
Décollage pour l'Italie en passant par le tunnel... et ses bouchons ! et zou, encore une demi heure dans la vue. On déboule en Italie sur le parking du Freney. On s'équipe à coté d'une autre cordée en partance pour Monzino. Et c'est Parti.
Yannick, grand guide, le Zidane de l'alpinisme m'annonce sur de lui : "pas d'orage ce soir !"
On part, sur un bon rythme, confiant dans la prédiction de l'oracle, d'abord sous le soleil, puis sous les nuages. Je connais le sentier que nous avons emprunté l'année dernière avec Anne lors de mon premier passage dans l'envers du Mont Blanc pour l'ascension du Mont Brouillard et de la pointe Barreti.
Nous remontons les premières via Ferrata, croisant les randonneurs à la descente., certains vaillants, d'autres moins, tous parfaitement équipés Via ferrata !
Nous opérons une courte pause au pied de la partie plus verticale. Les glacier du frêney crachent leur eau de manière spectaculaire, le ciel est sombre.
On remonte la Via, Yannick est devant, je me retrouve avec l'autre cordée. Il se met à pleuvoir, la prédiction du Grand guide s'est avérée foireuse. Deux options , se faire rincer en carline ou sortir la Goretex. J'opte pour la seconde option. Perd un peu de temps sur les autres. Je poursuis, sous la pluie. Tout glisse, les cables, les prises, les rochers. Prudence mais efficacité. On se retrouve sur le replat en dessous du refuge. Je poursuis, et rejoins le refuge, suis bien humide, la pluie dense a fait son effet.
Au refuge, c'est opération séchage et lecture du topo, qu'on ne trouve pas ... Yannick récupère des infos de ses collègues. et on finit par manger un bon diner avant d'aller au lit, le réveil est à 1 h 30 demain !
1 h 30, debout, un peu dans le gaz on sort du dortoir et on tombe sur des alpinistes endormis un peu partout : sur un mini bans, dans les escaliers, il y en a même un dehors sur la terrasse, pourquoi n'ont ils pas pris une place dans le dortoir, mystère... Yannick essaie de leur expliquer la solution, mais ils restent tous à leur emplacement...
Le déjeuné avalé nous quittons le refuge vers 2 h 15. Par des sentes on gagne le glacier du Chatelet que l'on remonte avant de rencontrer un premier passage hardu et bien humide. Mais ça passe... Un peu d'escalade et nous voilà au col de l'Innominata face au bien crevassé glacier du Frêney (mais il parait que cette année... Ça passe !!!)
3 rappels dont un coincé et on pose le pied sur le glacier. Début de traversée facile puis ça se complique, Yannick veut prendre en bas alors qu'il me semble que les vires Schneider sont au dessus. Après une brève hésitation on décide de passer par le haut, et ça passe et on se retrouve pile poil sur les vires Schneider.
On enlève les crampons, on range les piolets et on remonte ses vires faciles avant de remonter un couloir au dessus du bivouac des Dames Anglaises qu'à mon grand regret nous ne rencontrerons pas ... Ah, les Dames Anglaises.
J'aurais adoré prendre un thé sur leur terrasse...
Bon l'autre nom du bivouac c'est Craveri, et perso, ça me fait moins rêver.
C'est pas le tout de fantasmer, il faut grimper, et ça se met à grimper un peu plus, d'abord versant Frêney, dans du rocher correct , et rapidement versant Brenva, dans du rocher pourri à ultra pourri (parfois un peu moins)
On opère une jolie pause avec une belle vue sur la Noire de Peuterey et tout le Bassin de la Brenva avant de poursuivre. L'escalade n'est jamais difficile mais il faut se méfier de la qualité du rocher. On rejoint l'arête et le sommet par un joli passage en neige.
Courte pause, petite descente petite arête bien effilé entre les deux sommets avant de redescendre vers les rappels. 3 rappels de 60 m dont le dernier permet de passer la rimaye, on se retrouve au col pour une petite pause, les organismes (surtout le mien) commence à fatiguer et la journée n'est pas terminée !
On attaque la base du Grand pilier de l'Angle. Malheureusement le couloir de neige à gauche n'est plus en condition. On remonte des parties mixtes où la neige a déjà bien transformé, et où la glace n'est jamais très loin. Mixte technique et un poil merdique, mais ça passe
Mais on progresse même si c'est long... pour parvenir au sommet ! 2ème 4000 de la journée et 76ème pour moi ! Plus que 6 (dont 2 prévus demain !)
La suite du programme est originale, mais elle est dictée par les 82 4000. L'objectif est d'aller chercher la pointe Louis Amédée non gravie l'an dernier, la faute à la météo. Bref il nous faut rejoindre le bivouac Eccles. Nous ne poursuivons donc pas cette belle arête qui permet de rejoindre le Mont Blanc mais nous redescendons vers le col de Peuterey en 7 ou 8 rappels de 60 m. On opère une pause pour boire de l'eau avant de repartir, traverser le plat du col de Peuterey alors que des avalanches dévalent les pentes supérieures sous le Mont Blanc de Courmayeur. On file, enfin personnellement j'essaie de filer parce que les jambes sont lourdes. Yannick m'enjoint à galoper dans les parties expo. On finit par atteindre le pied du couloir Eccles que l'on remonte. A mi hauteur, bombardés par des chutes de pierres, Yannick finit par quitter le couloir pour les rochers à droite. Branlants mais moins expos à la mitraille. Parvenus à l'endroit, je dois me taper d'aller enlever un friends intallé 3 m plus haut après un beau passage en glace avant de redescendre et de sortir du couloir sur des rochers plus que branlants : rien ne tient !!!
Tel un chat, avec une finesse inespérée, je sors (bon j'ai quand même fait partir un énorme bloc, c'est quand même des courses ou c'est bien quand t'as personne en dessous , remarque personnelle) puis on grimpe. J'espère le bivouac juste sous le col. M'imagine déjà un bon repas, et un bon lit. Quel rêve, quel doux rêve. Mais il faut atteindre le col. Un peu de grimpe plus tard, on l'atteint, il fait gris, le mauvais temps est là, mais pas la pluie, tant mieux. Je comprends alors que le rappel n'est pas à proximité... Un petit rappel, puis un autre. puis désescalade dans les pente de neige pour arriver à la rimaye. Yannick me lance, "on va faire un corps mort".
Je sens que je ne vais pas être déçu...
Il creuse il creuse le Yannick
Dans de la neige pourri
Très pourri
il installe sa corde
Il teste son ancrage
Ca devrait passer
Il se lance
en rappel
Doucement
Tout doucement
Pas d'à-coup
que du stress
en douceur il passe la lèvre, descend les 3-4 mètres suspendu à se frêle ancrage et se pause
C'est mon tour
O Joie
O Désespoir
O crevasse ennemie
O N'ai je tant gravi que pour cette perfidie.
C'est mon tour
J'installe fébrilement mon reverso
Je me penche pour tirer dans l'axe
Je descend délicatement vers la lèvre de la crevasse
les jambes flageolantes
Elles passent dans le vide.
Je progresse lentement.
Mon corps pend à présent
Et je tombe
Je me retrouve rapidement au sol, les Jambes s'enfoncent, je m'arrête
Des kilos de neige me tombe pile sur le casque pendant de longue secondes
Mais tout va bien rien de cassé
l'ancrage a lâché et je me suis fait 2 m à 2 m 50 de chute sur la lèvre inférieur de la crevasse.
Je suis trempé mais sans bobo
Bon, je suis plus lourd que Yannick
ou plus bourrin.
On poursuit dans la neige soupe, très soupe, jusqu'aux cuisses. pour rejoindre le bivouac Eccles par une courte escalade. Le premier affiche complet. On remonte au second
Accueil glacial, il est complet lui aussi.
6 alpinistes occupent les banquêttes
Ils sont peu ravis de nous voir
Personne ne bouge
Personne ne nous fait de place, alors qu'on va dormir par terre.
On s'organise lentement, je finis par pouvoir entrer dans le petit bivouac.
Yannick fait de la flotte pendant que je me pause enfin après 17 h de course, il est 19 h 30.
On est pas mal mouillé, notamment les pompes, et pendant que je me mets à dormir dans le peu de place qui m'est alloué, Yannick teste différente méthode pour secher ses chaussures. Il semble que la meilleur soit la petite bouteille de Coca remplie d'eau chaude glissée à l'intérieur.
Je dormiote, on a prévu de se lever à 2 h demain pour la suite
Les autres cordées vont bouger à minuit 30 pour l'arête de l'Innominata
Une courte et incofortable nuit s'annonce...